Pierre Condamin-Gerbier n’était pas que banquier...
Ah, le revoilà celui-là... redevenu "banquier", alors qu'il s'était présenté autrement voici quelque temps... Rappelez-vous... c'était en pleine tourmente Eric Woerth, quand on commençait à remonter la filière. Cela ne vous dit rien ? C'est bien la preuve qu'en politique, les gens ont la mémoire courte... Allez, je vous rafraîchis la mémoire : notre fameux banquier Condamin-Gerbier, avant même de jouer les oiseaux de mauvais augure ("j'ai des noms, mais je ne les dirai pas") ou de jouer les menaçants-menacés ("on m'a déjà fait peur") était tout simplement un homme politique, ce qu'il semble avoir beaucoup oublié. En 2007, c'était tout simplement l'un des meilleurs collecteurs de fonds de l'UMP...
Allez, autant vous rafraîchir la mémoire. Rappelez-vous c'était juste avant les élections présidentielles, quand je vous contais les tribulations aériennes des meilleurs amis du Petit Nicolas, tous partis à la pêche aux billets pour alimenter les caisses du parti. Logiquement, ça les avait menés... en Suisse, ou plus exactement sur l'aéroport de Genêve... " A Genêve-Cointrin, un aéroport décidément fort fréquenté avait raconté le 7 juillet 2010 le journal suisse l'Hebdo,repris par Mediapart : "ce vendredi 23 mars 2007, c’est en jet privé qu’Eric Woerth et Patrick Devedjian atterrissent à 19 heures sur l’aéroport de Cointrin. L’avion, selon nos informations, un Falcon 10, accueille à son bord les épouses des convoyeurs de fonds de l’UMP, Florence Woerth et Sophie Vanbremeersch. Un avion mis à disposition par un compatriote fortuné au bénéfice d’un forfait fiscal en Suisse. Tout ce petit monde dort à Genève chez des amis respectifs. De retour à Paris, Eric Woerth rencontre Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, qui lui aurait remis ce chèque de 150 000 euros qui agite désormais les esprits de la République. A l’époque en effet, Eric Woerth récolte les fonds pour alimenter la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. A Paris ou à Genève. Sitôt descendu du Falcon avec Patrick Devedjian, le futur ministre file vers un hôtel cinq étoiles à quelques pas de là, le Crowne Plaza où patientent plus d’une cinquantaine d’adhérents et sympathisants de l’UMP. Avant de rejoindre, vers 21 heures, une petite trentaine d’invités triés sur le volet à la Caviar House, rue du Rhône. Le marathon suisse d’Eric Woerth et de Patrick Devedjian sera bref, mais profitable. Selon nos estimations relues et confirmées par l’ancien président Pierre Condamin-Gerbier, les deux hommes repartent avec des promesses de dons qui frôlent un demi-million de francs suisses." Un aéroport qui aura donc vu beaucoup d'argent défiler. Au seul profit de l'UMP.
"L'ancien président Pierre Condamin-Gerbier" avait-on pu lire ? Oui, car avant de jouer aux zorros de banques, notre cavalier noir n'était autre que le leader local de l'UMP, celui des expatriés suisses, ce qu'il semble beaucoup oublier en ce moment, tant il est pressé de fourbir le fier destrier de sa campagne de nettoyage du monde politique. On en a gardé quelques photos l'attestant, comme celle-ci, accompagnée de ce commentaire : "ce 23 mars, Eric Woerth et Patrick Devedjian, en pleine campagne présidentielle, sont venus à Genève lever de l'argent pour Nicolas Sarkozy auprès des quelque 100.000 électeurs français résidant en Suisse. Ils courtisent votes et capitaux, lors d'une réunion à l'hôtel Crowne Plaza et une fin de soirée très select à la Caviar House, selon l'enquête d'Yves Steiner dans "l'Hebdo". Entre les deux "Sarko boys" pose ce jour-là un certain Pierre Condamin-Gerbier, alors président de l'UMP en Suisse, mais aussi - ce qui était passé inaperçu à l'époque - associé de Reyl & Cie. ...
Si l'homme aujourd'hui semble avoir endossé un autre costume, en 2007, il représentait bien un pan complet de l'UMP, celui des "passeurs" d'argent pour alimenter discètement le parti . "Peu connu à Paris, Condamin-Gerbier, un ex-HEC natif de Saint-Etienne aujourd'hui âgé de 42 ans, est alors le pilier de la structure suisse de l'UMP. Enthousiasmé par le programme pro-business du candidat, il a "ressuscité" une délégation moribonde, qui ne compte que 23 adhérents quand il prend les commandes. Ce militant convaincu arrive un an plus tard à en recruter 500, plus 500 sympathisants. Ce qui en fait, explique-t-il, la "plus grande délégation UMP à l'étranger". Au total, il estime entre 500 000 et 1 million de francs les dons récolté par l'UMP suisse pour cette présidentielle..." Un "passeur" de fonds efficace, qui ne digérera que d'autant moins son éviction quelques mois après. Une mise au placard pour avoir critiqué ceux qu'il avait faits rois. "D'où sa colère quand, une fois au pouvoir, Nicolas Sarkozy et son ministre du Budget, Eric Woerth, se lancent dans une stigmatisation des exilés fiscaux, qui connaîtra son apogée avec la "liste HSBC". Les chèques de ces "mauvais patriotes", pourtant, n'avaient pas d'odeur !" Une colère qui aurait très bien pu être contenue, tant le projet de loi sarkozien de régulation des dépôts à l'étranger n'avait été qu'un pétard mouillé : « La gravité de la situation de l’emploi en France devrait interdire de prendre l’industrie bancaire en otage de théories anti-mondialistes », poursuit l’argumentaire. Qui sont ces valeureux défenseurs de la finance, en lutte contre les dangereux altermondialistes et ONG ayant pris en otage les banques françaises ? Xavier Bertrand, Eric Woerth, Christian Estrosi, Valérie Pécresse, Laurent Wauqiez, Bruno Le Maire, François Baroin, Olivier Dassault " écrit Basta. Un Olivier Dassault pilotet et propriétaire d'un Falcon 10 (le F-GTOD), avec lequel il se rendait régulièrement en... Colombie, voir son ami Thierry Gaubert... qui résidait dans son immense villa à 600 000 euros, (près d'un million de dollars) qui servait accessoirement au tournage de feuilletons policiers télévisés sur des trafiquants de drogues... comment avait-il trouvé son demi-million de dollars pour la construire, sa villa.... cela restera un autre mystère.
"Comme l'a révélé l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur, les enquêteurs français ont désormais dans leur ligne de mire la villa colombienne, son propriétaire et sa princesse. Ce qu'ils ont découvert met Thierry Gaubert en sérieuse difficulté et son ex-épouse a donné des informations savoureuses à la police française. Un achat de trois sous-marins, un mystérieux intermédiaire franco-libanais, des valises remplies d'euros provenant de commissions illégales transportées par Gaubert de Suisse en France, une décennie d'intrigues politiques françaises sordides, un président, une princesse, une épouse offensée balançant tout à la police, des dizaines de millions d'euros, un attentat qui coûta la vie à 14 personnes, dont 11 Français à Karachi, la capitale du Pakistan et une propriété à El Nilo, Colombie, composent cette sorte de télénovela internationale, dont la "connexion colombienne" constitue un nouveau rebondissement" ajoute Courrier International pour enfoncer le clou...
Car c'est tout un système dont faisait partie Condamin-Gerbier, dont l'attitude actuelle ne peut en effet s'expliquer que par la crainte de menaces s'il révélait tout. Sa "liste" qui comporterait des hommes de gauche, selon lui, on peut déjà en sourire : trésorier principal de l'UMP à l'étranger, on peut supposer que sur sa liste figure avant tout des gens du même bord politique. Dans un milieu où tout se sait, cela paraît une évidence. Vexé du manque de considération Sarkozien, notre banquier suisse avait fait sécession. Avec fracas, en rejoignant le groupuscule fondé par Édouard Fillias, et sa femme, beaucoup plus médiatique, Sabine Herold, qui seront aussi les fondateurs du mouvement "Liberté, j'écris ton nom "(devenu "Liberté chérie"). le mouvement s'est depuis rapproché du Nouveau Centre. "Désertant l'UMP à la fin de 2008 pour rejoindre l'éphémère Alternative libérale, Pierre Condamin-Gerbier accuse alors Eric Woerth de "cracher dans la soupe dans laquelle il a été ravi de tremper ses lèvres !". Après tout, sa femme, Florence - qui accompagnait justement "Eric" ce 23 mars dans le Falcon 10 mis à leur disposition par une grosse fortune française de Genève -, ne fréquentait-elle pas souvent le family office suisse de son employeur d'alors... Liliane Bettencourt ?"
En voilà donc un de plus qui sait beaucoup de choses... mais sur l'UMP, surtout. Au point de prendre les devants, en criant partout que lui aussi, il a des noms... Visiblement, il n'a nul envie de payer pour les autres... à savoir ceux qui ont tant bénéficié de ses collectes. "Cracher dans la soupe" avait-il dit. Ou se prémunir aujourd'hui de représailles, s'il indiquait le nom de ceux qui avaient avalé le plus de soupe... en voilà encore un qui vient de s'offrir une assurance-vie semble-t-il.
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