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Partie d’échecs : Dialogue acide sur les élections

La pluie battante frappe les carreaux mais les boiseries quelque peu humides de la fenêtre en ont vu d'autres. Les rafales de vent bercent le chant tranquille de l'eau qui s'écoule sur les petits vitrages.

Alfred : Sacrebleu, nous sommes mieux à l'intérieur n'est-ce pas ? Nous allons pouvoir commencer notre partie d'échecs comme à l'accoutumée. J'ai bien idée que la chance va tourner aujourd'hui, vous ne pouvez pas gagner à tous les coups, c'est statistiquement improbable. Allez-vous allumer une pipe avant de lancer le jeu ? La fumée viendra opportunément m'obscurcir la vision ; il est certain que cela vous avantage à coup sûr mais comme vous le savez, vous êtes mon ami et puis, je suis bon joueur.

Elie : Épargnez-moi vos sarcasmes de joueur moyen. D’aussi loin que je me souvienne, vous n’avez jamais cessé de m’intimider à ce jeu que par des ruses bavardes de sociologue de Faculté. Je vous laisse les blancs, si ça vous dit, et je ne fumerai pas : vous n’aviez pas même remarqué qu’en bon économiste de ma santé, sous vos injonctions qui ont toujours, chez vous autres, valeur de loi, j’avais remisé tabac et alcools. Je me demande ce qui pourrait désormais vous embrumer, sinon votre pia-pia.

Alfred : Je vous trouve le timbre colérique ce soir, auriez-vous grignoté avant de venir un de vos fromages oubliés au fond du frigo, de ceux auxquels personnellement je ne toucherais pas, par respect pour mon estomac, et dont pourtant vous avez l'habitude de faire bombance. Saviez-vous qu'on avait découvert des neurones dans les intestins, peut-être en êtes-vous pourvu bien que l'ignorant (blancs : pion E4 – noirs : pion E5). Il est vrai que nous parlons peu de politique lors de nos parties d'échecs, mais de vous à moi, allez dites, pour qui irez-vous donc voter aux prochaines présidentielles ?

Elie : Quel esprit d’escalier. Vous m’amusez, avec vos petits bonds de singe d’un sujet à l’autre. Vous êtes à une marelle, ou à notre partie ? Nous irons donc sur deux jeux en même temps, et je compte bien sur mon cerveau digestif pour mener celui de la devinette. Alors, voilà. Premier indice : je soupçonne qu’en matière de politique on a d’ordinaire les opinions que le ventre nous dicte. Eh oui quoi, à la notable exception des sots, des béats et des opulents, qui se nourrit d’oraisons et de promesses faites à l’oreille (blancs : pion F4 – noirs : pion F4) ?

Alfred : Si c'est le ventre qui parle en votations, alors avec cette incroyable assurance qui vous compose lorsque vous débusquez un de vos fromages qui se décomposent, je vous soupçonne depuis des lustres d'avoir la fibre écolo. La moisissure a du goût assurément et du bon aussi c'est certain. Mais allez-vous donc votez Gigot 2017 ? Enfin, que dis-je, Jadot, Yannick de son prénom (blancs : cheval F3 – noirs : pion G5) ? De mon côté je suis tenté par la jeunesse et le renouveau, un nouveau souffle pourrait parcourir notre pays. Sentez-vous l'appel des forces vives ? Vous esquissez un demi-sourire furtif, je vous devine narquois.

Elie : On dirait les ingrédients d’un antidote ! En somme, vous êtes tenté par tout ce que vous avez perdu : la fougue, le muscle, l’imprécision, le sens de la fête, le mépris des risques. Et le goût des nouveautés. Deuxième indice, donc : ne me jetez pas à la figure les noms des saints et des idoles de la politique, dont j’ignore tout, et ne m’accusez pas d’être composé de la même eau que les natures qui m’entourent (blancs : pion H4 – noirs : pion G4).

Alfred : Ai-je le choix, sinon de plonger dans vos indices abscons dont je m'interroge avant tout de savoir s'ils ont une queue et une tête. Voyez, à trop m’embrouiller l’esprit vous m’avez pris un pion (blancs : cheval E5 – noirs : cheval F6). Auriez-vous quelques accointances avec ce filou de droite qui rémunère sa femme, aux frais du contribuable, et se dore au soleil dans le parc de son château. C'est amusant de voir, les années passant, tous les citoyens libérés par la révolution qui élisent presque à chaque fois un châtelain comme président. Les Anglais, au moins, ont gardé leur reine et sa tête, en lieu et place de nos petits et grands bourgeois qui feignent, la balle de foot sous le bras, d'être proches de la populace.

Elie : Il m’étonne que cette branche cousine de l'aristocratie élective vous défrise. Oui, certes, elle est affairiste, moraliste, et dévote ; mais n’est-elle pas, comme vous, acquise, moins certains travers des mœurs auxquels il lui faudra se convertir, à l’usure, à cette religion de la réforme, à cet enthousiasme enfantin pour des robots et des petits objets qui vous électrisent et vous excitent (blancs : cheval C3 – noirs : pion D6) ? Enfin, je ne sais pas, nous autres les indigents demeurons sous les arbres de la civilisation que vous autres, les primates améliorés, secouez si bien que parfois il en tombe un vilain fruit comestible. Concentrez-vous, j’ai placé un troisième indice.

Alfred : Voilà que vous fourrez vos indices à la va-vite dans votre discours maintenant, ça n'est pas très fair-play. Ne me dites pas que vous roulez pour ceux qui passent la nuit debout, ces agités du préchauffage révolutionnaire nocturne entre 20h et 23h, sagement encadrés par les gendarmes qui relèvent les plaques et notent les identités. Avez-vous donc l'oreille amie pour cet économiste énervé, l'olibrius universitaire, qui fait la claque pour le sénateur poète. Question marketing et publicité, sa propagande n'atteindra que les étudiants à la sève montante, près à défourailler pour prendre la posture rebelle, la bouche pleine du slogan qu'on leur aura prémâché (blancs : cheval C4 – noirs : fou E7). Quel héros vous feriez sur la barricade à lancer des jurons contre l'autorité en place : "Viva la revolución !" Je plaisante bien sûr, la révolution, depuis l'avènement des réseaux sociaux, se fait sagement de pétitions et de "j'aime" ou "j'aime pas". L'affaire est entendue, le sénateur, s'il peut compter sur ses octogénaires, les jeunes gens eux, auront tôt fait de l'oublier pour un gadget technique ou une série TV et peut être, avant même d'aller voter.

Elie : Deus ! Quel sinistre tableau vous dressez de votre arc-en-ciel démocratique. Je vous trouve sévère, il en faut de l’endurance, à se tenir debout la nuit, pour bavarder entre universitaires et leurs clientèles des insurrections qui les amusent. J’ai passé l’âge, pour ma part, des grands discours sous une lune oblique, je suis plus près des grands cimetières ; mais je l’avoue, souvent, pour me désennuyer, à la faveur d’un sommeil qui ne vient pas, je regarde le temps qu’il fait. Et je compte les pipistrelles, les étoiles, les hulottes, les cétoines, les oiseaux de proie. Et j’écoute les rongeurs, les bêtes qui grattent, les chats qui feulent. Toutes ces choses (blancs : pion D4 – noirs : cheval H5). Je suis un homme d’involutions, en vérité.

Alfred : Voyez, mon ami, comme Jean-Luc vous avez l'âme d'un poète. Cela vous fait un point commun, même si au fond, je dois bien l'avouer, sur cet art des lettres, vous êtes talentueux (blancs : fou E2 – noirs : fou H4 mat). Plus d'indice à présent, vous me laissez chercher. Avez-vous vu ce Rothschild de gauche, au sourire de banquier, dont le titre du livre est vraiment bien trouvé : "Révolution". La révolution, encore elle, mais cette fois comme un poisson pourri parfaitement évidé. Les politiques d'aujourd'hui n'ont vraiment peur de rien. Les têtes sont-elles si vides ? Un homme de droite, se disant de gauche, titrant "révolution" depuis le ministère des finances. C'est insensé !

Elie : Mais c’est que vous vous chauffez les sangs, vous allez me faire une embolie de la langue ! Votre parade des prétendants est pourtant bien divertissante, on y voit des marquis déguisés en notaires, des épiciers venus à la banque, des montreurs d’ours, des ventriloques, des exécuteurs des hautes œuvres, des prometteurs à diplômes, des vendeurs d’allumettes. Point de femmes (blancs : roi D2 – noirs : dame G5) ?

Alfred : Vous préférez les femmes et comme je vous comprends mon ami ! D'autant qu’à bien y réfléchir, je vous trouve invariablement rétif à tous ces hommes de foire. Je vais finir par croire qu'aucun d'eux n'a vos faveurs. À moins que, depuis la fin des primaires de gauche, vous ayez trouvé chaussure à votre pied. L'authenticité progressiste un tantinet modeste, refusant devant la caméra les manteaux bien coupés des tailleurs parisiens. Une bonne parka made in Bretagne en guise de carte de visite. Voilà qui plaît aux Français ! Voilà encore un homme qui n'a pas besoin du ballon rond ou ovale pour frelater son luxe et ses revenus de ministre. Avec lui on chante les louanges d'un revenu universel pour tous, enfin presque. Il lui reste à expliquer le "presque" et les taxes supplémentaires qui finiront de saigner ceux qui ont encore un revenu, à défaut de faire payer les vrais fortunes de France, vous savez, ceux qu'on nomme les sauvés de la torture fiscale, "les évadés". Une chose est sûre, avec sa parka bretonne, le bonhomme n'est pas forcément paré contre la déferlante d'une pluie marine. Cette pluie que rien n'arrête et qui finit par rabaisser toutes choses encore debout, jusqu'au niveau du sol (blancs : roi D3 – noirs : cheval C6). Quelle cavalcade mon ami !

Elie : Vous êtes si pointu dans l’analyse de ces gens-là. J’en finis par croire que vous êtes un électeur professionnel, de cette catégorie à qui on ne la fait pas, bien documenté et si perspicace que votre billet dans l’urne sera, sans coup férir, celui de la raison et de la certitude des avenirs radieux. Je me sens si pauvre, à l’ombre de votre science des carrières ; vous êtes sur un promontoire, vous comprenez les horizons. Hélas ! pour ma part, je vis dans ces contrebas où poussent des idées familières (blancs : pion A3 – noirs : fou F2). Je vous envie, savez-vous.

Alfred : Allons bon, ne serait-ce une pointe de sarcasme que je subodore ? Vous savez, au fond, je préfère m'amuser du théâtre de marionnettes, et à vrai dire mon seul objet est de trouver Guignol pour lui donner mon suffrage. Vous parliez de femmes tout à l'heure, suis-je aveugle ? Je n'ai pas vu la perche. Je l'oubliais celle-là, avec ses airs virils et sa voix éraillée. Dire qu'il y a des ignorants pour voter pour ce cartel raciste, antisémite quand ça n'est pas carrément négationniste. La honte, pour qu’elle existe, nécessite une conscience que la plupart n'ont pas, et pourtant ils votent. Le plus triste dans cette affaire extrême, c'est que pour une fois, le pouvoir est à leur portée. 2017 pourrait bien être leur année. Tant de goguenards trouvent l'idée ridicule, mais cette crise de 10 ans leur a creusé un nid, dans lequel les vilenies ne demandent qu'à éclore. "Maréchal nous voilà" s'entonne bien dans cette famille-là (blancs : cheval D5 – noirs : fou D4) ! Vous imaginer de cette engeance, très cher, voyez vous, je n'y pense même pas. Et puis la moustache étriquée, taillée verticale à l'aplomb du nez, franchement ça ne vous irait pas.

Elie : Que les poils me poussent à l’envers (blancs : cheval C7 mat – noirs : roi D8) ! Autant j’ai été flottant sur les acrobates de votre cirque, autant j’ai l’envie des femmes moins les inconvénients génétiques de la bêtise. N’en causons plus, de grâce. Mais j’ai du sel sur la langue : après tous ces petits dessins acides, pour quelle espèce de grand monarque allez-vous céder ? Vous affirmiez la tentation de la jeunesse et de son enthousiasme, et je n’en vois nulle part dans votre paysage. Vous me tendez des pièges à lapin dans votre décor (blancs : cheval D5 – noirs : pion F5) ? Vous m'avez perdu, à tout vinaigrer.

Alfred : Reste l'homme timide, dont le hoquet d'élocution revient inlassablement comme à chaque élection. Il a du mérite le gaillard à revenir sans cesse et pour rien en plus, si ce n'est de recevoir le mépris des autres déjà en lice. Être au centre, c'est bien joli, encore faut-il avoir une direction, sinon on ne va nulle part (blancs : cheval D6 – noirs : pion E4). Le centre, à mieux y réfléchir, ressemble à un sur place, et c'est bien là le chemin immobile qui nous est ressassé. Je vous taquinais tout à l'heure avec cette histoire de "forces vives" associées à la jeunesse, je pensais vous faire rire à l'évocation d'une sève politique montante et d'un probable jaillissement précoce (blancs : roi C4 – noirs : dame D5). Que voulez-vous, c'est mon côté grivois.

Elie : Voulez-vous mon idée, maintenant que vous avez exulté ? Que votre marche en avant, entre toutes ces statues ambitieuses, risque d’être difficile (blancs : roi D5 prend la dame noire – noirs : cheval F6). Pour quelles raisons pathologiques un homme tel que vous, à ce point éduqué, s’inquiète-t-il des défauts du maître qu’il va se choisir ? Vous hésitez sur le parapet, vous les mettez dans la balance, vous leur crachez dessus comme le ferait une vieille sorcière sur sa crête de poule, vous vous détestez à devoir choisir. La lucidité devrait être unanime, et immédiate. Ou bien vous êtes vicieux, et ne les choisirez que pour les maudire. Mon pauvre vieil ami. Je suis plus heureux de ma place. J’ai certes trouvé mon vocabulaire dans les livres, mais j’y ai laissé les certitudes de ceux qui les proféraient (blancs : roi C4 – noirs : fou E6 mat). J'y suis, présentez-vous aux suffrages !

Alfred : Comme vous tranchez bien l'affaire en quelques mots pesés, je reconnais bien là votre esprit vif et rangé comme vos étagères. En toute confidence, l'art des mensonges en déclinaisons inventives n'est pas ma tasse de thé, et vous ne me verrez jamais courir à l’échafaud pour me faire élire. Il est vrai que ma posture n'a rien d'estimable, à contempler ainsi le spectacle du ballet politique et m'en affliger encore (blancs : roi B5 – noirs : pion A6 mat). Je m'entends maugréer comme une vieille fille se languissant du prince, à qui on apporte une urne en guise de récompense. Finalement c'est moi qui vous envie cette légèreté pratique, de se détourner enfin de tous ces circassiens tout sourires et dents longues. Bravo, de Senancour, me voici le clou rivé (blancs : roi A4 – blancs : pion B5 mat) ! J'en reviens à votre énigme et ça y est, je vois, pour sûr ! C'était pourtant évident mon ami, vous n'irez pas voter ! C'est bien simple, en remontant le fil de vos indices, savamment distillés, tout est clair maintenant. Le jour J, vous serez bien logé, au creux d'un bon fauteuil, la tête dans le feuillage d'un de vos livres précieux. Eh oui bien sûr, vous ferez l'homme têtu... Et vous vous abstiendrez.

Elie : M’abstenir, comme vous dites. Le pédagogue nous dresse très tôt à des positions contre-nature, la morale publique nous fait des barricades, la fourmilière bureaucratique des contraintes et des menaces, on paie la dîme dès notre premier mouvement sur la Terre et toutes sortes d’oboles au dernier. Serais-je assez fou, par un vote d’électeur, hypnotisé par ces sirènes qui me sont familières, d’ajouter à ma vie étroite le malheur d’être gouvernée un peu plus durement encore, ce qui serait mettre un barreau de plus à mon petit enclos ? Comme tous les animaux domestiques, j’ai appris la défiance (blancs : cheval B5 – noirs : pion B5 mat à la tour).

Alfred : Encore un pion en moins et mon roi est sur la brèche, vous êtes en forme mon ami. Je me dis qu'il reste un dernier espoir pour que vous alliez voter. Il existe un bulletin qui pourrait vous convenir, tout blanc immaculé et ce, des deux côtés. L'innocence vous irait bien. Quoique, à bien y réfléchir, je vous imagine terré au fond de l'isoloir, le regard apeuré d'une rage étouffée, le stylo à la main, griffonnant à la va-vite quelques slogans rebelles : "Mort aux vaches !" par exemple, me semble bien trouvé, bien qu'un peu trop résumé (blancs : roi B5 – noirs : tour A5 mat). Ces bulletins finalement parlent vrai, ce doit être pour ça qu'au moment du décompte, on les classe à rejeter. Nuls, devrais-je dire. Mais une question me vient soudain, êtes-vous même inscrit pour aller voter ?

Elie : L’isoloir porte bien son nom. Ce doit être fait pour y cacher la douleur de l’âme, et la tristesse de sa conscience. Comme à confesse. Si j’avais à y écrire quelque chose, ce ne serait pas une insulte, le monde en est plein. Je serais laconique, je dirais : « Ici vit un homme libre, personne ne le sert ». Je n’en aurai pas l’occasion, toutefois, je ne suis pas sur la liste des votards. Tant pis, j’irai au jardin, sous un arbre, dormir, songer, paresser (blancs : roi C6 – noirs : fou D5 mat).

Alfred : Vous me laisserez le loisir donc de choisir notre prochain tyran. Et j'avoue volontiers, qu'après cette discussion j'ai perdu mon entrain pour toutes ses balivernes, ce flot publicitaire qui finalement gouverne. Vous le savez comme moi, ce spectacle nous occupe, puisqu'en définitive le capital dispose, même si le petit peuple s'imagine que force est à la loi. La plaisanterie pourra durer encore (blancs : roi D6 – noirs : cheval E8 échec & mat). Arf ! Vous gagnez encore ! Vous voudrez m'excuser, mais je dois filer sous cette pluie, je suis déjà en retard. Ne croyez pas que je fuis, je reviendrai dare-dare pour une prochaine partie. Je vous salue bien bas, à vous revoir bientôt. L'échange est toujours réjouissant autour de ce plateau.

Elie : Vous m’en direz tant !

(Partie d'échecs utilisée pour le dialogue : Matchego contre Falkbeer - Londres - 1869)

  • Dialogue en pages 14 et 15 de "Passager 120" édition papier trimestrielle de février 2017
  • Source : http://passager120.esy.es/


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