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Portraits troublants : Philippe PUJOL, journaliste « de proximité », lauréat du plus prestigieux prix de journalisme en France !

La majorité des journaliste travaillant pour la majorité de journaux et de chaines TV ne survivant que grâce à des subventions d'état ou à la vente d'espaces publicitaires aux multinationales (2 formes caractérisées de corruption amenant à la censure), sont catalogués sous le terme générique de "Chiens de garde". 

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Philippe PUJOL
Prix Albert Londres 2014 : une belle claque aux « Chiens de garde »...

Ce terme est apparu suite à la sortie d'un excellent film en 2012, dont vous aurez du mal à entendre parler... Il nous explique le fonctionnement de la presse française et de ces journalistes "chiens de garde", dressés par la finance à n'aborder que les sujets les plus anodins, et à s'autocensurer quant aux articles relayant les informations des "lanceurs d'alertes", se gavant généralement aux réunions dites "du Siècle", dont Yves CALVI est un des plus méprisables représentants :

 

Revenons à notre ami Philippe PUJOL :
 

Philippe PUJOL vient de se voir attribuer le prix Albert Londres 2014 : une grosse claque aux "chiens de garde" à la botte du pouvoir !

 

Mais qui est donc ce lauréat inconnu du grand-public, pour avoir reçu un prix aussi prestigieux ? 

Voici de quelle manière il se présente :

" A l'annonce de ce prix, j’ai trouvé ça totalement surréaliste ! Le fait de n'être qu'un localier (journaliste de proximité), de ne pas être "un grand reporter" , de n'être que rédacteur, deuxième échelon ne me conféraient que très peu de chances de remporter ce prix. Mais si j’ai postulé, c’est bien que je considérait que mon travail n’était pas inintéressant, que c’était convenablement écrit. J’ai donc tenté le coup.

Si on y réfléchit bien, dans la presse aujourd’hui, ce sont les localiers qui sont le plus souvent sur le terrain, ce sont ceux qui font le plus de reportage, ceux qui rapportent l’info. Cette même info qui va servir ensuite aux médias nationaux, internationaux, puis à Google Actu, le requin au sommet de la chaîne ! Nous sommes le plancton. Mais sans les localiers, il n’y a plus d’info. Nous sommes une espèce de « grands reporters », sans le statut. On a une connaissance approfondie de notre territoire, et un regard. C’est en cohérence avec Albert Londres qui descendait dans la rue et racontait la vie.

 Je n’ai pas la passion du fait divers. Ce qui m’intéresse, c’est : « pourquoi le fait divers ? » Mais pendant 8 ou 9 ans, je suis allé à la chasse aux infos, j’ai couvert les violences, les arrachages, les escroqueries. J’ai fait du pur fait divers. Mais avec une écriture différente. Et en essayant de mettre du sens… quand il y en a un.

J’ai beaucoup de mal à parler de mon style d'écriture, car je ne fais pas d’effort pour écrire comme ça. J’écris mes papiers très vite et je les retouche très peu. Mes figures de style sont celles qu’on fait à l’oral. J’essaie de transformer une oralité en un écrit un peu complexe. Surtout, j’essaie de dédramatiser le dramatique. Pour moi, c’est une façon de rester proche de la réalité. Cette légèreté, beaucoup de journalistes estiment que ça ne fait pas sérieux. En même temps, depuis que j’ai reçu le prix, certains me parlent de mon style en le comparant à Céline ou à Truman Capote ! Comme si tu disais à un petit footballeur qui joue à Consolat ou à la Castellane qu’il a le même style que Zidane !

Je dois ce prix à la « saison 2 » d’une série publiée à l’été 2012, "French Déconnection, au cœur des trafics". Je racontais les trafics de stups en allant un peu plus loin que les guetteurs… J’avais pris pas mal de risques à l’époque - ce que je ne ferais plus -, en pénétrant dans les caves d’une cité marseillaise, pour décrire comment ça se passait là-dedans, raconter comment les dealers étaient organisés. D’ailleurs c’était chaud, il y a eu de grosses tensions.
Dans la première série, je m’intéressais aux modes de fonctionnement des dealers, dans "Quartiers Shit", j'ai raconté les conséquences de leur trafic dans leurs relations avec les habitants des cités. Il est très important de comprendre qu’il n’y a pas les méchants d’un côté et les gentils de l’autre. Il y a une imbrication. Tu peux avoir des gens qui sont allés très loin dans la violence, et qui ont un cousin, un frère ou un ami « normal ». Ils vont s’entraider. Parce que c’est comme ça, c’est la famille.

"Quartiers Shit", ça raconte aussi comment les hommes politiques marseillais de tous bords exploitent cette misère, le fameux clientélisme… Pourquoi ne sortons-nous pas de cette situation ? Parce qu’elle profite à trop de monde. Les associations travaillent réellement sur les jeunes et leur réinsertion, mais celles-ci ont aussi, pour survivre, un fonctionnement clientéliste. Les dernières élections municipales à Marseille ont démontré la victoire d'un système.

J'ai discuté un jour avec 3 trois gosses sur un banc… Ils avaient l’air complètement couillons, mais lorsque j'ai discuté avec eux, j'ai bien senti bien qu’ils étaient tout à fait conscients de leur situation, et ils en parlent très bien, avec leurs mots. Comme le formule l’un d’entre eux : 

« On dit qu’on ne peut pas entrer dans nos quartiers, moi je dis qu’on ne peut pas en sortir. »

C’est limpide. Ils sont coincés. Regardez les emplois qu’on leur offre, des jobs de médiateur. Pour qu’ils restent où ils sont. L’enfermement est à la fois physique – les transports, la configuration d’une cité –, et moral, avec l’absence de confiance dans la société, dans l’avenir, dans les autorités, dans la politique… Les plus vulnérables sont récupérés par les réseaux de stups, par l’Islam… Mais contrairement à ce qu’on dit, ces jeunes font tout pour s’intégrer. Pour eux, la délinquance est un mode d’intégration". (fin de retranscription d'un interview de Philippe PUJOL)


Ses points de vues sont indémontables : Philippe PUJOL ne se contente pas de relater les faits divers, il en analyse les causes, et a transformé son travail à priori très ennuyeux, en une analyse sociologique et psychologique des quartiers défavorisés de Marseille (pour être politiquement correct) très pointue, ou on ne fait plus que "voir" ces banlieues-prison : il nous donne l'horrible sensation d'y être enterrés vivants avec les jeunes qui y ont grandi.

UN GRAND BRAVO A PHILIPPE, DONC, AINSI QU'AU JURY DU PRIX ALBERT LONDRES, QUI ONT OSE METTRE UNE GRANDE CLAQUE AUX ILLUSTRISSIMES "CHIENS DE GARDE".

Gilles SONDEREGGER


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4 réactions à cet article    


  • Rincevent Rincevent 2 juin 2014 16:32

    A propos du film, qui avait fait beaucoup de bruit (avant d’être étouffé). Sur YouTube : « ce film n’est pas disponible dans votre pays » Ben voyons… En insistant un peu, j’ai fini par le trouver là : http://theilluminati.free.fr/index.php/manipulations-presse/film-les-nouveaux-chiens-de-garde


    • Freiheit 2 juin 2014 18:10

      Le film « les chiens de garde » a été diffusé sur la chaîne parlementaire au mois de mai dernier. Il fut suivi d’un « débat » regroupant 3 intervenants épinglés par le film, dont Giesbert. Il va de soi qu’il n’y eut aucun débat et que nos 3 gugusses face à une très souriante journaliste purent à loisir « démonter » le film et ses auteurs. Et oui les chiens de garde pullulent sur LCP...


      • eau-du-robinet eau-du-robinet 3 juin 2014 08:16

        Bonjour Gilles,

        « .., il nous donne l’horrible sensation d’y être enterrés vivants avec les jeunes qui y ont grandi.  »

        D’abord, Merci pour cet intéressant article.

        Les chiens de garde défendent un système qui est indéfendable sachent que peu de français font confiance aux grands médias, mais malgré tout ses médias font de plus en plus de ravage dans certains cerveaux ...ce qui se contentent comme seul source d’information les grands médias, ignorent les médias libres, comme par exemple « Agence info libre », Agoravox, etc....

        Ce quatrième pouvoir est détourné et contrôle par le monde de la finance, c’est suite à cette dérive du 4ème pouvoir que le documentaire « le nouveau chiens de garde » à pu naitre.

        Je ne jamais attendu parler de Philippe Pujol ... il est temps d’intéresser à lui .... comme à toutes les auteurs libre de leur paroles et libre de leurs plumes.

        Oui, le système nous enterre vivant et l’enterrement serra total avec la signature du grand marché transatlantique, qui correspond en réalité à la démission de nos hommes politiques et cela ce traduit par le transfert du pouvoir politique et juridique sur nos vies vers les multinationales, c’est une forme d’enterrement de notre démocratie.

        Un nouveau métier est née celui des créateurs d’algorithmes (à base des Meta- données) pour prédire nos actions dans le futur, avec le but du pouvoir en place d’anticiper voire contrer tout initiative démocratique en émergence des peuples.

        Ses chiens de garde refusent par exemple de donner la parole aux représentants de l’UPR et contribuent ainsi à freiner un mouvement politique qui veut restaurer la démocratie en France et rendre la liberté aux Français.

        Mais l’UPR continue à grandir chaque jour ... avec 5441 adhérents en ce moment ou j’écris ses lignes ...


        • Gilles SONDEREGGER Gilles SONDEREGGER 3 juin 2014 15:51

          Leurs algorythmes peuvent toujours tourner, ça n’a pas empêché les français de gripper le système européen. 

          Les français sont quand-même de moins en moins naïfs, et certains journalistes qui n’ont d’autres choix que d’accepter le rôle de chiens de garde pour continuer à manger, font bénévolement du vrai journalisme sur plusieurs sites libres.
          Pas le temps de développer plus maintenant, mais si tu es fb, tu peux m’envoyer une invitation : sonderegger gilles.

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