Photovoltaïque : l’Europe a bien fait de taxer les panneaux chinois !
Alors qu’on attendait que l’Europe plie encore l’échine sous l’impulsion de Berlin, Bruxelles a tout de même annoncé une taxe provisoire sur les panneaux solaires. Mais chose étonnante, des associations écologistes et le lobby des importateurs critiquent sévèrement cette mesure.
Ainsi l’association WWF a-t-elle décidé de se mettre au diapason des importateurs pour critiquer la taxe sur les panneaux solaires chinois : " La Commission se concentre sur un problème mineur, estime Stephan Singer, en charge de la politique énergétique mondiale au WWF, la destruction de nouvelles activités commerciales propres en s'engageant dans une guerre commerciale avec la Chine est la dernière chose dont nous avons besoin en ce moment".
Une position étonnante, tant sur le plan social qu’économique, qui rejoint celle des installateurs de panneaux : "Si nous entrons dans une guerre avec la Chine, il n'y aura pas le meilleur des deux mondes, mais seulement des panneaux photovoltaïques européens peu nombreux et très chers…incompatibles avec le niveau de tarif d'achat, estime Jean-Pascal Pham-Ba, secrétaire général de la société Solaire direct. Pour lui, « une politique protectionniste aura pour effet immédiat compte tenu des politiques tarifaires gouvernementales, l'arrêt complet du développement de l'activité solaire »
La filière photovoltaïque comme l’écologie politique se retrouvent donc divisées en deux camps.
- Les pro-importations, en majorité des installeurs, qui estiment que les panneaux doivent être le moins cher possible, quitte à fermer les yeux sur les impacts sociaux et environnementaux désastreux des unités de productions chinoises.
- Les pro-fabrication, producteurs de panneaux solaires et députés Verts comme Yannick Jadot, qui estiment que la production de panneaux est un enjeu majeur pour la souveraineté énergétique du pays et la création d’emploi.
Les panneaux chinois subventionnés à plus de 80% !
Il faut lire la décision de l’UE pour comprendre l’ampleur du piège chinois : « à leur juste valeur, les panneaux solaires chinois devraient être vendus en Europe à un prix supérieur de 88 % à celui facturé en réalité ». En se dotant d’une capacité de production de 48 gigawatt, soit près de deux fois la demande mondiale, le gouvernement chinois ne pourra pas éternellement subventionné son industrie salaire. Ce qui signifie qu’une fois débarrassé de la concurrence - 28 fabricants de panneaux photovoltaïques européens et 25 américains ont fait faillite depuis début 2009 – le prix des panneaux chinois augmentera progressivement de 80% ! Dès lors, les installateurs, alors captifs de panneaux chinois à prix prohibitifs, seront les premiers à se tourner vers l’Etat. Inutile de dire que la facture énergétique de l’Europe en sera considérablement alourdie. Les Etats-Unis, peu soupçonnables d’entraves au libre-échangisme, l’ont bien compris et ont déjà mis en œuvre des droits de douanes bien plus conséquents que ceux annoncés par Bruxelles.
Ajoutons enfin, qu’il est étonnant d’entendre les partisans du libre marché et de la concurrence libre et non-faussée, qui s’expriment en ce moment dans tous les médias, tomber à bras raccourcis sur cette mesure protectionniste. Visiblement, les colossales subventions accordées par le gouvernement chinois à ses entreprises ne leurs posent de problèmes que lorsqu’elle sont imitées en Europe (notamment sur l’agriculture, le cinéma, etc.). Ils nous dessinent donc un monde ou l’Europe devrait être libre-échangiste tandis que les autres géants de la planète protégeraient leurs intérêts. Pas étonnant qu’aujourd’hui, le taux de chômage européen dépasse les 12% en Europe, avec des pointes à 27% en Grèce et 26% en Espagne !
Qui peut encore prétendre que nous pouvons nous payer le luxe de se priver de la création d’emplois générés par le soutien à une production de panneaux solaires en Europe ?
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