Petite touche sexiste sur Arte
J’ai découvert par hasard cette émission diffusée par la chaîne Arte : Karambolage. Une capsule dont je ne sais si elle doit être drôle, informative ou sarcastique. Celle que j’ai découverte dure 3’14’’, et le moment utile commence à 2’06’’ de la vidéo en fin de billet
Standkorb
La vidéo raconte l’histoire d’un objet que l’on rencontre sur les plages allemande de la mer du Nord. Wikipedia le qualifie même de « symbole des plages de la mer du Nord et de la mer Baltique. »
Ceux qui connaissent la mer du Nord connaissent aussi ses longues plages, que la marée basse met à nu sur des centaines de mètres. On pêche des crevettes dans les petites mares d’eau salées que laisse la mer en se retirant.
Ils en connaissent aussi le vent, un vieil habitué du coin. Au point où les vacanciers se réfugient parfois dans ces Corbeilles de plage. Cette structure légère mais parfois très élaborée protège du vent, du soleil, du sable et de la pluie éventuelle.
La standkorb est une survivance historique. Sur ce site, une petite présentation met en valeur cet aspect de l’objet.
« La production antérieure de chaises de plage en osier tressé, avec un dossier plus haut et des côtés enveloppants, remonte à la fin du XVIe siècle et trouve son origine dans l’artisanat européen de la vannerie. On trouve des fauteuils de plage en osier dans presque tous les centres de vacances et sur toutes les plages de la merdu Nord et de la mer Baltique, et ils peuvent être loués du printemps à l’automne. La chaise de plage en osier est toujours un symbole emblématique de la détente allemande, qui n’a pas changé au cours des deux guerres mondiales et des révolutions sociales et industrielles, et qui a même résisté à l’épreuve du temps lors de la division de l’Allemagne en deux parties, l’Est et l’Ouest. »
(Traduit avec DeepL.com/Translator)
La vidéo présente donc l’objet, puis glisse vers une animation qui le met en scène. Dans cette scène il y a les parents et un enfant. On voit d’abord la mère et l’enfant creusant un fossé autour de la standkorb, comme pour délimiter un territoire ou se protéger d’ennemis imaginaires.
Cet isolement est même accentué par la mère qui guette au loin avec des jumelles.
Apparaît alors le père de famille, que l’on peut « admirer »selon le commentaire. En fait on le flingue en deux dizaines de secondes. Le stéréotype proposé par la séquence le décrit comme souvent bien en chair (vous avez dit grossophobie ?). Il s’allonge « tel un roi sur son trône. »
Qui plus est il brandit son flacon de crème solaire « comme un sceptre. »
Curieuse présentation du père, qui visiblement ne fout rien, mais qui domine, pendant que la mère en bonne ouvrière méritante protège ce petit bout de territoire et son château de fortune.
On suppose dès lors que toutes les mères sont sveltes et qu’aucune ne revendique la crème solaire comme un élément de l’identité féminine, ou comme un sceptre.
L’air de rien c’est un petit coup de griffe contre l’homme, le roi fainéant, le nabab autoproclamé, qui forcément domine son monde en gardant pour lui la meilleure
place -enfin, la plus confortable. Ça ne mange pas de pain. C’est de la misandrie ordinaire, ce sexisme anti-hommes massivement répandu aujourd’hui. Mais bon, pas de surprise, on est sur Arte.
On aurait pu montrer un père jouant au ballon avec son fils ou dessinant des motifs sur le sable avec sa fille, pendant que la mère sortirait le pique-nique au pied du siège.
- Ah non ! La mère ne touche pas au pique-nique ! Assez d’esclavagisme culinaire ! Elle se prélasse, dégoulinante de crème protectrice, lunettes de soleil dans les cheveux (c’est mieux que sur le nez) et orteils en éventail. Elle engueule son fils qui projette du sable sur des fines chevilles. Elle boit une bière fraîche que le mari vient d’acheter à l’épicerie de plage.
Voilà la mère moderne. Eh oui, elle prend tellement d’espace que le père ne peut même plus s’allonger « tel un roi tenant son sceptre » (il n’a pas la place). Notez, ce n’est pas nouveau, et les mères rustiques se comportaient de la même manière, sauf peut-être pour la bière. Certaines pubs pour ces corbeilles montrent d’ailleurs plutôt des femmes installées comme des reines et occupant toute la place.
D’ailleurs, en voyez-vous beaucoup des hommes allongés tels des rois, monopolisant la crème solaire et prenant toute la place ? Moi pas trop. Les photos d’époque vont d’ailleurs à l’envers du propos de Arte : les femmes y trônent et les hommes sont en-dessous. Marrant.
Cela me fait penser aux accusations selon lesquelles les hommes prennent oute la place dans les transports, ce que l’on nomme le manspreading. En accusant les hommes exclusivement, on passe sous silence le womanspreading que j’ai documenté et illustré ici, et plus globalement ici.
Les hommes encrémés est une image postérieure à celle des femmes encrémées. Je pense que cette courte animation de quelques secondes inverse la réalité : c’est le plus souvent la mère qui reste sur les fauteuils, la crème solaire à portée de main, pendant que le père s’active.
Mon père en tous les cas, quand nous allions en vacances à Oostduinkerke, ne jouait jamais au roi tel que décrit dans cette capsule vidéo.
Voici la vidéo. La séquence utile va de 2’06’’ à 2’28’’ :
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