Patrick Buisson se venge de sa « créature »

10 000 euros de dommages et intérêts pour quelques innocents enregistrements, ça peut vous changer radicalement un homme. Et Patrick Buisson espérait bien que Sarkozy allait se monter généreux et passer l'éponge. Après tout, pour un conférencier si grassement payé, cette petite somme d'argent ne suffirait même pas à passer quelques jours de vacances dans un hôtel de luxe sur une île paradisiaque. Aussi, lorsqu'un l'huissier avait frappé à sa porte pour lui réclamer les sous ; le ton avait diamétralement changé.
Avant, l'ancien conseiller de l'ex chef d'Etat estimait que le bruit des casseroles judiciaires était plutôt un avantage car il victimisait Sarkozy, Et le bon peuple de France est toujours prêt a soutenir la victime d'une sordide machination. Mais après la rédaction du chèque, l'opinion du maniaque au dictaphone était, selon Valeurs Actuelles, bien différente, "Il ne pourra pas se présenter devant les Français en 2017, il ne pourra pas même se présenter à la primaire. Il fait système avec François Hollande.". Toute la froideur rageuse du personnage révélée dans cette pirouette digne d'une quenelle inversée.
Et puis Buisson n'avait pas vraiment apprécié cette fameuse interview sur France 2 où Sarkozy annonçait son retour qui n'était plus une surprise pour personne, tellement la farce avait duré depuis plus de deux ans. Ce soir là le revenant avait dit tout son écoeurement face à la trahison de son inspirateur extrêmement droitier. La réplique de Buisson exprime toute l'estime qu'il porte à l'ancien Président. "Vous avez bien entendu Delahousse demander à Sarko si je l'avais lobotomisé ? Mais pour lobotomiser quelqu'un encore faut-il qu'il ait un cerveau non ?"
"Il a cru me tuer. Il va voir que je ne suis pas mort. Ah, il va voir ce qu'il va voir !" menace-t-il encore sur Valeurs Actuelles.
Comment expliquer se déchaînement de haine. La réponse est peut-être dans le livre de Philippe Cohen et Laureline Dupont, "C'était pas le plan - Le vrai scénario du retour de Sarkozy" dont Marianne donne quelques extraits.
Selon les auteurs de l'ouvrage, Buisson parle de Sarkozy comme s'il était sa créature, l'aboutissement de l'oeuvre de toute une vie en quelque sorte. Et finalement donne l'impression que c'est lui le créateur, qui a été trompé et trahi par sa chose.
D'ailleurs Patrick Buisson révèle aux écrivains une anecdote savoureuse qui daterait de 2008, pour montrer à quel point le Président de la République était devenu dépendant de lui.
L'histoire se passe dans un restaurant huppé de la capitale où Buisson déjeune avec un proche, lorsqu'il reçoit un appel téléphonique... "Tu me fais chier je suis en train de déjeuner" dit-il avant de couper. Puis devant son ami interloqué il explique que "c'est Sarko, je ne suis pas son valet à ce nabot". Très vite le téléphone sonne à nouveau, et cette fois Buisson tend le portable à son convive, sans doute très surpris d'entendre Sarkozy supplier son conseiller de le rejoindre.
Le choix par Buisson de cette histoire croustillante, vraie ou fausse voire arrangée à sa façon, démontre en tout cas toute la suffisance et le narcissisme de ce personnage qui se pense indispensable.
Comment terminer cet article sans quelques conseils lumineux de Patrick Buisson. D'après lui, si la droite veut gagner la présidentielle, elle doit faire campagne sur les valeurs "La France d'après c'est la France d'avant". Ce qui permettrait de rependre un avantage moral sur la gauche, qui d'un libéralisme culturelle est passée au libéralisme économique. Mais moralement est-il le mieux placé pour donner des leçons.
Bizarrement, la complicité puis la séparation tumultueuse entre Sarkozy et Buisson a une vague similitude avec l'histoire romancée du monstre de Frankenstein. Mais dans ce cas précis, qui est le plus dangereux, la créature ou son créateur.
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