Plan de relance européen : la dette magique
Les pays d’Europe occidentale possèdent des niveaux de vie assez semblables. Ceux membres de l’Union européenne sont tous soumis aux mêmes contraintes bruxelloises. Ils sont exposés les uns comme les autres aux effets de la mondialisation. Le coronavirus les a frappés de manière comparable. Pourtant certains, comme les Pays Bas, l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne ou encore l’Irlande, connaissent peu de chômage et un taux d’endettement plutôt faible quand d’autres, tels la France, pataugent depuis plus de 40 ans dans une crise mortifère. Il faudrait alors peut être rechercher la cause de ces différences dans les politiques nationales conduites, au lieu de sans cesse mettre en accusation la commission européenne ou l’égoïsme de nos voisins. Mais rien n’y fait. Une nouvelle fois la France s’est roulée par terre en réclamant, en pleurnichant, en menaçant, pour obtenir l’obole. Celle-ci lui a été accordée, mais à quel prix !
Avec l’accord intervenu le 21 juillet 2020, nous ajoutons la dette à la dette. Nous maquillons nos comptes en dissimulant une partie du gouffre de nos dépenses publiques au niveau européen. Nous nous enferrons ainsi dans des déficits vertigineux, sans aucune réforme structurelle, espérant qu’un remède qui ne fonctionne pas finira par nous guérir. Surtout, nous perdons notre crédibilité. Par notre faute, l’Europe sombre dans les arrangements d’arrière salle, dans les compromis boiteux, dans les compromissions et dans les finasseries à la petite semaine. Création d’une dette collective européenne en échange de rabais dispensant certains pays de la rembourser, voilà l’étrange accord intervenu. Il parait que cela se nomme une grande victoire. Il n’y a là qu’une défaite pour notre avenir.
Les autres nations ne sont pas stupides. Elles cèdent parfois en apparence à nos oukases, mais ne lâchent rien sur le fond comme le prouve encore une fois le résultat baroque de la négociation qui vient de s’achever. Au final, nous paierons. Nous paierons notre dette nationale, nous paierons notre dette européenne, nous paierons nos dettes municipales, nos dettes départementales, nos dettes régionales. Nous paierons tout, nous paierons tous, et nous ferons payer aussi nos enfants et nos petits-enfants. Il n’existe pas de dette magique qui s’efface comme une ardoise d’écolier. Nous paierons sous une forme ou une autre. Nous paierons par des impôts, par l’étouffement de la croissance, par le délitement progressif de notre économie, par les fracturations béantes de notre société. Nous avons déjà payé, par notre effondrement industriel. Nous continuerons. Une dette peut en effet se rembourser de multiples manières, visibles ou cachées. Ses effets n’en demeurent pas moins dévastateurs.
Nous payons notamment notre incurie économique par une soumission totale à l’Allemagne. Nous divisons l’Europe. Nous montons contre nous nos alliés géopolitiques naturels d'Europe centrale, tels les tchèques ou les polonais, pour nous plier à la pax germanica. Nous sommes fondamentalement faibles, malgré nos rodomontades et nos moulinés diplomatiques prétentieux. Nous sommes faibles à l’intérieur, avec nos capitulations incessantes face aux moindres braillards, notre culpabilité portée en bandoulière, notre abdication permanente devant les intimidations de toutes sortes, notre ordre public ouvertement bafoué, nos lois communes rabaissées et humiliées, notre patrimoine à l’abandon. Nous sommes faibles à l’extérieur, sans plus aucun véritable poids international. Notre monnaie est ce que veut bien nous concéder l’Allemagne. Notre dépense publique ne tient que par ce que veulent bien nous accorder les marchés financiers. Notre sécurité militaire dépend surtout du bon vouloir des USA ou de la Russie. Le contrôle de nos frontières se trouve livré aux humeurs de la Turquie.
Or, tôt ou tard, la faiblesse d’une nation finit toujours par présenter ses factures. Et c’est les bras ballants que nous attendons l’addition.
Olivier Barrat
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