Pour qui ne pas voter : Clara Egger
Vous savez déjà qu'il sera inutile de voter pour Emmanuel Macron, qui est un ennemi de la France et des droits de l'homme. C'est un ennemi tout court. Aussi aucune voix n'ira au parti socialiste, qui souhaite l'injection obligatoire de produits expérimentaux dans notre sang. Pas plus qu'à Pécresse et à Bertrand, qui trouvent qu'il n'y a pas encore assez de discrimination envers les non-injectés.
Mais ne faisons de discrimination envers les petits candidats, et occupons nous du cas Clara Egger. Car si vous croyez qu'elle n'aura jamais les 500 signatures méfiez vous. Car après tout il y a cinq ans Charlotte Marchandise en avait réuni plus de 100 avec un programme similaire. Et ne doutons pas que le grand capital saura aider cet élan citoyen qui ne lui veut aucun mal.
Alors, le programme de Clara Egger, quel est-il ? Et bien c'est, nous soumettre nous, Français, aux caprices d'une Constitution expérimentale. Oui, elle veut faire de nous des cobayes. Elle estime qu'il n'y a pas assez de corruption dans ce bas monde, et qu'il faut encore déresponsabiliser les électeurs qui élisent les députés. Car s'ils choisissent mal, eh bien ce n'est pas grave, on pourra les révoquer.
Clara Egger, c'est la passion de l'irresponsabilité. Or le peuple français, avec des hauts et des bas, a construit le concept d'État-nation. Il a été le premier à s’émanciper politiquement. Mais il doit maintenant assumer et c'est normal, les erreurs dont il s'est rendu coupable. La dernière d'entre elles, l'élection du Président au suffrage universel direct, a mis l'État aux mains des gros médias.
Et on ne peut pas dire, même si c'est subjectif bien sûr, qu'il y a une progression vers le haut partant du Grand Charles jusqu'à Micron, en passant par le fameux Sarkozy ! Mais Clara Egger s'imagine, elle, sans honte, que si la Constitution est régulièrement remaniée par la volonté populaire, le système politique connaîtra une amélioration continue, le peuple apprenant de ses erreurs.
Or le peuple ne peut pas apprendre de ses erreurs politiques, car il ne transmet le savoir que par l'archive, autrement dit la culture. Et il se trouve que la chose politique elle appartient au domaine de l'arcane. Arcane et archive sont deux domaines constitutifs de l'activité humaine, mais ils sont antagonistes, comme le savent tous les grands penseurs de la planète.
Pour vous donner une idée, aux échecs l'arcane c'est la tactique, et l'archive la stratégie. En psychologie, l'arcane c'est la mémoire de travail d'un individu, à court terme ; et l'archive sa mémoire associative, à long terme. En politique on parle des arcanes du pouvoir. Alors que dans la culture, on sait qu'ils sont tous pourrissables.
En langue, c'est l'opposition entre le langage parlé, celui de tous les jours, qui est notre arcane à nous. Et le niveau de langue littéraire, que l'on retrouve chez les grands auteurs, la culture.
D'ailleurs, et c'est là une grande surprise, on retrouve cette diglossie entre langue vulgaire et discours soutenu même au sein des peuples qui n'ont pas d'écriture. Les lecteurs désireux d'en savoir plus sur ce sujet passionnant pourront consulter le livre du Professeur Probal Dasgupta (en photo) sur la vie dans les langues humaines.
Mais pour revenir à notre France, l'antagonisme archive arcane explique notamment pourquoi la défaite de 1870 fut si lourde, au point de nous faire perdre l'Alsace et la Lorraine. Ce qui aura de terribles conséquences par la suite.
Ce qu'il faut voir, et c'est là un gros reproche que l'on peut faire à la démocratie, c'est qu'elle met en situation de décisionaires des gens qui n'ont au mieux qu'une culture politique, là où il faut en connaitre absolument les arcanes.
Dans le domaine de la politique étrangère, il y a une très grosse différence entre le rapport de forces et les intentions d'il y a un siècle (ou d'un "saeculum" évoqué par William Strauss et Neil Howe) et la situation actuelle.
Or la bourgeoisie passée au pouvoir de part la révolution de 1789 avait encore en tête les récits mythiques de Valmy et des conquètes napoléoniennes. Le méchant c'est l'Autriche, c'est lui qui nous en veut. En termes de politique étrangère, elle était dans l'archive, la culture. Elle a été incapable de voir ce que n'importe qui dans l'arcane aurait vu, à savoir que la puissance montante était celle de la Prusse. C'est elle qui nous menaçait.
Et quand on se trompe d'ennemi trop longtemps, on tombe de très haut. C'est ce qui nous est arrivé en 1870.
Tout cela à cause d'une collusion entre la bourgeoisie prisonnière de sa glorieuse archive et une situation internationale qu'il faut suivre au plus près pour y faire valoir ses intérêts.
C'est pour cela que le RIC — référendum d'initiative citoyenne —, ne va pas apporter de bonnes choses ; les citoyens sans doute plein de bonne volonté étant suceptibles de faire de grosses erreurs dans les arcanes de la politique.
Et cela mène aussi à des situations ubuesques comme en Suisse, où 62 % des votants vont interdire à 35 % autres d'aller au restaurant ou au cinéma.
Par contre, la pratique référendaire pose moins de problème à l'échelle locale, car à l'échelle locale, le citoyen est dans l'arcane. C'est ce qu'il faudrait sans doute expliquer aux Egger, Chouard, et consorts.
Ce qu'il faudrait leur expliquer aussi, c'est que la puissance politique c'est comme la puissance sexuelle : on l'a ou on ne l'a pas.
On peut évidemment se tourner vers la science, qui nous proposera la PMA. Mais à trop se tourner vers la science, la technique, on en devient l'esclave. Et nous devenons nous-même, humains au départ, les rouages d'un totalitarisme décadent et sans âme.
Le RIC c'est pareil. C'est soit-disant le super outil national pour nous rendre notre liberté, le remède à notre impuissance politique. Mais c'est en fait un outil lourd, compliqué, qui ne résout aucun problème, et surtout pas celui de la corruption des élus.
Je le répète, il a même tendance à l'amplifier, car si les électeurs pensent qu'ils pourront atténuer les effets délétères d'un mauvais choix parmi les candidats, à quoi bon bien voter ? Or bien voter, c'est ce qui reste à apprendre au peuple.
Le génie d'un peuple, ce n'est pas la mise à sa disposition d'un outil lourd et compliqué. Le génie d'un peuple, c'est sa capacité à manier avec habileté et coordination des outils rudimentaires. On le voit par exemple avec les Pyramides d'Égypte, l’œuvre d'un grand peuple de bâtisseurs.
Le peuple français, lui, est avant tout passionné par la politique. Alors laissons le jouer avec les outils rudimentaires laissés par ses ancêtres. L'élection des députés au suffrage majoritaire à deux tours est un outil rudimentaire et robuste, tant qu'on ne le dénature pas avec ces horribles machines à voter qui votent à la place des gens, ou ce système nauséabond de vote par correspondance qui en diminue la fiabilité.
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