Plaisirs en direct du festival de Kahn
Faudrait-il que j’ai honte, honte de ressentir cette jubilation depuis que je vois et j’entends un surpuissant trainé dans la boue, et bien non, au contraire, même pas honte, rarement actualité ne m’aura autant plu.
Entendons nous bien, comme tous les gloseurs sur les ondes le réseau ou le papier je respecte complètement la présomption d’innocence tout autant que le statut, le respect et la compassion a priori pour la victime présumée (un peu vite oublié par beaucoup).
Entendons nous bien je ne sais pas si le bonhomme est coupable du crime dont on l’accuse, mais dans le fond (ni monétaire ni international) je m’en fous.
Car c’est une affaire tristement ordinaire, un fait divers comme il y en a (hélas) tant d’autres chaque jour dans le monde. Qu’un détraqué harcelle ou viole c’est toujours pitoyable et dramatique pour la victime mais sous l’angle du fait divers cela ne fait aucune différence pour moi que le présumé coupable vive dans une cave ou dans les étages directoriaux.
Voilà c’est dit.
Mais pourquoi alors cela me fait-il autant plaisir ?
Parce que, peut-être, pour une fois les réseaux tissés tous puissants s’avèrent inaptes à protéger outre atlantique une de leurs araignées, malgré les trépignements des copains ou des coquins sur les antennes françaises, malgré leur soutien a priori (sans rien savoir bien qu’ils le connaissent bien) à un type dont la parole n’a aucune raison de valoir plus que celle d’une femme de chambre fut-elle black et désargentée.
Moi de les voir tous gesticuler comme ça, ça me fait marrer, ils sont pitoyables, oubliés leurs grandes idées-bidons-trouées d'hypocrisie ...la justice sociale, la défense des droits de la femme, oublié, ils glapissent tous dans un même élan se revendiquant d’une amitié à l’apparence indéfectible vis-à-vis d’un des leurs.
Est-ce cela qui me réjouit ou alors parce que « nos » journalistes français majoritairement complices des pouvoirs et si souvent à genoux devant les puissants sont une nouvelle fois démasqués et leur compromission avec les milieux politiques, financiers et les réseaux mise à nu.
Eux qui furent si prompts à écarter un Pierre Carles (parce qu’il était un des rares à ne pas en croquer et à balancer les pseudo-journalistes) se retrouvent complices du crime présumé, humiliés de savoir et de ne pas avoir dit ... Il n'est pas question de respect de la vie privée pourtant lorsqu'il s'agit de crimes (comme le viol) ou de délits (comme le harcellement) , pourquoi se taisaient-ils ? peut-être pour mieux tirer partie de leur statut et de leur métier dont ils foulent des 2 pieds la déontologie.
Ou alors ce qui me réjouit c’est pour la grosse baffe aux « milieux d’affaires » si souvent au milieu d’affaires, eux aussi je les connais un peu, merci m’sieurs-dames…
Quel plaisir que ce cocktail abject de perversité fait d’éthique frelatée, de cynisme froid et de malhonnêteté intellectuelle qui désaltère votre ordinaire ait aujourd’hui pour vous un goût aussi amer.
Et puis comment pourrais-je plaindre quelqu’un dans lequel je ne peux me projeter sans avoir la nausée, ahhhh des comme lui j’en connais quelques uns, ils sont à quelques nuances près tous moulés pareil, charmants au premier abord, charmeurs par arme prédatrice et souvent intouchables au plan juridique et encore pire toujours intouchables au niveau des tripes.
Dernier sujet de satisfaction, restent les cliques bien pensantes, ces bobos babas hébétés de l’outrage à l’un des leurs, prêts à tolérer les pires ignominies commises par leurs copains alors qu’ils savent pousser des cris d’orfraie qualifiant de dérapage tout éloignement du politiquement correct . Chez eux le politiquement correct n’est que la poutre apparente d’une démocratie qu’ils avilissent ils en sucent le sens à leur profit et la rendent étouffante car en contrebas, bien cachés de la masse, ils peuvent exercer toutes les forfaitures…
Quelle joie d’entendre ce matin BHL 1er, roi du ridicule, perdre sang froid sur les ondes (« vous vous foutez de ma gueule !! hurle t il ce matin sur France Inter à une journaliste qui ose lui demander s’il doute de DSK).Ah… Il est touché le philosophe de combat comme il se définit lui-même et en plus il ne peut même pas (pour l’instant ) crier à l’anti-sémitisme… aux US (et à NYC en plus !) ce serait plus dur à faire passer.
Lui il n’a pas de mal à se projeter dans son copain, et bientôt il nous expliquera que c’est l’excès de pression ou le nuage de Fukushima qui est cause du désordre mental de « Dominique, nique nique « (air connu).
Badinter, pourtant un type remarquable à la base en perd tout self-control, car il est avant tout révolté d’une chose, que Dominus soit traité par l’image et les égards (je cite) « comme un minable dealer » ! Je ne sais pas pour eux mais pour moi c’est certain : j’ai plus d’indulgence a priori pour le deal que pour le viol, quels qu’en soient les auteurs.
Quelle suffisance, quelle arrogance chez Bobby que d’ oublier que c’est la misère qui peut conduire à dealer, et que l’individu qui en est réduit à ça n’y serait pas s’il pouvait lui aussi péter dans la soie…ou alors est-ce parce qu’il est dans l’ordre des choses que le noir soit sur le banc des accusés et pas le blanc dans le noir du cachot ?
Rien que pour avoir vu l’espace de quelques instants l’arrogance de ces happy-fews déboussolée, leur pouvoir médiatique souterrain déconfit car devenu soudain impuissant à contrôler toutes ces images qui jaillissent de toutes parts, oui, cela m’a comblé de plaisir.
Coupés de leurs réseaux et de leur base ils se retrouvent tels des albatros à subir eux aussi les huées de ceux qui rament.
Qu’on ne s’y trompe pas, ces gens là d’ordinaire dans l’exercice de leurs fonctions politiques sont sans pitié même s’ils savent rester toujours facialement corrects.
Leurs ailes de géants les empêche de marcher aux côtés de la plèbe hors champ des caméras, ils ne peuvent respirer longtemps le même air que le nôtre et lorsqu’ils sont forcés à une promiscuité subie qu’ils trouvent imméritée, ils souffrent à leur tour et alors les voici devenir enfin un peu humains.
Nos grands albatros sauront bien sûr reprendre leur envol pour certaines grandes causes pour peu qu’elles leur confèrera un peu plus d’audience positive,de respect ou quelque avantage difficile parfois à discerner au premier coup, mais ce ne sera jamais désintéressé, jamais dans le silence, car il est réservé à leurs plus bas desseins.
Je me fous qu’une de ses crapules roule en Porsche, qu’elle porte des costards hors de prix, ou qu’une autre soit dingue de Roleix ou s’éclate dans le bling-bling, ça c’est leur trip, tant mieux pour eux, et pourquoi pas après tout ? Tous ceux qui les critiquent pour ces motifs font plus état de leur propre jalousie ou de leurs frustrations que d’une critique valable du modèle qu’ils représentent.
Mais l’immunité d’origine sociale, mafieuse ou statutaire est quelque chose de véritablement odieux, d’insupportable. Je pense à la souffrance endurée au quotidien par ceux qui sont contraints, opprimés dans leur quotidien, dans leur vie, parfois dans leur chair et immédiatement j’oublie de compatir pour ceux qui sont du côté du manche de l’oppression, tous ces donneurs de leçons qu’on nous demande parfois de plaindre comme aujourd’hui parce que c’est à leur tour d’en prendre une bonne et de devoir la fermer face à la justice redevenue vertueusement aveugle.
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