Politiquement correct et guimauve...
« Politiquement correct est une expression apparue vers la fin du XXe
siècle pour désigner la façon acceptable de s’exprimer
dans le contexte politique, ou parfois aussi tourner celle-ci en
dérision ?
Venue des États-Unis, cette démarche avait à l’origine
pour but d’éviter l’utilisation de termes injurieux dans le débat
public, notamment à l’encontre des minorités en tous genres
(ethniques, religieuses, sexuelles, etc.). Rapidement, les termes jugés
inadmissibles ont été écartés, et les
périphrases se sont multipliées ?
En s’attaquent aux formes, le « politiquement correct » a un impact
sur le fond du discours, et gêne l’expression des concepts sujets à
polémique ?
La pensée unique est une autre manifestation apparentée bien
que distincte : la recherche frénétique d’un consensus sur
les termes acceptables débouche sur une certaine uniformité
de l’expression, assimilée à tort ou à raison à
une uniformité de pensée. Lorsqu’on souhaite attaquer une
expression politiquement correcte, on l’accuse de vouloir empêcher
le débat en imposant la pensée unique ?
À noter que le qualificatif politiquement correct est le résultat
d’une analyse toujours superficielle du discours ou des actes. »
Voici la définition raisonnée que propose l’encyclopédie Wikipedia pour « politiquement correct ».
Plusieurs commentaires ont été postés sur deux de mes dernières notes, Nettoyer au Kärcher, mais nettoyer quoi ? et La bêtise des uns ne saurait justifier celle des autres, dont certains qualifiant mes propos de « politiquement correct » et de « guimauve ». Ces commentaires m’ont bien sûr agacé mais surtout m’ont fait réfléchir. Pourquoi politiquement correct et pourquoi guimauve ?
« Le qualificatif politiquement correct est le résultat d’une analyse toujours superficielle du discours ou des actes » lit-on dans Wikipédia.
Dans ma note d’origine, je commençais en déclarant qu’au delà d’une forme contestable, je n’étais pas choqué à l’idée d’un nettoyage de la cité des 4000, tout en regrettant l’angélisme de la gauche française et son incapacité à regarder en face certains problèmes - notamment la violence dans les cités lorsqu’elle émane de populations d’origine étrangère (noirs, arabes ou autres) ? qui laisse le champs à des Sarkozy ou pire. En écrivant cela, je ne pense pas être particulièrement politiquement correct, si cette expression est appropriée, de même lorsque je parle de la « bêtise » raciste des rivalités entre arabes et noirs dans les cités. Mais les auteurs des commentaires se sont contentés d’une lecture superficielle.
Quant à la guimauve, on dirait que toute expression ou proposition faisant appel à un minimum de morale ou de raison voire d’humanité tend à être traitée avec mépris par les mêmes intolérants qui jugent sans lire ni écouter. Ils se contentent de caricatures et d’invectives qui semblent leur tenir lieu de réflexion. Faute d’argumenter, on qualifie de politiquement correct ou de guimauve. C’est simple, tout le monde comprend, le politiquement correct n’a plus besoin d’être défini, c’est la tarte à la crème des imbéciles.
N’a-t-on plus de capacité au doute et à l’analyse, ne sait-on
plus se remettre en cause. Y a-t-il le bien et le mal bien dessinés
l’un en blanc, l’autre en noir ? N’a-t-on que la capacité à
juger dans un sens, le paradis colonial d’un côté, et l’échec
qui a suivi de l’autre, sans se poser de question sur la responsabilité
des uns et des autres pour reprendre un des thèmes soulevés
? Ne peut-on pas faire d’analyse avec un minimum d’objectivité avant
de condamner. Qui a entretenu la corruption, qui a détruit les
économies, qui a soutenu les régimes fantoches et corrompus
pour protéger ses intérêts directs ? A moins que se cache
derrière le constat d’autres idées qu’au nom d’un autre
politiquement correct on n’oserait afficher ?
Dois-je louer la supériorité de la civilisation occidentale
judéo-chrétienne dont on a fêté hier un des sommets
de gloire avec l’anéantissement d’Hiroshima. Une population entière
décimée, brûlée vive comme si 70.000 Jeanne d’Arc
avaient été grillées d’un coup, condamnées à
payer ainsi - bien fait pour ces sauvages - les choix de leurs dirigeants
impies. Faut-il ressusciter Saint-Just pour les uns, Léon Bloy pour
les autres pour être compris aujourd’hui ?
Après qui faut-il crier « mort aux ? », comme on l’a fait pour les uns puis les autres au cours de l’histoire, des chrétiens aux juifs, des arabes aux noirs, des philosophes aux scientifiques, des protestants aux libre-penseurs, des homosexuels aux étrangers et à tous ceux qui étaient différents ou pensaient autrement.
Dans deux semaines commémorera-t-on la Saint-Barthélémy
? Notre époque commence à ressembler à celle de Montaigne
et du siècle qui l’a suivi. On dirait que l’on veut réveiller
le démon qui a conduit à l’affrontement de deux religions qui
ont réussi à faire disparaître une grande partie de la
population européenne après avoir anéanti celle du Nouveau
Monde au nom de la guerre que se livraient deux croix . Aujourd’hui, on semble
réécrire le même scénario, seuls les symboles
religieux ont changé, et la quête de pétrole a remplacé
celle de l’or et de l’argent ? Je n’ai pas de solution et je ne veux pas retomber
dans la guimauve. Je retournerai fêter mon anniversaire, et en attendant
de relire Montaigne qui dans le doute préférait s’abstenir,
je me contenterai pour ce soir d’un libérateur « mort aux cons
» ;-)
Note écrite le 7 août 2005.
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