Pour l’éligibilité dès 18 ans à toutes les élections
Il y a 35 ans, la majorité à 18 ans était instaurée. Mais, il faut toujours être âgé de 23 ans révolus pour pouvoir se présenter aux élections législatives, européennes et présidentielles, et 30 ans pour les sénatoriales. Alors même que vous pouvez être Maire de Paris et Président de la région Ile-de-France à 18 ans, depuis la réforme du Code des collectivités territoriales datant de 2003. Un jeune étudiant de 19 ans, Maxime Verner, plus jeune candidat aux élections municipales et cantonales de mars 2008, est donc allé convaincre toutes les tendances politiques de l’Assemblée Nationale pour faire déposer une proposition de loi organique instaurant, enfin, l’éligibilité dès 18 ans à tous les mandas électifs. Présentation.
“Je suis né le 11 septembre 1989 à Lyon. Je suis donc un étudiant de 19 ans comme les autres. Avec son histoire, ses projets, sa vie… Si je m’engage aujourd’hui pour que l’éligibilité soit ramenée à 18 ans pour toutes les élections, donc pour donner aux jeunes citoyens absolument les mêmes responsabilités, en droits et en devoirs, que leurs ainés, ce n’est pas le fruit d’un déclic foudroyant. C’est plutôt la poursuite d’une quête de liberté, d’égalité et de fraternité. La devise de notre République a tant de valeur à mes yeux !
Mes origines, mes valeurs
Dans la famille qui m’a vu naître, nous aimons la France sans concession. Fuyant le génocide arménien en quittant la Turquie, du côté de ma mère, ou les Chemises Noires en passant définitivement la frontière transalpine du côté paternel (d’où mon nom piémontais), nous savons la chance que nous avons d’être né, de grandir et de vivre dans ce pays, mes deux frères et moi. L’indépendance, le caractère, mais aussi la solidarité et l’engagement, voilà des valeurs que ma famille m’a inculqué, et continue de me transmettre chaque jour. L’injustice, sous toutes ses formes, me répugne et seule l’action politique, qui a son influence sur l’ensemble de l’espace public, peut faire avancer significativement les choses. Voilà la raison pour laquelle je multiplie les aventures humaines et les projets, depuis déjà quelques années, malgré mon jeune âge. Et, chez moi, nous avons l’habitude de ne pas juger des qualités d’autrui sur son âge. Lorsque votre grand-père a fait acte de résistance et s’est engagé dans la 2e DB du général Leclerc à 17 ans, ou que vos parents se sont mariés et ont eu leur premier enfant à 18 ans, les auto-limites psychologiques communément admises ne vous frôlent même pas l’esprit.
Mon enfance à la campagne
Par le fruit de leur travail (et d’un crédit à long terme), mes parents ont eu la chance d’acquérir une maison à la campagne, à Grenay (1 200 habitants). Installée depuis 1992 dans ce village de l’Isère où j’ai grandi, ma famille y est toujours très heureuse. Mes parents sont donc des adultes satisfaits du bonheur de leurs enfants, des jeunes gens engagés dans ce qu’ils font et épanouis au souhait. Je leur dois, car ce sont eux qui m’ont appris à aimer par dessus-tout l’autre, les gens, l’humain. Avec ses imperfections et ses différences. Mon père n’est pas énarque mais artisan-taxi. C’est dans son taxi que j’ai attrapé le virus de la politique ! La radio allumée en permanence sur du jazz américain ou les informations, à discuter avec des enfants, des malades, des personnes âgées, des cadres d’entreprises… Cela à de quoi ouvrir l’esprit, et l’appétit intellectuel, culturel et social. Ma mère, elle, est totalement engagée pour les autres, et pour les siens en premier lieu. Mère au foyer, fille à temps-plein, elle me donne encore l’exemple d’une vie offerte au service du bonheur d’autrui. Cette enfance “au vert” m’est aussi toujours précieuse. On parle de France profonde, et profonde dans ses valeurs je le confirme. Je suis fier d’être un enfant de la France, de cette France, et voilà aussi pourquoi je veux lui donner mon énergie débordante, mes idées les plus efficaces et mon sens du rapport humain.
Mes premiers pas associatifs
Puis, l’espace devenant réduit face à mon appétit de vie, j’ai eu cette envie que chacun à connu dans sa jeunesse de repousser les frontières de ma bulle. Je me rappelle de mes 14 ans, où je courrais les colloques, les festivals et les assemblées, à Lyon, Avignon ou Genève, avec les Webtrotteurs des quartiers, pour réaliser des interviews de responsables politiques et ainsi connaître leur position sur des thèmes touchant mes concitoyens les plus proches, et leur transmettre. Je me suis aussi engagé comme aide-éducateur des petits dans le club de football de mon village, puis j’ai participé à la création d’une troupe de théâtre avec mes collègues du collège. J’étais déjà extraverti et mes anciens camarades de ce ZEP s’en rappellent encore à mon bon souvenir. Nous jouions les pièces de Carlo Goldoni, une belle métaphore de la vie…
Bachelier à seize ans en banlieue
A la sortie du collège, j’ai décidé d’aller m’installer à Bron, cette ville si liée en moi à mon histoire personnelle, celle de ma famille, et j’y reviendrai.. J’y ai donc vécu mes “années lycée”, au contact de mes aieuls qui habitent toujours à Bron. La fougue de l’adolescence, les turbulences aussi, je n’y ai pas échappé. Un jeune comme les autres vous disais-je. J’ai pu aussi assouvir ma passion pour la lecture, et l’écriture. Essais, classiques, théâtre, philosophie… Sans oublier la presse, tout y passait. J’ai alors découvert la culture, sous de multiples formes, et elle ne me quitte jamais tout à fait. Puis, j’ai obtenu mon baccalauréat avec mention, à l’âge de 16 ans, tout en poursuivant mon adolescence dans la banlieue de Lyon, au contact de quartiers populaires où la détresse sociale des uns n’avaient d’égale que la profondeur humaine des autres. J’ai trainé mes baskets, du matin au soir, dans ma ville, enchaînant rencontres, discussions, débats passionnés et partages.
Candidat à 18 ans
Puis, je me souviens aussi de mes 17 ans, où ma photocopieuse portable était ma meilleure compagne lorsque je visitais chaque quartier de ma ville pour inscrire par procuration, au porte-à-porte, de nouveaux citoyens sur les listes électorales. Avec le soutien du Club des Elus “Allez France”, dont je suis devenu vice-président en charge des jeunes élus et responsable de la campagne nationale d’inscriptions par procuration sur les listes électorales, je poursuis cette action chaque hiver, depuis 2006. Et, c’est donc tout naturellement que le jour de mon 18e anniversaire, le 11 septembre 2007, je suis allé m’inscrire sur les listes électorales de Bron… et que j’ai déclaré ma candidature aux élections municipales et cantonales du 9 mars 2008. Dans cette ville de 40 000 habitants de la banlieue lyonnaise, où mes grands-parents paternels et maternels sont installés depuis 80 ans, et où mes parents se sont rencontrés il y a 30 ans, j’ai mené une campagne électorale avec mes 38 co-listiers. D’une moyenne d’âge de 23 ans, c’est le 23 février 2008 que ma liste municipale intitulée ”Bron Nouvelle Ere” a proposée le projet politique le plus complet (100 propositions) et le plus concret ! C’était le fruit de neuf mois de concertations avec les acteurs sociaux, économiques, politiques et les citoyens. Et je n’avais que dix-huit ans et six mois le jour où j’ai voté pour la première fois.
Je ne trahirai pas le secret du vote en vous révélant que j’ai voté pour moi et mon équipe, “Bron Nouvelle Ere”. Nous avons réalisé 4 % des suffrages, de 8 à 15 % dans les quartiers poulaires, et continuons à nous engager pour eux. J’ai réalisé sensiblement le même score aux élections cantonales (Bron est une ville-canton). Cette expérience a été une aventure humaine incroyable pour mes co-listiers, nos soutiens et moi-même. J’ai eu la chance qu’on me fasse confiance, ce qui n’était pas gagné vu mon âge. J’étais le plus jeune candidat à des élections en France. Et cela m’a permis d’apporter mon projet à ma ville, qui bien qu’il n’ait pas été voté par la majorité des électeurs, a été entendu. Et je souhaite que demain chaque jeune qui ait l’envie, le courage et la qualité pour présenter un projet politique pour l’avenir de sa commune, puisse être soutenu pour le faire. C’est pour cela que j’ai décidé de lancer le fonds de financement “Candidat à 18 ans”, qui aidera 100 jeunes de 18 ans (un par département, en respectant la parité) à être candidat aux élections cantonales de 2011. Je ne serai pas candidat à ces élections, car je souhaite que toute mon énergie soit consacrée à la candidature de ces 100 jeunes. Je connais la richesse d’un conseil, d’un soutien, et je ne me priverais pas de leur apporter, ainsi que les moyens nécessaires à une candidature politique. Ainsi le texte passera concrètement le stade de la réalité politique.
Citoyen-législateur à 20 ans ?
Pour cela, j’ai donc décidé de monter à Paris en septembre 2008. J’y poursuis mes études, et je fais avancer concrètement le projet “Candidat à 18 ans” qui me trottait dans l’esprit depuis … le 11 septembre 2007. Je termine ma licence info-com à l’université de Saint-Denis (93) et j’habite une chambre de bonne à Paris, après avoir partagé une colocation dans le Val de Marne (94). Je suis certes un jeune homme, mais je ne me crée pas plus de limites qu’ils n’en existent. Je veux servir le plus concrètement mon pays, et ma génération qui sera demain en première ligne pour faire prospérer la France, dans tous les sens du terme. Avec ma propre expérience, mon vécu, qui est celui d’un jeune de 19 ans. Je me considère donc comme un citoyen-législateur et un acteur, à ma modeste échelle, de la vie de mon pays. Car l’énergie de chacun est essentielle, je compte sur votre soutien pour faire avancer cette cause qui vaut la peine, puisqu’elle permettra d’intégrer définitivement et complètement les jeunes citoyens au corps politique, donc à l’espace public de ce pays.”
Maxime Verner
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