Pas responsable mais coupable !
Dans le début des années 2000, des coronavirus (virus en couronne) transmissibles aux humains ou sources de maladies émergentes zoonotiques ont été trouvés chez divers mammifères sauvages notamment vendus sur les marchés chinois. Des études ont été réalisées à ce sujet et cette infection est connue de tous les épidémiologistes dans le monde.
Le 1° décembre, la Chine informe l’OMS que des premiers cas de maladies dus à un virus mutant du Sars Covid2 apparaissent dans la région de Wuhan et l’épidémie se développe rapidement sur la région. Le 31 décembre une unité médicale spécialisée dédiée est mise en place pour traiter ces cas. Elle sera construite et opérationnelle en 11 jours seulement. Alors que tout le monde, en voyant la fourmilière de tractopelles, est émerveillé de la rapidité de réaction des chinois, personne ne se pose la question : « Pourquoi tant de moyens pour une simple grippette ? »
Le 22 janvier, le gouvernement chinois place sous quarantaine trois villes de la province de Hubei particulièrement impactées par le virus. Le 25 janvier, les autorités chinoises élargissent la zone de quarantaine à presque toute la province de Hubei, soit environ 56 millions d'habitants. Ils finiront par confiner tout le pays, car des villes comme Shanghai Hong Kong et même des régions comme le Tibet sont touchées par le virus. Quelques cas isolés d’infections sont déclarés en Europe (3 en France dont 1 mort). Lors d’un match de football (Atalante Bergame) joué à Milan, des spectateurs atteints du virus le transmettent à tout le stade et c’est le départ de l’épidémie en Italie, en Espagne et aussi en Serbie car il y avait des spectateurs serbes dans les tribunes. Onze villes du nord de l'Italie, soit 50000 habitants, sont mises en quarantaine le 23 février. Mais le virus continue de progresser dans le pays et le 4 mars, c’est tout le pays qui est mis en quarantaine. L’Italie est actuellement le pays d’Europe le plus touché par l’épidémie.
En France, le 26 février 2 premiers cas d’infections sur des personnes sédentaires (n’ayant pas voyagé) sont détectés dans l’Oise. Une des deux personnes décède. Le 8 mars c’est 117 cas recensés et 9 morts. En Alsace aussi le virus se propage.
Le 11 mars, alors que le bilan sanitaire mondial s'élève à plus de 7 000 morts, que l'Europe est devenue un des principaux foyers de la pandémie et que toute l’Italie est confinée depuis 1 semaine, Kevin Bossuet de Valeur Actuelle écrit ceci, et ce qu’il écrit représente la ligne éditoriale de tous les journaux de France (presse de droite, comme presse de gauche, d’opposition comme pro gouvernemental) (voici l’article en entier si vous voulez le lire https://www.valeursactuelles.com/societe/tribune-crise-du-coronavirus-halte-lhysterie-collective-116891) : « l’emballement médiatique qui entoure ces contaminations et les rumeurs délirantes qui les accompagnent ne peuvent qu’intensifier une angoisse et une stupeur qui ont largement contribué à déboussoler une bonne partie de la population. On ne peut en effet plus allumer la télévision ou la radio, aller sur les réseaux sociaux ou encore sortir de chez soi sans entendre parler de l’abominable pandémie. » Et de continuer : « Or, n’en déplaise aux alarmistes de tout poil et autres tragédiens en herbe, le COVID-19, qui est en fait une zoonose virale provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2, est un virus parfaitement banal qui débouche dans la plupart des cas sur des contaminations sans aucune gravité…… Pas plus contagieux qu’un simple rhume et pouvant être éradiqué avec des solutions simples comme le fait de se laver les mains régulièrement, d’utiliser des mouchoirs jetables ou encore de tousser dans son coude, ce virus n’effraie absolument pas les médecins qui sont très largement capables de soigner dans de bonnes conditions ceux qui croisent son chemin. »
Pour cela il cite Christine Katlama, infectiologue à la Pitié Salpétrière lors de son intervention à CNews : « Nous sommes parfaitement organisés dans les systèmes hospitaliers. On est ici en présence d’une maladie bénigne qui est très largement sous contrôle. »
Et de conclure : « Alors que nos entreprises ont déjà été très largement impactées par la crise des Gilets Jaunes et les grèves contre la réforme des retraites, il conviendrait de retrouver la raison afin de limiter le plus possible l’impact de cette épidémie sur notre économie. A quoi bon paniquer alors que le virus est loin d’être virulent ? A quoi bon psychoter alors que nos médecins et nos chercheurs sont largement capables de l’éradiquer ? Cessons de passer notre temps à nous alarmer devant nos téléviseurs, à nous affoler devant nos écrans d’ordinateur ou à nous empêcher de sortir par peur de la contamination et continuons à vivre le plus normalement possible ! Nous n’arriverons jamais à éradiquer le coronavirus avec des comportements et des attitudes qui relèvent davantage de la démence que d’une stratégie rationnelle et mesurée que l’on devrait attendre de n’importe quel pays civilisé. ».
La population française est inquiète, mais toute la presse insiste lourdement pour nous rassurer et éviter la panique. Cette double perception des faits (schizophrénie pour certains) trouble le discours fait au français. Lorsque le 12 mars, E Macron lors d’une allocution télévisée annonce « la fermeture effective de tous les lieux publics non indispensables à la vie du pays, dont tous les établissements scolaires le 16 mars. Et que « en même temps » il indique que « le premier tour des élections municipales aura bien lieu le 15 mars ». Lorsqu’il se refuse à employer une seule fois, même de façon hypothétique, le mot « confinement », cela ajoute du trouble au trouble et n’inquiète pas outre mesure la population française.
Un grand soleil irradie la France tout le WE. Comme on a le droit d’aller voter on a le droit de se promener et une grande partie des français profitent des premiers beaux jours pour se promener dans les parc. Le samedi 14 mars à 20 heure, alors qu’en une seule journée, le nombre de cas confirmés de malades du coronavirus en France, passe de 4 500 cas à 5 423 cas dépistés (dont 400 graves ainsi que 127 décès), le premier ministre annonce la fermeture de tous les restaurants, bars, discothèques dès ce soir minuit. La vision des français commence à s’éclaircir. Les français commencent à comprendre qu’il faut rester chez soi et le lendemain c’est une abstention record aux élections municipales qui crée l’évènement.
Le 16 mars, le président s’adresse à la nation, sous la forme d'une allocution télévisée. Il y souligne à 6 reprises que « la France est en guerre » contre le COVID-19, mais jamais il n’emploie le mot confinement. C’est dans la nuit du 16 au 17 mars que le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner précise les consignes applicables à compter du 17 mars 2020 à 12 h. Il emploie le terme de « confinement », mot qui n'avait pas été employé par le Président.
Toute l’opposition, ainsi que la communauté des médecins dénoncent le manque de clarté du discours présidentiel et l’ambiguïté des mesures annoncés. Jean-Luc Mélenchon déplore les "failles" de la politique gouvernementale, avec une "fin de semaine dernière calamiteuse", "des annonces samedi mais des élections municipales le lendemain", et "toujours une sorte de flou, en disant 'Il faut rester chez vous mais vous pouvez sortir faire de l'exercice physique', non il faut se confiner !". Marine Le dénonce sur BFMTV des instructions pas "suffisamment claires pour que chacun comprenne qu'il s'agit de confinement". Devant cette inconstance présidentielle, les français ont compris que ce pouvoir est plus inquiet du risque économique qu’entrainera cette pandémie que des morts qu’elle ferra.
Le 17 au matin aucun français ne sait ce qu’il faut faire. Tout le monde va au travail et discute en groupe pour connaître la suite, propageant encore plus le virus. Ce sont les patrons qui décident d’autorité et sans instruction de l’état de fermer les entreprises et de renvoyer tout le monde à la maison. Pour ce qui est des modalités de chômages et autre on verra plus tard et que ceux qui peuvent travailler en télétravail le fassent.
Depuis le 16 mars on ne compte plus les interventions plus criminelles qu’hasardeuses, des Bruno Lemaire : « J’invite tous les salariés des entreprises qui sont encore ouvertes, des activités qui sont indispensables au fonctionnement du pays, à se rendre sur leurs lieux de travail (...) dans des conditions de sécurité sanitaire maximales » ou Muriel Penicaud à propos des chantiers de BTP arrêtés : « Les entreprises qui se disent que l'État paiera et qu'elles n'ont pas à travailler ne sont pas dans une attitude de civisme… On nous explique qu'il est impossible d'y travailler parce que l'on monte à deux dans une camionnette et qu'il y est impossible d'y respecter la distance sanitaire minimale : mais pourquoi ne pas prendre deux voitures pour se déplacer ?.... "Les entreprises qui sans avoir discuté et réfléchi avec leurs équipes, se retirent, sont défaitistes. ». Défaitiste, le mot est lâché. A ce moment, des employés répondent : « je veux bien aller travailler, mais à condition d’avoir des gants et un masque ». Ils mettent le doigt sur un fait qui deviendra vite un scandale d’état : la France n’a pas de gants et encore moins de masques en quantité suffisante. Elle en n’a pas pour le personnel soignant, ni les pompiers, ni personne. Que sont devenus les stocks de Roseline Bachelot ? Personne ne sait ou ne veut le dire. Pour tout le personnel soignant en crise depuis plusieurs mois et réclamant après des années de coupes sombres dans les budgets de santé, de meilleures conditions de travail, c’est la goutte d’eau en trop. Dans cette crise sanitaire inédite, ils continuent de se dévouer pour leurs malades, mais les annonces d’un président sur le déblocage d’importants moyens financiers et en personnels supplémentaires à l’hôpital public, la recherche médicale et pour la revalorisation salariale des infirmières parmi les plus mal payées d’Europe, ne suffiront pas à régler le problème résultant de sa propre politique, une fois que l’épidémie aura disparu.
A Mulhouse, devant une tente kaki, qui représente le seul symbole de ce que peut faire l’état pour juguler cette épidémie (planter une tente devant un hôpital et équiper médicalement un train pour envoyer des malades dans des régions moins touchées et peut être plus tard à Lourdes), le président nous annonce l’intervention de l’armée. Pourquoi faire et dans quelle condition ? Ça reste à définir. Et jamais il ne parle de la prolongation du confinement. Le 27 mars il refera une allocution télévisée et je suis très perplexe sur une annonce du prolongement du confinement.
Dans les faits, E macron apparaît comme un adepte quasi fanatique du néolibéralisme, que même un mouvement attaquant les beaux quartiers et effrayant Paris, comme celui des gilets jaunes, n’a pu le faire dévier de l’axe d’une politique favorable aux plus favorisés et détricotant l’Etat social. L’actualité vient le bousculer durement dans ses certitudes, mais il se refuse à pratiquer la moindre autocritique sur la politique menée jusqu’à présent et s’apprête très certainement à la perpétuer, voire à l’aggraver au prétexte de ce qu’aura coûté la crise sanitaire, dès le retour à la normale. Il est certain l’ancien banquier d’affaire est bien trop « tenu » par ces intérêts pour pouvoir changer de cap, ou pour qu’on puisse prendre au sérieux l’hypothèse d’une rupture politique. Une pandémie ne va pas ébranler ses certitudes et il préférera quantifier la possibilité d’éventuelles victimes du Covid 19 plutôt que de tourner le dos aux sirènes du marché-roi.
Aujourd’hui les entreprises à l’arrêt depuis le 16 mars, préparent leur dossier d’aide de l’état. Il se trouve que seules les entreprises ayant une baisse de Chiffre d’affaires mensuelle de plus de 70% peuvent bénéficier des aides. Comme la date de confinement est à la moitié du mois de mars, il y aura très peu d’entreprises qui bénéficieront de ces aides pour ce mois. Les banques et notamment la BPI proposent des aides sous forme de prêt, ce qui veut dire que la perte sera étalée par l’entreprise endettée sur plusieurs mois, mais ne sera pas financée par l’état. Je ne sais pas pour les conditions du chômage technique, mais on peut penser qu’il sera mis en application avec la même méthode que pour les aides aux entreprises. Devant le silence du gouvernement sur la prolongation du confinement et la certitude de n’avoir aucune aide de l’état pour la reprise d’activité, bon nombre d’entreprises ont décidé de reprendre le travail dès lundi 30 mars. Que le prolongement soit actés ou pas. Ils le font en ayant la pleine conscience des conséquences sanitaires que cela va induire.
Si au début de la crise tout le monde prenait cette pandémie avec beaucoup de détachement, la panique dans les hôpitaux ajoutée aux nombres de morts journaliers nous a tous placé devant la réalité. On peut donc dire que l’état n’est pas vraiment responsable de ce réveil brutal. Mais cette façon très équivoque de gérer cette pandémie avec comme seul objectif d’éviter des « pertes de capital » les rend complètement coupable.
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