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Accueil du site > Tribune Libre > Pauvre Biélorussie, si loin de Dieu et si proche de l’UE (...)

Pauvre Biélorussie, si loin de Dieu et si proche de l’UE !

"Ce 30 août, venant d'apprendre que la Russie envahira la Biélorussie dans les trois prochains jours, vous devez rédiger en anglais un rapport présentant à la chancelière allemande les actions qui peuvent être entreprises pour interrompre cette agression". Tel était en substance, il y a trois ans, le sujet de l'examen d'entrée au cycle de Diplocat (master en diplomatie et action extérieure) préparant le futur corps diplomatique du très atlantiste gouvernement catalan sur le point de proclamer l'indépendance. En réalité c'est ce gouvernement, plus que ses futurs diplomates, qui passait là un examen, ou en tout cas affirmait son engagement atlantiste et uniopéiste en ayant pris soin de choisir un sujet extrêmement important pour l'Alliance Atlantique comme pour l'Union Européenne.
 
Evidemment la Russie, même si elle a renouvelé ce 15 août son engagement à défendre la Biélorussie en cas d'agression extérieure, n'a ni intention d'envahir son partenaire dans l'union d'Etats, ni nécessité d'envahir un territoire où ses forces armées sont déjà présentes en vertu d'un accord de défense. Mais elle ne peut pas permettre une déstabilisation débouchant sur un coup d'Etat comme celui du 22 février 2014 en ex-Ukraine, et l'installation d'un régime potiche de l'Union Européenne dont le premier acte serait de demander le retrait des unités russes de Biélorussie. En effet la principale mission de ces dernières est de protéger la trouée de Suwalki, c'est-à-dire d'être en mesure de rétablir une liaison terrestre, le long de la frontière lituano-polonaise, entre Grodna (Biélorussie) et Kaliningrad (Russie) au cas où le million d'habitants de l'enclave russe serait assiégé par l'OTAN.
 
Pour mémoire, l'encerclement terrestre et la prise de Kaliningrad est le thème des manœuvres militaires Saber Strike ("coup de sabre" comme pour couper un cordon ombilical) conduites par l'OTAN chaque année depuis maintenant dix ans (avant les déclarations de guerre à la Russie de 2014), selon un schéma tactique que l'on a présenté dans le Onzième Coup de minuit de l'avant-guerre, où l'on mentionne aussi l'article du Traité sur le Fonctionnement de l'Union Européenne (traité de Rome modifié par celui de Lisbonne) prévoyant une juridiction d'occupation. Saber Strike ayant été annulé cette année pour cause épidémiologique, la Pologne et la Lituanie multiplient les petites démonstrations de force à la frontière, et c'est en réponse à des manœuvres de ce type que le gouvernement biélorusse vient d'annoncer un petit déploiement militaire près de sa frontière occidentale.
 
Au-delà de la Pologne dont les médias appellent les Biélorusses à la révolution, il y a de toute évidence d'autres puissances étrangères derrière le soudain revirement de Svetlana Tikhanovskaïa, qui avait mardi 11 reconnu sa défaite électorale et appelé ses partisans à cesser les manifestations de rue. Ces puissances se sont dévoilées vendredi 14, lorsque dans un acte d'ingérence magistral le représentant de l'Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell a déclaré, au nom des ministres des affaires étrangères des Etats membres, que l'Union Européenne rejetait les résultats de l'élection présidentielle du 9 août proclamés par la commission électorale biélorusse. C'est bien sûr une violation, de plus en plus fréquente mais toujours aussi juridiquement inacceptable, du vieux mais strict principe de droit international selon lequel les Etats reconnaissent d'autres Etats, pas des gouvernements, et s'interdisent d'une part de juger de la "légitimité" d'un gouvernement étranger, et d'autre part de tenter de le changer, tentative que le droit international coutumier comme conventionnel (ONU comprise) considère d'ailleurs comme une agression et un acte de guerre, justifiant des contre-mesures de légitime défense.
 
Or des grandes puissances font répéter à Svetlana Tikhanovskaïa la partition qu'elles avaient écrite pour le Vénézuélien Juan Guaidó. Mme Tikhanovskaïa a été déclarée présidente légitime en exil par son équipe de campagne, et a été poussée à annoncer des consultations pour la constitution d'un gouvernement de transition, autre expression empruntée ailleurs puisqu'elle est présentée comme présidente légitime et n'envisageait, jusqu'à ce lundi 17, aucune transition à son investiture. Cependant il est difficile de deviner jusqu'à quel point l'intéressée, qui tout en émettant des doutes sur le score de son adversaire avait initialement reconnu sa défaite, acceptera d'être manipulée. Accueillie dans un pays ennemi membre de l'Union Européenne et de l'OTAN, et apparemment soucieuse de la cohésion de son pays, elle pourrait bien, à un certain moment, paraître plus utile assassinée (ce dont on accuserait le gouvernement biélorusse) qu'hésitante. Par contre son comité de campagne n'a aucune hésitation, et vient dimanche 16 de se déclarer "ouvert à des négociations concernant la date et les conditions du départ" du président Loukachenko, c'est-à-dire d'exiger la remise immédiate du pouvoir sans autre forme de processus démocratique. Cette intransigeance insolente montre elle aussi qu'il y a derrière tout cela d'autres acteurs que le corps électoral même d'opposition.
 
Justement, ce lundi 17 c'est le parlement européen qui vient d'entrer en scène, comme s'il avait été consulté par la Biélorussie sur ses affaires intérieures. Il rejette le résultat publié par la commission électorale biélorusse, accuse le gouvernement de torture envers les manifestants et d'avoir lui-même coupé l'internet, et demande des actions de coercition, qu'il appelle fallacieusement sanctions (le Onzième Coup consacre un demi chapitre au droit international relatif aux contre-mesures coercitives). Le parlement européen exige de nouvelles élections, sous contrôle multinational autre que de la Communauté des Etats Indépendants, mais dont il connaît d'avance le résultat puisqu'il exige une transmission du pouvoir. Il propose que l'UE nomme unilatéralement en Biélorussie (comme si ce n'était plus un Etat souverain) un Représentant Spécial, mot emprunté au régime de tutelle de la Bosnie et Herzégovine, chargé de superviser la transition politique. Sur un ton très agressif, le parlement souhaite que l'Union Européenne soutienne financièrement l'opposition non électorale et travaille sur "différents scénarios et développements dans le pays, qui incluent aussi un rôle significativement accru pour l'UE en matière politique, technique et financière" (une tutelle multisectorielle). Pour conclure ce programme d'ingérence dans le pays lié par une union d'Etats avec la Russie, le parlement européen avertit solennellement le gouvernement russe, les institutions uniopéennes et les Etats membres, qu'aucune tentative d'interférence ne saurait être tolérée de la part de la Russie. Il sera intéressant de lire demain les réactions des électeurs aux propos tenus en leur nom par les politiciens qu'ils ont envoyés les représenter à Strasbourg.
 
Cependant, mise à part une petite frange de jeunes uniopéistes rêvant de salaires en euros, la population biélorusse est consciente du danger, ce qui explique que les manifestations se soient rapidement calmées lorsqu'on a compris qu'elles pouvaient prendre une tournure violente, illustrée par l'insurgé tué par sa grenade improvisée. Même si la Biélorussie n'est membre ni de l'Union Européenne ni du Conseil de l'Europe, les deux institutions qui ont condamné la répression exagérément violente des Gilets Jaunes français (un éborgné par manifestation), ses citoyens ont vu à la télévision la banalisation de la violence policière dans certains pays donneurs de leçons. Surtout, ils ont assisté de près, parfois à travers des parents proches, à la déstabilisation de l'Ukraine par le coup d'Etat soutenu par l'Union Européenne, à l'installation par celle-ci du parti National-Socialiste (esthétiquement renommé Liberté lors de la "révolution orange"), à la guerre civile et à la paupérisation. Le paradoxe est qu'une grande majorité de Biélorusses est probablement réticente au prolongement de la carrière de Loukachenko qui constitue le principal et dernier obstacle à la réunification avec la Russie à laquelle aspire le pays, mais que faute d'alternative paisible, et face à l'alternative violente, la même grande majorité de Biélorusses souhaite vraisemblablement la continuité politique comme seul rempart face aux entreprises de déstabilisation. La Biélorussie aurait besoin de la détermination patriotique, constitutionnaliste et désintéressée d'un Ahmed Gaïd-Salah.
 
En juillet déjà le gouvernement malorusse en ex-Ukraine avait tenté de saper les relations entre la Russie et la Biélorussie. Le SBU (service secret ex-ukrainien), sous l'identité usurpée de l'entreprise pétrolière russe Rosneft, a recruté en Russie des vigiles (avec expérience militaire exigée) pour un faux contrat de sécurité en Syrie, les a convoqués à Minsk pour "prendre l'avion", et les a alors livrés au gouvernement biélorusse comme une "unité spéciale russe de déstabilisation pré-électorale". Le SBU ayant sélectionné, parmi les CV reçus, des anciens combattants de Novorussie (la région d'ex-Ukraine exclue puis attaquée par le régime issu du coup d'Etat du 22 février 2014) naturalisés russes, le régime Maïdan a demandé leur extradition dès leur arrestation par la police biélorusse, mais ils viennent d'être renvoyés en Russie. Le gouvernement malorusse Maïdan d'ex-Ukraine vient donc de rompre ses relations diplomatiques avec son voisin biélorusse. Au même moment la France, par la voix de son président dimanche 16, appelle l'Union Européenne à soutenir la contestation en Biélorussie.
 
Dans d'autres cas l'autorité autoproclamée de validation des élections dans les pays tiers exigerait l'annulation des résultats et l'organisation d'un nouveau scrutin, mais dans le cas présent elle sait qu'au mieux sa candidate impromptue et sans programme (hormis celui de remplacer son mari incarcéré) obtiendrait 15 ou 20% au lieu de 10%, ce qui ne changerait rien à la réélection d'Alexandre Loukachenko. Ailleurs, comme de mémoire pour la Serbie et la Côte d'Ivoire, on intimerait, sous menace d'invasion, à la commission électorale de déclarer sous 48 heures la victoire du "bon" candidat, mais là il ne s'agit pas d'un petit pays orphelin. A défaut d'ultimatum on peut cependant noter le caractère déjà concret des mesures de coercition prises pour forcer le gouvernement biélorusse à annoncer la défaite de Loukachenko, dont l'objectif réel n'est pas l'imposition au pouvoir d'une candidate sans légitimité électorale ni expérience politique, mais le renversement du régime après extorsion d'un aveu de fraude électorale. On cherche à semer le chaos en Biélorussie, et d'autres puissances s'en mêleront vite.
 
Car la Grande Réinitialisation annoncée par les pouvoirs ploutocratiques et les instances internationales pour l'année prochaine, si elle inclut le jubilé d'effacement des dettes souveraines et l'altération de modes de vie, serait incomplète sans l'imposition définitive d'une monnaie qui ne vaut rien, par la force et la terreur d'un acte impensable actuellement préparé contre la Russie. Il est impossible de deviner la date à laquelle cet acte non renouvelable sera jugé nécessaire, mais les cibles possibles ont été longuement annoncées. Le passage de Suwalki est le seul endroit où on puisse forcer la Russie à mener une opération militaire hors de ses frontières (en l'occurrence sur une route d'un pays membre de l'UE et de l'OTAN)… ou prétendre qu'elle y a lancé cette opération. Comme par hasard, on note depuis deux semaines un accroissement significatif des vols provocateurs (illégaux s'ils sont effectués transpondeur coupé pour faire croire à une attaque) d'avions-espions de l'OTAN aux frontières de la Russie, notamment en mer Noire et en mer Baltique, sans que l'on sache s'il sagit de préparation opérative ou de recherche d'incident.
 
La situation est préoccupante. On pourrait bien en être au onzième coup de minuit de l'avant-guerre.

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35 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 18 août 2020 09:33

    Iskander veille...

    L’Otan a fini par user les grandes patiences...


    • Clark Kent Séraphin Lampion 18 août 2020 09:41

      Au fait, faut-il dire Biélorussie ou Bélarus ?

      En français, le nom du pays a connu plusieurs variantes : appelé Russie blanche ou Ruthénie blanche dans les atlas du début du vingtième siècle, puis Biélorussie pendant toute la période soviétique, le pays, indépendant depuis 1991, est nommé Bélarus par ses propres dirigeants. D’ailleurs, la dénomination officielle de l’ONU en français, proposée par le gouvernement biélorusse lui-même est « République de Bélarus ». Mais nos dirigeants à nous ne l’entendent pas comme ça : la Commission nationale de toponymie (française), les ministères français des affaires étrangères et de l’éducation nationale, l’académie française, l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) et même la Commission de toponymie du Québec recommandent l’usage du terme « Biélorussie ». C’est comme ça et pas autrement ! L’ambassadeur de Biélorussie en France a redemandé à plusieurs reprises à la commission de toponymie de revoir sa, mais un revirement semble peu probable.

      A part ça, on dirait qu’il y a quelque part des nostalgiques de Maïdan.


      • Clocel Clocel 18 août 2020 09:53

        @Séraphin Lampion

        Ces connes n’ont pas de masque, que le pangolin les emporte ! smiley


      • JC_Lavau JC_Lavau 18 août 2020 09:59

        @Séraphin Lampion. Merci pour le lien ; je le répercute.


      • Stratediplo 18 août 2020 14:52

        @Séraphin Lampion
        Tout dépend aussi si vous parlez du pays ou de l’Etat, et si vous préférez citer la référence géographique connue ou le nom du régime du moment. J’appelle toujours Bengale le pays où se trouve l’actuel Bangla Desh (que je ne sais pas écrire en caractères hindoustanis), Ceylan l’île gouvernée par l’Etat du Sri-Lanka, Birmanie le pays des Birmans où sévit la dictature de l’Union du Myanmar, Bohême-Moravie la double province où se trouve la République Tchèque qui refuse d’ailleurs d’être appelée Tchéquie pour ne pas être confondue avec l’ancienne Tchécoslovaquie, Macédoine la province que la diplomatie a imposé pendant trente ans de nommer Ex-République Yougoslave de Macédoine ou je ne sais trop quoi, Belgique le pays où se situe l’officiel Royaume de Belgique et Maroc le pays du royaume chérifien, Mexique les Etats-Unis qui s’y sont constitués et Uruguay le territoire de la République Orientale délimitée par ce fleuve. Vous avez aussi pu remarquer que depuis l’abolition en 2014 de la constitution de 1996 de l’Ukraine post-soviétique, et l’adoption de constitutions distinctes par certaines parties cette ex-Ukraine, je distingue les territoires historiques de Malorussie, Galicie et Novorussie, comme je distingue ceux de Tripolitaine et Cyrénaïque depuis la destruction de la Jamahiriya Arabe Libyenne par la République Française cinquième du nom.


      • Clark Kent Séraphin Lampion 18 août 2020 19:48

        @Stratediplo

        et comment appelez-vous le pays qui occupe la Palestine ?


      • xenozoid Xenozoid 18 août 2020 19:51

        @Séraphin Lampion

        il va te dire que la palestine n’est pas un pays,elle est né grace a israel


      • Stratediplo 19 août 2020 23:10

        @Séraphin Lampion
        La Palestine, étymologiquement et historiquement le pays des Philistins, n’est pas seulement occupée, elle a bel et bien été annexée par Israël (même si elle s’auto-administre), et si un Palestinien veut voyager il ne peut le faire, sauf erreur, qu’avec un passeport israélien qui ne mentionne aucune autre nationalité donc les pays tiers doivent bien le considérer comme Israélien. .


      • V_Parlier V_Parlier 23 août 2020 20:04

        @MargaretIA94
        Que c’est classe comme invitation...


      • sylvain sylvain 18 août 2020 10:22

        a l’auteur

        vous affirmeriez que ces élections se sont passées sans fraude massive ??

        qu’il y a une opposition qui peut un peu s’exprimer ?

        parceque tout de même c’est pas commun un plébiscite à 80% comme ça, dans un pays ou ça a pas l’air facile tous les jours.


        • leypanou 18 août 2020 12:07

          @sylvain
          comme ça, dans un pays ou ça a pas l’air facile tous les jours  : vous en savez quoi vous pour dire que çà n’a pas l’air facile tous les jours ?

          La Biélorussie est l’un des rares pays sur la terre où on n’a pas mis en résidence surveillée tout un pays sous prétexte de lutter contre le covid : çà seulement suffit pour saluer Loukaschenko malgré tous ses défauts.

          La Biélorussie est aussi l’un des pays de l’ex-URSS à garder beaucoup des caractéristiques de l’ex-Union Soviétique, en particulier l’appartenance à l’état de beaucoup d’entreprises. Et justement, ce que veulent les pseudo-révolutionnaires c’est la privatisation de tout çà, comme en Ukraine.

          Israel Shamir —un de mes auteurs préférés- en parle mieux que moi dans cet article.

          Le Parlement Européen qui veut de nouvelles élections ? De quoi se mêle-t-il ? La Biélorussie fait partie de l’Union Européenne ?
          Le Parlement Européen rate rarement une occasion de faire une c.nnerie.


        • sylvain sylvain 18 août 2020 13:50

          @leypanou
          doucement, doucement, j’ai pas dis que la biélorussie c’était l’enfer . Y’a l’air d’y avoir des trucs très bien, et loukachenko lui même y a fait des réformes que j’aimerais voir ici .
          Mais reconnaissez que gagner des élections à 80% après 26 ans de pouvoir c’est franchement exceptionnel . Ce site , qu’on ne peut qualifier d’anti russe, analyse lui même que  "Si le score de 80% fait effectivement sourire, si l’existence d’une fatigue de la population face à l’éternelle présidence Loukachenko doit objectivement exister,"
          Et je ne nie pas plus que l’UE ou les USA jouent un role qui n’est ni très clair ni forcément bienveillant . Cependant, si vous avez une clique au pouvoir, qui ne demande plus son avis à personne pour gouverner, qui ne laisse pas d’autres acteurs politiques prendre une place, il y a peut être aussi une véritable base

          de contestation qui ne peut s’exprimer sans risques . Ce n’est pas, pas plus qu’en ukraine , parceque les occidentaux insrtrumentalisent les manifestations qu’elles n’ont pas de base populaire, et qu’elles ne sont pas violemment réprimées .
          C’est le modèle russe de l’homme fort qui tiens le pays d’une poigne de fer et ne laisse aucune opposition se développer . La russie à la chance d’être à mon avis tombée sur un chef exceptionnel, et d’avoir passée un moment ou elle avait besoin de ça pour se développer mais les choses évoluent et ce n’est pas un modèle éternel . C’est même un modèle qui à mon avis ne doit pas s’éterniser, sous peine de se transformer irrémédiablement en dictature mafieuse


        • leypanou 18 août 2020 14:36

          @sylvain
          parceque les occidentaux insrtrumentalisent les manifestations qu’elles n’ont pas de base populaire, et qu’elles ne sont pas violemment réprimées  : lisez l’article d’Israel Shamir, vous en apprendrez sur ceux qui sont derrière les manifestants, une partie russe (les oligarques qui veulent mettre la main sur les entreprises publiques biélorusses) et une partie UE (la Pologne en particulier).
          Si cette Tikanovskaia n’a eu que 10 ou 15%, c’est qu’elle n’a pas beaucoup de crédibilité, le fait qu’elle se soit enfuie en Lithuanie l’un des plus atlantistes des pays de l’UE la situe très bien.


        • sylvain sylvain 18 août 2020 15:43

          @leypanou
          ceux qui sont derrière les manifestants,

          une partie russe (les oligarques qui veulent mettre la main sur les entreprises publiques biélorusses) et une partie UE

          je conteste pas ça, c’est devenu une évidence au fur et à mesure des révolutions colorées . Cependant, ça ne veut absolument pas dire que ces gens qui manifestent, comme en ukraine, n’ont pas leurs pensées propres et ne savent pas pourquoi ils sont là . Prenez la situation inverse, il y a les GJ en france, ça conteste de partout . Ce mouvement a bénéficié de la sympathie de RT et sputnik, poutine est venu faire la leçon à nos zélites en leur disant qu’en matière de répression ils n’avaient pas à se poser en exemples . On est d’accord que c’est moins vicieux que les révolutions colorées, mais c’est une influence et une instrumentalisation quand même, et ça ne montre pas que les gens sont descendus dans la rue à cause de poutine .
          Ce qui me gène dans le discours de l’instrumentalisation c’est que, de la même manière que ceux qui exercent ces manipulations, ce discours dépossède les manifestants de leur libre arbitre et en donne l’image de pantins manipulés . Cela justifie ensuite une sévère répression contre ces marionettes finalement pas très humaine car dépourvues de libre arbitre


        • JC_Lavau JC_Lavau 18 août 2020 15:48

          @sylvain. Remarque que moi aussi, en mai 1968, j’ai été un des « pantins manipulés » par la C.I.A.. C’est dur, la vie.


        • Stratediplo 18 août 2020 18:32

          @leypanou
          Cet article de Shamir est très intéressant en effet. Nous ne partageons manifestement pas la même opinion quant aux motifs ultimes des intervenants extérieurs, mon point de vue étant plus géostratégique que financier, aussi toute sa description des tenants et aboutissants économiques de la question, et de la situation économique et sociale interne à la Biélorussie (que j’ignorais), est particulièrement intéressante en complément. Merci pour le lien.


        • leypanou 18 août 2020 18:35

          @Stratediplo
          De rien : moi aussi, j’ai beaucoup appris avec votre article.


        • Pere Plexe Pere Plexe 19 août 2020 11:28

          @sylvain
          Le fait que, comme vous l’écrivez, il n’y a pas d’opposition digne de se nom, rends suspect ceux (ou celle dans le cas présent) qui prétend justement incarner cette opposition.
          Suspicion renforcée quand tous nos médias reprennent cette affirmation sans la moindre nuance ni voir l’incongruité de l’affaire.
          La légimité de Loukachenko 

          est amoindrie par le manque de sincérité du scrutin.
          Mais celle de Tsikhanovskaïa

          interroge.
          C’est l’un des paradoxes des régimes autoritaires et des dictatures : le manque de démocratie affecte aussi l’opposition.


        • sylvain sylvain 19 août 2020 12:18

          @Pere Plexe
          c’est comme ça que je le vois aussi .
          Je trouve aussi que ce nouveau principe de noyautage des contestations par les US est vraiment vicieux . Ca n’aide pas du tout à la progression de la démocratie, ça transforme des personnes qui veulent faire progresser leur société en traitre et en agent de l’empire américain . Ca décrédibilise toutes les ONG, dont certaines ont un role historiquement important et bénéfique, et ça les empêche d’exercer leur activité sereinement . Ca met même en danger les humanitaires, vu que certains sont maintenant des agents US, et que c’est pas évident de faire le tri 
          vraiment vicieux


        • Ecureuil66 18 août 2020 14:45

          je trouve cet article très sensé ....une fois de pus les occidentaux se prennent pour le nombril du monde, ils voient la paille qui est dans l’œil du voisin mais pas la poutre qui est dans le leur...

          il y en a marre de ces petits pays dont on découvre l’existence et qui appellent l’occident à leur secours après avoir chatouillé stupidement « l’ogre russe » ou ce qu’il en reste...qu’ils se débrouillent entre eux ... dissolution de l’OTAN et de ses kriegspiel qui occupent les généraux et cadres en surnombre que nous payons très cher avec nos impôts...

          toutes les guerres mondiales ou pas ont démarré sur des petits incidents qui en fait n’étaient d’ailleurs que des prétextes ....que les tenants de la guerre ou conflits en tous genres règlent leurs compte entre eux , dans une réserve prévue à cet effet lol !


          • ykpaiha ykpaiha 18 août 2020 19:25

            Sarko a ouvert son clapet sur la libye, Hollande montré son cul en Ukraine, mainteant Makron a mis son tutu en Bielorussie, il faut laisser les peuples s’exprimer qu’ils disent, on a vu les resultats, jamais 2 sans 3.

            Non seulement ils sont idiots , ils ne savent peut etre pas lire ou regarder une carte, mais en plus ils y croient encore.

            « Ah, si seulement on pouvait apaiser sa faim en se frottant ainsi l’estomac. »

            disait Diogene de Sinope en se mastubant en public.


            • xana 18 août 2020 20:55

              C’est sûr que les gens en Biélorussie souhaitent le sort des Ukrainiens aux mains des Américains...


              • Matroskin Matroskin 18 août 2020 21:57

                Quel article intéressant ! Puis-je le faire traduire en russe pour que mes amis biélorusses comprennent enfin que leur destin est de servir de glacis de protection à la Russie contre les hordes sauvages de ^^ l’OTAN ^^ ?

                Vous pourriez ensuite rendre visite chez des connaissances qui résidents rue Akrestsin à Minsk et serez hébergé gratuitement et en tant que français vous serez particulièrement choyés !

                Attention tout de même, les escaliers sont lavés en permanence et les chutes sont plutôt fréquentes comme vous pouvez le voir ici.


                • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 août 2020 22:08

                  @Matroskin

                  Ça a pas l’air que ce soit toi qui les nettoye .


                • sylvain sylvain 19 août 2020 12:22

                  @Matroskin
                  je comprends pas le russe, mais ils ont pris cher vos copains . Sinon vos références sont trop énigmatiques pour moi, comprends pas.


                • Matroskin Matroskin 19 août 2020 13:25

                  @sylvain
                  Je cite les médias utilisés par les gens sur place en plus des chaînes telegram. Avec google translator on arrive a comprendre l’essentiel même si c’est loin d’être parfait.

                  TYT.BY est un des rares sites à parler de la situation avec beaucoup d’infos de la part de contestataires il est vrai mais aussi des prises de parole des partisans du président.

                  Vous avez aussi b-g.by version en ligne d’un journal imprimé et distribué localement.

                  Les deux partis parlent ouvertement des violences et des grèves et des conditions de scrutin. Ce n’est donc pas une invention de l’OTAN, du SBU ou de la CIA mais bien des faits locaux indépendants de toute ingérence étrangère dont seul le président parle.


                • sylvain sylvain 19 août 2020 14:51

                  @Matroskin
                  merci, je vais essayer de lire ca


                • Pere Plexe Pere Plexe 19 août 2020 17:22

                  @Matroskin
                  Il en va ainsi de certains peuples (Palestiniens, Kurdes,...) .
                  Leur destin ne leur appartient pas tant ils sont l’objet de lutte de pouvoir de grandes puissances.
                  C’est regrettable mais c’est un fait.
                  Pour l’OTAN elle représente effectivement (et a juste titre ?) une menace pour ceux qui n’en sont pas.
                  Mais quel grand pays accepterait une présence militaire hostile à sa proximité ?
                  Aucun.
                  Il suffit de se souvenir de l’hystérie US lors du déploiement soviétique à Cuba.
                  Cette crainte est légitime qui à déjà pousser la Russie à intervenir en Ukraine.


                • Stratediplo 19 août 2020 23:23

                  @Matroskin
                  Monsieur, vous pouvez faire traduire mon article en russe en citant l’auteur Stratediplo, avec si possible l’adresse du blogue http://stratediplo.blogspot.com
                  Et je serais même intéressé par une copie du texte traduit en russe, ou l’adresse internet où on peut le trouver, afin de tenter de le diffuser aussi de mon côté. Merci et meilleures salutations.


                • Stratediplo 19 août 2020 23:39

                  @Matroskin
                  Le destin des Biélorusses n’est certainement pas de servir de glacis de protection à la Russie. J’ai d’ailleurs déjà exprimé il y a six ans mon opinion personnelle sur la vocation de la Biélorussie et sur l’obstacle principal à sa réalisation, sur
                  https://stratediplo.blogspot.com/2014/03/crimee-et-ukraine_16.html et sur
                  https://stratediplo.blogspot.com/2014/03/transnistrie-et-autres-peuples-russes.html. En l’occurrence il s’agit là seulement d’une opinion personnelle, pas des résultats d’une étude factuelle ou d’une synthèse de renseignement comme l’article ci-dessus.


                • goc goc 19 août 2020 01:15

                  Si la situation n’était pas aussi dramatique, j’oserais la trouver plutôt comique dans la mesure ou cette prétendue révolution_de_couleur bis téléguidée par les ricains, n’est que la préfiguration de ce que ces mêmes ricains vont avoir en fin d’année avec leur élection présidentielle.

                  En effet entre l’état de pourrissement de l’économie US, la situation sanitaire catastrophique (elle va encore s’aggraver d’ici Novembre), et enfin les deux candidats en présence, à savoir le narcissique donald, et le Biden en état de décrépitude mentale, il apparait clairement que les résultats ne seront pas connu le soir même, et vont donner lieu a des prémisses de guerre civile, à coté des quelles, Minsk ferait figure de fête votive. Et je ne vous parle pas de l’arrivée sur le ring de l’inénarrable Clingon, qui va en rajouter une couche pour ce qui est du pourrissement et de la corruption à tous les étages.

                  J’oubliais aussi d’ajouter que la campagne d’ici Novembre sera assassine, entre les affaires de corruption du fils Biden, le traitement du Covid par Trump, les émeutes raciales, et autres pillages. Émeutes et pillages amplifiés volontairement par le pouvoir en place, afin de bien faire peur à l’électeur (méthode sarkosienne bien connue). A cela on pourra aussi rajouter la distribution à tout va de billets de monoply (appelé « dollar ») et autres coups tordus, tel que l’affaire des votes par correspondance, qui à eux seuls peuvent faire invalider l’élection.

                  Bref, si on commence déjà à s’inquiéter de la situation en Bielorussie, qu’est-ce que ce sera en fin d’année. Le comique de la situation étant que le pays qui a déstabiliser le plus de pays dans le monde via des pseudo révolutions téléguidées, va sombrer par la même méthode.




                  • Stratediplo 19 août 2020 23:53

                    @goc
                    C’est justement le thème de l’un de mes prochains articles. Au-delà de leurs fragilités internes, les Etats-Unis vont très prochainement être confrontés à une agression externe atypique (non étatique), occulte mais puissante. Effectivement ils pourraient ne plus exister en tant que fédération à la fin de cette année. Guettez mon article sur ce sujet, ici ou sur mon blogue.


                  • Stratediplo 19 août 2020 23:59

                    Et en marge de toute cette agitation et toutes ces actions coercitives contre la Biélorussie au sujet du résultat d’élections parfaitement prévues (à quelques chiffres près), je n’entends pas grand-monde condamner le coup d’Etat militaire au Mali ou prendre des mesures coercitives contre ce pays, et extra-judiciaires contre les perpétrateurs dudit coup d’Etat...

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