Le journal La Croix a publié le 7 février dernier un « baromètre de confiance dans les médias », comme c’est devenu l’usage en début d’année. L’enquête a été réalisée les 3 et 4 janvier 2011 par l’institut de sondages TNS-SOFRES.
La confrontation des réponses aux diverses questions posées fait apparaître au moins trois étonnantes contradictions.
1- Confiance relative dans les médias et impression d’une détérioration de la qualité de leur l’information
La première est celle qui oppose une relative confiance dans les médias et l’impression d’une détérioration de la qualité de leur information.
1- Journaux, radios et télévision, on ne l’aurait pas cru, obtiennent un taux de confiance honorable. À la question portant sur la fidélité à la réalité de la représentation livrée par le journal, la radio et la télévision, de 46 à 57 % des personnes répondent que « les choses se sont passées vraiment ou à peu près comme elles sont racontées ». Une personne sur deux fait donc confiance aux médias traditionnels tandis qu’Internet ne dépasse pas 35 % ! La radio est le média jugé le plus fiable (57 %) devant la presse écrite (49 %) et la télévision (46 %).
2- Or, parallèlement, est exprimée l’impression que la qualité des médias depuis 10 ans a tendance plutôt à se détériorer : 40 % le pensent tandis que seuls 21 % croient le contraire. Mais que comprendre quand 35 % estiment que « la qualité des médias reste la même » : s’agit-il d’une bonne ou d’une mauvaise qualité ?
2- Fiabilité de la radio et préférence pour la télévision
Une seconde contradiction oppose la radio jugée comme le média le plus fiable et la télévision comme le moins fiable mais choisi pourtant comme source principale d’information.
1- On vient de le voir, plus de 10 points séparent la radio (57 %) de la télévision (46 %) en matière de crédibilité selon les personnes interrogées. Le leurre du direct serait-il moins perçu à la radio qu’à la télévision ? Le reportage télévisé nécessite, en effet, un équipement plus lourd que le radiophonique auquel suffit un simple téléphone. Plus léger, le reporter radiophonique serait donc plus mobile et plus à même de rapporter un événement avec un simple portable.
Mais cette mobilité plus grande de la radio fonde-t-elle pour autant, par voie de conséquence, une représentation plus fidèle de la réalité ? À la télévision comme à la radio, « le direct » reste un leurre : dans tous médias, une décision de la rédaction précède toute diffusion ou non d’une information. D’autre part, la représentation de la réalité peut y être plus ou moins fidèle.
2- Or, malgré cette fiabilité supposée plus grande attribuée arbitrairement à la radio (57 %), ce sont 82 % des personnes interrogées qui plébiscitent la télévision comme leur « mode d’information principal » : radio, presse écrite et Internet ne réunissent respectivement que 44, 38 et 27 % des suffrages. Et même en un an, de 2010 à 2011, la radio est passée de 48 % à 44 %, tandis qu’Internet a gagné 4 points de 23 à 27 %.
3- Indépendance des journalistes et neutralité politique des médias
Enfin une troisième contradiction n’est pas moins savoureuse. Elle oppose la perception de la dépendance des journalistes et le jugement sur la neutralité politique des médias.
1- Un bonne majorité de personnes interrogées estime que les journalistes ne sont pas indépendants : ils ne « résistent (ni) aux pressions des partis politiques et du pouvoir » ni « aux pressions de l’argent ». Pour le premier cas, ce sont 63 % qui le pensent, pour le second, 58 %. Dans un pays où les grands médias traditionnels sont la propriété pour la plupart de grands groupes industriels, souvent fabricants d’armes en relation commerciale étroite avec l’État, et où le président de la République nomme les présidents des chaînes publiques de radio et de télévision, c’est amusant de voir qu’il existe un bon nombre d’irréductibles croyants : un quart des personnes interrogées persiste à croire à l’indépendance des journalistes : 26 % pensent qu’ils résistent au pouvoir et 27 %, à l’argent.
2- Le plus étonnant, c’est qu’il existe encore plus de gens pour croire à la neutralité politique des médias. Se sont-ils jamais interrogés sur la leur ? 56 % jugent que les médias ne sont favorables ni à la Droite ni à la Gauche. Il est intéressant, cependant, de constater un écart sensible entre sympathisants de Droite et de Gauche : les premiers sont 62 % à croire à cette neutralité quand les seconds ne sont que 51%. On relève tout de même un quart des personnes interrogées (25 %), toutes familles politiques confondues, qui estime que les médias sont plutôt favorables à la Droite quand seulement 9 % pensent qu’ils le sont à la Gauche.
Entre désorientation et confusion à l’image d’une question du sondage
D’où peuvent bien venir pareilles contradictions extravagantes ?
1- On peut y voir le symptôme d’une désorientation intellectuelle entretenue par les médias conduisant à la confusion. Tout et son contraire sont aujourd’hui soutenus avec une égale conviction : Milgram et Asch ont montré qu’argument d’autorité et pression du groupe ont raison de la raison de la majorité des gens. Il est difficile de se faire une opinion personnelle. Un exemple simple et emblématique est le tableau blanc qui est présenté avec le plus grand sérieux comme une œuvre d’art.
Ce sondage montre ainsi des personnes égarées qui déplorent la détérioration de la qualité de l’information livrée par des médias dépendants des pouvoirs mais qui, pour moitié, leur font pourtant confiance. Elles font de la télévision leur source principale d’information alors qu’elles lui accordent moins de crédibilité qu’à la radio. Enfin elles sont conscientes de la dépendance des journalistes par rapport au pouvoir politique et économique, et pourtant elles croient à la neutralité des médias.
2- Une question du sondage lui-même illustre d’ailleurs cette désorientation délibérée. C’est celle qui prétend mesurer le degré de crédibilité que les personnes interrogées accordent aux médias. Elle est proprement insensée : est-il pertinent, en effet, de demander à quelqu’un si « en général à propos des nouvelles qu’il lit dans un journal, entend à la radio ou voit à la télévision, il se dit : les choses se sont passées vraiment, à peu près ou pas du tout comme elles sont racontées ? »
Comment répondre globalement par oui ou par non quand les cas de figure contraires varient selon les circonstances. Ce serait trop simple de pouvoir soutenir que les médias disent toujours « la vérité » ou au contraire toujours « des mensonges ». Pour être filtrée par l’autocensure de l’émetteur, l’information donnée volontairement est certes moins fiable que l’information extorquée obtenu à l’insu et/ou contre son gré, mais elle n’en est pas pour autant systématiquement infidèle à la réalité.
La désorientation et la confusion que l’on observe dans les résultats de ce sondage, ne sont donc pas seulement ancrées dans la tête des personnes interrogées mais aussi dans celle des sondeurs. La mythologie journalistique de l’information qui imprègne les esprits, conduit à poser des questions insensées. Faut-il s’étonner qu’elles reçoivent des réponses qui le sont tout autant ? Paul Villach
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pas d’accord sur le cote contradictoire, reprenons : 1 : une personne sur deux font confiance aux media, c’est aussi une personne sur deux qui ne fait pas confiance (verre à moitie vide ou a moitié plein ?) 2 : dexu fois plus de français qui pensent qu’ils se sont deteriorés, que de français qui pensent qu’ils se sont ameliorés ? Ce que j’en conclue, c’est que pres d’un français sur deux constate que les media se sont degradés, donc certes qu’ils ne sont plus credibles dans le traitement de l’information .... mais aussi que leur information sont devenues insignifiantes, vidées de leurs substance informatives ... mais pas forcement fausse : Un exemple : si tous les merdia nous matraquent que la mere Michelle a perdu son chat , peut etre moins d’un français sur deux doutera que c’est vrai, mais plus d’un français sur deux remarquera que l’information s’est degradé car ... on en a rien à foutre de ce fait divers ! Deplus, si on apprends que le pere sarkozy lui a retrouvé ... tout ce complique : est ce une enieme operation com gouvernmentale ? Si en plus , c’est pas Sarkozy qui lui a retrouvé mais ... Mouloud, silence radio ... la chat de ma lère Michelle sera toujours oubliées dans les affaire non classées et dont tout le monde se fout. Et la, il y a mensonge du media par omission, car tout n’a pas été donné.
Et donc, pour expliquer ce qui vous jugez contradictoire mais qui ne l’est pas, une bonne partie des français ont confiance dans l’information , faite essentiellement de fait divers, mais ils considèrent a bon escient quand meme que l’information s’est degradé car sans interet . Concernant la droite et la gauche, vu que le PS est sensé incarner la gauche et son alter ego l’ump sensé incarner la droite, c’est normal que les media semblent neutres car ils jugent deux frere jumeaux !!
Les médias actuels font correctement leur boulot tant qu’ils en restent à parler des chiens écrasés, tout le reste est impacté par le lobby, A, B, C, ............Z et la trouille de perdre son boulot (et plus si affinités.....lol ! )
Il est vrai que la radio, enfin cela dépend de quelle radio on parle, donnent une information un peu plus ouverte.
Les paroles s’envolent mais les images restent ! Du moins récemment car il y a des élections en 2012 et la valse des chaises musicales dans nos principales station ne doit pas y être étrangère.
Quand on voit que l’inimaginable,ubuesque et ahurissant verdict dans l’affaire Elisabeth Sabaditsch Wolff n’a toujours pas été relaté par aucun media « officiel » en France, il est difficile de croire à la neutralité des médias : ne rien dire sur un sujet d’une importance aussi cruciale, c’est déjà émettre une opinion !
La méfiance à l’égard des journalistes est de rigueur : ce sont des gens qui passent leur temps à parler de sujets qu’ils connaissent peu ou pas du tout quand ils ne se contentent pas de resservir en boucle les propos de collègues ou d’autres peu informés ou peu spécialistes !
99% des humains sont des cons et des égoistes... c’est pas une nouvelle ca !
passer des pubs a la con la journée durant c’est pas deja de la propagande consumériste ? capitaliste et libre-échangiste ?
passer 15x par jour comme sondage qu’un mec meme pas présenté a la présidentiel va y être élue ! c’est pas du foutage de gueule ? ces cons se cachent meme plus, ils veulent DSK vue qu’ils savent que sarko repassera pas, donc ils nous le bassine a la boite qui rend con.
faire croire que voter c’est la démocratie, qu’un sondage c’est représentatif... c’est pas deja prendre les gens pour des cons et donc les orienter-controler
Le point qui me parait étonnant est le score de crédibilité d’internet. Je m’explique : Sur internet, la liberté de choisir son, ou plus exactement SES média de référence est immense. C’est la raison pour laquelle j’aime lire plusieurs articles de journaux d’obédience politique différentes pour me faire une idée sur un évènement. Évidemment, plus l’actualité est éminemment politique, plus les titres et articles changent d’un journal à l’autre. C’en est même parfois très drôle. Il arrive que je me dise « mais attends, parlent ils bien du même sujet ? Du même fait ? » tant le point de vue est différent, voir divergeant. De cette manière, je crois que l’on parvient à reconstituer de manière plus précise ce qui s’est réellement passé, à condition bien sur de faire un tout petit peu abstraction de ses propres tendances... Ah oui, c’est cette condition qui est parfois bien difficile à remplir parfois reconnaissons le.