Polémique sur l’Hôtel de la Marine, reflet d’une France qui perd
JO d'Annecy, Hôtel de la Marine, île Seguin : trois dossiers qui n'ont pas grand chose à voir, si ce n'est qu'ils reflètent une France qui perd par sa capacité à briller internationalement. Querelles administratives, budget insuffisant ou conservatisme sont les maux français qui plombent actuellement notre visibilité internationale.
À l'image de l'interminable polémique sur l'Hôtel de la Marine, l'incapacité de la France à bâtir un projet conséquent pour les JO d'Annecy est le reflet d'un pays qui n'a plus de dynamisme, un pays qui a été incapable de bâtir un projet suffisamment ambitieux pour rivaliser avec ses concurrents. Résumons les faits.
Chez les concurrents Pyeongchang et Munich : un projet ambitieux et bien doté (100 millions d'euros pour la ville coréenne), un leadership clair et une communication redoutable. Au final, Pyeongchang et Munich recueillent 63 et 25 voix sur les 95 membres votants du CIO.
En France : un budget insuffisant (24 millions d'euro seulement), une mauvaise coordination entre l'État et le privé, un lobbying déficient et une crise de leadership. Celle-ci s'était traduite par la démission en décembre 2010 d'Edgar Grospiron, le directeur général de la candidature d'Annecy. Au final, Annecy n'a recueilli que 7 voix sur les 95 membres votants du CIO. Au final, 7 voix seulement.
Alors inutile d'aller chercher de fausses excuses pour analyser cette déception. La France semble s'enfermer dans l'échec dès lors qu'il faut se battre dans des compétitions mettant en jeu sa visibilité internationale.
La polémique que connaît actuellement l'Hôtel de la Marine me semble sur ce point tout à fait similaire. D'un côté, le projet ambitieux et novateur proposé par Alexandre Allard et l'ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres. L'Hôtel de la Marine qu'ils géreraient dans le cadre d'un bail de longue durée où l'État resterait propriétaire permettrait de valoriser le bâtiment comme un lieu dédié aux arts et aux métiers d'art, comportant espaces d'expositions et de création ouverts au public. Ce projet repose surtout sur un modèle économique innovant puisque c'est un opérateur privé qui financerait la rénovation d'un bâtiment, une charge que l'État peut difficilement supporter.
En face, on retrouve un salmigondis de projets sans dynamisme de musées publics et autres administrations plus soucieuses du confort de leurs membres que du bien des contribuables. La Cour constitutionnelle lorgne par exemple sur le bâtiment. Le Louvre voudrait y établir ses bureaux ! Quelle originalité pour ce bâtiment dont la vocation est d'être ouverte au public.
La polémique sur l'Hôtel de la Marine me rappelle finalement la triste affaire de l'île Seguin. Encore une occasion manquée pour la France de briller par un projet culturel original et plein de dynamisme. Depuis les années 1990, l'île qui a accueilli la régie Renault se cherche une vocation. Achetée au constructeur automobile par une société anonyme d'économie mixte composée de la ville de Boulogne, du département des Hauts-de-Seine et de la Caisse des dépôts et consignations, elle n'a toujours pas d'avenir clairement défini.
L'île aurait pu accueillir un musée d'art contemporain conçu par l'architecte Tadao Ando et abritant l'immense collection personnelle de François Pinault. Mais face à la lourdeur administrative et aux indécisions des pouvoirs publics, Pinault décide en 2005 de retirer son projet. Direction Venise et le Palazzo Grassi qui accueille à présent une partie de cette collection. Salué par tous comme participant au renouveau de Venise, le Palazzo Grassi est l'exemple réussi que l'art contemporain peut s'intégrer dans un lieu chargé d'histoire. Une victoire pour Venise donc, et une occasion manquée pour Paris de briller internationalement.
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