Perte de la Raison occidentale en Palestine
L’horreur se poursuit chaque jour. Un temps de réflexion s’impose, au-delà de la barbarie perpétrée.
Kant, dans la Critique de la Raison pratique recommandait :
« Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse être érigée en loi universelle. »
Si les Israéliens et les Palestiniens veulent tous les deux l’ensemble du territoire, ils n’appliquent évidemment pas cette maxime.
Si la maxime d’un individu ou d’un État est « Je veux tout le gâteau, pour moi tout seul », il est évident que cela va générer un conflit de la part des autres individus.
Le capitalisme résout ce problème par le prix. Seuls les riches peuvent s’accaparer le gâteau, laissant les pauvres mourir de faim. Cela génère les luttes de classes qui sont la conséquence de cette volonté d’accaparement.
Israël résout le problème, à sa manière, en décrétant que les Palestiniens ne sont pas des hommes. Comme dirait Sartre dans la Critique de la Raison dialectique, ce sont pour les Israéliens des contre-hommes, comme l’étaient pour les Français les Algériens autochtones auxquels ils ont occupé les terres et détruit les structures traditionnelles.
On a le même processus colonial. Lorsque les Espagnols conquirent l’Amérique du Sud, ils décrétèrent qu’ils n’avaient pas d’âme. Ils sont donc été traités comme des animaux. Les barbares n’étaient pas ceux qui n’avaient pas d’âme, mais les catholiques de la couronne espagnole. De même les Français avec les musulmans d’Algérie, qui étaient considérés comme non civilisés, donc des contre-hommes. Les Anglais firent de même dans de nombreuses occasions, sur de nombreux territoires, jusqu’à leurs propres ressortissants à l’époque de la révolution industrielle, où les ouvriers dans les fabriques étaient traités comme des quasi-animaux, y compris les femmes et les enfants. En France, le gouvernement n’était pas loin de considérer les Gilets Jaunes comme des contre-hommes auxquels le droit ne s’appliquait pas.
La communauté internationale du côté occidental semble confirmer ce jugement, les traités internationaux ne s’appliquant pas dans ce cas, puisque les droits de l’homme doivent s’appliquer à des hommes, et non des contre-hommes. Cela est une poursuite évidente du colonialisme multiséculaire qui refuse à l’autre le statut d’égal. Ce qui permet de l’exploiter, le détruire, l’humilier, le torturer, l’exterminer.
Il est extrêmement grave de considérer que les droits humains sont à géométrie variable, suivant l’intérêt qu’on a de protéger, ou non une population. Cela signifie que le discours occidental n’est pas un discours de principe, mais d’intérêt. Je protège ceux qui correspondent pour moi à un intérêt, les autres ne sont pas protégés, les droits de l’homme ne s’appliquent pas à eux.
Cela est similaire aux règles dont les occidentaux font état à tout moment. Ce sont leurs règles qui protègent leurs intérêts qu’ils veulent étendre sans discussion à tout la planète, comme s’ils en étaient propriétaires.
La vérité de ces beaux principes repose alors non sur l’équité, la justice, la morale, mais sur l’usage abusif de la force, secondé par celui non moins abusif de la propagande médiatique.
Si nous revenons sur Kant, la maxime de l’occident peut être celle-ci : « J’obtiens ce que je veux par l’usage sans borne de la force ». Si nous considérons cela comme une maxime universelle, alors l’occident est condamné à en user chaque jour davantage, jusqu’à ce que cette force finisse par lui manquer, l’ensemble des contre-hommes apprenant progressivement à en faire usage à son tour.
La sagesse voudrait que la maxime de la volonté soit, non pas « je veux prendre tout le gâteau pour moi tout seul », mais « je veux prendre ma part légitime du gâteau », ce qui dans ce cas peut constituer une maxime réellement universelle.
Dans le cas d’Israël, ce serait, des deux côtés « je veux occuper la part du territoire qui me revient dans les traités internationaux » ou bien « je veux créer un État où chaque habitant a les mêmes droits, quelle que soit sa religion, son origine, ses croyances »
Dans la première hypothèse, il est primordial que les habitants des deux territoires puissent user de leur liberté, notamment de circuler, ce qui est aujourd’hui impossible pour les Palestiniens.
En s’enfermant dans un soutien sans borne aux destructions humaines d’Israël sur les Palestiniens, la partie occidentale de la communauté internationale montre clairement son illégitimité, mettant ses intérêts, notamment économiques (on a découvert des ressources de gaz (2000 milliards de m³) à Gaza), au-dessus de ses soi-disant principes humanitaires.
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