Persister dans l’erreur, l’Union Européenne sans frontières
Il eut été logique de penser que les dirigeants européens, tirant les leçons des erreurs commises dans le passé, modifieraient leur conception d’une Europe extensive, destinée à absorber, tel un trou noir, l’ensemble des pays qui la jouxtent, au fur et à mesure d’un mouvement d’élargissement illimité et permanent. Il n’en est rien. Tout au contraire.
Les dernières déclarations des Commissaires responsables des Relations Extérieures et de l’élargissement au sein de l’exécutif bruxellois confirment la ferme intention de la Commission de proposer aux Etats-Membres de l'Union, de décider l’ouverture des négociations d’élargissement avec l’Albanie, sans attendre que les problèmes politiques existant entre la Macédoine du Nord et ses voisins bulgares soient résolus, l’ouverture des négociations avec ces deux pays étant auparavant envisagée de façon simultanée.
Pourtant, plutôt que de plaider l’urgence d’avancer avec l’Albanie, la Commission devrait continuer à geler l’ouverture de toute nouvelle négociation d’élargissement pour des raisons évidentes :
- La leçon du Brexit dont chacun sait que l’une des raisons principales tient au malaise ressenti par les citoyens britanniques devant une Union trop ouverte à tous les mouvements de population, le UK perdant progressivement son indépendance et notamment le contrôle de ses frontières.
- La pandémie en cours qui démontre les dégâts qu’occasionnent l’ouverture mondialisée et non suffisamment contrôlée des échanges commerciaux et financiers, la délocalisation excessive de la production industrielle et la libre circulation des personnes.
- L’internationalisation du crime et du terrorisme qui profitent largement de la perméabilité de nos frontières pour s’établir partout en Europe et prendre le contrôle de pans entiers du crime organisé, de la traite d’êtres humains, de la prostitution, du trafic de drogues, de cigarettes, d’armes et autres joyeusetés. ( cf. les mafias albanaises, chinoises, russes et tchétchènes).
- Le travail de sape de nos démocraties, civilisations, valeurs et modes de vie par des organisations politiques et /ou religieuses qui entendent imposer leurs propres modèles et façons de vivre à nos populations, dans le cadre d’un véritable projet de domination et de colonisation de nos pays. (cf L’organisation des Frères Musulmans).
- La paupérisation croissante de nos populations affectées par la précarisation des emplois, le chômage, la baisse relative de leur niveau de vie, la dégradation de l’accès à des soins de santé appropriés, la rareté des logements décents et l’augmentation exorbitante des prix d’achat et de location.
Cette paupérisation naît de la concentration excessive et continue de la richesse créée dans nos pays entre les mains d’un nombre limité d’ultra-riches et de la priorité permanente accordée par le système économique à la rémunération des actionnaires, à la croissance des dividendes et à l'évasion fiscale des entreprises multinationales. Le système ainsi établi, compresse les coûts de la main d’œuvre, délocalise et détruit les emplois locaux, et substitue aux travailleurs européens, soit une main d’œuvre corvéable à merci composée de travailleurs immigrés souvent sans papiers et sans aucun pouvoir de négociation, soit des employés sous-payés, recrutés à l’étranger par des structures sous-traitantes établies dans les pays de l’Est ou en Irlande, où les droits sociaux sont minimaux. (cf. les firmes de travaux publics et de construction, ou les compagnies exploitant outrageusement la réglementation européenne comme Ryan Air).
- L’inopportunité d'aggraver le poids financier que devrait inévitablement assumer l'Union suite à l’élargissement à l’Albanie, à la Macédoine du Nord et aux autres pays de la région, car ces pays sont tous très pauvres et dans l’incapacité d’apporter aucun élément positif à l’Union Européenne pour les 30 ans à venir.
- Le danger d’importer dans notre Union, les conflits ethniques, religieux, militaires, territoriaux et les haines historiques et rancoeurs qui opposent depuis plus de 1000 ans les populations de ces pays balkaniques.
- Le danger de nourrir la sensation d’encerclement que ressent la Russie devant notre poussée inexorable vers ses frontières, d’autant que nos élargissements successifs s’accompagnent, en général, par l’adhésion simultanée ou consécutive des nouveaux pays admis dans l’Union à l’OTAN.
Toutes ces raisons militent non seulement pour la suspension mais pour l’arrêt total et immédiat de tout nouvel élargissement.
La priorité n’est pas à agrandir mais à consolider, à sauver et à réformer l’Union Européenne dont l’avenir est de plus en plus menacé et précaire face au scepticisme croissant de nos populations et au malaise permanent qu’elles ressentent, devant un exécutif bruxellois, lointain et incapable de résoudre les problèmes d’emploi, de sécurité, d’identité et de niveau de vie, qu’elles éprouvent au quotidien.
Il est clair que nos pays, pris isolément, seront incapables de peser dans le monde de demain face aux mastodontes US, chinois et indiens.
Mais il est non moins clair qu’une Europe surdimensionnée, faible, ouverte à tous les vents, sans identité ni prospérité, composée d’une mosaïque hétérogène de pays aux intérêts divergents, n'apportera aucune solution à notre problème commun d’impuissance. Elle risque même de l’aggraver en limitant l’autonomie de décision, la capacité et la rapidité de réaction de chacun de nos pays européens.
Il serait temps que nos dirigeants aient l'honnêteté de reconnaître et de tenir compte de ces réalités.
Ils doivent signifier aux candidats actuels ou potentiels que l'Union renonce désormais à s'élargir pour se concentrer sur la consolidation et l'approfondissement des liens existant entre ses Etats-Membres.
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