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Patate Chaude

«  I want to go home » (je veux rentrer chez moi) extrait de la chanson de Bobby Bare Detroit City

L'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, la France, la Hongrie, les immigrés, les débarqués, tout le monde vit en AmériqUE qui gonfle, qui enfle, qui... crac-boum ! Car voilà du nouveau. Le phénomène migrants dernier cri, c'est la patate chaude qu'on se refile de pays à pays : « Pas chez moi !  ».

Tout le monde y va de son "mashed potatoes". En angliche ou en teuton, Angueula débordée (pas trop tôt) pousse ses « hôtes » vers l'Autriche, qui se tourne vers l'Italie, qui les envoie dare-dare en Espagne, laquelle lorgne vers la France qui construit, avec un cœur gros comme ça et le Trésor Public, des camps de bois à trois millions d'euros incendiés presque aussitôt, des structures gonflables et déplaçables, des cités sur les forêts, des voies, des grèves, des saisies, des coupes, des taxes, des tasers, des prisons, des bâillons, des lois ferme-ta-boîte-ouvrez-les-frontières, des...

Le Galloricain est prié par l'encadrement de se mettre en marche et de laisser le camp, ses feux et ses tipis à la vague montante. Pour aller où ? T'as qu'à migrer, mon pote, lui conseille le maître-chanteur ; toutes ces mers bordant ton pays ! Et combien ça coûte ? La peau de tes gosses, la dette à vie ! répond ce passeur. Et c'est qui qu'encaisse ? Moi, évidemment. Avec toute la bande, derrière.

Tous vagabonds, et tôt ou tard, tous sur les sentiers de la guerre.

Dans la tradition country (pays) et sur l'air de « Detroit City » de l'inoubliable Bobby Bare - avec un clin d’œil à l'autre BB, la belle squaw iconique du Galloricain - voici une chanson bien sentie, celle d'un de ces Cherokees de France égarés en UE migrophilistine et qui n'en peuvent mais.

Cette chanson, c'est aussi celle du « migrant » ; il suffit qu'il pense à sa propre terre, plutôt qu'aux mirages, passages, mariages et voyages qui finissent en clochardages, bétonnages, lynchages, ravages et pillages. Il s'y retrouvera, cet Africain croisé au hasard des rues de Paris, non loin d'un refuge, chaussettes trouées, chaussures volées, ivre mort sur un bitume aussi dur que la cruelle réalité.

C'est que le pays, l'Histoire, ça ne s'enlève pas du cœur ni de la mémoire, comme on épierre un château, comme on explose un site classé par l'Unesco, ou comme on affrète un canot.

Oui, nous vivons tous, sur lubies lucratives de quelques poussahs, en Amère UE, alias Destroy City. Et le Galloricain fredonne, en attendant de danser.

 

sur l'air de DETROIT CITY

Retour au pays, revoir mon pays

Oh chez moi pour la vie

Ce soir, je me rendors à Destroy City

J'y rêverai de blés et de lin blanc

De mes vieux chers parents, de mes pauvres enfants

De tout ce qui se mire dans l'étang de l'oubli

Retour au pays, revoir mon pays

Oh chez moi pour la vie

Ils croient que je suis star à Destroy City

J'écris que tout reluit sous les lampions

Mais le jour marche ou crève, la nuit c'est bière ou rêve

Et des amis facebook par mille millions

 

Ils m'ont mis dans l'Ouigo pour Destroy City

J'ai cru que nous roulions vers l'avenir

Mais c'était tout l'contraire, destination désert

Prochain arrêt : esclavage ou misère.

Revoir mon pays, relever mon pays

Oh chez moi, pour la vie

 

Demain, je prendrai le bon vieux tortillard

Vers mon pays du côté du levant

Sûr que j'y mettrai le temps,

Mais il n'est jamais trop tard

Et si je n'en reviens pas, le pays, lui, reviendra

Reprendre le pays, refaire le pays

Oh ma France pour la vie.


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3 réactions à cet article    


  • velosolex velosolex 8 juillet 2018 00:25

    Le pays nous travaille, dés que nous en partons. Il faut avoir déménager, avoir quitté des maisons, avoir pris des routes d’exil, pour comprendre qu’on ne pourra jamais mettre dans son sac l’essentiel.

     Il est dans notre cœur et il enfle, cette sourde émotion, cette envie de pleurer, de partir et d’être retenu. 
    Ce blues, il est dans toutes les langues. Je me souviens du beau texte de Dylan « spanish boots leather », 

    Joan Baez - Boots Of Spanish Leather [HD] - YouTube

    Oh, I’m sailin’ away my own true love,
    Oh, je m’en vais vers le large, mon cher amour
    I’m sailin’ away in the morning.
    Je m’en vais vers le large au matin
    Is there something I can send you from across the sea,
    Y a-t-il quelque chose que je puisse t’envoyer de l’autre bout de la mer
    From the place that I’ll be landing ?
    De l’endroit où j’accosterai ?

    No, there’s nothin’ you can send me, my own true love,
    Non, il n’y a rien que tu puisses m’envoyer, mon cher amour,
    T

    I’m sure your mind is roamin’...
    Je suis sûre que ton esprit vagabonde…
    I’m sure your heart is not with me,
    Je suis sûre que ton coeur n’est pas avec moi,
    But with the country to where you’re goin’.
    Mais bien avec le pays vers lequel tu vogues…

    So take heed, take heed of the western wind,
    Alors prends garde, prends garde au vent d’ouest,
    Take heed of the stormy weather.
    Prends garde aux tempêtes,
    And yes, there’s something you can send back to me,
    Et, oui, il y a quelque chose que tu peux me renvoyer,
    Spanish boots of Spanish leather...
    Des bottes espagnoles en cuir d’Espagne…


    • lisca lisca 8 juillet 2018 08:17

      @velosolex
      Très belle chanson, merci pour nous la rappeler et l’avoir traduite. La version originale : https://vimeo.com/20204690,
      ici le texte :

      parle de l’espoir de celui qui part vers un avenir meilleur et ne pense pas au retour (l’émigrant volontaire) tandis que sa bien-aimée restée au pays le regrette, lui, et l’attend. Apprenant qu’il n’a pas l’intention de revenir, elle lui demande des bottines de cuir espagnol (du solide !), pour s’en aller le rejoindre elle aussi, je pense. C’est la famille qui se déplace dans ce cas (amour éternel ou regroupement familial, l’Espagne appréciera).
      Quant à la nostalgie du pays, de ce qu’on laisse derrière soi, nous avons, parmi d’autres, cette tentative de récitation musicale d’un de nos petits bijoux poétiques (du Bellay) sur ce thème, avec une « suite » ajoutée :

      Ci-dessous un souhait (moins nostalgique et plus énergique) de François Villon, à l’adresse des passeurs d’illusions et de misère :

      "Quatre mois soit en un vivier chantant,
      La tête au fond, ainsi que le butor ;
      Ou au grand Turc vendu deniers comptants,
      Pour être mis au harnais comme un tor ;
      Ou trente ans soit, comme la Magdelaine,
      Sans drap vêtir de linge ne de laine ;
      Ou soit noyé comme fut Narcissus,
      Ou aux cheveux, comme Absalon, pendus,
      Ou, comme fut Judas, par Despérance ;
      Ou puist périr comme Simon Magus,
      Qui mal voudroit au royaume de France !"


    • velosolex velosolex 8 juillet 2018 10:42

      @lisca
      C’est cette grâce du message non dit explicitement qui est magnifique, comme vous le notez, dans les bottes de cuir espagnols, si bien ouvragées. Merci pour ce passage de Villon. La route est un merveilleux aiguilon, à la tendresse et à la sensibilité, comme dans le « sensation » de Rimbaud. Du Bellay, en exil à Rome sut faire aussi merveilleusement sonner sa lyre. Et tous les écoliers jadis connaissaient par coeur « Heureux qui comme Ulysse »...Sur les chemins de Comostelle, il y a quelques années, j’ai été fort ému, en lisant sur un mur, le poème de Allem Surrie Garcia...

      "...Voici le chemin sur la fin des terres
      Prépare toi voyageur inlassable
      Un soleil diffus, ce matin, entre dans mon coeur
      Je songe déjà en mon voyage
      Sur une barque fragile
      Que je tiendrais à deux mains
      Un nuage chargé de grèle
      M’annoncera un hiver précoce
      Il s’étirera sur un fleuve large comme la mer

      Au carrefour imprévu quel chemin prendrais je
      Quel pont ? Sur quel fleuve ?
      Il faudra m’a t’on dit traverser bien des landes
      Et quelque haut plateau après l’hiver
      Il faudra décrypter la moindre rumeur
      Le long des ogives, le long des linteaux

      Mais saurais je entrevoir à la fin
      Dans la pénombre des bois
      Les ailes déployées de cet ange musicien
      Dont on m’a tant parlé !

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