Pour que la gauche change ...

Plaidoyer pour une gauche du XXIème siècle …

L’élection présidentielle de 2012 fut pour moi, jeune de 20 ans, la première occasion de peser un peu dans la vie de mon pays en allant voter. Comme beaucoup d’autres jeunes, j’ai apporté ma voix à la gauche lors des deux tours et est souhaité de tout cœur la victoire de François Hollande. Comme beaucoup de jeunes, j’ai cru sans doute un peu naïvement que le retour de la Gauche au pouvoir permettrait à la France de sortir de sa torpeur et à notre belle et grande République de retrouver de sa grandeur.

 En effet, la présidence de Nicolas Sarkozy, que j’avais surnommé « le sarko comedy club », m’avait laissé un goût très amer. Cette amertume je la devais à cette façon dont Sarkozy abordait le pouvoir ; un pouvoir personnel, parfois autoritaire, parfois pathétique, et à cette politique incompréhensible qui faisait l’objet de voltefaces idéologiques permanents. De même, je détestais profondément cette UMP qui courait sans cesse derrière une extrême droite si dangereuse pour notre pays.

Dès lors, j’osais croire que l’élection de François Hollande mettrait fin à ce spectacle lamentable donné par la vie politique française et qu’enfin la France prendrait le chemin de vraies réformes. Sans être un expert chevronné de questions économiques ou de politique étrangère, je voyais bien à mon modeste niveau que beaucoup de choses ne fonctionnaient pas en France. C’était notamment le cas de l’enseignement supérieur que je découvrais et qui était tout sauf un véritable lieu d’épanouissement intellectuel.

Aujourd’hui, plus d’un an et demi après cette élection, la France va mal, elle va mal et elle doute. Bien sûr, cette situation n’est pas nouvelle, la gauche en a hérité et il aurait été naïf de croire que tout changerait en un an. Cependant, cette Gauche, que j’ai pourtant soutenu, donne aujourd’hui, plus qu’hier, une image déplorable de la France. C’est pourquoi, je crois profondément nécessaire d’alerter la Gauche sur le risque qu’elle fait prendre à notre démocratie en persévérant dans son attitude qui n’est pas à la hauteur des défis que la France doit relever. En effet, la gauche française est aujourd’hui en partie responsable par inadvertance de la montée des extrêmes dans notre pays.

Si ceci peut paraitre exagéré voire même délirant, il suffit de se tourner du côté des réseaux sociaux pour voir à quel point le pouvoir actuel est dénigré, moqué, conspué et même humilié. Les pages Facebook demandant la démission du Président se multiplient, les tweets assassins pleuvent et même les médias se moquent de l’amateurisme supposé (ou réel) du pouvoir socialiste. De même, il suffit de regarder les audiences réalisées par le Président de la République à la télévision pour prendre conscience du son décrochement flagrant et massif dans l’opinion publique. D’ailleurs, je pense qu’il faudrait remonter à l’Ancien Régime pour voir une autorité politique aussi bafouée et si peu respectée.

Cette situation, les socialistes en sont responsables et il m’apparait que beaucoup d’entre eux n’en ont pas conscience. Cette situation, ils ont passé plus d’un an à la provoquer en étant incapable de se rassembler autour d’un objectif commun : la réussite de la France. Preuve en est, ce que les médias ont appelés « les couacs » n’ont cessé abondés (on se souviendra du mémorable duel Ayrault-Montebourg ou encore des polémiques diverses notamment sur la dépénalisation du cannabis) et ont donné un spectacle détestable et scandaleux du pouvoir. De même, les alliés encombrants du Parti Socialiste n’ont cessé de jouer au jeu puéril du « retenez-nous ou nous faisons un malheur » donnant ainsi une image lamentable de la politique. Face à cela, les français, spectateurs indignés de cette comédie de boulevard, ont attendu et ont fini par se détourner progressivement du pouvoir socialiste. Aujourd’hui, ils ne sont que très peu à croire encore que le Changement tant espéré est encore possible et observent affligés cette majorité. Dès lors, en un an, la majorité de gauche n’a cessé de décrédibiliser son image et à perdre un temps considérable en affrontement plutôt que de mener une politique audacieuse et créative.

Outre ces aspects purement formels, la politique de la majorité de gauche à elle-aussi fait de nombreux déçus et demeure pour beaucoup incompréhensible. En effet, qui est aujourd’hui capable de définir la politique menée par le gouvernement ? Social-démocrate ? Etatique ? Libéral ? Keynésienne ?

A vrai dire, même les politologues les plus chevronnés sont incapables de poser un nom sur ce méli-mélo incompréhensible de mesure souvent contradictoire. Par exemple, en étant objectif, quel cohérence puis-je voir entre le fait de prendre des mesures pour la compétitivité des entreprises (pacte de compétitivité) et le fait de taxer un peu plus les entreprises (taxe à 75%) ?

De même, le français moyen peut-il comprendre qu’on lui permette de débloquer sa participation pour investir alors que parallèlement il voit ses impôts augmenter à une vitesse considérable ?

La vérité aujourd’hui, c’est que cette majorité ne sait plus où elle va. François Hollande, fin stratège politique, a passé un temps considérable à pratiquer le jeu de l’équilibriste entre les différentes tendances de sa majorité plutôt qu’à engager des réformes profondes. François Hollande a, dès lors, eu l’attitude d’un chef de majorité plutôt que celle d’un Président de la République sous la Vème République.

La France doit se réformer en profondeur. Les Français le savent, les jeunes comme les âgés, les hommes comme les femmes, les fonctionnaires comme les salariés du privé ; tous savent que la France décline et qu’elle doit agir avant qu’il ne soit trop tard !

Pour moi, jeune mais néanmoins lucide, il est évident que l’administration française doit muter et en finir avec ses lourdeurs, il est évident que la justice doit en finir avec le tout répressif, il est évident que la France doit redevenir attractive mais il est aussi évident que les citoyens doivent se sentir en sécurité et pouvoir s’épanouir dans une France apaisé.

Dès lors, j’aimerais que cette Gauche qui est au pouvoir et dont je partage un nombre considérable d’idées se transcende et redevienne la force moderne de proposition, d’invention et de créativité qu’elle a été à ses grandes heures. J’aimerais que cette gauche sorte de ses idéologies et de ses dogmes pour proposer un projet nouveau qui s’adresserait à toute la société. J’aimerais que cette gauche prenne conscience que la lutte des classes appartient au passé et que le fait d’être riche n’est pas une honte. J’aimerais que cette gauche se transcende et prenne conscience que l’Europe est une chance pour la France. J’aimerais aussi que cette gauche cesse de subir l’influence désastreuse d’une extrême gauche dépassée et sectaire.

Moi, jeune de 20 ans, étudiant et concerné par l’avenir de la France, j’aimerais que cette Gauche que je soutiens, entre enfin dans le XXIème siècle !