Pendant ce temps là, Xavier Bertrand…
…Se frotte les mains et attend son heure. Comme Benoist Apparu, ou Alain Juppé, il profite d’une situation catastrophique à l’UMP pour ne pas prendre position et critiquer ses camarades. Ils ne s’investissent pas dans le conflit, ne proposent aucune idée, et se servent des difficultés dans leur camp pour booster leur propre image médiatique. Portrait de ces politiciens plus malins que les autres.
Benoist Apparu, le moins discret d’entre eux, essaie de faire entendre la voix de la raison, en enfonçant son camp. Il se rend ainsi éminemment sympathique, puisqu’au même niveau que le commentateur de la rue, se gaussant du manque de sérieux à l’UMP. Une position responsable et désintéressée ? Pas vraiment puisque la moquerie est une chose, l’action en est une autre, et pour un responsable politique , proposer des solutions à une sortie de crise est largement plus périlleux que de se réjouir de celle-ci. Benoist Apparu devrait se méfier de ses prises de paroles publiques qui se multiplient ces derniers temps pour critiquer ses camarades, car si un jour l’UMP se remet en ordre de marche, les ténors du Parti pourraient ne pas oublier ses sorties :
Dans le Nouvel Obs, « L'UMP est-elle morte ce dimanche soir ?
B.Apparu : - « Je ne sais pas, mais l'UMP est mal barrée. J'ai fait un trait d'humour ce soir sur twitter en proposant une nouvelle motion "la droite morte", un trait d'humour mais pas complètement dénué de sens.
Je ne vois aucune solution aujourd'hui, les morceaux sont tellement cassés qu'il ne s'agit plus de les recoller mais il va falloir continuer à chercher des solutions. »
Et d’ajouter, « tout le monde est responsable dans les deux camps. Il faut arrêter de penser qu'il y a un gentil et un méchant. On aura sûrement plus d'éléments dans les jours qui arrivent sur le responsable de l'échec du rendez-vous de ce soir ». Tout le monde sauf lui ?
Même constat chez Alain Juppé, qui s’était vu un temps médiateur de choc dans une affaire qu’il a finalement décidé de ne pas suivre. Trop éclaboussant, trop ridicule, trop dangereux. Plutôt que de risquer de brouiller son image dans des tractations qui ne le regardent pas, il a préféré s’en remettre à la figure de Nicolas Sarkozy, comme si ce dernier était une caution morale évidente. Trop heureux d’être rappelé en renfort, et ne pouvant pas résister à l’appât médiatique, Nicolas Sarkozy s’est empressé de saisir la perche tendue par Juppé, heureux que sa manœuvre fonctionne. Jouer sur l’égo démesuré du Président et son incapacité à résister à l’appel des médias, voilà le dernier coup d’un habile tacticien qui a compris qu’il valait mieux désamorcer la bombe tant qu’il était encore temps, et se tenir éloigné de ce bourbier.
Enfin, Xavier Bertrand est le troisième mousquetaire du trio des francs-tireurs se désolidarisant de la pièce de théâtre proposé par ses collaborateurs. L’homme, probablement frustré de ne pas pouvoir se présenter, avait décidé de faire jouer une pseudo neutralité, votant en réalité pour Fillon. Son inimitié pour Copé n’est un secret pour personne. Aujourd’hui, la situation doit le réjouir puisqu’elle élimine d’emblée ses deux rivaux, qui ne sont plus crédibles pour prétendre se présenter à n’importe quelle élection. Et surtout, elle lui permet de redorer son blason d’homme de terrain proche de ses électeurs, en employant des expressions aussi imagées que « j’en ai marre de ce foutoir ».
Ces trois personnages, s’ils tirent parti à leur façon d’une situation ubuesque, ont cependant moins de mérite politique que Chantal Jouanno ou Rama Yade, qui ont senti le vent tourner dès la défaite de Nicolas Sarkozy, et décidé de quitter aussitôt l’UMP. Leur ralliement à l’UDI tombe à pic : leur nom ne sera pas associé à une UMP synonyme à présent de foire d’empoigne dans la tête de beaucoup d’électeurs. Les « lieutenants » des deux prétendants doivent rager de jalousie : les Laurent Wauquiez, Nadine Morano, Valérie Pécresse et autres Christian Estrosi ont manqué d’opportunisme et de discernement politique, en ne sentant pas ce qui allait se passer, et en se prêtant au jeu de la lutte fratricide. A présent en mauvaise position, ils risquent de voir leur nom également associé à cet épisode fâcheux que les électeurs ne sont pas prêts d’oublier.
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