Pendant le bronze-cul estival, les cumulards s’agitent !
C’est souvent l’été - pendant que les Bonkons se bronzent la couenne en bikini ou se trempent la viande en burkini - que les caïds de l’embrouille qui pullulent parmi les Zélus font leurs sales coups.
Ainsi, le 8 d’août, soixante et dix-neuf sénateurs LR (UMP) ont déposé subrepticement, en se planquant, presque honteux, comme s’ils avaient pété dans la sacristie, une « proposition de loi organique » (enregistré à la Présidence du Sénat le 8 août 2016 sous le n° 818 ) visant à repousser aux calendes grecques l’application de la loi contre le cumul des mandats. 99 des 199 députés LR ont fait de même à l’Assemblée nationale.
Venant des amis de Sarko, on peut s’attendre à tout, mais le même jour et même avant eux, onze sénateurs PS avaient déposé une « proposition de loi organique » identique (enregistré à la Présidence du Sénat le 8 août 2016 sous le n° 816 ).
Allez, n’ayons pas peur de jouer les balances : vous trouverez leurs noms ici (1) pour les sénatrices et sénateurs Les Républicains (UMP) et là (2) pour leurs collègues Parti Socialiste.
Cette loi sur le non-cumul des mandats (interdisant à un parlementaire d’exercer une fonction exécutive locale), votée en 2013, doit prendre effet en juin 2017 pour les députés, en septembre 2017 pour les sénateurs. Ce qu’une loi fait, une autre peut le défaire, et on peut compter sur la droite, si elle revient – hélas – au pouvoir, pour abroger celle-ci, qui plaît tant aux Français et que rejettent avec tant de vigueur les « Zélus ».
Les uns comme les autres agitent le même prétexte : il s’agit de retarder, de trois ou quatre ans, l’entrée en vigueur de la loi anti-cumul, pour l’appliquer une fois terminés les mandats actuels des maires (en 2020) et des présidents de conseils généraux ou régionaux (en 2021). Tout ceci, évidemment, pour ne pas troubler le jugement des électeurs. Ben voyons !
D’un bord comme de l’autre, c’est l’entente cordiale. À défaut de lutte des classes, c’est la lutte des places !
Aucune chance de voir cette proposition de loi adoptée à l’Assemblée nationale avant la fin de la législature, mais au Sénat, c’est différent puisque la droite y est majoritaire. Adoptée par le Sénat, elle pourrait donc l’être aussi par l’Assemblée nationale dans le mois suivant sa mise en place. Ce qui risque d’arriver si la droite revient au pouvoir. Dès lors les cumulards auraient gagné.
Le Parti Socialiste, comme son frère ennemi (encore que ? !) Les Républicains, c’est deux tiers de membres déjà élus et un tiers qui aspire à l’être ! Hors de ces deux grosses machines, point de salut pour qui veut faire de la politique un métier, alors que c’est une mission, quasiment un sacerdoce. On comprend dès lors les coups de frein violents et récurrents des caciques du parti qui ne veulent en aucune manière lâcher le fromage dont ils se gavent. Le PS, comme le PC regorgent de ces « notables », caciques locaux voire satrapes qui se croient élus de droit divin. Et ils ne veulent pas le lâcher le morceau ! La droite, protectrice de toutes les magouilles, est évidemment sur la même ligne.
De droite ou de gauche, un seul vainqueur : le mandarinat et donc la paralysie du système. Des maires, des présidents d’exécutifs régionaux réélus pour la troisième, la quatrième, voire la cinquième fois… Et qui sont aussi députés, sénateurs, députés européens. Désolant de konnerie. Révoltant d’inefficacité.
Comment un élu peut-il apporter encore quelque chose à ses concitoyens lorsqu’il est englué dans la routine et, surtout, le clientélisme !
Car ne nous leurrons pas, toute réélection doit autant sinon plus au renvoi d’ascenseur qu’au travail réalisé pendant la mandature.
Au premier mandat, un maire, un conseiller général ou régional, un député voire un président de la République, ont un enthousiasme, un élan, des idées à faire passer, une équipe soudée et volontariste autour de lui. Il a le temps et peut s’exprimer dans les faits.
Au second mandat, les choses changent. Un bon ami, élu d’une ville moyenne, m’a avoué : « le travail principal d’un élu en place, c’est de se faire réélire ! » Il y donne l’essentiel de son temps et de sa force. Et il a des comptes à rendre à ceux qui l’ont aidé dans sa conquête du pouvoir. « - Qui t’a fait duc ? - Qui t’a fait roi ? ».
Quant au troisième mandat et plus si affinités, il est toujours et uniquement sous le signe de la routine et des compromissions innombrables à gérer.
Que peut encore apporter un élu qui est en place depuis des décennies ? Rien, sinon stériliser le terrain sur lequel il sévit, décourager les volontés, neutraliser tout dynamisme, ficelé qu’il est dans le clientélisme.
Un seul mandat et une seule mandature. Voilà ce qu’il faut. Les politicards professionnels, basta !
(1) : MM. Philippe MOUILLER, François BONHOMME, Mme Agnès CANAYER, MM. Mathieu DARNAUD, Jean-Baptiste LEMOYNE, Didier MANDELLI, Cédric PERRIN, Pascal ALLIZARD, Gérard BAILLY, Mme Annick BILLON, MM. François CALVET, Christian CAMBON, Michel CANEVET, Jean-Pierre CANTEGRIT, Jean-Noël CARDOUX, Mme Caroline CAYEUX, MM. Gérard CÉSAR, Daniel CHASSEING, Alain CHATILLON, François COMMEINHES, Philippe DALLIER, René DANESI, Mmes Catherine DEROCHE, Jacky DEROMEDI, Marie-Hélène DES ESGAULX, Chantal DESEYNE, Catherine DI FOLCO, Nicole DURANTON, M. Louis DUVERNOIS, Mme Dominique ESTROSI SASSONE, MM. Michel FORISSIER, Jean-Paul FOURNIER, Christophe-André FRASSA, Mme Françoise GATEL, MM. Jacques GENEST, Bruno GILLES, Mme Colette GIUDICELLI, M. Daniel GREMILLET, Mme Pascale GRUNY, MM. Charles GUENÉ, Loïc HERVÉ, Michel HOUEL, Jean-François HUSSON, Mmes Corinne IMBERT, Sophie JOISSAINS, M. Claude KERN, Mme Élisabeth LAMURE, MM. Daniel LAURENT, Antoine LEFÈVRE, Dominique de LEGGE, Jean-François LONGEOT, Gérard LONGUET, Mme Vivette LOPEZ, MM. Alain MARC, Hervé MAUREY, Jean-François MAYET, Pierre MÉDEVIELLE, Mmes Marie MERCIER, Brigitte MICOULEAU, M. Alain MILON, Mme Patricia MORHET-RICHAUD, MM. Jean-Marie MORISSET, Christian NAMY, Louis-Jean de NICOLAY, Philippe PAUL, Xavier PINTAT, Louis PINTON, Rémy POINTEREAU, Mme Sophie PRIMAS, MM. Henri de RAINCOURT, Bruno RETAILLEAU, Charles REVET, René-Paul SAVARY, Michel SAVIN, Bruno SIDO, André TRILLARD, Mme Catherine TROENDLÉ, MM. Michel VASPART, Jean Pierre VOGEL et Jean-Léonce DUPONT.
(2) MM. Jacques MÉZARD, Guillaume ARNELL, Luc CARVOUNAS, Joseph CASTELLI, Yvon COLLIN, Philippe ESNOL, François FORTASSIN, Mmes Samia GHALI, Françoise LABORDE, MM. Jean-Claude REQUIER et Raymond VALL.
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