Perquisition chez les Insoumis : une attaque politico-judiciaire ?
L'avocat Régis de Castelnau, 46 ans de barreau, doit sa notoriété à ses ouvrages sur le fonctionnement de la justice, ses articles dans la presse, et son blog Vu du droit. Il s'est exprimé sur la perquisition menée le 16 octobre 2018 au domicile de Jean-Luc Mélenchon. S'appuyant sur sa connaissance du fonctionnement judiciaire, il affirme que le procureur qui a organisé cette perquisition l'a fait en lien avec le ministère de la justice et qu'il ne peut en être autrement étant donné l'importance de l'opération.
Il est catégorique : il lui paraît impossible que l'un des principaux partis d'opposition voit « débarquer » des policiers armés et en gilets pare-balles au siège du parti et au domicile du leader du parti, sans que cela ait été décidé et préparé au plus haut niveau.
Il estime que la justice se laisse instrumentaliser et il recontextualise l'action judiciaire contre les Insoumis dans un historique plus large ayant commencé avec l'affaire Fillon pendant la campagne présidentielle de 2017. Il considère que l'élection présidentielle a été faussée par un « raid judiciaire fait dans l'urgence », « ce que personne ne peut contester ». Ensuite, cela était le tour du Front national, avec notamment la saisie des ressources du parti, et puis maintenant la France insoumise. Il qualifie l'ensemble de ces opérations judiciaires d'agressions politico-judiciaires et de manipulations. Il juge cela très préoccupant pour le fonctionnement de la démocratie française. Il estime que « certains bureaux ministériels » n'ont pas de scrupules à se servir de la justice pour combattre les opposants politiques.
Il affirme que dans le même temps, les affaires concernant Mme Penicaud, Mr Benalla, Mr Kholer, Mr Ferrand, Mr Emelien, toutes celles qui pourraient gêner Emmanuel Macron, « dorment paisiblement », étouffées par le haut appareil judiciaire. Le parti majoritaire est donc protégé. Il cite entre autres la « fameuse » perquisition au domicile d'Alexandre Benalla, où la disparition de son coffre-fort n'a jamais eu de suites judiciaires, un fait gravissime puisqu'il s'agit d'une disparition de preuves, mise « sous l'éteignoir » par le procureur. Il s'indigne de la façon dont le nouveau procureur de Paris a été choisi directement par l'Elysée, écartant un candidat pour mettre un candidat ami, une façon de faire qu'il n'avait encore jamais vue.
Il conclut son analyse en revenant sur la perquisition chez les Insoumis : selon lui, cette affaire n'avait aucune urgence, s'agissant d'une simple affaire technique. Il juge donc surprenante la perquisition au domicile d'un élu de la République, protégé par l'immunité parlementaire, estimant qu'il s'agit de moeurs très curieuses, qu'il n'avait encore jamais vues à ce niveau là.
Ecouter l'intervention de Régis de Castelnau :
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