Piège Ukrainien, défaite européenne
Si vis Pacem, Para Bellum
-Végèce
"Pour les avions, c'est impossible dans les semaines qui viennent". La phrase, prononcée par macron suite à la visite de son homologue Ukrainien-quémandeur à l'Elysée, est révélatrice. Après les gilets pare balles, après les munitions, les obus, et les chars légers, c'était au tour des Rafale et autres "instruments de paix" d'être l'objet de la sébille tendue par Zelensky en Europe. Et malheureusement pour lui, rien a faire concernant "les ailes de la liberté" : elles sont cassées pour l'instant, et ça coince.
Et au détour d'un énième article qui prétend savoir tout, mais ne révèle rien, Macron "n'exclut pas de livrer des avions", mais "il y a d'autres priorités", des livraisons d’armes « plus utiles » et « plus rapides ». Mais, à part envoyer balader poliment Zelensky... de quoi parle-t-il exactement ?
Des "chars" AMX10 (donc des blindés qui ne sont pas vraiment des chars) promis aux ukrainiens ? D'obus, de roquettes, comme prévu avec le dernier partenariat conclu avec l'Australie ?
Toutes ces prises de position et autres décisions à l'emporte-pièce commencent manifestement à montrer leurs limites.
Car comment revendiquer être cohérent quand on s'associe pour fabriquer et livrer des obus à l'Ukraine, avec un pays qui vous a "planté un poignard dans le dos" suite à l'affaire des sous-marins, seulement quelques mois auparavant ?
Comment revendiquer une quelconque ligne directrice, une quelconque stratégie quand on se dit "prêt à aller jusqu'au bout pour assurer la victoire de Kiev" mais qu'en même temps on louvoie pour éviter de donner à ceux qu'on reçoit avec les honneurs, ce qu'ils demandent avec insistance pour se défendre ?
Comment rassurer ses maîtres américains, en continuant de donner l'illusion qu'on est de leur côté, qu'on applique leurs desiderata, et en même temps préserver un tant soi peu l'illusion, chez soi, d'une indépendance voire mieux, d'un souci de maintien de la sécurité pour le peuple dont on est le représentant ?
Car en acceptant les demandes de Zelensky, Macron affaiblirait considérablement ce qui reste de l'armée Française : une armée qui tient tout entière dans le Stade de France, avec un potentiel en termes de réserves de munitions et de tenue d'un hypothétique front de quelques jours seulement, au mieux, selon tous les experts..
Macron est, comme la majorité de ses homologues européens, face à des contradictions majeures, impossibles à résoudre.
Et, malgré ses simagrées, il le sait.
Et puis quoi ensuite ?
On peut aussi légitimement se poser la question : après les avions, que resterait-il à donner ? Les missiles de longue portée ? Et ensuite ? Jusqu'à quand, avant l'incident de trop -au hasard : une frappe ukrainienne en territoire Russe, à l'aide d'un avion ou d'un missile occidental-, celui qui mettrait le feu aux poudres, et plongerait de facto tout le continent européen dans la guerre ?
Cette question est en fait intimement liée à l'idéologie libérale portée par le président et ses sbires, aussi bien que tous les autres dirigeants du monde occidental : ce représentant de la bourgeoisie apatride n'a en effet qu'un seul mandat, celui de tout brader a ses petits copains ultrariches, les oligarques qui l'ont placé là. Et il faut donc remettre en perspective son annonce de 413 milliards supplémentaires sur les 7 prochaines années pour l'armée française, a l'aune de ces intérêts. Une annonce qui, en plein conflit des retraites, ne fait que rajouter de l'huile sur le feu, sans rien réellement résoudre du problème de fond.
Le fond du problème ? C'est que notre armée, après une professionnalisation opérée sous Chirac, est déjà engagée sur de multiples théâtres d'opérations (au moins 5 en cours en 2022), et est également victime depuis de nombreuses années de restrictions budgétaires, contraignant très souvent les soldats à s'équiper sur leurs propres deniers pour partir en opérations ...
Ces 413 milliards sur 7 ans arrivent bien trop tard pour rattraper le retard accumulé, surtout face à une Russie qui n'a engagé que moins de 20% de ses forces sur le théâtre Ukrainien, et les moins expérimentées de surcroit... une Russie qui accumule les armements de pointe, dont l'industrie de guerre tourne à plein régime, et qui a déjà détruit deux armées ukrainiennes équipées par l'Otan. En attendant la troisième ?
Et il suffit de regarder l'attitude de l'Oncle Sam, qui regarde en silence, satisfait, les livraisons d'armes se succéder, entérinant de fait une politique d'attrition décidée de longue date, afin "d'affaiblir la Russie sur la durée" comme ils disent, pour se rendre compte que tout ceci fait de nous, les européens, les dindons d'une très mauvaise farce.
Toutes les décisions américaines récentes sont à lire dans ce sens : engager toujours plus leurs "alliés" européens face à la Russie, et les laisser se débrouiller face à ce bourbier, tout en prenant bien sûr publiquement position contre "le boucher Poutine". Et observer de loin les anciens partenaires (l'Allemagne et la Russie) qui bénéficiaient d'une coopération économique mutuelle, désormais séparés par un gouffre...alors que dans le même temps, leurs économies plongent dans les abysses, et que les States se font un beurre colossal sur notre dos.
Quand le plan se déroule sans (presque) aucun accroc
Car oui, le but ultime était bien d'arrêter le flux énergétique bon marché qui irriguait l'UE, et plus particulièrement l'allemagne via le gazoduc Nordstream, et le remplacer par un flux 100% yankee. Un gazoduc Nord Stream qui a malheureusement sauté -ohhh quel dommage !-, certains accusant même les russes d'avoir fait le job... il est vrai que quand on peut tourner le bouton ''OFF'', c'est tellement plus logique de risquer une mission de sabotage sur ses propres équipements n'est-ce pas ? Alors que tout le monde sait pertinemment à qui le sabotage a le plus profité. Et à vrai dire, les vrais responsables ne s'en cachent (presque) même plus...
Toujours est-il qu'aujourd'hui les américains se frottent les mains : ces imbéciles d'Européens sont en train de faire le boulot, et eux regardent de loin, bien a l'abri à 3000 kilomètres de là. Tout en préparant les containers remplis jusqu'à ras la gueule de gaz de schiste ultra polluants à nous refourguer, à 3 ou quatre fois le prix que nous payions aux méchants Russes...pour les gentils gendarmes du monde, "la tragédie ukrainienne" est avant tout une formidable aubaine, rien de moins.
Quand aux justifications morales... Côté pile, on reçoit en grande pompe Zelensky, mais côté face, on fait comme tout le monde : on évite de trop s'engager. Il faudrait éviter que tout cela ne dérape trop sérieusement vous comprenez.
Ce qui confirme que sous la rhétorique des "Russes affaiblis par la guerre", en fait tout le monde redoute la puissance de feu du camp d'en face, et ne fait surtout pas grand chose pour trop l'exciter...
Ne pas livrer de chars Abrams dans l'immédiat ? Pas grave, les Allemands et nos caniches Anglo-français le feront eux-mêmes.
Et pour les avions F16 réclamés à cor et à cris par les Ukrainiens ? C'est la même tambouille, car répétez après moi "nous ne voulons absolument pas la guerre avec la Russie".
De fait, l'engagement européen dans ce conflit, au côtés des Américains mais malgré eux, est un piège grossier.
Et nos dirigeants sont tombés dedans à pieds joints.
Le piège Ukrainien, ou la défaite européenne
L'Europe est ainsi aujourd'hui piégée : toute enfermée qu'elle est dans son désir de suivre son maître, via l'Otan, jusqu'au dernier ukrainien, elle ne peut faire machine arrière sans perdre la face.
Et -hélas pour elle !- elle la perdra quand même, fatalement.
Car déjà, les premiers signes d'un effondrement général de la narrative apparaissent dans les médias : de "la victoire ukrainienne n'est qu'une question de semaines" à "les combats sont acharnés et sanglants à Soledar", bientôt nous assisterons à quelque chose d'impossible à cacher.
L'Ukraine, dans la forme actuelle du conflit, ne peut tout simplement pas l'emporter. Et ce sont des "experts" occidentaux, ukrainiens parfois même, qui le disent. C'est tout simplement trop tard... on peut le déplorer, ou s'en féliciter, ou alors regarder les choses d'un oeil détaché : l'hubris occidentale est en train de mourir avec ce conflit.
Les Russes n'ont qu'à attendre, et travailler leurs percées grâce à l'artillerie, faisant des centaines de morts chaque jour, tout en envoyant systématiquement au rebut le matériel otanien vétuste, largué en masse (et en pure perte) sur le front. Et in fine ce sont les équipements occidentaux qui commencent à manquer ...nous nous affaiblissons sans même nous en alarmer. Pour les Russes, bien conscients que la guerre n'est pas que contre l'Ukraine, mais contre l'Otan toute entière, il suffit juste d'attendre, et, à moins d'un engagement à toute autre échelle, engagement que personne ne souhaite vraiment car il impliquerait l'escalade nucléaire... les ukrainiens ne peuvent que capituler.
Ce qui est bien sûr hors de question pour le camp européen et les séides otaniens de l'oncle Sam.
Dans ces conditions, que reste-t-il à faire pour le camp occidental ?
Il est urgent d'attendre
Gagner du temps.
Occuper le terrain.
Jouer la carte de la désinformation et de la comédie en permanence : nos 300 chars, livrés en désordre disparate, et de différentes conceptions, vont venir à bout de la première force de chars au monde.
Ou alors les quelques pauvres missiles ou systèmes antiaériens que nous donnons à des ukrainiens laminés, pour couvrir un front démesurément étendu, et appelé encore à s'élargir... tout ceci n'est pas sérieux, surtout pour qui connait un peu les tactiques, la stratégie, et l'échelon intermédiaire pratiqué par l'armée Russe -qui parle et use de "profondeur opérationnelle", échelon intermédiaire de la guerre de position théorisé et appliqué avec succès par les soviétiques contre les nazis.
La stratégie Russe en Ukraine est très claire, mais celle de l'occident l'est-elle ? Existe-t-elle seulement concrètement ? Je suis persuadé que si, d'aventure, un journaliste osait poser la question à n'importe quel dirigeant européen sur l'existence d'une stratégie concrète, mesurable et vérifiable de l'Otan en Ukraine, à part de l'enfumage (à coup de "nécessité de préserver la démocratie"), il n'en sortirait ... rien.
Car il n'y a rien ! Aucune stratégie sérieuse, si ce n'est laisser l'initiative aux Russes sur les tenants et les aboutissants du conflit. C'est une stratégie d'attrition renversée... A l'heure où d'ici dix jours, grand maximum, les Russes lanceront de nouveau une offensive majeure en Ukraine (le médias occidentaux reprennent ici une info américaine, info absolument pas démentie par les Russes au contraire...), il est temps de se poser les bonnes questions : quand allons-nous enfin nous asseoir à la table des négociations, au lieu de jeter en permanence de l'huile sur le feu en faisant semblant de croire que cela résoudra une situation à deux doigts de dégénérer en conflit généralisé ?
L'horrible impuissance occidentale
L'horrible vérité ? C'est que même si, d'aventure, l'Otan tout entière déclarait ouvertement la guerre à la Russie, il ne resterait pas 36 options. Il en resterait exactement deux, qui conduisent toutes deux à une impasse pour l'occident, ou pour le monde entier.
Première option : l'Otan déclare la guerre à la Russie, mais les deux camps restent sur le terrain conventionnel. Pas d'armes nucléaires...
Dans ce cas les Russes disposent assez de puissance de frappe et de munitions en réserve pour laminer n'importe quelle armée en Europe. Leur économie est en mode "production de guerre", à l'heure où l'industrie européenne n'arrive même pas à fabriquer des masques ou du gel hydroalcoolique pour faire face à la moindre épidémie..sans parler du reste. Tout étant délocalisé, c'est ballot n'est ce pas ?
Et du côté de "nos amis américains" ? Les Usa n'auraient tout simplement pas le temps ni les moyens d'intervenir, surtout si la Chine entrait dans la danse, ce qu'elle ferait à coup sûr. Car la Chine ne peut se permettre de laisser la Russie perdre, car elle serait ensuite la prochaine dans le collimateur direct des USA. Donc les armées européennes seraient détruites assez rapidement. Ce qui conduirait sans doute aussi rapidement à une escalade nucléaire...
Deuxième option : Les deux camps se frittent, mais l'escalade nucléaire (emploi d'armes tactiques puis riposte) conduit à une dévastation mutuelle. KO général.
Dans les deux cas, tout indique que l'emploi de l'arme nucléaire ne sera privilégié qu'en dernier recours, malgré les rodomontades et autres désinformations habituelles de quelques "journalistes". On aime se faire peur, mais dieu merci à la fin c'est le bon sens qui l'emporte.
Reste donc la guerre conventionnelle : retour au point de départ.
Et là, la prochaine offensive Russe (d'ici une semaine - dix jours grand maximum) mettra tout le monde d'accord. La guerre ne pourra être gagnée dans sa forme actuelle, et c'est Valery Zaloujny, le Commandant en chef des armées Ukrainiennes qui le dit : "Je sais que nous pouvons vaincre cet ennemi, mais nous avons besoin de ces ressources. Nous avons besoin de 300 chars, de 600 à 700 véhicules de combat d'infanterie et de 500 obusiers"
Ce qu'il lui est strictement impossible d'avoir dans les temps. Car aucun pays européen voire occidental, ne veut ni ne peut fournir à temps ce qu'il demande, tout simplement. L'armée Française, la 1ere en Europe, ne possède que 200 chars Leclerc et sans doute moitié moins en ordre de marche en condition opérationnelle. Surtout au vu des récentes tergiversations des uns et des autres, USA compris...il n'y a rien à attendre de sérieux du côté des livraisons d'armes.
Ce qui nous fait dire que tout le pataquès fait autour des "armes qui vont faire gagner les ukrainiens", c'est juste... du pataquès.
L'Ukraine va tomber.
Pour la Paix, et contre le désastre européiste
Ce billet est un plaidoyer pour la Paix.
Car après que l'Ukraine en aura payé le prix, que se passera-t-il ?
L'UE risque bien d'éclater, tout simplement. Car à la fin forcée de la narrative succèdera l'incompréhension des peuples, qui se sentiront floués.Et le désir d'obtenir, sans aucun doute et a minima, des explications. Ou a tout le moins, la logique fin du peu de crédibilité qu'il restait aux gouvernements occidentaux et à leurs séides, la classe politico-médiatique.
Nous allons entrer dans une zone de turbulences majeures, où tous les coups seront permis pour échapper au jugement de l'Histoire, et détourner l'attention des peuples de leurs dirigeants, les seuls responsables de ce désastre.
Que risquera-t-il alors de se passer ? Risquons une hypothèse : nous fuirons de plus belle en avant.
A toute berzingue, droit vers la guerre totale.
Combien aujourd'hui en occident s'en rendent compte ?
Donc, pour résumer : il est temps d'arrêter maintenant les frais.
Car aujourd'hui ce sont les chars, demain ce seront les avions, et après demain ce seront nos enfants, voire nous-mêmes qui seront envoyés là-bas.
Et c'est juste hors de question.
Pour toutes les raisons dévelopées plus haut, je le redis et le répète il ne s'agit pas de baisser la culotte devant la Russie mais de faire preuve de bon sens. Plus de la moitié du monde a déjà acté la perte de leadership occidentale, que ce soit au niveau économique, mais aussi idéologique ou du point de vue des "valeurs". Ces fichues valeurs que nous portons en étendard, hypocrites massacreurs que nous sommes.
On entend même ici et là des jusqu'au boutistes se bercer d'illusions, et parler de "Tribunal Pénal International" pour Poutine et tous les responsables de la boucherie en Ukraine... mais comment peut-on se bercer de telles illusions ?
Comment allez vous chercher Poutine ? Vous croyez qu'il se laissera faire, comme Khadafi ou Hussein ?
Et George Bush, il n'y aura pas droit, lui, au TPI ? Comment justifier cela aux yeux du monde ?
Nous vivons, que nous le voulions ou non, dans un monde qui vient de changer de mains. C'est une période historique dans toute l'existence de l'Humanité, en ce sens qu'elle peut signifier notre fin collective, ou alors un nouveau départ, loin des anciennes habitudes mortifères.Et nous consentirions à laisser une fois de plus notre destinée, entre ces mains tachées de sang, au prétexte que les autres ne valent pas mieux ? Et si pour une fois, nous retrouvions notre indépendance ? Si pour une fois nous refusions toutes les mains tendues, et mal intentionnées, pour mieux nous reprendre en mains ? Reprendre notre destinée dans nos propres paluches ?
Pour ce faire, il n'y a pas 36 solutions : il est temps de se retrousser les manches.
Si nous voulons la Paix, il nous faut préparer la sortie de la guerre.
Demain, il sera trop tard.
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