Point de vue

S’il fallait un exemple de plus sur la façon lamentablement superficielle avec laquelle s’exerce le métier du journalisme de notre pays aujourd’hui nous l’avons eu hier sur France 2 où Laurent DELAHOUSSE recevait sur le plateau du JT Emmanuel MACRON.

Je ne suis pas un détracteur du journaliste en question qui, je tiens à le préciser, avait ma préférence parmi ses collègues jusqu’à hier soir. Je ne suis pas davantage un partisan du ministre Emmanuel MACRON. Pourtant, en essayant de suivre cette interview je mesurais au fur et à mesure le décalage qui existe entre ce qu’attendent les citoyens d’un journaliste et les impératifs que se fixe ledit journaliste directement ou par hiérarchie interposée.

A l’heure où la France est confrontée, au niveau intérieur, à des menaces quotidiennes sur la sécurité de sa population, où une partie de cette population est dans la rue pour manifester un certain mécontentement et que les questions existentielles sur le choix d’une politique précise sur la gestion de ses frontières se font pressantes. Et qu’au niveau international la plupart du patrimoine emblématique de ce que fut la France est racheté par des capitaux étrangers, où l’attitude de certaines banques françaises en plein scandale de Panama Papers reste pour le moins ambigüe. Le journaliste se borne obstinément dans ses questions à un ministre qui vient de créer un nouveau parti politique aux seules préoccupations de savoir si cette nouvelle donne va altérer ses relations avec le président et le premier ministre !!! Et bien entendu question cruciale sera-t-il oui ou non candidat en 2017 à l’élection présidentielle !! 

Le citoyen lambda que je suis aurait souhaité savoir comment ce nouveau parti politique compte trouver des économies et/ou des ressources pour résorber la dette phénoménale de l’Etat ? A-t-il pour cette question une orientation différente des partis politiques existants et qui pendant leur exercice alterné du pouvoir n’ont rien pu faire qu’augmenter le déficit ?? Quelle confiance peut-on légitimement accorder à un nouveau parti politique qui est financé par des capitaux privés compte tenu des pratiques lobbyistes qui font rage dans le paysage politique actuel ?? Quelle est la position de « en marche » sur le projet de loi qui vise à confier la sécurité des lieux publics à des sociétés privés avec des agents armés… un changement radical dans le dogme observé jusqu’à présent en matière de sécurité du territoire surtout lorsqu’on pense qu’il n’y pas très longtemps encore ces mêmes autorités débattaient d’accorder ou non l’autorisation de port d’armes à la police municipale ??

Pour une fois que l’opportunité était donnée au journaliste d’interviewer une personne qui, si nous n’avons pas la certitude absolue qu’il ne manie pas la langue du bois, on peut néanmoins lui accorder le bénéfice qu’il s’engage et qu’il promet pour la première fois et donc avoir l’indulgence d’écouter ses propositions en sachant que le temps de lui demander des comptes sur des engagements tenus ou non ne peut intervenir qu’après un laps de temps lui permettant de faire ses preuves.

Sans chercher l’exhaustivité voilà à peu près le genre d’informations qui m’auront permis de me constituer une première idée sur le socle de ce nouveau parti politique.

Les tribulations de la vie politique seraient probablement amusantes et suffisamment intrigantes pour alimenter le quotidien d’un peuple qui nage en plein bonheur, elles deviennent singulièrement inintéressantes voire même révoltantes lorsqu’on en fait une priorité de l’information au moment où le peuple se débat pour sa survie et que la nation est en péril.