Peace & Love

L’homme (sans majuscule) est indubitablement la source principale de toutes les dominations. La division du travail qui découle de toute société ‘avancée’ implique des mécanismes de prise de décision faisant intervenir l’autorité, cependant quelque peu dilués par rapport aux régimes tribaux ou monarchiques ancestraux. Hommes et femmes n’ont pas les mêmes propensions à la domination. Celle-ci peut être mesurée, d’une façon imparfaite mais incontestable, par le taux de testostérone circulant dans le sang. Les courbes homme-femme ne se superposent que partiellement, les premiers ayant généralement plus d’hormones que les secondes, plus d’hommes que de femmes manifesteront le désir de dominer autrui.
Mais l’instinct de domination est aussi la clé de toute reproduction sexuée.
Les statistiques ne montrent jamais l’essentiel, on les utilise le plus souvent pour conforter une constatation empirique qui tombe sous le sens : les hommes ont un appétit sexuel sans commune mesure avec celui des femmes (sauf exceptions bien sûr). Il a été quantifié que les hommes sont trois fois plus préoccupés par le sexe que les femmes et qu’ils se masturbent 3,51 fois plus qu’elles. Ils prennent aussi l’initiative d’une relation sexuelle deux fois plus fréquemment. On retrouve ainsi une ligne saillante commune aux autres membres des primates. La ou les causes de cette différence peuvent être attribuées à la nécessité de pérenniser au mieux l’espèce, force omniprésente dans la Nature.
Son taux hormonal contraint l’homme à faire l’amour le plus souvent possible avec le maximum de partenaires. Il s’agit au contraire pour la femme de faire l’amour lorsque cela lui chaut car elle a le choix, c’est-à-dire considérablement moins souvent que l’homme si seuls ses sens sont à satisfaire. À moins de recourir à des techniques d’évitement, l’homme doit utiliser une bonne partie de son temps et de son énergie à séduire une femme car depuis la nuit des temps l’acceptation consciente de celle-ci est un prérequis. La société humaine baigne dès les actes fondateurs dans une profonde inégalité.
Mais jamais une femme de 28 ans ne choisira un homme de 64 ans et 50 Kg puisque d’autres se présenteront plus jeunes et plus musculeux... heureusement d’autres facteurs interviennent.
Homo sapiens a cessé d’assommer ses ennemis à coup de gourdins et il ne chasse plus l’auroch, ses performances athlétiques ne sont plus essentielles pour accéder aux plus hauts niveaux de respect et de considération dans les sociétés modernes. Une frange importante se consacre toutefois encore aux sports de toute nature, un tiers des femmes comme des hommes pratiquent une activité sportive au moins une fois par semaine. Il s’agit là encore de trouver l’âme soeur ou le compagnon frère grâce aux performances ainsi acquises. Des salles immenses servent à marcher sur des tapis roulants et l’on s’y rend en 4x4 urbain afin d’y rencontrer quelqu’un ou quelqu’une entraperçu sur Tinder, l’application de rencontre numéro 1. Mais selon les études, les femmes ont 25 fois plus de chances de satisfaire leurs désirs que les hommes.
L’homme bedonnant ou rachitique serait abandonné à sa solitude à moins de trouver son salut dans l’avoir ou le savoir.
Le savoir est peu valorisant : des décennies d’études sans avoir un quelconque revenu, des examens presque toujours difficiles, des débouchés restreints au domaine universitaire le plus souvent, après de fastidieuses études il commencera à travailler pour un peu plus que le SMIC. L’élitisme donc la domination permet de trouver une issue. La recherche du prestige par le savoir demande une préparation méticuleuse dès le plus jeune âge afin de faire une scolarité brillante à l’abri des ‘gens qui ne sont rien’, d’intégrer une classe préparatoire dans un Lycée connu, de réussir le concours d’une école renommée. Pour un peu plus de 700 000 lycéens reçus au bac, il y aura 400 élèves qui intégreront l’École Polytechnique la plus convoitée des 204 écoles d’ingénieurs. Et encore 30% d’entre eux seront des femmes. Étant donné les besoins naturels des innombrables hominidés, le savoir ne pourra pas satisfaire la sexualité du plus grand nombre.
L’avoir semble plus prometteur !
Pour combler son handicap dû à l’importance relative de ses besoins intimes (ou supposés tels), l’homme doit posséder une fortune plus importante que la femme. En moyenne, un homme a un patrimoine (brut sans les dettes) de 130 000€, supérieur de 12% à celui de la femme. Même si cette différence est suffisante pour parler d’inégalité, elle n’est de loin pas suffisante pour donner un atout statistiquement suffisant à tous les malingres imbéciles qui peuplent les salles de marché. Toutefois là encore l’élitisme laisse une place à la Nature puisque la plupart des milliardaires sont de sexe masculin. Peut-on envisager sérieusement qu’une femme riche se livre à des activités lubriques avec un homme pauvre ? Poser la question c’est y répondre, même si la femme d’un Président des États-Unis a fait mentir les statistiques avec son coach sportif.
Aucune solution hors la domination et ses corollaires, hiérarchie, conflits, guerres, massacres, n’a donc été trouvée pour satisfaire pleinement la masse des multitudes.
Peut-être le sexe no-limit ?
Si l’on étudie un comportement donné, il faut se référer au groupe ‘premium’, insurpassable. Pour les activités coïtales, les bonobos s’imposent. Ont-ils pu allier Peace & Love ? La libération sexuelle, en particulier des femmes depuis peu, donnerait-elle une piste pour se débarrasser de toute domination résiduelle ?
Un bonobo mesure environ 1 mètre et pèse 45 kg pour un mâle et 35 kg pour une femelle. Leur espérance de vie est de l’ordre de 40 ans et ils arrivent à maturité sexuelle entre l’âge de 13 et 15 ans. Les attributs sexuels des mâles sont volumétriquement comparables à ceux des hommes. Les rapports sexuels chez les bonobos sont fréquents environ toutes les 90 minutes mais ne durent que 15 secondes sans aucun geste préparatoire. Les trois quarts des rapports sexuels entre bonobos n’ont pas de fin reproductive, mais plutôt sociale. Un individu peut utiliser le sexe pour calmer un autre individu plus fort ou plus agressif. Les pratiques sexuelles sont imaginatives et variées : fellation, baiser avec la langue, rapports homosexuels, masturbation, utilisation d’objets... Les faveurs sexuelles rétribuées existent : il arrive que des femelles s’accouplent avec des mâles en échange de nourriture.
Cependant, les mâles ont tendance à vouloir féconder le plus de femelles possible, tandis que les femelles restent plus sélectives. Nombre de mâles se retrouvent ainsi avec des mutilations (phalanges, orteils) lorsque des femelles veulent se défendre de harcèlements. Malgré l’application des bonobos à se décharger de leurs instincts belliqueux grâce à la fornication, des tensions subsistent dues à l’asymétrie des besoins sexuels entre hommes et femmes. La Paix ne proviendra pas, du moins uniquement, de la libéralisation des moeurs.
Reste l’Amour capable d’unir l’ombre et la chaleur, la nuit et le jour, sans autre raison qu’une passion inattendue, surprenante, absolue qui emplie l’un et l’autre non pas de bonheur mais de béatitude.
Mais ceci échappe aux statistiques.
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