Pierre Moscovici et cette commission d’enquête qui a initié la mise à mort de Muammar Gaddhafi
Pour nous qui connaissons désormais le rôle qu'un président de la république, simplement piloté par un favori, a pu jouer dans le déclenchement subit d'une guerre qui allait conduire à l'anéantissement d'un pays tout juste placé de l'autre côté de la Méditerranée, il est assez troublant de devoir prendre connaissance de ce satisfecit que le président de la Commission d'enquête sur les conditions de libération des infirmières bulgares, le socialiste Pierre Moscovici, a cru pouvoir adresser à ses collègues dès les premières lignes de son Avant-propos au Rapport remis le 22 janvier 2008 à la présidence de l'Assemblée nationale :
« [...] la commission d'enquête parlementaire sur cette libération restera dans les mémoires comme une première institutionnelle réussie. Sa pertinence a parfois été mise en doute, à ses débuts : son ambition en effet n'était pas mince, puisqu'elle entendait lever un coin du voile, de manière tout à fait novatrice, sur le "domaine réservé" que constituent traditionnellement en France les affaires étrangères, qui continuent d'être entourées d'une forme de "grand secret" et d'être confisquées par quelques acteurs, dans le triangle Elysée – Quai d'Orsay – Matignon. Elle a, en permettant que l'exécutif puisse venir rendre compte de son action dans ce domaine devant le législatif, ouvert la voie à une nouvelle étape dans la maturité démocratique du pays. La commission d'enquête représente ainsi, par sa simple constitution, une avancée indéniable et une percée démocratique. »
Ne s'est-il pas plutôt agi de promener, sans crier gare, cette émanation de la représentation du côté d'une impasse soigneusement organisée ? Il était pourtant assez clair qu'un élément clef avait échappé à Pierre Moscovici et à ses gentil(le)s collègues, et le président de la Commission ne paraît pas s'en étonner plus que cela :
« [...] écartée lors d'un vote formel par les groupes UMP et Nouveau Centre, à mes yeux sans vraie justification, l'audition de Madame Cécilia Sarkozy restera une pièce absente dans le puzzle, un chaînon manquant dans le déroulement des faits, denses et parfois chaotiques, qui ont mené à la libération des soignants bulgares. »
Et pourtant, n'avait-elle pas réalisé un véritable petit miracle ? Si, justement. Notre ami Pierrot (de la lune ?) en convient :
« Tous les témoignages recueillis par la commission l'ont montré : Madame Sarkozy, "envoyée personnelle" du chef de l'Etat, a joué un rôle décisif dans la libération des soignants bulgares, décidée en tête-à-tête entre elle et le colonel Kadhafi, dont nul autre ne connaît le contenu. »
Immaculée conception ? Nous verrons que le témoin Boris Boillon savait très bien de quoi il s'agissait. Malheureusement, Pierre - comme ses petits camarades ? - a décidément la mémoire courte... C'était pourtant dans la dernière séance d'audition des témoins : de celles que l'on n'oublie pas.
Voilà donc comment le président Moscovici anéantit en trois mots les trop beaux propos tenus au tout début de sa jolie introduction, et nous révèle que, du point de vue de l'approfondissement de la démocratie dont il serait l'un des artisans, il s'est rudement mis le doigt dans l'œil – et ses camarades avec lui. Mais cherchaient-ils (elles) autre chose, à propos de la fée du logis et de son si charmant époux ?...
« Son audition aurait été, à mes yeux, plus qu'utile, indispensable. Elle a été interdite par une décision politique. Je le regrette et forme le vœu qu'à l'avenir, les commissions d'enquête qui succèderont à celle-ci ne rencontrent pas de tels obstacles : le Parlement doit pleinement jouer son rôle de contrôle, sans soumission, d'aucune sorte, à l'exécutif. »
Ceci pour plaisanter...
Car, bien brave, Nicolas le ferait jusqu'au bout, et tout seul, le sale boulot... en s'essuyant les pieds sur ce paillasson qu'est, en France, ladite représentation nationale.
(référence permanente à propos de la Libye de Muammar Gaddhafi : http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr)
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