Pour moi, dès le 9 octobre, c’est Ségolène Royal
Nous sommes dans la dernière ligne droite des primaires citoyennes... Entre novembre 2006 et aujourd'hui, beaucoup de choses se sont passées. Le petit blogueur que je suis s'est jeté dans le torrent de l'actu politique hexagonale. Pour moi, c'est un bilan sans prétention que je vous livre. Mon choix pour le 9 octobre est fait, en espérant que je puisse le réitérer le 16 octobre. Et le votre ?
« En 2005-2006, Ségolène Royal, ce n’était pas franchement ma tasse de thé. J’avais pris, au départ, sa candidature comme une farce tant elle me paraissait incroyable, à peu près pour les mêmes raisons que celles et ceux qui passent leur temps obsessionnellement à lui casser du sucre sur le dos (incompétence, aspect nunuche et vieille France, etc.). Je me disais que seul DSK pouvait relever le défi d’une présidentielle (quand j’y pense aujourd’hui, j’en ris jaune).
Et puis, assez rapidement, je me suis rendu compte que je faisais fausse route quand j’ai assisté aux premiers raidissements de l’appareil du PS. J’ai pris conscience que Royal apportait un ton nouveau, des méthodes inédites (la démocratie participative), une vision politique qui englobait aussi des problématiques trop longtemps négligées par le PS (la sécurité par exemple), une certaine audace aussi (sur les conséquences néfastes des 35h00 dans certains secteurs économiques et à l’égard des salariés les plus fragiles), etc.
La déloyauté de l’appareil socialiste n’a eu de cesse de se manifester, jour après jour, dans ce que j’appelle, en paraphrasant Bourdieu, le « fonctionnalisme du pire » : le TSS (Tout sauf Ségolène), donc en fin de compte le TPS (Tous Pour Sarkozy). Ce n’est pas nouveau. Les communistes connaissent bien le phénomène eux qui ont subi un appareil stalinien lequel, en 1981, avait appelé en sous-main ses militants et ses sympathisants à faire « un vote révolutionnaire pour Giscard » pour barrer la route de l’Elysée à François Mitterrand. Pierre Juquin, ancien membre du bureau politique et du comité central du PCF, l’a maintes fois expliqué.
Cette déloyauté de l’appareil socialiste s’est fondée sur un sentiment irrationnel d’aversion pour la candidate pourtant désignée régulièrement aux suffrages des militants socialistes. Légitimée par le vote, il a fallu la déligitimer aux prix de raisonnements incohérents et de procès d’intention abjects (elle est de droite, elle est catholique, elle est illuminée, elle est laxiste un jour, elle est autoritaire un autre, etc.). Cette déloyauté n’a pas eu que des effets sur la candidate, mais aussi sur celles et ceux qui la soutenaient et qui ont été victimes d’un flot de haine sans précédent de la part de leurs camarades de parti. Ils étaient devenus des « ségogoles », des « ségolâtres », des illégitimes et des débiles. Il fallait voir tout ce qui se disait à l’époque sur Facebook, pour ne s’en tenir qu’à ce seul exemple. »
Pratiquement deux ans plus tard, je n’ai pas varié d’un iota contrairement à beaucoup d’autres autour de moi qui commencent à tourner leurs vestes (quand ils ne l’ont pas déjà fait depuis longtemps) pour être dans le courant dominant et, parfois, pour manger (car le PS, parti politique de notables et d’élus, charrie un nombre incroyable d’alimentaires).
Nous vivons dans une époque à haut débit où l’on oublie tout rapidement. J’ai le défaut (ou la qualité) de ne pas oublier :
- les pseudos « bourdes »,
- les procès en incompétence (alors que Ségolène Royal a les mêmes diplômes, et parfois davantage, que celles et ceux qui la critiquent ; elle a une expérience de l’Etat et elle a un bilan à la tête de sa région),
- les manoeuvres du Congrès de Reims et les fraudes de l’élection de la première secrétaire en novembre 2008,
J’en passe et des meilleures qui ont jalonné le quinquennat Sarkozy…
Aujourd’hui, c’est quasiment le silence radio sur ses propositions pour la France et l’Europe. On fait mine d’ignorer avec condescendance.
Après nous avoir bassiné pendant des mois sur l’irrésistible candidature de DSK, le système médiatique porte toujours le deuil de l’ancien directeur général du FMI et voudrait désormais réduire les primaires citoyennes au duel Aubry / Hollande à coups de sondages et d’analyses péremptoires et sélectives.
Un duel entre une candidate qui a laissé un PS profondément meurtri et divisé et un candidat qui n’a aucun bilan à présenter aux Français en 30 ans de vie politique et qui, lui aussi, a laissé un PS au bord de l’éclatement.
Pourquoi leur confierait-on le destin du pays alors qu’ils n’ont pas été foutu de tracer celui de leur propre parti politique ? Pourquoi devrait-on croire à leur volonté de rassemblement alors qu’ils ont savamment vécu des divisions ?
Il y a là quelque chose que je ne m’explique pas. Cette situation est surréaliste. Aussi surréaliste qu’un blogueur qui appelait, il y a quelques mois encore, à un « No Sarkozy Day » et qui se satisfait aujourd’hui des propos mollasses d’un François Hollande (on croit rêver parfois).
Et puis, je vais vous dire quelque chose concernant les primaires citoyennes.
En 2006, si Fabius (ou DSK) avait été désigné par les militants socialistes et avait perdu en 2007 contre Sarkozy, jamais les primaires 2011 n’auraient eu lieu. Le PS se serait sagement rangé derrière le malheureux vaincu. On l’aurait qualifié de « candidat naturel ».
En effet, comment discuter la légitimité d’un candidat qui a réuni sur son nom 17 millions de suffrages ?
Sauf qu’en 2006-2007, c’est une femme qui a bousculé les lignes. Et ce seul fait inattendu a dérangé beaucoup de monde qui ne l’attendait pas.
Et là, comme par magie, les 17 millions de suffrages n’ont plus eu d’importance…
Aujourd’hui, en réalité, on parie sur la résignation du plus grand nombre pour qu’un système politique, médiatique et économique puisse se perpétuer et être conforté dans son autisme désespérant.
Par conséquent, pour moi, les choses sont claires comme de l’eau de roche : le 9 octobre, je voterai aux primaires citoyennes pour Ségolène Royal.
J’exprimerai ma constance et je témoignerai, à mon très modeste niveau, de ce qui s’est passé au cours des années précédentes.
J’espère que mon suffrage s’agrègera à des centaines de milliers d’autres votes identiques pour qu’une espérance nouvelle se lève le 16 octobre et au-delà… en 2012.
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Article publié initialement sur le blog Gabale.fr
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