Peak oil, pétrole de schiste et survivalisme (2/2)
Dans l'aticle précédent (1/2) nous avons parlé des conséquences potentielles d'un déclin commencé de la production de pétrole conventionnel et que le passage au gaz, l'alternative la plus séduisante, nécessitera à minima une recomposition de nos sociétés.
Dans cette partie (2/2), Nous allons évoquer la place éventuelle du pétrole de schiste.
Le pétrole de schiste, c'est quoi ?
C'est ce qui veut bien sortir et diffuser par les failles de fraking avec le méthane car chauffé par les entrailles de la terre, et qui est liquéfiable à la surface par refroidissement ou compression. On dit alors que le gaz est "humide". Le pétrole de schiste est donc du « superlight » essentiellement constitué de petites molécules c'est à dire
essentiellement du GPL de l'essence un peu de kérozène, peu de gasoil.
(les pétroles brut sont ditillé et séparés en fonction de leur point d'ébullition en : butane-propane, naphta, essence, kérozène, gasoil&fioul, fioul lourd, voire bitume. plus ils sont riches en essence, plus il sont "leger", plus ils sont riche en fioul lourd et bitume plus ils sont "lourd")
L'arrivée des pétroles de schiste sur le marché a donc déséquilibré le ratio de disponibilité gasoil-essence, (on a un excès d'essence par rapport au gasoil) ce qui à tendance à réduire l'écart de prix entre le 2 carburants. Alors que si il fallait cogner plus dans les pétroles extralourd venezuellien ou les schiste bitumineux canadien, les gisements de pétrole light d'Afrique & de Mer du Nord déclinant on aurait eu l'effet inverse. A quand l'essence au prix du gas-oil ?
La volonté affichée des autorités de réduire l'avantage fiscal lié au gasoil est certainement lié a ce glissement progressif vers plus d'essence & moins de gasoil disponible sur le marché.
Le petrole de schiste se forme si les schistes qui piègent le kerogène est maintenu dans la "fenêtre à huile", c'est à dire entre 2000 et 4000 m. Plus bas, ne se forme que du méthane
http://www2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s3/combustibles.fossiles.html
Le pétrole de schiste c'est rentable ?
On entend régulièrement des doutes émis concernant la rentabilité des ressources non conventionnelles. Les acteurs perdraient de l'argent, il y aurait un ponzi fiscal organisé, la bulle va bientôt se dégonfler.
J'ai l'intuition suivante (d'autres l'on aussi) : les acteurs perdent de l'argent quand le gaz est sec et donc dans les régions ou l'on extrait que du gaz, le prix de celui ci ayant beaucoup baissé, mais ils en gagnent quand le gaz est humide (gaz+ pétrole de schiste), le prix de pétrole étant étonnement stable et élevé (en euro autant que durant la flambée de 2007).
http://www.leblogenergie.com/2013/10/29/gaz-de-schistes-secs-ou-humides-voila-la-bonne-question/
D'ailleurs le gaz de schiste qui sort du Dakota est jugé si peu rentable qu'il est torché, seul le pétrole est récupéré :
Cette stabilité des cours mondiaux du pétrole est peut être un des effet de ce mode de production de pétrole ou les puits ne produisent que très peu de temps : le temps de réponse est très court et les cycles de production peuvent s'ajuster avec les cycles économiques.
Le pétrole de schiste c'est polluant ?
Sans aucun doute mais est ce beaucoup plus que les autres modes d'exploitation pétrolière ? Ce serait une question à poser aux habitants du delta du Tigre &Euphrate, du fleuve Niger, et j'en oublie sûrement.
Les principaux problèmes semblent être la pollution des nappes phréatique (sur de grandes surfaces) et l'impact au sol. Entre la mauvaise foie des pétroliers qui nient toute pollution et celle des ecolo qui ne voient que la pollution et ignorent les intêrets économique, il est impossible pour un particulier de se faire une idée.
Je voudrais juste rappeler aux opposants inconditionnels, que tant que nous pouvons obtenir des quantités suffisantes d'hydrocarbure, pour partie à crédit (jamais payés) pour autre partie en refourguant des armes, des denrées agricoles et le PSG, tout va bien, mais que si cette situation devait changer, et que la stabilité de la société en dépend, ces réserves seront exploitées si cela est techniquement possible et ce quelque soit les promesse ou les lois faites auparavant. Une indemnisation sous-évaluée façon « services des domaines » est à prévoir et si vous voulez construire dans les cevennès ou en milieu isolé dans le bassin parisien, prévoyez anti-sismique et n'envisagez pas de plus-values.
A propos du Nigeria, où les vols d'hydrocarbure (sont ils illégitimes ?) sont monnaie courante au point que Margerie en a les moustaches totalement horripilées : J'ai été stupéfait d'apprendre qu'il existait des raffineries clandestines alors qu'il n'y a pas si longtemps que çà on considérait que le goulet n'était pas dans le débit des puits mais dans les capacités de raffinage, les pétrolier rechignant a y investir, considérant que ce n 'était ni glamour, ni rentable et que cela immobilisait trop de capitaux. Voilà t-il pas que les nigerians nous font des raffineries clandestines (en gros des alambics avec très certainement des rendements médiocres et des impact environnementaux importants), trop fort ces nigerians !!
Je ne puis que suggérer aux Iraniens d'y effectuer des stages, incapables qu'ils sont de monter une raffinerie opérationnelle depuis des décennies, l'importation d'essence leur coûtant un bras. Voilà qui est étrange, une nation capable d'importer et d'assembler en catimini une chaîne de centrifugeuses à uranium, qui prétend développer des avions furtifs et pas foutue de former des chaudronniers pour souder des tôles et raffiner leur propre pétrole alors que la maffia nigeriane y arrive très bien ? Y a quelque chose qui cloche là dedans.
EROEI toi même !
L'EROEI, (energy returned on energy invested ) mesure la capacité d'une filière énergétique locale ou globale à dégager plus d'énergie que l'on doit en investir pour l'obtenir. L'EROEI est en baisse depuis le début de l'exploitation pétrolière, normal, on va chercher d'abord les ressources les plus faciles d'accès. Ce n'est évidement pas une bonne nouvelle.
Et celui des pétrole de schiste est assez mauvais.
Mais c'est un truc d'écolo ou de physicien, pas forcément une donnée déterminante dans le monde réel. En effet toutes les énergies ne se valent pas, et si 1 kilo de gas-oil, 1,2m3 de méthane ou 1,5kg d'anthracite peuvent dégager approximativement la même quantité d'énergie en brûlant, le fait que le pétrole commence à être rare et qu'il est beaucoup plus commode pour les transports justifie un prix plus élevé et que l'on consomme une certaine quantité d'une autre énergie pour l'obtenir (jusqu'à une certaine limite).
Ainsi, selon moi, peu importe le charbon utilisé pour fabriquer les tubes d'acier des forages et le ciment qui les scellent, le moteur à gaz pour le forage et le fracking (admettons), l'électricité nucléaire pour refroidir les bières des foreurs ce qui compte, c'est le pétrole utilisé à tous les stades du processus : carburant utilisé pour les engins de terrassement, celui utilisé pou extraire le charbon, le minerai de fer, l'Uranium, la chaux, celui pour transporter le pétrole extrait, amener les tubes d'acier et le ciment etc.
Le ratio qui devrait être pris en considération (pour le pétrole) est l'Oil Returned On Oil Invested : l' OROOI (celui là je viens de l'inventer).
Ainsi le biocarburant issu de l'éthanol de Maïs a un EROEI à peine supérieure à 1 et ne devrait pas être produit selon la logique de l'EROEI. Il ne devrait pas l'être non plus selon des critères éthiques (souci de la faim dans le monde), d'utilisation rationnelle et à long terme de terres, de préservation de la biodiversité, d'émission raisonnable de gaz à effet de serre etc. Mais il l'est selon la logique du marché, peu importe le gaz consommé pour les engrais azoté, la chaleur récupérée d'une centrale thermique à charbon pour distiller l'ethanol (on peu être intelligent quand même), l'energie dépensée pour la deshydratation finale, ce qui compte c'est l'OROOI.
Le pétrole de schiste, c'est combien ?
On aborde ici la question primordiale de l'article, et la plus incertaine :
Les seuls USA produisent 2 millions de baril/jour de pétrole de schiste (soit de l'ordre 2% de tout le pétrole mondial produit : des débits non négligeables sont productibles d'aprés l' US EIA (US energy information administration ) il aurait dans le monde 345 milliard de baril de pétrole de schiste récupérables. Ces chiffres sont sujets à caution, mais se sont les seul disponibles.
Divisons cette données par 2 : Ils ont été « gros doigt » et ont grossièrement doublé les réserves : Les polonais ont été décu par leur reserves de gaz, mais ils continuent, ils ont été tellement martyrisés par les russes au cours de leur histoire qu'il considèrent que diminuer leur dépendance vis a vis de Gazprom vaut bien de polluer un peu leurs nappes phréatiques. Les résultats en Argentine semblent par contre excellents. On peut aussi imaginer une production en eau peu profonde.
Divisons encore par deux : On ne va quand même pas forer sous les villes (trop de personnes a indemniser) ni se geler les gonades en arctique pour un puits qui ne produira qu'un an : il nous reste 86 milliard de baril.
Divisons la par 20 ans : il nous reste 4 milliard de baril/ans
divisons la par 365 : il nous reste 11 millions de baril /jour pendant 20 ans !!!!!
Reprenons notre production de pétrole conventionnel de 85M barril jour et faisons la décliner de 5%/ans(hypothèse pessimiste mais réaliste sans investissement). Pour maintenir la production a peut près constante, il faudrait fournir en pétrole de schiste 4M/j la première année, 8 la deuxième 12 la 3eme, 15 la 4eme, 19 la 5eme, 22 la 6eme, 25 la 7eme etc
On voit que se sont des quantités réalistes pour combler un manque pendant encore des années, surtout si on ajoute les rares nouveaux champs mis en production, un peu d'agrocarburant et les investissements pour améliorer le taux de récupération.
Noter que je parle tout juste de maintenir la production pétrolière globale qui permet aux sociétés de préserver leur stabilité, Rien qui ne permette de faire économiquement revoler le Concorde, de dépasser le pic-oil/tête atteint il y a plus de 40 ans (la population mondiale a plus que doublé depuis) ni de justifier de la construction d'un nouvel aéroport financé par de l'endettement et qui sera inutile avant d'être livré, le trafic aérien étant le premier secteur à ne pas supporter de pénurie de carburant (peut être que l'on aura même fermé un des aéroport parisien d'ici là).
On voit que l'on peut espérer un approvisionnement à peu près constant pour les 20 prochaines années, et que le pic pourrait bien être « un cap, que dis-je c'est un cap, c'est une péninsule ».
Je suggère aux individus tentés par une démarche survivaliste « intégrale » une (re)lecture du « Désert des Tartares », de Dino Buzatti : Après avoir attendu Le Chaos toute leur vie, Ils seront trop vieux pour lui résister quand Il viendra frapper à la porte blindée de leur bunker retiré. Et si l'idée de s'interroger sur sa résilence personnelle et familliale aux aléas de la vie, de prévoir une deuxième bouteille de gaz, quelques semaines de stock de nourriture, tenter de cultiver quelques légumes en permaculture (NB1), garder quelques milliers d'euro &quelques pièces d'or ou d'argent dans un coffre personnel (NB2) me semble pertinente, en faire plus (renoncer à une vie professionnelle, stocker plus d'une année de nourriture, se constituer un arsenal de plusieurs milliers de munitions, tout retirer des banques pour métalliser son patrimoine) me semble relever d'un Trouble Obsessionnel Compulsif non pertinent tant individuellement que collectivement. (NB3)
Après les craintes d'hiver nucléaire de la guerre froide, de bug de l'an 2000, de la fin du calendrier maya, l'apocalypse par pénurie pétrolière qui est l'argument massue des survivalistes actuels pourrait bien attendre un peu, le monde pourrait avoir encore assez de carburant pour une génération : « Caramba encore raté !! »
Notre génération aura quand même a gérér la fonte des rentes tant capitalistes que sociales (=acquis sociaux auxquels nous profitons tous, que ce soit directement ou indirectement) faute de contrepartie réelle parmi les actifs. Il n'est déjà pas sûr que la démocratie soit pérenne dans ces conditions.
NB 1) Outre l'intérêt d'une fraicheur alimentaire inégalable, l'augmentation de la part de la nourriture dans un budget me semble inéluctable du fait du renchérissement des hydrocarbure, l'augmentation de la population et de la consommation de viande parmi les émergents, la culture d'agrocarburants, la diminution de superficie (urbanisation) et la dégradation des terres arables (cf travaux Claude & Lydia Bourguignon), de l'âge moyen des agriculteurs, et même des décisions européennes : la récente décision de réglementation des semences institue de fait un oligopole de semenciers qui ne vont pas manquer de constituer un cartel (entente sur les prix) des semences, qui sera évidement payé par le consommateur final. L'amende qu'il vont recevoir quand le pot-aux-roses sera découvert sera de toute manière très inférieure aux bénéfices distribués, les semenciers auraient tord de s'en priver. Je n'arrive pas à croire que l'on soit si bête ou si naïf à la commission, j'en déduis qu'ils sont corrompus !!! lobbying quand tu nous tiens !
NB 2) Je considère que nos banques flirteront avec la faillite aussi longtemps que le « mark to market » ne sera pas rétabli, et qu'elles pourront de fait maquiller leur comptes tout à fait légalement. (sans que leurs dirigeants ne risquent de prison pour délit de présentation de faux bilan).
NB 3) Si l'obsession survivaliste me semble idiot, se consacrer tout entier à une vie professionnelle hyperspécialisée sans jamais lever la tête du guidon me semble tout autant stupide. Le monde change si vite que les efforts d'une vie peuvent être balayés en un instant.
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