Petits lieux d’expression... et instrumentalisation
Notre Société évolue et pas forcément dans le bon sens. Je pense que la créativité dans le domaine culturel, qui est une forme de résistance, n’est pas en cause mais que ce sont les systèmes de « distribution » des spectacles qui ont changés.
J’en veux pour preuve que lorsque « Les Coquins d’accord » ont créé à Saint-Brieuc leur association il y a près de 30 ans il existait, en Bretagne, un très grand nombre de petits lieux d’expression- porteurs de lien social qui plus est - pour les artistes. Aujourd’hui, même si il y a eu un renouveau la majorité d’entre-eux a disparu.
Cela est du, en grande partie aux contraintes qui leur ont été imposée du fait de l’obligation de mise aux normes sur les plans de la sécurité et de l’acoustique.
Il aurait fallu à ce moment-là, pour conserver, voire élargir le potentiel des lieux d’expression, cafés-concerts, cabarets et salles de spectacle…et pour permettre aux musiciens, chanteurs, créateurs de Bretagne (et d’ailleurs) de roder leurs spectacles, de se former, pour leur donner la possibilité d’être mis en présence du public, de l’apprendre, de leur donner des aides concernant les travaux engagés pour répondre aux exigences prévues par les textes législatifs. Cela n’a pas été fait.
A cela s’est ajouté le fait que, depuis plusieurs années, la vie associative en général et particulièrement culturelle pourtant porteuse de démocratie, a subi des attaques qui sont de nature à la mettre en péril.
De nombreuses collectivités territoriales mettent en place son « instrumentalisation » en se substituant souvent à elle, en étant les financeurs, les réalisateurs et les bénéficiaires en termes de valorisation d’image, de communication interne et politique. En étant, en fait, juges et parties.
Autre élément qui rejoint ce qui précède est le problème des « intermittents. »
Il semble évident que certains métiers : techniciens, monteurs, éclairagistes… sont indispensables à l’existence et au développement des activités de la vie culturelle et connaissent pour la plupart d’entre-eux du fait de leur spécificité, une précarité certaine.
Ces derniers, pour moi justifient pleinement du statut d’intermittent.
Il est tout aussi évident que nombreux soient les chanteurs, musiciens, acteurs qui font choix de vivre leur passion... et de leur passion. Ceci pourrait d’ailleurs être élargi, si l’on suit le raisonnement, aux artistes peintres et autres plasticiens, voire auteurs et autres écrivains.
Cette volonté, ce choix ne leur attribuent pas pour autant le talent, la réussite ?
Il ne fait aucun doute, en prolongeant le raisonnement, que certains ont participé à « l’instrumentalisation » en route en acceptant d’entrer en quelque sorte dans la catégorie des artistes…subventionnés, fonctionnarisés. Ce qui n’est pas sain.
Déjà des institutions départementales ou régionales, se sont substituées, en leur coupant les vivres, aux associations organisatrices de spectacles en créant des structures dépendant directement de leur gestion. Grâce aux réseaux constitués entre les associations des collectivités, pour l’artiste « bien en cours » les tournées bien organisées existent.
Cela vaut d’ailleurs, de plus en plus, pour de nombreuses manifestations et autres salons littéraires qui tournent, comme Buffalo Bill en son temps, avec leur "troupe d'auteurs."
Pour moi la solution est ailleurs.
Pour gagner leur vie les artistes avec ou sans talent, doivent pouvoir se confronter au public. Cela vaut particulièrement pour les musiciens, les chanteurs, les comédiens,…
Or si les festivals existent, en grand nombre mais souvent avec les mêmes artistes, ils ne suffisent pas à répondre aux demandes.
Il faut redonner possibilité d’exister aux « petits lieux d’expression. »
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