Paulson, Obama, Pérol, Brown, Sarkozy... ils nous prennent pour des cons !
Et comme disait Coluche, s’ils nous prennent pour des cons, c’est que nous devons bien l’être un peu. Une crise, des grands discours, des bons mots, des plans de relance. Le bon peuple n’y croit pas. Il a raison bien qu’il ne puisse expliquer les raisons. En deux temps, voici deux tableaux de la situation économique et financière.
Tableau I. La banque populaire et les caisses d’épargne sont des banques mutualistes héritées de l’économie sociale. La première caisse d’épargne a vu le jour en 1818 à l’initiative de deux philanthropes souhaitant encourager l’épargne populaire. Philanthrope, un mot devenu désuet en cette époque de marchandisation sans vergogne de l’humain. Les caisses d’épargne ont prospéré et joué un rôle social éminent en collectant l’épargne populaire, en finançant des projets d’intérêt public, avec l’appui et l’aide légitime de l’Etat. Puis est arrivé le temps de la sauvagerie des banques d’affaire. L’une des causes majeures de la crise actuelle, c’est la politique financière des dernières années visant à confondre les activité des banques de dépôt avec celle des banques d’affaire. Du coup, des actifs toxiques ont contaminé la gestion de bon père de famille des déposants.
Le plus extravagant dans cette affaire, c’est que ces vieilles institutions mutualistes, qu’on croyait protégées de la voracité capitaliste par une immunité éthique, ont été transformées, instrumentalisées en levier de casino financier et devinez par qui, Monsieur Pérol, membre fondateur de Natixis, entreprise au triste destin comme Eurotunnel. Et encore, Eurotunnel, qui a grugé des petits porteurs, a une utilité sociale alors que Natixis, du vent, de l’argent parti en fumée sur le casino financier. Une action divisée par 20. Notamment parce que les caisses d’épargne n’ont pas la culture de la City et n’étaient pas préparées à jouer ce rôle. D’ailleurs, ayant un proche dans cette institution, le virage des caisses d’épargne n’a rien de surprenant. Les employés ont été dressés pour « mépriser » le client, et faire du profit en le considérant comme une vache à lait. Cette dérive est absurde et inquiétante. C’est comme si la police se mettait d’un coup à faire des braquages de banque.
Et le grand ordonnateur de cette opération a été François Pérol, un gars super que Sarkozy décrit trois fois comme compétent. C’est vrai que l’aventurisme financier et économique signe un individu compétent, comme JM Messier le fut (sic). Quand le Lyonnais a joué dans les investissements à risque, le PDG a été débarqué et le contribuable a payé. C’était l’étape première du « foutage de gueule » du pouvoir. La phase deux, c’est Pérol, qui a bâti le géant aux pieds d’argile Natixis, qui affiche des pertes considérables. Et le plus extravagant, c’est que Pérol soit mis aux commandes de cette fusion bancaire aux activités plus que bancales. Ils nous prennent pour des cons. Le contribuable a payé pour le Lyonnais, il paiera pour les erreurs économiques actuelles mais il ne faut pas le dire. Chutt…
Tableau II. Les plans de relance. Comme on le soupçonne, l’économie étant devenue anti-fordienne, elle ne peut plus miser sur un cycle vertueux de l’augmentation des salaires. L’économie étant dirigée par des élites qui veulent du profit et ont perdu le sens de la philanthropie, ont compensé la baisse des salaires par une multiplication du crédit doublé d’un effet pyramidal, autrement dit, une escroquerie légale. Du coup, les institutions censées assurer le fonctionnement de l’économie ont été en mauvaise posture. Et les Etats ont décidé de plan de relance mais en vérité, ils n’ont fait que pallier en jouant des mêmes principes que l’économie actuelle et ses déficiences. Comment l’expliquer ?
Le profit est une instance qui se plaque sur l’économie, une sorte de vampire financier. Mais les limites de la succion ont été atteintes, d’où cette crise qui pour une bonne part, est alimentée par le psychisme, ses peurs, l’irrationalité des agents économiques. Les Etats ont décidé de gigantesques plans de relance. L’économie réelle, source de rendement du capital, est devenue moins rentable. Vous avez sans doute remarqué la baisse de la bourse. En fait, les investisseurs ont compris qu’en l’état actuel des choses, il faut mieux placer l’argent sur cette planche de salut que sont les obligations du trésor. Certes, ce n’est pas énorme comme rendement mais c’est plus sûr que la bourse. Quelle triste sort que ces hussards de la finance obligés de se replier sur des valeurs de père de famille. Voilà le premier paradoxe mais le second est plus étonnant. C’est l’effet pervers de ces effets de relance qui par le biais des bons du trésor, attirent les capitaux et font baisser la bourse. Etonnant ! Et au final, oh surprise, qui va payer ? Eh bien les contribuables car à un moment, il faudra bien que les finances de l’Etat se rééquilibrent. Du coup, le rendement du capital aura été assuré grâce au citoyen par le biais de la fiscalité, au lieu de l’être par le travailleur. Ce qui ne change rien parce que le citoyen fiscalisé est aussi un travailleur qui verra son pouvoir d’achat amputé. La seule issue positive étant une fiscalité équilibrée qui permettre un juste réajustement des revenus mais on peut en douter. Bref, une arnaque de plus et comme aurait dit Weber, l’Etat a le monopole de la violence légitime mais il a aussi le monopole de l’arnaque légitime. Lyonnais, Natixis, Paulson etc.
Au final, que voit-on ? Eh bien que les Etats, avec leurs possibilités régaliennes de lever des crédits, deviennent des acteurs économiques comme les autres (c’est un des traits de ce que j’avais appelé le national-capitalisme) Sur le marché des produits d’épargne, il existe bien des formules, dont les traditionnelles actions émises par les grands groupes, échangées sur les places boursières. Les déficits budgétaires créés à l’occasion de cette crise ne font qu’assurer au profit des rendements assurés et les Etats se comportent comme une multinationale aux activités globales conduites sur un territoire, qui verse les dividendes moyennant une addition payée par le contribuable. On pourra certes dire que cette exploitation du citoyen est plus morale car les hauts revenus sont sollicités et les pauvres exempts de verser l’obole (ce qui est faux avec les impôts locaux qui touchent toutes les populations et qui risquent d’augmenter car l’Etat se désengagera pour éviter de trop plomber la dette) Enfin, il y a aussi à craindre une faillite des Etats qui à force de créer de l’endettement, ne pourront plus rembourser, sauf en empruntant à nouveau. Cette pratique n’étant guère différente de la fameuse pyramide de Ponzi devenue célèbre grâce aux fonds d’investissement Madoff.
Le système du profit a bien fonctionné. Parmi les épargnants, certains ont bien tiré leur épingle du jeu ces dix dernières années, s’ils ont su investir et se retirer aux bons moments. Sans compter les énormes profits tirés du marché immobilier et locatif. D’autres ont perdu un peu de pouvoir d’achat, beaucoup ont perdu leur emploi. Et le show must go on. Tout dépend de la capacité à réagir de la machine économique co-pilotée de plus en plus par les Etats. Et les citoyens, quelle sera leur réaction ?
En conclusion, le système de la dette est devenue un des éléments servant à assurer la rémunération du capital, mais par des voies et des circuits pas très clairs. Les Etats pratiquent un double jeu. Officiellement ils protègent l’économie et les citoyens. Mais une analyse montre qu’ils participent aussi à l’exploitation des citoyens et à la machine à profit. Il n’y a pas d’issue pour l’instant.
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