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Accueil du site > Tribune Libre > PISA2012 : le socle ça ne fonctionne pas... on continue ?

PISA2012 : le socle ça ne fonctionne pas... on continue ?

Les résultats de l’enquête PISA 2012 viennent de paraître, encore une fois il vont nourrir fantasmes et justifications politiciennes.
Déjà V.Peillon s’en saisit pour justifier le chantier de démolition de l’Ecole Républicaine (mal) nommé par lui « Refondation de l’école ».

Au delà des critiques méthodologiques justifiées que l’ont pourrait adresser aux enquêtes PISA, les enseignements à tirer de cette enquête sont loin de constituer un satisfecit pour les différents pilotes de l’Education Nationale depuis 2003.

Un petit graphique valant parfois mieux qu’un long discours, regardons donc les faits (ils sont têtus !).

 

Mais que s’est-il donc passé entre 2003 et 2006 ?
La réforme Fillon, le « socle commun de connaissances et de compétences » !


 Depuis 2006, les enquêtes PISA se succèdent, elles font toutes le même constat, le gouffre se creuse de plus en plus entre les meilleurs élèves, et les élèves les plus en difficultés.
D’autant que ce constat alarmant et doublé par une corrélation de plus en plus grande entre l’origine sociale et la réussite scolaire.

L’observation honnête des différentes enquêtes PISA depuis 2003 en mathématiques doit donc conduire au constat révoltant suivant : la mise en œuvre de la réforme Fillon de 2005 a de manière indéniable :

  • Dégradé le niveau moyen mathématiques des élèves de 15 ans en France.
  • Aggravé les inégalités
  • Dégradé le niveau des élèves en difficultés (qui sont on le répète aussi les plus pauvres !)


On peut l’affirmer la réforme Fillon a frappé de plein fouet les enfants du peuple, lorsque les enfants favorisés se trouvent (relativement) épargnés, c’est proprement révoltant !

Pour autant tout cela était prévisible, le « socle commun » consistant à mettre en place une école à deux vitesses : il n’est que de lire les programmes dont toute une partie écrite en italique ne concerne pas la « plèbe » scolaire.
(Ainsi un si petit détail que la « démonstration » en mathématiques, n’est pas un exigible du « socle »…)

Enfin, pour terminer sur cette analyse des enquêtes PISA, il faut remarquer que si l’enquête accable indubitablement les politiques éducatives menées en France depuis une petite dizaine d’années, elle adresse un satisfecit aux soutiers de l’Education nationale : les enseignants.
 Ainsi le rapport note que :

« D’après les chefs d’établissement, l’enseignement que leur établissement est à même de dispenser est peu affecté par des problèmes de manque d’enseignants qualifiés. Ainsi, en France, seuls 8 %, 5 % et 7 % des élèves sont scolarisés dans des établissements où le chef d’établissement se plaint d’un manque d’enseignants qualifiés respectivement en mathématiques, en science et en français (contre respectivement 17 %, 17 % et 9 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE) […]même si les salaires statutaires (en début de carrière ou après 10 ou 15 ans d’exercice) y sont plus bas qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE. »

A réfléchir au moment où les statuts des enseignants sont remis en question…

Face à ce constat terrible, vient alors une question inévitable, faut-il continuer dans cette voie injuste et mortifère pour l’Education Nationale ?

D’évidence NON, mais le commentaire anticipé de Peillon sur la version 2012 de l’enquête prouve que c’est pourtant bien ce que prévoient les dirigeants actuels du système scolaire.

Errare humanum est perseverare diabolicum, et si ce n’était pas une erreur ?

D’abord, il convient de rappeler qui est à la manœuvre dans les enquêtes PISA : l’O.C.D.E (Organisation pour la Coopération et le Développement Economique), ce n’est pas une œuvre de bienfaisance mais un organe de pilotage de l’économie mondiale dont l’objet et d’améliorer la productivité de l’économie.

 Ensuite, il faut lire les notes de bas de page de l’enquête PISA 2012, on y apprend ainsi que :

« Le niveau 2 de l'échelle de culture mathématique est considéré comme un niveau seuil dans PISA, à partir duquel les élèves commencent à montrer qu’ils possèdent des compétences qui leur permettront de poursuivre des études et de participer de manière efficace et productive à la vie de la société. Le niveau 5 ou 6 regroupe les élèves les plus performants aux évaluations PISA. »

Ainsi, l’OCDE n’œuvre pas dans un esprit de progrès mais de manière à former des adultes efficaces et produtifs…

Dans un pays où le chômage de masse est durablement installé avec plus de 10% de la population active et le double chez les mois de 25 ans, est-il réellement gênant en termes d’employabilité que 22% des élèves soient alors sous le niveau 2 ( les textes officiels de l’UE fixent l’objectif à atteindre à 15%) ?
D’autant que le niveau des « élites » se maintient et que bonus supplémentaires ceux-ci sont maintenant quasi-exclusivement issues des milieux favorisés…
On le voit, derrière les cris d’orfraie, se cache une politique de Gribouille parfaitement assumée d’autant que cette politique à un nom : la stratégie de Lisbonne décidée en sommet européen en 2000.

C’est à cette stratégie que l’on doit :

  • La réforme L.M.D dans le supérieur.
  • La loi L.R.U qui a atomisé nos universités.
  • La loi Fillon et le « socle commun de connaissances et de compétences ».

Cette stratégie vise accroitre la « rentabilité » de l’enseignement en Europe par :

  • la réduction de l’enseignement à des compétences définies en termes de compétences dans le cadre d’un marché du travail flexibilisé et le développement de l’esprit d’entreprise.
  • L’accroissement de la dépense privée des ménages pour contraindre les étudiants à suivre des études économiquement utiles, i.e répondant aux besoins du marché.
  • L'atomisation des financements des lieux de formation (en politiquement correct = autonomie), pour les faire dépendre d’échelons locaux et contraindre les lieux de formations à répondre aux besoins économiques locaux (politique des bassins).

Alors qu’ Eluard écrivait « Liberté » sur ses cahiers d’écolier, l’apprenant du socle, devra-t-il un jour y écrire « l’U.E m’à tuer… » ?


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15 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 4 décembre 2013 12:59

    A manger trop de « PISA »...vous allez gonflé.. !


    • @lbireo @lbireo 4 décembre 2013 15:03

      comme je l’ai dit ailleurs, ce qui est à réformer n’est pas l’enseignement, mais ses méthodes !


      • @lbireo @lbireo 5 décembre 2013 01:59

        inutile de moinser furieusement.

        ce que je veux dire c’est qu’il y a eu un paquet de réformes, sur le nombre d’élèves par classe, le temps passé en cours,...

        mais la population a changé quand les méthodes de l’enseignement sont restées les mêmes.

        peut-être doivent-elles évoluer à leur tour pour s’adapter aux élèves ?


      • Esprit Critique 4 décembre 2013 16:31

        Dégraissons le mammouth, a la hache de préférence !

        Supprimons au minimum 90% des mises a dispositions de toutes sortes.

        Supprimons 50% du personnel au ministère.

        Ministre de l’éducation : un patron du privé spécialiste du redressement des boites en déconfitures.

        Pour la suite gilet pare-balles pour les profs, et interventions CRS ou GIGN sur simple appel téléphoniques des profs, a la première gueule de travers.

        J’entends et je lis déjà les syndicalos -pédagos-socialos bobos....

        Qu’il sachent (un seul exemple) que les enfants Hollande -Royal ont fait leurs études dans le privé ! vérifiiez !

        Quand vous aurez assimilé ce que cela signifie, vous pourrez commencer a réfléchir sur l’éducation nationale !


        • @lbireo @lbireo 6 décembre 2013 03:00

          tout n’est pas faux dans votre commentaire.

          mais j’ai aussi fait mes études dans le privé, ainsi que par correspondance, avant de revenir dans le public.

          j’y ai rencontré des profs à l’esprit ouvert, et d’autres à l’esprit fermé !

          public ou privé n’est pas le vrai problème !

          celui qui importe vraiment est la manière dont les choses nous sont enseignées !


        • lcm1789 4 décembre 2013 17:20

          On devrait faire passer les tests PISA de lecture aux trois intervenants ci-dessus car on voit rapidement qu’ils n’ont soit pas lu l’article soit il n’en ont pas compris le sens.


          Cet article permet de voir que la politique de casse scolaire n’est ni le fait du hasard ni de l’incompétence. La chute dans les tests PISA a une cause. Cette cause est politique (stratégie de Lisbonne en 2000) et comme pour bien des régressions sociales actuelles, la décision a été prise de manière anti-démocratique dans le dos des peuples à l’échelle européenne.

          L’U.E pour s’en sortir, il faut en sortir !

          A Esprit critique (qui en manque visiblement), je vous signale que les syndicats enseignants (les représentatifs pas les marionnettes UNSA CFDT) dénoncent depuis des années l’argent dilapidé dans l’école privée…

          Pour la discipline, nul n’est besoin de ces ou de gilet pare balles, mais ne serait-ce que l’application entière du code de l’éducation : d’ailleurs PISA note que la france fait partie des pays dans lesquels l’indiscipline est un facteur aggravant des résultats…

          (Il faut lire le rapport il est public)

          • Esprit Critique 4 décembre 2013 17:54

            « ..........les marionnettes UNSA CFDT..................PISA note que la France fait partie des pays dans lesquels l’indiscipline est un facteur aggravant des résultats…...... »

            Ce sont bien des problèmes sur lesquels je mets l’accent, Mais j’ai passé l’Age de faire dans la dentelle.

            Dénoncer le financement du privé par le public (effectivement un crédo de UE) , c’est bien, mais comprenez vous bien que ceux qui ont voulus être, ou sont devenus président de la république qui ont été ministre de l’éducation scolaire se moquent de tout ça, ils ont fait l’ENA, ils ont sorti leur mômes du système, qu’il savaient pourri, il n’y a rien a attendre des ces gens. (On pourrait les citer quasiment tous), Pas plus que Peillon ou Mélanchon, qui versent aussi dans l’idéologie.

            Jean Macé est bien loin.


          • tf1Groupie 4 décembre 2013 18:45

            Comme si une une réforme de l’école avait un effet immédiat sur tout une génération.

            Le socle c’est tout récent et pas complètement en place ; en plus c’est une démarche européenne.
            Donc impact sur PISA quasi-nul.

            On fait ici de la politique de bas étage.

            Un mal de l’école française c’est d’être instrumentalisée à tout va. Encore un bel exemple ici.

            Arrêtez de dire des bêtises sur l’école SVP !


            • Le421... Refuznik !! Le421 4 décembre 2013 19:02

              Oui... Je vais répéter ce qui a déjà été dit.
              Ce phénomène n’est pas du au hasard.
              L’éducation publique est le vecteur principal d’égalité entre les personnes, ce dont la classe supérieure dirigeante ne veut pas. Entretenir ou créer l’ignorance, c’est une technique éprouvée pour mieux diriger les peuples. Incontestablement (j’attends déjà les cris d’orfraie de certains), c’est une méthode efficace de la lutte des classes.
              Mais hélas, la culture ne dispense pas de bêtise. Cela donne de parfaits abrutis aux commandes de grands secteurs de la société qui cassent les pays comme cela se passe actuellement.

              Des noms ?? Facile...


              • lcm1789 4 décembre 2013 19:31

                TF1 toupie ne sait pas lire un graphique pourtant il est très clair.


                Les élève de 15 ans en 2012 avaient 8 ans en 2005, il ont donc fait tout leur collège sous le socle commun…présenté comme la réponse aux échec pisa…résultat perte de 16points.

                Le socle est un échec c’est grave
                c’est un échec programmé c’est honteux.



                • tf1Groupie 4 décembre 2013 22:59

                  Ben non ils n’ont pas fait tout leur collège sous le socle commun puisque sa mise en application a encore peu impacté les programmes et les méthodes de travail.
                  Pour l’instant il a principalement des conséquences ... administratives.

                  Dans les collèges de ma ville, par exemple, il est quasiment ignoré..

                  Vous confondez la date de parution des textes et leur mise en application complète et opérationnelle.
                  L’E.N. ça ne se transforme pas comme ça, ce serait trop beau.
                  Prenez juste l’exemple des rythmes scolaires

                  Bref, aucun rapport avec le graphique, mais un histogramme avec 4 barres,en couleurs en relief c’est tellement simple à comprendre


                • paul 4 décembre 2013 20:41

                  Bien sûr , on va continuer à aller dans le mur, le mal est profond, puisqu’il est clairement démontré que les inégalités sociales commencent à se former dès le primaire

                  Les inégalités sociales, un sujet bien trop politique pour qu’un gouvernement s’attaque réellement aux origines du problème. Il gère un budget (65 MD) , la répartition des postes et pose des rustines ici ou là quand ça chauffe .

                  Une synthèse dans le soir 3 du 3 décembre ( entre 21’ et 39’) .
                  www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-3/soir-3/jt-grand-soir-3-mardi-3-decembre-2013_468348.html


                  • Piotrek Piotrek 5 décembre 2013 00:29

                    Un petit graphique valant parfois mieux qu’un long discours, regardons donc les faits (ils sont têtus !).

                    Bien évidemment si vous aviez pris 0 comme base pour l’axe abscisse, le petit graphique ne donnerait pas l’impression que la note du PISA s’éffondre de moitié (et n’aurait pas valu un si long discours)

                    Mon avis est que tout le monde bricole son discours politique autour d’un évènement qui n’en est pas un.


                    • Denzo75018 5 décembre 2013 10:08

                      Politiquement la droite lorsqu’elle est au pouvoir ne peut réformer l’éducation nationale qui par principe et démagogie refuse toute réforme en profondeur de la droite sauf celle d’augmenter le nombre d’enseignants et leur salaire !

                      Hollande / Ayrault / Peillon : A VOUS DE JOUER !!!! (LoL)


                      • Crab2 5 décembre 2013 11:07

                        PISA 2012


                        Classement de la La France :

                        26e en Sciences

                        25e en mathématiques

                        21e en compréhension de l’écrit


                        Suites :

                        http://laicite-moderne.blogspot.fr/2013/12/pisa-2012.html



                        http://laicite-moderne.blogspot.fr/




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