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Politique - une gouvernance en révision

L’Assemblée nationale, berceau de la représentativité de notre beau pays ne vit plus que pour elle. Qui donc ? Mais la révision institutionnelle voyons ! Le réformisme maladif de ceux qui nous gouvernent touche donc aussi le socle politique. Pendant ce temps, le monde peut bien s’écrouler que nos politiciens professionnels n’en ont cure.
Voilà donc une étonnante actualité bien française au milieu des tumultes terroristes, catastrophes climatiques ou crises alimentaires et financières. La V° République est en révision, on pourrait presque dire en dérangement.

Une révision déjà peu crédible sur le fond puisqu’elle entend donner plus de pouvoir au Parlement sous l’impulsion d’un homme seul qui n’a jamais cumulé autant de pouvoirs. Ajoutons que c’est sa propre majorité qui a validé ce basculement présidentiel : l’inversion du calendrier des élections législatives et présidentielles a conditionné la première à la seconde pour s’assurer une majorité. Pourquoi vouloir feinter aujourd’hui de s’en étonner et de rééquilibrer l’influence ? Notre Starkozy comme dit Nebula est avide de micros. La révision constitutionnelle lui confiera celui de l’Assemblée, est-ce donc pour les députés un gage de liberté ? Je n’en crois pas un mot. Bien au contraire, il reprendrait la main sur une Assemblée parfois volatile comme l’ont montré les derniers votes.
Mais, au-delà de ce leurre politique, est assourdissante cette préoccupation franco-française, pendant qu’excusez du peu les denrées alimentaires flambent, le pétrole s’envole, la Birmanie moisit et la Chine tremble.
Sur toutes ces questions, notre gouvernance fait montre d’une indifférence forte et d’un silence assourdissant.
Alors, nous étions prêts à envahir la forêt amazonienne il n’y a pas si longtemps pour libérer une député colombienne et nous voilà si discrets sur les émeutes de la faim dans le monde. Et je ne parle pas des fadasses problèmes internes de ces petits Français grognons : le lait, le blé, le pain peuvent bien augmenter, "Que voulez-vous ma bonne dame, on ne peut rien y faire". Reste alors à assurer la paix sociale en satisfaisant ceux qui se plaignent le plus fort. Hier les taxis en bloquant quelques centres-villes ont enterré la réforme de leur statut, aujourd’hui les pêcheurs obtiennent des aides exceptionnelles. Comme au loto, à qui le tour ? Drôle de conception de la stratégie qui doit laisser rêveurs les sidérurgistes lorrains ou ambitieux les dockers phocéens.
Pour le pétrole, aucune surconsommation de Viagra ne saurait compenser l’impuissance politique de nos gouvernants. Chaque jour amène son nouveau record de prix du baril sans qu’aucune position officielle, aucune réflexion ou négociation ne soient engagées. Notre dépendance énergétique en la matière n’est pourtant pas neutre, mais tout se passe comme si dans l’esprit des politiques il est déjà acquis que le baril atteindra bien 200 dollars un jour et pourquoi pas plus...
La rupture entre le discours volontariste et l’incapacité réelle dépasse le cadre économique pour toucher un autre aspect du show politique : l’international.
Au même titre que les autres grandes puissances mondiales, nous voilà spectateurs de l’agonie de milliers de Birmans car, que voulez-vous, y a une junte qui ne veut pas que l’on entre ! Même Kouchner l’intrépide en oublie de s’indigner pour accepter l’inacceptable. Quant au drame chinois, il est habilement et médiatiquement détourné puisque les images le disent, les Chinois s’occupent de tout. Pas nécessaire de ce fait de préciser qu’en définitive ils n’ont guère plus ouvert leur territoire aux Occidentaux qu’en Birmanie.
On pourrait lister presque à l’infini les thèmes et réalités qui échappent à nos édiles. Mais un moment ne doit-on pas s’interroger plus avant sur l’utilité d’une telle classe dirigeante et dominante : incapable d’améliorer la vie des hommes qui meurent de plus en plus de faim, incapable de s’imposer à de vrais régimes dictatoriaux, incapable de s’organiser en cas de catastrophes naturelles, mais à quoi donc cela peut-il bien servir de disposer d’une telle quantité de professionnels de l’inutile !
N’est-il pas temps de réformer ce système, pas juste la Constitution, non, mais plus profondément cette caste qui se coopte à l’envi pour occuper le terrain et durer. Sans résultat ?
Nos politiciens sont sclérosés, enfermés dans des schémas anciens qui les empêchent de réagir à des situations nouvelles. Et Sarkozy n’est que le plus illustre représentant de cette vieille école assoiffée de pouvoir. Sans résultat.
Il faudra bien être en mesure, sans eux, de s’occuper des vrais problèmes de notre monde. Pendant ce temps-là, ils réviseront ce qu’ils voudront.
Accusés élus, ayez la décence de rendre votre tablier, votre avocat Sarkozy ne vous sauvera pas.
"Un accusé est cuit quand son avocat n’est pas cru", disait Pierre Dac. On y est.


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1 réactions à cet article    


  • Jean Lasson 22 mai 2008 19:29

    Merci à l’auteur. C’est tout à fait ça.

    En ce qui me concerne, je considère les parlementaires comme définitivement illégitimes depuis leur vote honteux du TCE, contre le choix dûment exprimé du Peuple.

    En Europe et aux Etats-Unis, la démocratie disparaît au profit d’une oligarchie qui ne vit que pour ses intérêts propres (et propres, c’est une façon de parler )

    La trahison est si grave que je ne crois pas que la démocratie représentative doive y survivre. Je suggère d’imaginer dès à présent d’autres modes démocratiques que celui de la représentation, laquelle n’est plus qu’un... cirque !

     

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