Pour sauver l’UMPS, Aphatie veut verrouiller l’élection présidentielle
Du grand spectacle sur le plateau du Grand Journal du mercredi 22 juin ! Un Jean-Michel Aphatie au meilleur de sa forme, envahi d’un esprit révolutionnaire presque magique ! Révolutionnaire oui, mais dans le mauvais sens. En effet, profitant de sa tribune quotidienne sur Canal +, le journaliste politique s’est indigné du fait que tout le monde puisse se présenter à l’élection présidentielle - et donc que cela nuisait fortement à ses copains de l’UMPS.

A propos de la candidature de Christine Boutin (PCD) par exemple, il se moque : « Quelles sont les chances de Christine Boutin d'être élue Présidente de la République ? Nulles ! Zéro ! En 2009 elle a fait 1,9% des voix ! » A propos de celle de Philippe Poutou (NPA), il prédit un avenir tout tracé : « Je connais son score lui : 0,0005%, peut-être ! ». Agacé, il énumère la trop longue liste des candidats pour l’élection de 2012 : Christine Boutin et Philippe Poutou donc, mais aussi Jean-Pierre Chevènement (MRC), Jean-Luc Mélenchon (PDG), François Bayrou (MODEM), Dominique de Villepin (RS), le candidat d’EELV, Marine Le Pen (FN), Nicolas Dupont-Aignan (DLR), Nathalie Artaud (LO), Jean-Louis Borloo (PR), le candidat socialiste, et enfin Nicolas Sarkozy.
Soudain, il s’emporte dans sa fougue antidémocratique : « Vous savez ce que c'est ça ? N'importe quoi ! Une grande élection dont dépend le destin du pays, et on en arrive à ce résultat là. Mais c'est inadmissible de faire ça ! » Qui l’aurait cru. Jean-Michel Aphatie se préoccupant du destin du pays. Et de rajouter : « Ne devraient être candidats que ceux qui ont envie d'être Président, et qui ont la possibilité de l'être ». En gros, l’UMP et le PS un point c’est tout.
Prenant l’exemple du 21 avril 2002, où il y eut également foule parmi les prétendants, il estime qu’un second tour Chirac-Le Pen « ne représente pas la société française, ça ne veux rien dire ». Pour faire simple, JMA juge que cela est bidon à partir du moment où le résultat de lui convient pas. L’élection de 2002 ? C’est bidon. Oui, mais les centaines de sondages, tous aussi différents les uns que les autres, donnant tantôt DSK tantôt Sarkozy vainqueur, ça, c’est mieux ! Ne vous égarez pas, malheureux : seuls les seconds tours UMP-PS comptent. Quoi que l'on pense de cette armée de prétendants, il est du droit de chaque citoyen de se présenter devant les français, et aussi du droit de chacun d'avoir le choix.
L’UMP et le PS ou rien !
« Avec le bon sens paysan, on se dit que chaque citoyen va trouver un candidat qui lui plait » croit-il analyser. « Le bon sens paysan »… mais quel mépris pour le peuple et sa capacité à faire ses choix ! Aphatie le notable, le grand journaliste des milieux parisiens, l’élite surplombant le commun des mortels, se croit au dessus du petit peuple. Un petit peuple de paysan, qui attend benoîtement l’avis du prince afin d’être guidé vers la Lumière. Mais quel mépris...
Estimant que cette flopée de candidats « fausse l’élection », le journaliste n’a pas manqué de faire part de son désir de verrouiller un peu plus les accès. « Il faut prendre 1000 parrainages, 2000 parrainages ! » a-t-il suggérer avant de s’interroger : « D'où vient cette trouille collective de ne pas le faire ? Pourquoi est-ce qu'on naufrage une élection présidentielle en permettant à tout le monde et donc à n'importe qui d'être candidat ».
On connaissait déjà l’obsession d’Aphatie pour les seuls UMP et PS. Il y a un peu plus d’un an, répondant à Nicolas Dupont-Aignan qui lui reprochait de ne plus l’inviter, il lui aurait déclaré : « de toute façon moi je considère que dans la vie politique il n’y a que l’UMP et le PS ». Voilà qui a le mérité d’être clair, et voilà aussi qui explique cette soudaine indignation, cette peur même peut-être. La démocratie serait donc mal faite pour notre révolutionnaire du soir. Mais alors, où sont ses indignations à propos de la représentativité à l’Assemblée ? Où est sa colère concernant le Traité de Lisbonne en 2007 ? Où est sa critique de la dictature de Bruxelles ? Inutile de fouiller les archives…
Le pire dans tout cela est sans doute que Jean-Michel Aphatie ait réussi à se faire applaudir avec ce discours. Bien heureusement, rassurez-vous, ce n’était que les petits adolescents bobos qui constituent le fidèle public de la chaîne, mais la situation est tout de même désespérante. Faisant mine de piquer une colère, notre grand éditorialiste éclairé nous déclare donc haut et fort que ses chouchous de l’UMPS sont en danger, que le bipartisme imposé ne fait plus illusion, que le peuple est trop con pour continuer à voter pour le système, et donc qu’il faut impérativement sur-verrouiller les élections afin de guider le troupeau vers la voie qui lui est destinée. Et attention à ceux qui sortiraient des clôtures ; nos clercs omniscients veillent sur nos mentalités !
Christopher Lings ( Le bréviaire des patriotes )
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