Plongée dans la Rome de l’époque fasciste
Après notre introduction sur la ville de Rome, découvront un monument romain de l’époque fasciste.
Notre deuxième journée d’exploration de la ville de Rome est consacrée au complexe sportif du Foro Italico construite sous le régime fasciste. Situé légèrement en bordure de la ville, il nécessite le franchissement du Tibre pour s’y rendre.
Le fameux Stadio Olimpico, qui date de l’époque mussolinienne n’est pas accessible aux visiteurs. Seuls une petite poignée de touristes gravite autour de l’ellipse du stade en quête d’une porte d’entrée. Quelques tags qui glorifient ou maudissent les équipes rivales de la Lazio ou de l’AS Roma témoignent des passions des fanatiques du ballon rond.
Peu après la traversée du pont se dresse un obélisque où le nom du dictateur est gravé en caractères romains. Devant nous s’étend un bâtiment couleur brique où se niche dans chaque façade une statue d’athlète dans un style antique. A nos pieds s’étale un ensemble de mosaïques. Certaines psalmodient à l’infini « Duce ». Le « M » de Mussolini se retrouve à intervalles réguliers. Les motifs représentent des sportifs s’adonnant aux différentes disciplines olympiques. Il est d’ailleurs assez insolite de se retrouver nez à nez avec la silhouette anachronique d’un hockeyeur ou d’un footballeur dans cette cour aux allures de villa pompéienne.
D’autres mosaïques représentent la construction du site. Si les ouvriers portent des bleus de travail, on ne voit nulle trace de grues, de pelleteuses ou de tous ces charmants engins qui enchantent les chantiers. On pourrait croire que nos courageux artisans ont tout creusé de leurs mains calleuses. Ils auraient également cuit leurs briques dans des fours alimentés par le petit bois, qu’ils ont arrachés aux paysages sylvestres en esquivant les meutes de loups avides de chair prolétarienne. Des scènes champêtres de vendanges alternent avec les images des travailleurs urbains. Il ressort de l’ensemble une impression étrange de gloire et d’artifice.
L’endroit n’est guère mis en valeur. Et pour cause, l’Italie ne s’enorgueillit pas vraiment de son architecture des années 30. Malgré tout, les installations sont agréables à l’œil.
Une piste d’athlétisme se présente à nos yeux. Le chant des grillons s’y confond avec le hululement de l’arrosage automatique. Surmontant les gradins, des éphèbes couleur albâtre s’égrènent sur le pourtour de la piste. Un peu supérieur à la grandeur nature, ils veillent sur les spectres de jeux comme les soldats de l’éternité contemplent le mausolée de l’empereur Quin. Avec orgueil, les statues dressent leur menton carré vers l’horizon. Au sommet de chaque crâne s’épanouit une chevelure blanchâtre, tantôt lisse ou ondulée. Les corps à la musculature développée et aux fesses galbées sont tantôt en pleine torsion tantôt en train de prendre des poses équivoques. Comme dans tout ce type d’œuvre, le pénis est atrophié sans doute pour éviter de concurrencer le dieu Priape.
Derrière le Foro Italico des collines des résineux mouchetées d’herbe sèche nous offrent un échantillon de campagne. La chaleur pèse sur nos crânes et ralentit nos pas. La moiteur de nos corps contraste avec l’air chaud et sec qui nous assomme, pauvres amateurs de climat océanique. Torse nu, installés sur les rives caillouteuses du fleuve, deux hommes espèrent prendre du poisson. Le Tibre, aux reflets olivâtres est recouvert à ses berges de rochers où s’accrochent des pinceaux d’algue. Le cours d’eau circule avec la lenteur de l’ascension de Sisyphe. Il semble comme las de cette vie qui coule et prospère malgré lui.
Nous quittons donc le site olympique, heureux tout de même, malgré la confidentialité de ce lieu tabou, d’avoir pu profiter d’une leçon d’histoire. Car malgré la défiance légitime qu’inspire l’époque fasciste, elle constitue tout de même une partie de l’héritage culturel romain.
Notre visite se poursuivra avec une plongée sous terre, dans les catacombes de San Callisto.
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