Pour en finir avec Zemmour !
Quelle incurie ! Tous les jours on nous serine du EZ matin midi et soir. Jusqu'à vomir ! Déjà que sa prose et sa glose nauséeuses, mêlant contre-vérités historiques et amalgames crasseux remplissaient les heures d'audimat des chaines d'info, le voilà à présent candidat...
Tristes litanies d'un esprit malade et désavoué par les travaux historiques, les faits statistiques et...le simple bon sens.
J'ai assisté au débat Mélenchon-Zemmour. L'interprétation erronée de nombreux faits, n'a pas mis hors de lui M. Mélenchon. Il est évident qu'ils partagent une certaine nostalgie de la France, certes pas aux mêmes endroits, mais parfois aux mêmes fins : retour d'un certain ordre moral, de certaines valeurs laïcs, d'une geste patriotique qui exalte les héros nationaux.
Pourquoi pas. Mais là où l'un l'ouvre au reste du monde, l'autre l'enferme dans une culture de la haine, du terreau fertile du sauvageon, du barbare, de l'agresseur, bref, du noir et de l'arabe pour être plus clair, prêt à envahir et ravager notre belle civilisation. Se défaire de ce discours anti-islam en revient finalement à revivre les heures sombres de notre histoire : stigmatiser une population pour récupérer une lie électorale.
Les fans de la première heure du FN nouveau RN s'engouffrent dans sa vison racialisée de la France et les droitards en mal de repère rallient sa cause, tant la macronie a réussi à les disperser façon puzzle. A gauche de toute façon ce n'est pas bien mieux, quand on voit la multiplication des candidatures : Jadot, Mélenchon, Montebourg, Hidalgo...et nous n'en sommes encore qu'à 6 mois du premier tour, signe qu'aucun projet fédérateur n'est encore écrit : qu'il aurait été plaisant de voir un ténor de la droite venir s'opposer à un candidat socialiste au programme révolutionnaire !
Alors avant que tout cela ne dégénère en un tour de force médiatique, je vous propose de recontextualiser toutes les inepties zemmouriennes, et de vous livrer un bréviaire de déconstruction de cette petite pensée étriquée pour français en mal d'amour. Parce que finalement je pense que le dilemme est bien là : la majorité des français depuis l'élection invraisemblable de Sarkozy en 2007 soufrent d'un manque de reconnaissance de leurs dirigeants : comment sentir que les trois hommes politiques qui ont succédé à Jacques Chirac avaient quoi que ce soient de figures nationales ?
Ils ne représentaient qu'eux-mêmes...et la finance (qui a pris les rênes de ces élus), ne pensant plus qu'à administrer la France mais surement pas à la connaître ni à l'aimer. Donc le peuple qui la compose leur est bien étranger...et le fossé se creuse d'autant plus avec M.Z car il incarne tout ce que la France connaît de pire et de triste : un rassemblement national autour de la question identitaire. Mais qui pose ces thèmes au cours d'une campagne présidentielle ? Cela ne vous rappelle-t-il pas le même tour de passe-passe d'il y'a vingt ans ?
Alors la suite de cet article portera nécessairement sur le financement de ce Monsieur. Car, tout comme son illustre prédécesseur sorti de l'ombre en quelques mois, (j'entends par là l'actuel président de la République) M. Zemmour est porté par d'étranges mécènes qui sont les mêmes que... ? Ceux du président actuel. Connivence ? Coïncidence ? Volonté politique ? Un peu de tout ça et sans doute bien plus, nous le verrons.
Et enfin, nous essaierons d'émettre quelques perspectives joyeuses quant à l'échéance électorale qui nous attend : féru d'histoire, le dernier numéro du magasine éponyme propose en page 43 une citation de Charles Seignobos : "L'histoire guérit de la peur irréfléchie du changement". Et son développement est fort intéressant en ce qui nous concerne aujourd'hui, cet extrait datant de...1907 ! Nous y reviendrons donc afin de porter à vos sens des effluves fondatrices et porteuses d'espoir, bien plus que ces remontées d'égouts, bien indignes de notre roman national et part trop éloignées de sa bible raciale !
Premier stigmate : l'étranger nuit à la France
Les grandes thèses de cet éditorialiste sont finalement très simples à résumer : il y a trop d'immigrés en France et ils refusent de se soumettre aux lois de la République. Ils sont le bras armés latents du djihadisme parce qu'islam veut dire soumission. Voilà en deux phrases le résumé de sa pensée. Les quartiers populaires sont aux mains d'infâmes allochtones, prompts à réduire à néant le tissu social historique français, parce qu'in fine, ce qu'ils souhaitent, c'est profiter du très généreux système social français tout en vivant comme au bled.
La bataille des chiffres est primordiale, parce qu'on peut effectivement, à cause du biais idéologique par lequel on les prends, leur donner la signification que l'on souhaite. Oui, mais non. Pour déconstruire ce mythe, il faut utiliser un outil statistique très simple : le solde migratoire. Qu'est-ce que c'est ? Définition de l'Insee : c'est la différence entre le nombre de gens qui entrent et qui sortent du territoire français, sans distinction de nationalité.
Voilà un graphique édifiant :
L'article en question exprime clairement l'idée que ce phénomène résulte de la mondialisation : nous vivons dans une société où nombre de citoyens quittent leur pays pour aller s'établir ailleurs. Ceux qui entrent sur le territoire le quitte également. Vous remarquerez donc que depuis 1975 le solde est constant, sauf lors de la crise syrienne, sans toutefois correspondre à ce qui avait été observé lors du rapatriement des français d'Algérie.
Ce qu'il y'a de comique dans cette histoire, c'est que M.Z est obnubilé par la décadence des valeurs de ces étrangers qui viennent s'installer chez nous. Mais chez nous, c'est le même chez nous dont à bénéficié ce monsieur lors de la publication du décret Crémieux. Et déjà à l'époque se posait la question de la République et de la religion de la communauté juive comme en atteste Benjamin Stora dans son livre.
Il y'a donc deux poids deux mesures quand aux vérités historiques : oui la question de l'assimilation d'une population à forte connotation religieuse pose des questions sociétales inévitables. Mais elle n'est pas l'apanage de l'Islam en particulier.
En ce qui concerne la question de la pratique religieuse des populations immigrés, rétablissons là aussi quelques vérités : dans cet excellent article de Marie Luce Gélard on comprend aisément que la majorité des musulmans en France pratique une religion dérivée du soufisme : un courant pacifiste qui s'intègre très bien avec les lois de la République.
Mais la focale médiatique, qui a le double impératif de servir une certaine idéologie politique (nous y reviendrons en nous attachant à l'élection présidentielle de 2002) et de vendre sa soupe, met donc l'accent sur les actes terroristes, les agressions anti-français, les discours visant à propager la haine religieuse. Il est en effet tellement plus simple ensuite de surfer sur cette vague de peur créée de toute pièce afin de donner crédit à un argumentaire électoraliste dont le champion du camp adverse aura beau jeu de le dénoncer en appelant à l'union nationale.
Je vous donne un scoop : jamais une personnalité d'extrême droite ne sera élu en France. Les intérêts économiques en jeux sont bien trop importants pour que les apprentis sorciers médiatico-politique laissent filer les milliards générés par le travail des français. Nous vivons dans un monde où la finance et les entreprises multinationales sont aux commandes. Mais c'est un autre débat.
Revenons en à nos moutons. Après avoir compris que l'immigration n'a pas bougé depuis près de 50 ans en France et que les musulmans installés dans notre beau pays sont dans leur très grande majorité pacifistes, reste donc à nous attaquer au miroir déformant des banlieues : chantres de ce Saint Thomas des plateaux télés : "ben vous voyez bien que les dealers sont majoritairement noirs et arabes et qu'ils viennent de ces quartiers".
Factuellement le chiffre qu'avance M.Z de 25% d'étrangers dans les prisons françaises est juste. Ils sont effectivement surreprésentés par rapport aux autres catégories de la population. L'article en question nuance cependant ce propos (qui par ailleurs n'est pas de Z mais de Marion Maréchal Le Pen et Eric Ciotti) : il explique que les magistrats condamnent bien plus sévèrement les étrangers car ils craignent que ceux ci se soustraient à la justice en sortant du pays.
J'ajouterais qu'il faut pousser un peu plus loin l'analyse : qui compose la population carcérale ? Il existe une corrélation très nette entre l'augmentation du chômage et l'augmentation de la population carcérale. Fort de ce constat, on comprendra aisément que ceux qui pâtissent du chômage sont les populations les plus fragiles, donc les plus pauvres. Il y'a donc un lien évident entre la pauvreté et l'enfermement carcérale, contrairement aux absurdités que profère ce M. Z.
Il ne reste déjà plus grand chose de concret à toutes les balivernes que ce Gargamel médiatique édicte en vérités.
Mais allons au bout des choses : quid des quartiers abjectes décrits dans sa logorrhée ? Prenons l'exemple de Saint Denis, premier évêque de Paris. Il existe une délinquance exacerbée par le manque de services publics et de moyens qui leurs sont consacrés. C'est évident qu'avec de si nombreuses difficultés, ne pas faire de politique publique ciblée et efficace n'amènera rien de bon.
Et parlons franchement : il est vrai que la violence prédomine dans certaines zones ou certains quartiers, mais la focale médiatique stigmatise toujours l'individu au lieu de stigmatiser le groupe : donnons donc les même chances de réussite à chacun et nous verrons bien si ce terreau de la radicalisation religieuse trouve toujours écho auprès d'une population stigmatisée.
Qui par ailleurs, à la lecture de ce classement des lycées de Saint Denis, n'a pas baissé les bras !
Alors maintenant que le voilà rhabillé pour l'hiver sur ses fondamentaux, intéressons nous au précèdent historique et au financement de tout ce battage médiatique autour de ce vide intersidéral de la raison.
Deuxième stigmate : "ôte la poutre de ton œil"
Cet évangile selon Saint Thomas, il faut bien se l'approprier ici. En 2002 déjà, voilà ce qui se passait en France :
M. Chirac surfait sur la vague de l'insécurité, coreligionnaire de l'immigration. Pourtant tout ça c'est du flan : comme nous le montre cet article de Yves Gastaut : "la délinquance immigré : tranche d'histoire à la peau dure". Mais surfer sur ces thématiques attisent et polarisent les campagnes présidentielles bien loin des véritables enjeux sociétaux, notamment soulevés par le mouvement des Gilets Jaunes.
C'est le site du ministère du travail qui le dit lui même. Parce que les véritables enjeux sont bien là !
Car l'argent est bien le nerf de la guerre. Intéressons nous donc à présent à celui qui permet de financer la campagne de M.Z. Un homme clé émerge de ce financement très discret : Julien Madar. Il rappelle par son profil la mouvance de la start up nation de Macron : ce monsieur était il présent à ce meeting ? Quels sont les liens de collusion de tout ce beau petit monde ?
Voici le parcours de Julien Madar :
Un autre nom apparait : Jonhatan Nadler lui aussi banquier chez Rothschild...Enfin bref, tout ceci sent le coup médiatique et politique à plein nez afin de dérouler un boulevard à Macron l'année prochaine...
Dernier stigmate : Réveillons nous !
Je vous retranscrit mot pour mot l'encart de Charles Seignobos édité par la revue l'histoire en page 43 d'octobre 2021 :
"L'homme instruit par l'histoire a vu par le passé un si grand nombre de transformations, et même de révolutions, qu'il ne s'effare plus quand il en voit une dans le présent (...) Cela suffit pour le guérir de la peur irréfléchie du changement et du conservatisme opiniâtre à la façon des tories anglais (conservateurs britanniques (Ndla)(...) Quand il prendra part à la vie publique, il saura ce qu'on peut espérer changer vite et ce qu'on ne peut que changer graduellement (...) L'homme instruit par l'histoire sait que la société peut être transformée par l'opinion, que l'opinion ne se modifiera pas toute seule et qu'un seul individu est impuissant à la changer. Mais il sait que plusieurs hommes, opérant ensemble dans le même sens, peuvent modifier cette opinion".
Extrait de : "L'enseignement de l'histoire comme instrument d'éducation politique", Conférences du Musée pédagogique.
Cela donne matière à réfléchir n'est-ce pas ? Balayer la vacuité des thèses de ce polémiste est d'une simplicité presqu'enfantine, mais aucun contradicteur ne le taraude sur ses thèmes de prédilection. Chacun va dans son sens et essaie de proposer un modèle en opposition au sien.
Mais quelle vacuité !!! N'y a t il pas mieux à faire que de pérorer sur l'immigré ? La vraie question n'a pas variée depuis l'abolition de l'esclavage : comment défendre dignement les droits des travailleurs et des travailleurs les plus précaires en l'occurrence ? Tout le reste n'est que poudre aux yeux et artifice électoral.
Partager un monde plus juste doit être le fer de lance de toute société progressiste, et cela en prêtant une oreille attentive à cette jeunesse qui s'insurge du sort que l'on fait à notre planète. Des changements radicaux sont possibles et les sources de manquent pas : l'écologie de la jeunesse, l'économie sociale de Lordon, Piketty, la sociologie d'Emmanuel Todd et de Bernard Friot...
De tous ces auteurs une synthèse politique doit émerger afin de proposer une offre politique claire, simple et révolutionnaire : le pouvoir au peuple instruit et éclairé.
Qui va enfin nous la proposer ?
Révolutionnairement vôtre,
Boris Rannou
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