Pollution de l’eau potable en France : à la recherche de données fiables…
Que savons-nous de la qualité de notre eau ? La question est aussi brûlante que polémique, à l’heure où l’organisme chargé de collecter les données sur la pollution des eaux françaises est durement mis en cause par la Cour des Comptes.
Il ne se passe pas une semaine sans que des révélations fracassantes ou des discours anxiogènes sur la qualité de nos eaux soient relayés dans les médias : résidus médicamenteux (hormones des pilules contraceptives, antibiotiques, anxiolytiques) qui contaminent la faune aquatique, rejets industriels (perchlorates, phosphates) et agricoles (pesticides, nitrates)… Au-delà des gros titres, la question se pose de savoir si les eaux destinées à la consommation sont correctement contrôlées et si ces informations sont accessibles. Cette interrogation est plus que jamais d’actualité puisqu’un rapport de la Cour des comptes remet en cause la capacité de l’Office national des eaux et des milieux aquatiques à fournir des données fiables (Onema).
Un instrument de mesure imparfait
Cet établissement public, créé en 2007, sous la tutelle du Ministère de l’Ecologie a notamment pour mission de collecter toutes les informations concernant l’eau, de surveiller l’évolution de la qualité, de contrôler le respect des normes françaises et européennes. Il coordonne le service d’information sur l’eau (SIE), une base de données officielle théoriquement exhaustive et fiable. Le rapport de la Cour des comptes dénonce à la fois la désorganisation, le manque de moyens et de transparence qui empêchent l’Onema d’assumer pleinement les tâches qui lui incombent.
Ces révélations mettent la lumière sur des critiques formulées par des chercheurs, et des associations de défense de l’environnement depuis plusieurs années. Une vaste enquête publiée par le WWF en 2011 sur la qualité des eaux souterraines et de surface soulignait notamment les points suivants : les mesures effectuées sur les polluants sont inadaptées (les micro-polluants ne sont pas assez recherchés donc leur effet potentiel sur la santé à long terme n’est pas évalué, pas plus que les risques liés à des combinaisons de substances) et les analyses portent sur un trop petit nombre de produits. L’ONG considère donc que la France ne se soumet qu’a minima aux exigences de la directive-cadre européenne sur l’eau adoptée en 2000. Elle soulève enfin une question de fond : un jeune organisme, l’Onema, placé sous l’autorité du Ministère de l’Ecologie, peut-il travailler de façon indépendante sachant que ses analyses révèlent l’impact des décisions prises par sa tutelle ?
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