Pédophilie dans l’église catholique
Sous-titre : Affaire Ricard : "Nous n'avons pas cherché à ne pas dire", assure Mgr Éric de Moulins-Beaufort
J’ai écouté ce matin l’interview de Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, sur l’affaire de viol d’une adolescente de 14 ans par le futur cardinal Ricard. L’interview était réalisée par Amandine Bégot[1].
J’avoue que la position de l’ecclésiastique n’était pas aisée. Il a essayé de noyer le poisson par maintes astuces de communicant en élargissant la question des viols dans l’église catholique de France et en mettant en avant les « efforts » de la hiérarchie ecclésiale ainsi que les études et autres recherches pour aider les victimes.
Mais revenons aux faits :
- En réponse aux accusations d'abus sexuels visant le cardinal Jean-Pierre Picard, Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, se défend d'avoir volontairement tardé à saisir la justice.
- Dans un texte sur l’interview, la radio RTL note : « Face aux nouveaux scandales sexuels qui frappent l'Église catholique française, l'archevêque de Reims, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort a annoncé, lundi 7 novembre, à Lourdes, que 11 évêques et anciens évêques étaient mis en cause. Parmi eux, le cardinal Jean-Pierre Ricard, ancien évêque de Bordeaux.
Parmi ces cas, "trois concernent des faits de non-dénonciation et insuffisance de dénonciation", précise en premier lieu Éric de Moulins-Beaufort. Et de rappeler la lettre du cardinal Ricard, dans laquelle l'ecclésiastique a avoué une relation "dite répréhensible", qu'il aurait eue il y a trente-cinq ans avec une jeune fille de 14 ans. Afin de faire la lumière sur l'affaire, le parquet de Marseille a ouvert une enquête préliminaire. »
Ce qui frappe le plus c’est qu’Éric de Moulins-Beaufort élude en permanence les vraies questions et les sanctions qui s’imposent dans de tels cas en se cachant derrière des formules vagues et très distendues. En l’occurrence, sur les accusations le concernant d’avoir été au courant depuis février, soit huit mois auparavant, et de n’avoir rien dit, Éric de Moulins-Beaufort insiste sur le fait qu’il fallait " tout un temps pour pouvoir rendre possible un signalement". Il indique également que "la réaction aurait été tout à fait différente" si les faits avaient été récents.
En réponse aux catholiques qui réclament plus de transparence de la part de l'Église, l'archevêque se défend : "Nous avons travaillé, nous n'avons pas cherché à ne pas dire, nous avons cherché à rendre possible ce signalement [...] et la parole qui a été posée ».
On lit également dans la note d’RTL : « Quant à la recrudescence des accusations qui provoque la lassitude de nombreux fidèles, qui ont récemment invité à "sortir les poubelles de l'Église" sur les réseaux sociaux, Éric de Moulins-Beaufort constate une progression. "Jusqu'en 2016, personne ne prend réellement au sérieux les victimes [...] depuis, on sait que le trouble des personnes victimes est considérable et dure", souligne l'archevêque de Reims. Cependant, l'évêque prône la prudence à l'égard des accusations : "On ne peut pas mettre tout et n'importe quoi sur la place publique", nuance-t-il, avant d'annoncer la création d'un "conseil de suivi" constitué de "personnes laïques, extérieures à l'Église", qui encadreront la procédure. Une initiative visant à "sortir de l'entre soi", progressivement. »
En matière de communication Éric de Moulins-Beaufort a utilisé les grosses ficelles de la communication politique : élargir la question, parler vaguement des « efforts » réalisés, des réunions et autres consultations en cours ou effectuées, des commissions et sous-commissions pour étudier la question particulière ainsi que d’éventuelles questions similaires, bref de la poudre de perlimpinpin ! En fait, quand un politique ou un ecclésiastique (en l’occurrence il s’agit du même comportement) veut noyer le poisson, il propose la création d’une commission ; s’il veut enterrer encore plus profondément le problème, il propose la création de sous-commissions…
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