Patron, un millefeuille et l’addition !
Article 14 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) - Les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.

Je consens librement que c’était le temps où on créait encore un peu de révolution. Aujourd’hui, selon une note de la Commission des finances de l’Assemblée, c’est la créativité fiscale qui « s’accélère », six nouvelles taxes ont vu le jour lors de l’actuelle législature. Et sept... en sept mois, si on compte la franchise médicale. Comme les sept plaies de l’Egypte, mais en plus sec, sans la pluie de grenouilles. Un véritable millefeuille fiscal à la crème d’énarque.
La commission précise « La vitesse de création de nouvelles taxes s’est accélérée au cours de la douzième législature » (2002-2007) et « plus encore », au début de la législature actuelle. Ca tient de la comète, cette histoire ! Pour les amateurs de détail, les nostalgiques et les masochistes, vous trouverez le détail de la Déclaration des droits de l’homme ici et des nouvelles taxes là.
Sans parler des projets fumeux partis en volutes, la taxe sur les bières fortes, sur les mobile homes (rien n’interdit de cumuler, bien entendu), celle sur les nuits d’hôtels, la taxe « télévision du futur » (2 % sur les revenus publicitaires des services en ligne de vidéos) et ceux dont on ne sait pas très bien s’ils sont définitivement abandonnés ou plus simplement remisés à l’après-municipales, comme la taxe sur les boissons sucrées (supprimée en novembre 2007, puis ressuscitée, avec rapport à suivre attendu par Eric Woerth fin juin 2008), la taxe carbone, et autres rumeurs persistantes d’augmentation de la CSG ou de création de la TVA sociale (c’est le coeur d’un débat cornélien opposant la commission des Affaires sociales, qui préfère la CSG et celle des Finances, adepte de la TVA sociale). N’en jetez plus la cour est pleine !
Certes, certaines impositions ont été supprimées mais comme le pointe la Commission des finances « dans la quasi-totalité des cas en faveur des entreprises, en particulier du secteur financier ». Sans parler du fameux « bouclier fiscal », si prestement déposé aux pieds des plus riches par notre Vercingétorix national.
Avec un taux de prélèvements obligatoires de 44,5 % du PIB en 2007, on atteignait déjà un monument d’inquisition fiscale. Avec l’empilage incessant de nouvelles taxes, conjugué à la contraction du PIB en 2008, on confinera bientôt à l’Himalaya.
Va-t-il s’arrêter en chemin, notre Nicolas de Torquemada présidentiel qui professait lors de sa campagne « La baisse des prélèvements obligatoires, c’est une priorité pour moi (...) Si on réduit de 4 points nos prélèvements obligatoires, on rend 68 milliards d’euros aux Français » (A vous de Juger - France 2 - 08/03/07) ? Y a-t-il seulement un fond aux précipices budgétaires, une orée au maquis fiscal de la confrérie, une sainte cathodique et apocalyptique du chanoine Sarkozy ?
On peut toujours rêver ! D’un côté, le discours politique, la « revue générale des prélèvements obligatoires » confiée à Christine Lagarde. De l’autre, les besoins nouveaux, les déficits qui filent, la voie d’eau budgétaire et son colmatage brèche à brèche, par mille insignifiantes rustines de prélèvements ciblés, chirurgicaux, vaudevillesques. C’est de la fiscalité Labiche ! En moins rigolo et en beaucoup plus usant.
C’est qu’il en faut toujours plus pour financer les élucubrations. On supposait notre président momentanément empêtré, freiné par les municipales, emberlificoté dans les sondages, troublé par le ralentissement de la croissance, voire emmitouflé dans ses amours. Que pouic ! Il donne au contraire l’impression de se démultiplier, ici chenille, là papillon, énormément gaillard... Il virevolte, chaque jour plus baudruche de vilains souffles inspirateurs, ceux de Minc, d’Attali, ces modernes Bouvard et Pécuchet, furieuses vapeurs à désastres et impeccables conseillers du chaos ordinaire.
Pour preuve, la huitième merveille : le récent projet de taxer les fabricants d’appareils « susceptibles de recevoir la télévision », téléviseurs, ordinateurs, téléphones mobiles, etc. qui, rappelons-le, alimentent déjà la « copie privée » et l’écotaxe, ainsi que, de façon soi-disant « infinitésimale », les fournisseurs d’accès à internet et les opérateurs de téléphonie. Que de grasses vaches à lait !
Tout ce fatras pour compenser le manque à gagner (estimé à 1,2 milliard d’euros selon France Télévisons) consécutif à la suppression de la publicité sur l’audiovisuel public, ultime éclat (cela ne figurait même pas dans son programme), d’un phare républicain frappé de fulgurite aiguë. Ah, que faisons-nous dans cette galère et si loin des côtes ?
Seulement voilà, de nos jours toute critique devient difficile. Anti-sarkozysme rime avec opportunisme, quand ce n’est pas avec stalinisme. C’est devenu ringard, dépassé, paléontologique... fossile en somme. Je me mets donc à la mode et le défends.
Au fait, quels sont ces serpents qui sifflent sur Sarko ? Comment de misérables lampions du bal des aigris pourraient-ils prétendre à la lumière ? Au nom de quelle légitimité oseraient-ils contester notre omniprésident, se muer en hystériques charognards, éperdus de cabales, ivres d’enragés procès staliniens contre celui qui dit ce qu’il veut et fait ce qu’il dit ?
Mille spaghettis... Trop c’est trop ! Veux-tu, sombre rebelle, qu’on te fasse passer le goût de la fièvre éruptive ? Veux-tu finir, grésillant lardon, dans la carbonara de Carla ? Au fût, vendangé, mi-Bouygues mi-raisin ? Veux-tu mijoter à vie, Bolino chez Bolloré ? Que Lagardère vienne à ton toit ? Et pas qu’en parabole ? Bouzigues ! Qu’est-ce que ce vent mauvais de rébellion qui souffle en ce moment sur la Francozie ? Un peu de retenue... Contrairement à la brosse à reluire, la démocratie n’ouvre pas tous les droits.
Bah ! A défaut d’être lucioles, restons lucides, nous en avons pour quatre ans. Et encore... à condition qu’une alternative crédible au déséquilibre actuel finisse par voir le jour. D’ici-là, nous pouvons bien vasouiller, lanterner aux urnes, nous perdre en chichis malicieux, manifestations raciniennes, glisser en dérobades mélancoliques, nous ballonner de ressentiments, finir en dyspepsies nerveuses... en flatulences. C’est salutaire et pour ainsi dire... encouragé par le régime !
En contrepartie, il faudra tout gober, financer le mini-traité, les cabrioles, la civilisation, la dixième croisade, les sectes, l’alpha, l’oméga, la Rolex et le reste. Amen ! Si on n’y prend garde, un jour, on finira par financer la guerre, une fois réinjectés à l’insu de notre plein gré dans le commandement intégré de l’Otan... Et nos forces héroïquement projetées sur les théâtres extérieurs, Iran, Afghanistan, Syrie... à la botte de l’alliance. Richard III, j’ai vu que ton armée recrutait dur à la mi-temps des matchs de foot. Gare aux retrouvailles avec le comte de Richmond, dans les champs de Bosworth.
Résolus à payer, c’est là qu’on nous veut. Un point, c’est tout ! Il nous faut cracher aux pastilles vertes, lâcher notre dur aux disques, notre mou aux mollusques, avaler des couleuvres, que dis-je, des boas... énormes, genre constrictors. Et sans moufter... en souriant, avec délectation. Bercy beaucoup ! Butés bougres et bien contents encore, si après avoir changé nos mauvaises habitudes de consommation, tâté un peu du cyclo-pousse, on n’a pas à cantiner notre pitance.
Réjouissons-nous, on aura les taxes les plus subtilement exquises, les plus sophistiqués des prélèvements collatéraux, les plus complexes astucieux impôts excogités par nos plus retors jouissifs énarques. Et dans la ouate... sans piper mot. En plein ouragan budgétaire, le sage sait bien qu’il ne doit pas ouvrir la fenêtre... car le volet fiscal, c’est garanti dans le nez qu’il le prendrait.
Six mois, six taxes et pas un rond dans les caisses, « six feet under » en somme. Va comprendre Charles !
Comme le dit le proverbe japonais « Pour qu’il y ait tant de glands dans la forêt, il faut bien qu’on y trouve un ou deux chênes ». Assurément, on a trouvé le nôtre. Les chiens aboient, la clarinette passe. Fin des agapes, c’est nous qui régalons... Patron, un millefeuille et l’addition !
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