Pour qui sonnera le glas
Le néolibéralisme, depuis son premier massacre au Chili, avec Pinochet, poursuit sa mission idéologique : le génocide, partout dans le monde, des classes moyennes et des populations marginalisées par la pauvreté. C´est la guerre, une guerre économique, politique, doctrinaire, préparée, fignolée pendant des décennies par des idéologues et économistes hallucinés aux ordres du Pouvoir Privé Global.
En 1988, le président François Mitterrand, dans sa « Lettre à tous les Français », révéla ce qu´il pensait de la nouvelle organisation économique mondiale : « Considérons l´économie mondiale : on n´y voit qu´un champ de bataille où les entreprises se livrent une guerre sans merci. On n´y fait pas de prisonniers. Qui tombe, meurt (…). N´oublions pas que la guerre est totale et qu´elle est générale. »
Chômage, austérité, dettes souveraines, intérêts exorbitants imposés par les marchés, voilà les mécanismes bien huilés qui, en détruisant les économies des pays en difficulté, mettront fin, définitivement, aux classes moyennes. Sans classes moyennes, les peuples perdront leurs avant-gardes éclairées et actives, seront bannis de l´histoire. Dans cette guerre, il n´y a pas de territoires envahis, ni des champs de bataille ensanglantés. Les armées des impitoyables mercenaires néolibéraux détruiront les derniers sanctuaires da la liberté, assis devant les écrans de leurs ordinateurs. Leurs armes seront de simples chiffres, calculs, statistiques, données, modèles de probabilité, indices boursiers, tout le bric-à-brac des manipulations financières et médiatiques. Entre les totalitarismes il y a peu de différences, mais celui qui frappe à nos portes, cache bien ses sophistiqués instincts d´extermination.
Le Pouvoir Privé Global se prépare pour imposer à l´humanité, au cours d´une longue bataille, son « radieux » nouvel ordre mondial. La première manche fut gagnée. Dès le début des années 80, l´un après l´autre, la plupart des états mondiaux se noyèrent dans la fange du néolibéralisme. La deuxième commença avec la forte pression des marchés sur les nations endettées, les plans d´austérité qui se suivirent, la récession économique et le chômage en Europe et aux États-Unis.
Après le génocide perpétré pendant des décennies sur les peuples du tiers monde, voilà que l´occident avancé est pris à son tour dans la spiral de la misère planétaire ; ses pauvres et chômeurs, par centaines de millions, victimes toutes désignées des inévitables ajustements structurels du néolibéralisme entreront dans l´ère de la survie, connaitront eux aussi l´enfer de la tiers-mondialisation et rejoindront l´humanité abandonnée.
Au début des années 2000, l´anthropologue Jan Breman, dans son livre « The labouring poor in India », en décrivant le calvaire des populations des bidonvilles du tiers monde, avisa : « On atteint le point de non-retour, quand il existe une population mondiale de réserve qui attend d´être incorporée dans le monde du travail et qui, stigmatisée comme quelque chose qui est, irrémédiablement, en trop, sans utilité, ne peut plus être intégrée, ni aujourd´hui ni plus tard, dans l´économie et dans la société. »
Pourtant, dès le milieu des années 80, cette humanité abandonnée vivant dans les bidonvilles et les quartiers miséreux des grandes métropoles mondiales devint, pour les multinationales, un immense réservoir de main-d´œuvre pratiquement à coût zéro. Une fois de plus le capital sut tirer parti des salaires de misère, comme à Dacca, au Bangladesh où 3 millions et demi de travailleurs gagnent moins de 30 dollars par mois ! Dans le monde, 1,8 milliard de personnes travaillent sans contrat de travail, sans droits, soit plus de la moitié de la population active. « Ce chiffre devrait augmenter pour atteindre les deux tiers de la population active en 2020, et même davantage si l'impact de la crise sur l'emploi s'aggrave », prévoit l'OCDE. Une partie importante de ces travailleurs informels que les multinationales embauchent occasionnellement survit avec moins de 2 dollars par jour. Les plus pauvres entre les pauvres se contentent de boulots de fortune, prestations de services, commerce de rue ou encore, de la récupération, dans des déchèteries à ciel ouvert. Il ne manque pas dans cette économie de la survie, les activités hors-la-loi, trafics de drogue, d´armes, le vol et la prostitution.
Parallèlement à cette poussée de la tiers-mondialisation partout dans le monde, on assiste dans les nouvelles économies industrielles, surtout en Asie, à la naissance d´importantes classes moyennes détentrices d´un grand pouvoir d´achat qui fait d´elles, les actuelles grandes consommatrices mondiales. Dans un rapport du Crédit Suisse, en 2010, des « experts en économie » les considèrent, d´ailleurs, comme un segment moyen mondial indispensable au bon fonctionnement de l´économie globale, des substituts parfaits des classes moyennes occidentales, endettés, ruinées.
Les classes moyennes de l´Europe, de tout l´occident avancé, définitivement éjectées hors du marché du travail par les délocalisations extracontinentales et par une immigration de main-d’œuvre de bas coût, cataloguées comme des classes en voie d´extinction devront rejoindre, bientôt dans les statistiques, les martyres du tiers-monde. On verra, alors, dans les banlieues super peuplées des grandes villes de l´Europe où l´on ne construit plus, depuis des décennies, un seul logement social, naître comme des champignons les ghettos de la misère où se mélangeront dans une marginalisation cauchemardesque, les ex-travailleurs de l´orgueilleuse Europe des industries et services d´antan et leurs compagnons d´infortune, les immigrés d´Asie, du continent africain, de l´Amérique latine. Le racisme et la xénophobie feront obligatoirement irruption, créant des tensions insurmontables entre les diverses communautés de citoyens. Violence, émeutes et explosions sociales seront une aubaine pour les gouvernements néolibéraux, justifieront la sauvagerie de la répression policière et l´écrasement de tout mouvement de contestation.
Pratiquement, jusqu´en 2020, toute la production industrielle des pays “riches” sera délocalisée, progressivement vers les pays où l´exploitation du travail par les grandes marques est solidement enracinée et fait même partie du paysage. En Europe il ne restera que des piètres souvenirs des classes qui imposèrent les législations du travail. L´invasion de l´automation et de la robotique, après avoir porté l´estocade finale dans le monde du travail occidental, finira aussi par affecter la main-d´œuvre des nouvelles économies industrielles. Sur toute la planète, des millions de travailleurs n´auront plus aucune utilité et deviendront des parias à vie. Une infime partie des sans-emplois pourra être remise dans le marché du travail. Réutilisés, recyclés, sans droits, ils seront classés comme main-d’œuvre fantôme. Les peu productifs, les dissidents (syndicalistes, résistants) seront classés dans la rubrique « excédentaires à perpétuité ». 80% de la population mondiale survivra avec les miettes qui glisseront le long de la pyramide.
Un jour, quelqu´un rappellera aux hauts dirigeants du totalitarisme néolibéral que le temps de sacrifier le passé au futur est arrivé, et qu´il faudra mettre en marche le plan G. La grande purge de l´humanité, programmée depuis longtemps, pourra débuter : toute la panoplie du génocide organisé sera employée avec méthode et patience par les diligents fonctionnaires du Pouvoir. La totalité des populations de travailleurs déclassés, occidentaux et orientaux seront conduites aux abattoirs comme au temps de la boucherie nazie, stalinienne, khmer rouge ! Et la Terre sera débarrassée de cinq milliards et demi d´êtres humains.
« Le totalitarisme ne cherche pas à imposer un régime despotique, mais un système sans les hommes. Pour les régimes totalitaires, les hommes cessent d´être tolérables à partir du moment où ils deviennent plus qu´une simple réaction animale ou plus qu´un simple accomplissement de fonctions. » Hannah Arendt dans son livre « Le système Totalitaire ».
Une fois la planète “nettoyée” de son excédent populationnel indésirable, un environnement plus sain et équilibré assurera à ses nouveaux maîtres et à leur progéniture, une nature régénérée et amicale. Ce qui restera des sociétés humaines entrera dans le dernier des cycles civilisationnels, le collectivisme privé, la phase perfectionnée du néolibéralisme.
On comprendra, alors, pourquoi beaucoup d´idéologues du néolibéralisme, quelques-uns ayant appartenu à des gouvernements américains, comme par exemple, le très influent membre de la Trilatéral, Zbigniew Brzezinski, admiraient autant l´organisation du régime collectiviste soviétique. Dans son livre « Between Two Ages », écrit en 1970, sept ans avant de devenir conseiller pour la sécurité du président Jimmy Carter, il affirma : “Le marxisme est, au même temps la victoire de l´homme actif externe sur l´homme interne passif et la victoire de la raison sur la croyance. »
David Rockefeller était plutôt un admirateur du communisme de Mao Tsé-toung. En citant le « grand timonier » de la Chine dans le New York Times du 8 octobre 1973, il dit ceci : "Peu importe le prix de la Révolution Chinoise, elle a réussi de façon évidente ; non seulement en produisant une administration plus dévouée et efficace, mais aussi en stimulant une moral élevée et une communauté d'ambitions. L'expérience sociale menée en Chine sous la direction du Président Mao est l'une des plus importantes et des plus réussies de l'histoire humaine."
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