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Accueil du site > Tribune Libre > Pire que la crise économique ; la tumeur au cerveau de l’Occident

Pire que la crise économique ; la tumeur au cerveau de l’Occident

La crise, elle ira là où les indices se retourneront. Ainsi parlerait Aristote, appliquant sa physique naturaliste et pensant à la pierre qui une fois lancée, va vers son point de chute naturel. L’économie fluctue mais si le système fonctionne de manière si erratique, c’est peut-être que le mal n’est pas dans la machine mais dans le cerveau humain. Allez savoir !

Il fut un temps, les années 1980, où la consommation ostentatoire, les signes de richesse, le luxe, la réussite sociale, s’affichaient sans complexe, même dans des styles les plus kitsch. L’économie était en crise mais l’esprit était à l’aventure de la petite entreprise et la grande. Et Yves Montand d’y aller avec une émission devenue emblématique, vive la crise. En fin de compte, l’argent devait couler et les commensaux affluer autour des robinets. Ces années-là, les mairies dépensaient sans compter le pognon des contribuables dans des festivités, des ripailles entre bourgeoisies locales et ripoux de l’appareil. Les Niçois et les Bordelais savent de quoi je parle. Ces années Médecin et Chaban. Enterrées depuis. La crise de début 1990 est semble-t-il venue refroidir les gaspillages… quoique… il se dit qu’à la mairie de Paris, on dépensait aussi beaucoup d’argent pour des activités bien peu républicaines. Les années 1980 sont celles où l’on soignait les cadres supérieurs en avantages.

En fait, un mauvais pli a été pris. Ce goût de la réussite, de l’argent, du profit, s’est insidieusement emparé des populations occidentales, pénétrant tous les rouages de la société. Certes, il est resté et il restera des gens vertueux sur ce plan mais la folie du profit a gagné des élites devenant de plus en plus décadentes, sans culture (voir le phénomène décrit par Lasch aux US), sans vertu. L’obsession de la performance. Les journalistes n’y ont rien vu. Ce qui est normal, eux qui sont censés représenter la fonction cérébrale de la société, ont été gagnés par cette tumeur du profit qui a rongé également les intellectuels, les directeurs de médias, ainsi que le monde des élites dirigeantes, dans le monde politique un peu, dans les entreprises un peu plus. Il se dit que Mme O. touche un salaire exorbitant à France 24, en plus de ses ménages. Monsieur C. qui avec la bienveillance d’Alain M. a coulé le Monde, gagnait paraît-il comme un PDG. Les hauts revenus ont augmenté dans des proportions considérables. Pire, le système des stocks options a été mis en place. Ce système est une véritable escroquerie légale. En plus, il conduit les hauts dirigeants à mener une politique sur le court terme visant à faire monter le cours de l’action et empocher les bénéfices. C’est une perversion de la fonction managériale. Et la société a laissé faire. Comme on a laissé faire la mainmise de joueurs de poker financiers sur l’argent des caisses d’épargne. Et maintenant, l’Elysée presse pour une fusion dont on pense qu’elle servira à masquer le trou des caisses d’épargne, du reste déjà en délicatesse avec la création de Natixis, organisme géré comme un casino et qui affiche des pertes colossales et dire qu’on accuse les Américains comme seuls responsables de la crise.  

Le cerveau désirant devient vénal. Il fonctionne dans une temporalité réduite. Il devient exigeant. Et si ce cerveau dysfonctionne dans le mode profit chez les élites, il tend à produire des effets similaires dans la population. Il suffit de constater les soldes ou alors de voir dans l’environnement des gens, pourtant passé quarante ou cinquante, se comporter en véritables ados insatisfaits, jamais contents, critiquant tout dès lors que le service vendu ou même offert est entaché d’imperfectibilité et ne colle pas au plus près de leurs attentes.

Au bout du compte, la crise économique n’est qu’un symptôme de cette société gagnée par la tumeur du profit et de l’envie. Les politiques peuvent bien mettre l’économie sous perfusion de la relance, tant que cette tumeur sera présente dans le cerveau des élites et des populations, la société ne pourra qu’aller de pire en pire. Pour l’instant, il n’y a pas de remède connu à ce mal, excepté un peu d’instruction. Au final, il se peut bien que la situation soit pire qu’on ne le pense. Nous le saurons d’ici cinq ou dix ans. Il reste quand même le spirituel, et quelque part, Dieu logé dans quelques cervelles bien placées pour éviter le naufrage. Nous vivons une époque qui n’a plus rien de formidable mais qui semble étrange et inquiétante.


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42 réactions à cet article    


  • xbrossard 16 février 2009 16:14

    Un peu de philosophie bouddhiste ne ferait pas de mal à notre civilisation...à condition que les gens la comprenne vraiment...


    • Kalki Kalki 17 février 2009 09:54

      Le bouddhisme, comme religion est a proscrire, comme toute religion.

      Toutes les religions mettent en avant leur coté "Spiritualité", mais au bout du compte c’est un très gros filet.
      Car il n’est pas question pour eux de votre liberté, liberté de penser, liberté de spiritualité.

      Ne vous faites pas encore avoir.


    • Kalki Kalki 17 février 2009 10:00

      ( et dans ce cas vous êtes un gros poisson)

      Il faut remarquer que l’humain, a peine trouve t’il des défauts à ces maîtres :

      IL pense déjà à en trouver de nouveau !



      Soyez vos propres maîtres
      NI DIEUX, NI MAITRES.
      , il n’y a que vous qui soyez responsable de vos actes, et de votres existence,
      pas besoin de chercher ailleur.


    • Bois-Guisbert 17 février 2009 10:40

      Soyez vos propres maîtres
      NI DIEUX, NI MAITRES


      C’est ce qu’ils ont dit ! Et ils ont remplacé tout ça par le Veau d’Or !!!

      T’as perdu Kalki et tes âneries avec toi...


    • Kalki Kalki 17 février 2009 11:16

      Je vois pas en quoi j’ai perdu ?
      J’ai rien a gagner.

      "S’il suffisait de s’installer en position du lotus pour accéder à l’illumination

      , toutes les grenouilles seraient des bouddhas."


      Oui si l’on critique le "veaux d’or" en place ... et qu’on voudrait revenir a la spiritualité (lié à une religion pret a dominer de la meme maniere)

      (Attention je critique la spiritualité/religion ou religion/spiritualité pas la spiritualité/spiritualité pur)

      Ce n’est pas un peu changer de maitres ? Revenir en arriere peut etre aussi.

      Ce que je dis c’est arrettez de chercher un pere, une spiritualité/religion pour vous soutenir, et vous dires ce que vous devez faire , etre, ou avoir.

      En vérité il n’y a que vous dans votre tete.

      "Nous ne sommes pas spéciaux.
      Nous ne sommes pas de la merde ni de l’ordure non plus.
      Nous sommes, c’est tout.
      Nous sommes, c’est tout, et ce qui arrive arrive, c’est tout."


      Ecce Homo, Nietzsche.
      http://www.sens-public.org/article.php3?id_article=295

      http://www.geocities.com/ireneesansdessein/Ecce_Homo/EH_contenu.html

      Ce n’est pas le doute qui rend fou : c’est la certitude ! 

    • Marc Viot idoine 17 février 2009 12:24

      Quand tu auras fini d’endosser le costume de la salope grise, tu pourras peut-être entendre qlq chose ...


    • Kalki Kalki 17 février 2009 12:59

      Nous avons tous nos propres opinions,
      Un débat c’est l’endroit et le moment ou se rencontrent plusieurs opinions , parfois diffèrentes parfois convergentes.

      Pour accepter la liberté, la liberté d’expression, il faut d’abord accorder a l’autre le droit de revendiquer ses propres opinions, meme et surtout si elle vous Piquent.

      Le débat peut etre amicale ou agressive, tout dépend si il s’agit de personne un peu civilisé.
      Cela peut etre un terrain de combat, une joute, ou les flèchent pleuvent.

      il faut pourtant accepter ceci.

      La réalité n’est pas faite des convictions d’une seule personne, vous. Mais vous avez le droit et l’interret d’en parler.


    • abdelkader17 17 février 2009 13:40

      les sociétés ou il reste de la spiritualité ne sont pas un tel état de délabrement, la crise du monde moderne et la conjonction de la dissolution des grandes idéologies seculières et religieuses.


    • Kalki Kalki 17 février 2009 14:11

      @abdelkader

      Ce n’est pas mieu avec des etats religions.

      Quel diffèrence entre état religion et etats idéologie ?

      Entre idéologie et religion ?

      Entre egocentrisme materialiste, neoliberalisme, et christianisme, islamisme.

      Je ne vois pas ce qui pourrait justifier un retour du religieux...
      Et meme de la spiritualité(religieuse).

      Je fais très bien la diffèrence entre religion et spiritualité, ce n’est pas le cas de tout le monde.
      Surtout ceux qui trouvent dans leur etat de soumission a la religion, leur pesant de fausse spiritualité dictée,uniformisante, et en echange de leur conscience individuelle (de leur liberté) leur pesant de sécurité dans la communauté
      (communauté qui généralement accepte mal les autres forme d’idéologie/religion, car ce que cherche une religion/idéologie c’est d’avoir le pouvoir sur le plus de personne, c’est le but premier pour que la religion existe,
      finalement ils ont du mal a comprendre l’individualités car ce serait renier leur quete du pouvoir unilatéral, et donc ils ne connaissent pas la véritable spiritualité, individuelle, la liberté de conscience).

      Essayez plutot la philosophie, essayez de comprendre l’homme par les sciences, la psychologie, la sociologie ...
      Trouvez votre spiritualité et votre morale sans qu’on vous la dicte.


    • abdelkader17 17 février 2009 15:09

      Vous enfemez les gens dans des schémas mentaux, il n’est nullement incompatible d’avoir la foi et de s’intéresser à divers domaines de la science, la philosophie, la recherche de la connaissance est universelle , vous décrivez un individu figé dans son seul être et sa seule conscience religieuse.


    • Kalki Kalki 17 février 2009 17:30

      Vous voulez dire faire partie d’une religion et en meme temps ne pas etre religieux, ne pas avoir de prisme religieux a l’esprit a la lecture de la science et d’autre philosophie ?
      sans jamais mélanger mythe et réalité dans son esprit volontairement ou non...


      Sans jamais prendre partie pour la croyance religieuse quand elle à tord face à la raison scientifique (prouvé) ? quand il est question de chose culturel et Sociologique (la circoncision, le voile, la place de la femme, la place de la nature, les preservatif, l’éducation, l’éducation sexuel,les homosexuels, certain us et cotumes, les droits de l’homme, de la femme et des enfants, la psychologie) ? Cosmologique (scientifique different du religieu) ? ...etc...etc

      Il doit bien exister une ou deux personnes sur des milliards.
      Dans le fond c’est antinomique : on ne peut totalement accepter la science à 100% et la religion à 100% sur tous les points, et donc en tant que religieu le choix EST FAIT
      .

      D’ou le hic (et nunc).


    • Marc Viot idoine 17 février 2009 18:25

      @kalki
      >La réalité n’est pas faite des convictions d’une seule personne, vous. Mais vous avez le droit et l’interret d’en parler.

      Mais je ne te permets pas de me vouvoyez ! Je plaisante, ...

      De toutes façon, je n’avançais pas de jugement sur vos propos. je sous-entendais simplement, que pour entendre, il faut commencer par montrer (à soi autant qu’à autrui) qu’on est à l’écoute.
      Je sous-entendais simplement, qu’à force de parler en adoptant la posture que l’on croit adopter dans un premier temps comme une convenance, il arrive que le rôle vous colle à la peau ...

      Je vous délivre mon ressenti, pas un jugement urbi et orbi.
      Maintenant, faites en ce que vous désirez ...


    • Marc Viot idoine 17 février 2009 18:29

      Un petit dessin sans prétention, qui vous sierrez plus ?

      http://farm4.static.flickr.com/3308/3278960193_2ae06493cb.jpg?v=0


    • Forest Ent Forest Ent 16 février 2009 16:18

      L’avidité n’est une caractéristique du comportement humain que depuis quelques dizaines de milliers d’années. Ce qui a sauté depuis 20 ans, ce sont les freins sociaux à cette avidité, grâce à la dérégulation engendrée par la mondialisation.

      Un retour au religieux ? Je ne serais pas contre, personnellement, mais on aurait déjà pu commencer par un retour au dialogue social. Pendant qu’il en était encore temps. Là, je le sens plus crispé.


      • GRL GRL 16 février 2009 17:30

        Retour au religieux  ?

        Que vivent ceux qui sont touchés les premiers , que vivent ceux qui tombent dans un dégout , un refus de la societé telle qu’elle se comporte , dans un regard pétri d’injustice et parfois de violence sur leur propre dégringolade sociale , lorsque le sort leur échappe ?

        Que vivent ceux qui ont , grace à la multiplication des moyens d’information, sont saisis d’un sentiment de dégout global en ce qui concerne l’humanité , au travers des horreurs quotidiennes, ceux qui ne savent alors comment agir , ceux dont l’amour de ce monde est entravé par un grand sentiment d’impuissance  ? 


        Ils cherchent le retour à la loi et le recouvrement de la foi , en cette vie qui se déroule , ils cherchent le vecteur qu’une societé effectivement mondialisée , divisée et sans éthique , perd scandale apres scandale . Oui , quoi de plus naturel à vouloir sauver son âme d’une vision de cauchemar à laquelle on ne veut prendre part ?

        La religion , si l’on met de coté ses effets politiques , ne parle t elle pas de tout temps à ceux à qui le monde ne parle plus ?

        GRL


      • Bernard Dugué Bernard Dugué 16 février 2009 20:30

        Le travail rend libre

        cette devise de Hegel fut reprise par Hitler

        Et Sarkozy y adhère. Hegel, Kojève, la France, la mort de l’Occident

        Je pense qu’il est en effet trop tard, les jeunes sont instrumentalisés par cette philosophie du faire du produire du matériel. Nos jeunes sont, toutes proportions gardées, aussi crétinisés que les jeunesses hitlériennes

        C’était la minute Cioran, commentaire publié sur un billet Cioran


      • Bois-Guisbert 17 février 2009 10:45

        C’est amusant, quand j’ai lu le titre où il était question de "tumeur au cerveau de l’Occident", je me suis dit : - Tiens, il y a peut-être - on peut toujours rêver une paire de secondes - quelqu’un qui va nous parler de la tolérance...

        Naturellement, ce n’était qu’un rêve. Et puis voici que l’auteur du texte nous parle de Cioran.

        Ce même Cioran qui a dit un jour  : La tolérance est une coquetterie d’agonisant...

        Il y a, de temps en temps, des coïncidences comme ça, dans la vie... Personnellement, je ne les ai jamais considérées comme des signes de quoi que ce soit.


      • Olga Olga 16 février 2009 16:58

         @Bernard
        Et Yves Montand d’y aller avec une émission devenue emblématique, vive la crise.

        Jamais entendu parler... smiley

        Au bout du compte, la crise économique n’est qu’un symptôme de cette société gagnée par la tumeur du profit et de l’envie. Les politiques peuvent bien mettre l’économie sous perfusion de la relance, tant que cette tumeur sera présente dans le cerveau des élites et des populations, la société ne pourra qu’aller de pire en pire. Pour l’instant, il n’y a pas de remède connu à ce mal, excepté un peu d’instruction.

        Oui, l’instruction (l’éducation) pourrait résorber cette tumeur...
        Jiddu Krishnamurti s’adressant à des collégiens (dans les années 60 du siècle dernier, si je ne trompe) :
        " Le rôle de l’éducation est-il donc simplement de vous aider à vous plier aux schémas de cet ordre social pourri, ou au contraire de vous donner accès à la liberté - la liberté totale de grandir en âge et en sagesse et de créer une autre société, un monde neuf ? "
        Apparemment avec une cinquantaine d’années de recul on peut dire qu’il n’a pas été entendu... smiley

        Il reste quand même le spirituel, et quelque part, Dieu logé dans quelques cervelles bien placées pour éviter le naufrage. Nous vivons une époque qui n’a plus rien de formidable mais qui semble étrange et inquiétante.
        Je sens bien que vous faites passer un message mais je n’arrive pas à saisir lequel. smiley


        • Bernard Dugué Bernard Dugué 16 février 2009 20:32

          En effet, il y a un message pour ceux qui décodent

          quant à Montand, il était de mon temps mais sans doute pas du votre, du moins l’émission, qui date de 1984 et qui est devenue une référence


        • Olga Olga 16 février 2009 21:35

          @Bernard Dugué
          Vous n’aviez qu’à dire que je suis trop conne pour décoder, ça aurait été plus clair...
          Si vous n’avez pas envie de me voir sous vos articles, dites-le moi...
          Si je me suis mal conduite avec vous, dites-le moi aussi, que je sache à quoi m’en tenir.


        • Henri François 16 février 2009 17:13

          La tumeur ? Mais pas surprenant du tout. Et encore moins un sujet à débats.
          Depuis la nuit des temps ou plutôt depuis l’apparition sur cette planète de l’être qui allait devenir l’homme il en a été ainsi. La tumeur au cerveau nourrie par le profit ou l’envie.
          Une bien vieille histoire qui jamais ne s’éteindra. 
          Cette tumeur maléfique est éternelle. Même les religions en conviennent avec, chez elles, la présence du Bien et du Mal.
          Alors, à quoi bon....


          • arobas arobas 16 février 2009 18:57

            un aspect intéressant mais trop réducteur de la crise qui nous frappe


            • Tonton Tall 16 février 2009 19:17

              Il gagne combien, Dieu ?

               smiley


              • Bernard Dugué Bernard Dugué 16 février 2009 20:27

                Il gagne à être connu


              • Atlantis Atlantis 16 février 2009 20:59

                ben c’est raté, à part quelques dérangés ...


              • Tonton Tall 16 février 2009 21:48

                Il devrait passer à la télé alors ... dans un God Academy
                avec Odin, Thor, Jupiter, ... ça devrait cartonner


              • plancherDesVaches 16 février 2009 20:54

                Vous écrivez : "Le cerveau désirant devient vénal. Il fonctionne dans une temporalité réduite. Il devient exigeant."

                Ne pensez pas trop que le votre ou les autres réagissent suivant un shéma identique.

                Juste un exemple idiot, le mien. Donnez-moi de l’argent plus que ce que ne vaut mon travail ou un objet...je vais douter. Avoir une lampe qui s’allume en arrière plan (vous devez connaître ce phénomène, ingénieur...) Où est le piège... ? qu’est-ce qui se cache.. ? Cette lampe s’appelle méfiance. Ce comportement s’appelle honnêteté.
                Donnez-moi une énigme, une suite de chiffres ou une pyramide comportant deux raisonnements imbriqués, je suis comme un chien fou qui tournera autour de l’os pour en trouver sa partie faible. Mon seul plaisir, est la performance. Fierté, oui, et certainement mal placée, diront les jaloux smiley

                Mais je vous lis comme on lit dans un livre ouvert. "neurosciences, sciences cognitives, systémique, épistémologie, psychologie, philosophie"

                Manque de bol pour vous, je suis aussi ingénieur.


                • Bernard Dugué Bernard Dugué 16 février 2009 21:19

                  Un coucher de soleil, un plaisir qui n’a rien d’une performance
                  ni du côté naturel, ni du sujet contemplatif

                  Ingénieur et scientifique je fus. La performance n’est pas le summun de la joie et du plaisir que peut vivre une destinée humaine entre le faire et la contemplation. Vertiges esthétiques, déconnectés (fuck Sarko) de l’économique


                • Emmanuel Aguéra LeManu 16 février 2009 21:39

                  Si le luxe est ce dont nous pourrions nous passer, qu’appelle(rait)-ton ce qui pourrait nous faire le surpasser ?

                  Grande question et j’aurais bien aimé passer un peu de temps avec vous là-dessus,
                  mais il est tard.

                  En 2 mots, la possession matérielle est le sexe de l’impuissant et le pouvoir de l’impotent, donc revanche du frustré sur l’environnement. Dans les milieux d’affaires où j’ai par erreur pu évoluer, j’avais pris l’habitude par jeu de poser la question "sur combien de millions vous assierez-vous le jour de votre mort ?"

                  Eh bien loin de m’envoyer ballader, les senior-executives, le reflet de leurs yachts dans la Ray-Ban, ont eu des états d’âmes... le spleen, le rien, le vide métaphysique ; expérience incroyable, inattendue et délicieuse qui se vérifie à chaque fois, je vous conseille d’essayer, mais il faut prendre l’air grave, concerné... pour eux (faux-cul, ce Manu, vous me direz, mais on s’amuse comme on peut).

                  S’en suit en général, un "t’as raison, t’as tout compris" , mais pas certainement de gloriole apparente ou même de potentiellement légitime fierté, car au fond c’est soi-même seul que l’on tente de persuader à coup de gains toujours plus gros. L’environnement, c’est après. Et s’arrêter, c’est l’Echec. Ce genre de question refroidit (prématurément ?), apparemment.

                  Mais attention aux Charibdes et autres Scylla, caballere industriali !

                  Allez, à +


                  • Emmanuel Aguéra LeManu 16 février 2009 21:42

                    J’oubliais (quand-même !) : Merci M. Dugué. Limpide, concis, essentiel. Quoi de plus ?


                  • ddacoudre ddacoudre 17 février 2009 00:30

                    bonjour dugué

                    bon article qui me rapelle d’ancienne lecture, dont j’en avais retiré la conclusion qu’en accédant à l’intelligence, l’homme en aviait oublié son origine, ce qui en faisait un être perdu à la recherche ou à la poursuite d’un destin dont il ignore tout au point d’en édifier des vérités qui s’écroulent toujours dans le sang de ses semblable.

                    l’on peut soutenir qu’il a un esprit "malade", mais bien sur ce n’est qu’une façon de se plaidre des folies dont il est capable.

                    cordialement.


                    • moebius 17 février 2009 00:51

                       c’est bateau cette opposition...et puis cette méchanceté du spirituel pour le matériel. Le contraire est moins vrai. A croire que le fin mot de cette affaire c’est l’envie. Le luxe, la richesse vous font envie ? Vous me faites penser a quelqu’un qui tire la langue devant la vitrine d’un patissier


                      • moebius 17 février 2009 01:08

                        la tumeur qui vous ronge c’est l’envie et c’est la pire des crise... Pourquoi parler de yacht ou de ray ban ? Qui envie celui qui est sensé vivre en dehors de la dépendance aux biens matériels ? Personne, ou est l’objet du désir ? Toute envie tourne autour d’objets , rien de métaphysique ici, l’ objet du désir n’est obscur que pour le joueur de bonnetau.... Celui qui a un yacht envie celui qui en a un plus gros


                        • abdelkader17 17 février 2009 11:12

                          L’émission vive la crise, paroxysme de pédagogie de la soumission.


                          • Marc Viot idoine 17 février 2009 11:43

                            >Le cerveau désirant devient vénal. Il fonctionne dans une temporalité réduite.

                            Qui vous dit que ce n’est pas la prise de conscience d’une temporalité réduite qui accroitait le désir ?
                            C’est le désir qui engendre la peur de la mort ou l’inverse ?


                            • benoit 17 février 2009 11:46

                              Vous devriez opter pour le jansénisme pur. Protestantisme de combat...



                              • mansan mansan 17 février 2009 11:52


                                 Manifeste pour les "produits" de haute nécessité

                                « Au moment où le maître, le colonisateur proclament « il n’y a jamais eu de peuple ici » , le peuple qui manque est un devenir, il s’invente, dans les bidonvilles et les camps, ou bien dans les ghettos, dans de nouvelles conditions de lutte auxquelles un art nécessairement politique doit contribuer » Gilles Deleuze


                                L’image-temps,« Cela ne peut signifier qu’une chose : non pas qu’il n’y a pas de route pour en sortir, mais que l’heure est venue d’abandonner toutes les vieilles routes. » Aimé Césaire (Lettre à Maurice Thorez)

                                 


                                C’est en solidarité pleine et sans réserve aucune que nous saluons le profond mouvement social qui s’est installé en Guadeloupe, puis en Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la Réunion. Aucune de nos revendications n’est illégitime.
                                Aucune n’est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée que les rouages du système auquel elle se confronte. Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu’elle représente, ni dans ce qu’elle implique en relation avec l’ensemble des autres revendications.
                                Car la force de ce mouvement est d’avoir su organiser sur une même base ce qui jusqu’alors s’était vu disjoint, voire isolé dans la cécité catégorielle - à savoir les luttes jusqu’alors inaudibles dans les administrations, les hôpitaux, les établissements scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales, tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou libérales...

                                Mais le plus important est que la dynamique du Lyannaj - qui est d’allier et de rallier, de lier relier et relayer tout ce qui se trouvait désolidarisé - est que la souffrance réelle du plus grand nombre (confrontée à un délire de concentrations économiques, d’ententes et de profits) rejoint des aspirations diffuses, encore inexprimables mais bien réelles, chez les jeunes, les grandes personnes, oubliés, invisibles et autres souffrants indéchiffrables de nos sociétés. La plupart de ceux qui y défilent en masse découvrent
                                (ou recommencent à se souvenir) que l’on peut saisir l’impossible au collet, ou enlever le trône de notre renoncement à la fatalité.

                                Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante, et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent, faillissent à lui porter des réponses décentes, se rapetissent et se condamnent.

                                Dès lors, derrière le prosaïque du « pouvoir d’achat » ou du « panier de la ménagère » , se profile l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique.

                                 Toute vie humaine un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique).

                                Comme le propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivre-pour-soi n’ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles et aux dépassements auxquels nous aspirons.

                                La « hausse des prix » ou « la vie chère » ne sont pas de petits diables-ziguidi qui surgissent devant nous en cruauté spontanée, ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont les résultantes d’une dentition de système où règne le dogme du libéralisme économique.

                                Ce dernier s’est emparé de la planète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous les imaginaires — non à une épuration ethnique, mais bien à une sorte « d’épuration éthique » (entendre : désenchantement, désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de tout le fait humain. Ce système a confiné nos existences dans des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon et vous condamnent à deux misères profondes : être « consommateur » ou bien être « producteur » .

                                Le consommateur ne travaillant que pour consommer ce que produit sa force de travail devenue marchandise ; et le producteur réduisant sa production à l’unique perspective de profits sans limites pour des consommations fantasmées sans limites. L’ensemble ouvre à cette socialisation anti-sociale, dont parlait André Gorz, et où l’économique devient ainsi sa propre finalité et déserte tout le reste.

                                Alors, quand le « prosaïque » n’ouvre pas aux élévations du « poétique » , quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces codes-barres que sont « le pouvoir d’achat » ou « le panier de la ménagère » . Et pire : nous finissons par penser que la gestion vertueuse des misères les plus intolérables relève d’une politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d’escorter les « produits de premières nécessités » , d’une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d’une « haute nécessité » .

                                Par cette idée de « haute nécessité » , nous appelons à prendre conscience du poétique déjà en oeuvre dans un mouvement qui, au-delà du pouvoir d’achat, relève d’une exigence existentielle réelle, d’un appel très profond au plus noble de la vie.

                                « Entrer en dignité sur la grande scène du monde »

                                Alors que mettre dans ces « produits » de haute nécessité ?

                                C’est tout ce qui constitue le coeur de notre souffrant désir de faire peuple et nation, d’entrer en dignité sur la grand-scène du monde, et qui ne se trouve pas aujourd’hui au centre des négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans doute en Guyane et à la Réunion.
                                D’abord, il ne saurait y avoir d’avancées sociales qui se contenteraient d’elles-mêmes. Toute avancée sociale ne se réalise vraiment que dans une expérience politique qui tirerait les leçons structurantes de ce qui s’est passé.

                                Ce mouvement a mis en exergue le tragique émiettement institutionnel de nos pays, et l’absence de pouvoir qui lui sert d’ossature. Le « déterminant » ou bien le « décisif » s’obtient par des voyages ou par le téléphone. La compétence n’arrive que par des émissaires. La désinvolture et le mépris rôdent à tous les étages. L’éloignement, l’aveuglement et la déformation président aux analyses.

                                L’imbroglio des pseudos pouvoirs Région-Département-Préfet, tout comme cette chose qu’est l’association des maires, ont montré leur impuissance, même leur effondrement, quand une revendication massive et sérieuse surgit dans une entité culturelle historique identitaire humaine, distincte de celle de la métropole administrante, mais qui ne s’est jamais vue traitée comme telle.

                                Les slogans et les demandes ont tout de suite sauté par-dessus nos « présidents locaux » pour s’en aller mander ailleurs. Hélas, tout victoire sociale qui s’obtiendrait ainsi (dans ce bond par-dessus nous-mêmes), et qui s’arrêterait là, renforcerait notre assimilation, donc conforterait notre inexistence au monde et nos pseudos pouvoirs.

                                Ce mouvement se doit donc de fleurir en vision politique, laquelle devrait ouvrir à une force politique de renouvellement et de projection apte à nous faire accéder à la responsabilité de nous-mêmes par nous-mêmes et au pouvoir de nous-mêmes sur nous-mêmes. Et même si un tel pouvoir ne résoudrait vraiment aucun de ces problèmes, il nous permettrait à tout le moins de les aborder désormais en saine responsabilité, et donc de les traiter enfin plutôt que d’acquiescer aux soustraitances. La question békée et des ghettos qui germent ici où là, est une petite question qu’une responsabilité politique endogène peut régler.

                                Celle de la répartition et de la protection de nos terres à tous points de vue aussi. Celle de l’accueil préférentiel de nos jeunes tout autant. Celle d’une autre Justice ou de la lutte contre les fléaux de la drogue en relève largement... Le déficit en responsabilité crée amertume, xénophobie, crainte de l’autre, confiance réduite en soi... La question de la responsabilité est donc de haute nécessité. C’est dans l’irresponsabilité collective que se nichent les blocages persistants dans les négociations actuelles. Et c’est dans la responsabilité que se trouve l’invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver des solutions endogènes praticables.

                                C’est dans la responsabilité que l’échec ou l’impuissance devient un lieu d’expérience véritable et de maturation. C’est en responsabilité que l’on tend plus rapidement et plus positivement vers ce qui relève de l’essentiel, tant dans les luttes que dans les aspirations ou dans les analyses.
                                Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges, commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une logique de système libéral marchand, lequel s’est étendu à l’ensemble de la planète avec la force aveugle d’une religion.

                                Ils sont aussi enchâssés dans une absurdité coloniale qui nous a détournés de notre manger-pays, de notre environnement proche et de nos réalités culturelles, pour nous livrer sans pantalon et sans jardins-bokay aux modes alimentaires européens. C’est comme si la France avait été formatée pour importer toute son alimentation et ses produits de grande nécessité depuis des milliers et des milliers de kilomètres. Négocier dans ce cadre colonial absurde avec l’insondable chaîne des opérateurs et des intermédiaires peut certes améliorer quelque souffrance dans l’immédiat ; mais l’illusoire bienfaisance de ces accords sera vite balayée par le principe du « Marché » et par tous ces mécanismes que créent un nuage de voracités, (donc de profitations nourries par « l’esprit colonial » et régulées par la distance) que les primes, gels, aménagements vertueux, réductions opportunistes, pianotements dérisoires de l’octroi de mer, ne sauraient endiguer.
                                Il y a donc une haute nécessité à nous vivre caribéens dans nos imports-exports vitaux, à nous penser américain pour la satisfaction de nos nécessités, de notre autosuffisance énergétique et alimentaire. L’autre très haute nécessité est ensuite de s’inscrire dans une contestation radicale du capitalisme contemporain qui n’est pas une perversion mais bien la plénitude hystérique d’un dogme.

                                • mansan mansan 17 février 2009 11:54

                                  La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les bases d’une société non économique, où l’idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d’épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production serait des lieux de création de soi et de parachèvement de l’humain.

                                  Si le capitalisme (dans son principe très pur qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il engendre aussi de bien lamentables « producteurs » — chefs d’entreprises, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels ineptes ?— incapables de tressaillements en face d’un sursaut de souffrance et de l’impérieuse nécessité d’un autre imaginaire politique, économique, social et culturel. Et là, il n’existe pas de camps différents.

                                  Nous sommes tous victimes d’un système flou, globalisé, qu’il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et petits patrons, consommateurs et producteurs, portent quelque part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute nécessité qu’il nous faut réveiller, à savoir : vivre la vie, et sa propre vie, dans l’élévation constante vers le plus noble et le plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant. Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l’ampleur du poétique.


                                  « C’est le début d’une équité qui doit se faire mondiale »

                                  On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant sain et autrement. On peut renvoyer la Sara et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en rompant avec le tout automobile.
                                  On peut endiguer les agences de l’eau, leurs prix exorbitants, en considérant la moindre goutte sans attendre comme une denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le ferait des dernières chiquetailles d’un trésor qui appartient à tous.
                                  On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes et puissantes aujourd’hui (banques, firmes transnationales, grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie mobile...) ne sauraient ni ne pourraient y résister.

                                  Enfin, sur la question des salaires et de l’emploi. Là aussi il nous faut déterminer la haute nécessité.
                                  Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure qu’il augmente sa production et ses profits. Le chômage est une conséquence directe de la diminution de son besoin de main d’oeuvre. Quand il délocalise, ce n’est pas dans la recherche d’une main d’oeuvre abondante, mais dans le souci d’un effondrement plus accéléré de la part salariale. Toute déflation salariale dégage des profits qui vont de suite au grand jeu welto de la finance.

                                  Réclamer une augmentation de salaire conséquente n’est donc en rien illégitime : c’est le début d’une équité qui doit se faire mondiale.
                                  Quant à l’idée du « plein emploi » , elle nous a été clouée dans l’imaginaire par les nécessités du développement industriel et les épurations éthiques qui l’ont accompagnée. Le travail à l’origine était inscrit dans un système symbolique et sacré (d’ordre politique, culturel, personnel) qui en déterminait les ampleurs et le sens.

                                  Sous la régie capitaliste, il a perdu son sens créateur et sa vertu épanouissante à mesure qu’il devenait, au détriment de tout le reste, tout à la fois un simple « emploi » , et l’unique colonne vertébrale de nos semaines et de nos jours. Le travail a achevé de perdre toute signifiance quand, devenu lui-même une simple marchandise, il s’est mis à n’ouvrir qu’à la consommation.

                                  Nous sommes maintenant au fond du gouffre. Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique. Même acharné, même pénible, qu’il redevienne un lieu d’accomplissement, d’invention sociale et de construction de soi, ou alors qu’il en soit un outil secondaire parmi d’autres.

                                  Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand, les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la décroissance sélective) nous aiderons à transformer la valeur-travail en une sorte d’arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire jusqu’à l’équation d’une activité à haute incandescence créatrice. Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste, mais il s’envisagera dans ce qu’il peut créer en socialisation, en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce qu’il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre environnement... Il s’envisagera en « tout ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue » .

                                  Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux délices de l’ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie, de l’étude ou de la consommation de haute nécessité qui ouvre à création — créa-consommation.

                                  « Ne pas réduire le Politique à la gestion des misères »

                                  En valeur poétique, il n’existe ni chômage ni plein emploi ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation, mais du possible à l’infini pour tous les talents, toutes les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés économiques révèle sa brutalité.

                                  Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables de négociations et à leurs prolongements : que le principe de gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des chaînes, une amplification de l’imaginaire, une stimulation des facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé sans manman de l’esprit. Que ce principe balise les chemins vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les arts visuels, l’artisanat, la culture et l’agriculture...
                                  Qu’il soit inscrit au porche des maternelles, des écoles, des lycées et collèges, des universités et de tous les lieux connaissance et de formation... Qu’il ouvre à des usages créateurs des technologies neuves et du cyberespace. Qu’il favorise tout ce qui permet d’entrer en Relation (rencontres, contacts, coopérations, interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles du Tout-Monde...

                                  C’est le gratuit en son principe qui permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de déterminer l’ampleur des exceptions. C’est à partir de ce principe que nous devrons imaginer des échelles non marchandes allant du totalement gratuit à la participation réduite ou symbolique, du financement public au financement individuel et volontaire... C’est le gratuit en son principe qui devrait s’installer aux fondements de nos sociétés neuves et de nos solidarités imaginantes...

                                  Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu’à ce que la force du Lyannaj ou bien du vivre-ensemble, ne soit plus un « panier de ménagère » , mais le souci démultiplié d’une plénitude de l’idée de l’humain. Imaginons ensemble un cadre politique de responsabilité pleine, dans des sociétés martiniquaise guadeloupéenne guyanaise réunionnaise nouvelles, prenant leur part souveraine aux luttes planétaires contre le capitalisme et pour un monde écologiquement nouveau.

                                  Profitons de cette conscience ouverte, à vif, pour que les négociations se nourrissent, prolongent et s’ouvrent comme une floraison dans une audience totale, sur ces nations qui sont les nôtres. An gwan lodyans qui ne craint ni ne déserte les grands frissons de l’utopie.

                                  Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation des sauvageries du « Marché » , mais où il retrouverait son essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque en le dépassant ou en l’instrumentalisant de la manière la plus étroite.

                                  Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’Autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté.
                                  Ainsi, chers compatriotes, en nous débarrassant des archaïsmes coloniaux, de la dépendance et de l’assistanat, en nous inscrivant résolument dans l’épanouissement écologique de nos pays et du monde à venir, en contestant la violence économique et le système marchand, nous naîtrons au monde avec une visibilité levée du post-capitalisme et d’un rapport écologique global aux équilibres de la planète....

                                  Alors voici notre vision : Petits pays, soudain au coeur nouveau du monde, soudain immenses d’être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en oeuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant....

                                  • abdelkader17 17 février 2009 12:08

                                    La décennie , le grand cauchemar des année 80 pour reprendre le titre de l’ouvrage de François cusset, marque sans aucun doute un tournant dans l’histoire de l’idéologie politique Française.
                                    La perte de sens définitive de la querelle droite gauche, dont on à aujourdh’ui la caricature la plus grossière, avec un ps en état de délitement avancé et une droite réactionnaire sans complexe.
                                    Le phénomène idéologique états unien s’est imposé en France (réussite ostentatoire décompléxée, culte de l’éfficience, règne de la cupidité) sous un gouvernement de gauche, qui promettait alors avant son élection, le grand soir et la révolution, tout paradoxale que ce soit c’est la révolution conservatrice libérale qui a triomphé pas l’intermédiaire de la gauche Miterrandienne.
                                    Depuis lors les marchés financiers s’accomode très bien de la prèsence au pouvoir de la social démocratie, l’absence de culture politique des journalistes formés dans un moule idéologique uniforme, le triomphe de la pensée de marché, le règne et le diktat "des intellectuels" de cours , l’émergence de la nouvelle philosophie à précipiter l’effondrement et la marginalisation de l’esprit critique, ostracisant dans le même temps, ceux qui refuseraient les schémas de pensée dominant.
                                    La course à la consommation, la création de faux besoins, l’anéantissement de la reflexion par la bétise et le divertissement, la recherche de modèles d’une société débousselée dans l’image du sportif, de la vedette médiatique( chanteur, vedette de cinéma, homme ou femme
                                    public),la création du vedetaria artificiel à précipiter l’avénement d’ une société de non sens.
                                    Sarkozy n’est que l’image, le modèle et la référence, d’une frange croissante de la société
                                    d’abondance.


                                    • vincent p 17 février 2009 12:28

                                      Ce que vous dites est courageux à travers votre article, le monde actuel souffre d’un cruel manque de spiritualité, le monde peut bien sur continuer à se boucher les oreilles, fermer les yeux à ce genre de propos hélas ce n’est pas avec ce genre de conduite que l’humanité pourra s’en sortir sans trop de dégâts matériels, et quand bien même ce serait pour mettre d’autres bêtes politiques de plus sur des tribunes.

                                      Pour un « spirituel » il suffit d’ailleurs de pas grand chose pour être heureux, pour un « matériel » c’est hélas une autre paire de manche combien sont-ils de nos jours à s’en aveugler davantage en société ? Que constatons nous aujourd’hui malgré les choses mises en place, conduisant tout droit le monde au désastre…

                                      Merci pour votre article, vous n’êtes pas le seul à vous y préparer.
                                       



                                      • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 17 février 2009 15:55

                                        Dieu , quelque part, dans quelques cervelles ?

                                         Il faudrait préciser de quel(s) dieu(s) et dans quelles cervelles , car s’il s’agit du dieu fondement de la confiance dans le dollar, on sait ce qu’il en est ; et le fait que ce dieu soit dans des cervelles humaines, n’en fait en rien une garantie de salut de l’humanité.

                                        Mai s ’il s’agit du dieu dans la cervelle de notre ami Bernard , cela peut tout changer...À condition que l’existence de ce dieu fasse l’unanimité.

                                        Ce n’est pas demain la veille...


                                        • joelim joelim 17 février 2009 16:01

                                          Au bout du compte, la crise économique n’est qu’un symptôme de cette société gagnée par la tumeur du profit et de l’envie. 

                                          Oui. Il est important pour trouver des solutions de donner les bons diagnostics. Le "moteur du profit" doit être examiné en profondeur...
                                          Nous avons tout simplement le besoin vital de le sublimer. Mais ce n’est pas la locomotive médiatique et son bavardage "pousse-à-consommer" qui facilitera les choses...

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