"Je me faisais une autre idée du Petit Journal, dommage pour moi.
Le but c'était d'aider [Anonymous], au final je me suis fait baizay !
C'est ma faute, j'assume. C'est aussi la dernière fois de ma vie que je parle aux média."
Puis, dans un autre post :
Plus de carte de presse pour le Petit Journal ? Tant pis !
Bien que je sois un fervent défenseur de la liberté de presse, je reste assez circonspect face au cas du Petit Journal. Bien que je comprenne qu'on puisse être plein de sympathie pour Yann Barthès, il n'empêche que lorsque l'on s'intéresse en détail à son travail, on trouve de nombreuses approximations, erreurs et autres manipulations.
C'est sûrement pourquoi aucun représentant du Petit Journal n'a daigné participer à l'émission d'Arrêt sur Image sur l'émission : "Insolente ou toute-puissante : l'émission de Canal + en débat".
Ils reviennent notamment sur les bidonnages concernant Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont Aignan, ainsi que sur les manquements des codes déontologiques en vigueur.
Honnêtement, je ne saurais à qui imputer ces maux. Faut-il blâmer les journalistes ? On sait ceux-ci enchaînés à leur rédaction, qui verrouille les "sujets qui fâchent". Pourtant, ils cautionnent tout de même le système de l'information spectacle et contribuent à l'appauvrissement intellectuel du contenu des médias. Je mettrais plutôt cela sur le dos de l'économie libérale de marché, qui gangrène l'industrie médiatique en transformant les journalistes en véritables propagandistes.
Ah ! Peut-être certains se sentiront choqués par l'emploi de ce terme, mais lorsque je vois le niveau de désinformation dans l'espace public, j'en assume pleinement l'usage. La couverture du 11 septembre et de ses conséquences en est d'ailleurs la plus brillante illustration à mes yeux.
Mais le Petit Journal s'est plus récemment illustré en manipulant une interview d'un Anonymous. En effet, lors de leur émission du 27 janvier, ils reçûrent Anon Gin, membre masqué de l'organisation. Ce dernier conteste l'honnêteté du montage sur le forum Why We Protest :
"Le montage me dégoute vraiment. Il n'y a même pas les 5 questions du sujet.
Il m'a posé une question, la toute première d'ailleurs sur le pdg de Megaupload (qui est en prison) juste après un montage horrible où on le voit jouer à Call Of dans une baraque digne de milliardaire ; tout ça agrémenté de photos bidons de mecs avec des masques devant un écran d'ordi dans le noir (enfin vous voyez le style ?).
Barthes me demande donc : "Kim Dotcom génie incompris ou escroc international ?" Une merde dans le genre.
Je lui ai répondu en lui posant la question : "n'y a t il pas une autre option ?" J'ai d'emblée renchéri sur le fait que la fermeture de MU on s'en fout, c'est surtout la manière dont ça s'est passé qui est choquante ! J'ai fait mon technicien (torrent, xdcc, autres hébergeurs DDL...)
Coupé au montage, on zappe cette question.
Sans compter qu'en fait, certaines de mes réponses qu'on voit sont en fait les réponses à d'autres questions.
Est-ce que j'me suis fait enfiler ?"
Je crains qu'effectivement, Anon Gin n'ait été utilisé et broyé par la Fabrique du Consentement afin de jeter le discrédit sur les Anonymous.
Mais finalement, en lisant une interview de Yann Barthès, je me dis que ce n'est pas un si mauvais gars... Celui que je pensais rebelle était "en deuil" lorsque Christine Okrent (qui a une belle place dans Les nouveaux chiens de garde dont le succès désarçonnent les experts, incapables de faire une auto-critique) quittait Antenne 2 : "Elle était incroyable, avec cette Terre qui tournait derrière elle... Quand on pense, d'ailleurs, à la polémique qui s'était levée parce qu'on voyait de manière subliminale le visage de Mitterrand dans le générique du JT !". S'il n'est "pas un militant" la politique l'a "toujours intéressé" : "La vie de tous ces personnages m'excite" confie-t-il. En bon citoyen modèle il "vote toujours".
Yann Barthès estime que son équipe ne "voit pas la même chose" que les autres journalistes, mais qu'ils ne "volent rien". Visiblement satisfait de l'offre politique sur la scène médiatique, il qualifie d'"absurdité" les règles du CSA.
De cette interview plate qui ne fait aucunement mention des polémiques touchant au personnage, nous pouvons supposer que le cas Yann Barthès soit plus proche de "l'idiot utile" que du journaliste corrompu. Amuseur public aux talents reconnus, l'animateur de Canal + a maintes fois dépassé les bornes en ommetant de corriger ses erreurs et manipulations pourtant contestées publiquement.
Plus que la carte de presse de Yann Barthès, c'est celle de tous les journalistes qu'il faudrait remettre en cause, et de ne renouveller que celles des professionnels qui respectent la Charte de Munich. Croyez moi, il y aurait des surprises ! Et beaucoup ne nous manqueraient pas...
Cela aurait le mérite de laisser de la place à la jeune génération qui galère pour trouver un emploi dans le métier... Comme si vouloir informer la population était devenu une vocation de luxe.
Jonathan Moadab
La Gazette d'un Humaniste
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