Bonjour,
Quelques interrogations sur votre article.
Il me semble que vous présentez bien le cœur du problème en parlant d’un modèle reposant sur l’individualisme et la surconsommation. Mais (comme trop souvent) on inverse les choses : ce n’est pas le capitalisme qui crée ex-nihilo l’individualisme et la surconsommation, le capitalisme n’est que le système qui permet d’atteindre l’objectif de consommation individualiste que s’est fixé la civilisation moderne (occidentale dans un premier temps) depuis, pour simplifier, l’« Age des Lumières ». C’est un mode d’organisation socio-économique, au service d’un état psychologique de l’homme moderne, mais le problème vient de l’état psychologique, pas du mode d’organisation : c’est hélas confondre le symptôme avec la maladie. Réformer ou supprimer le capitalisme ne servira strictement à rien tant que les gens auront toujours les mêmes aspirations. Malheureusement, essayer de changer artificiellement les aspirations des gens, on a vu ce que ça donne... Des projets totalitaires pour créer des« hommes nouveaux »... Pas vraiment mieux. Faisons donc confiance au seul vrai moteur naturel de l’évolution, la sélection darwinienne, en espérant qu’une humanité plus raisonnable s’imposera avant qu’il ne soit trop tard !
Autre remarque : à vous lire, on a l’impression que c’est le capitalisme en tant que système qui est responsable de la pollution et des risques écologiques. Là aussi, l’histoire nous rappelle que les civilisations humaines n’ont pas attendu le capitalisme pour dégrader leur environnement, y compris jusqu’à leur propre destruction (cf Collapse de Jared Diamond). Le capitalisme, encore une fois, n’est rien d’autre que le système le plus efficace pour réaliser le projet de civilisation de l’homme moderne ; mais le fait qu’une civilisation, parvenue à un certain degré de technologie et de prospérité, commence à se suicider environnementalement, semble constituer l’une des constantes historique de notre espèce.
Et sommes nous mêmes sûr d’avoir le monopole de cette regrettable tare ? N’y a-t-il pas des exemples d’autres espèces animales et même végétales qui épuisent leur environnement jusqu’à leur propre anéantissement (par exemple le parasite ou le virus qui détruit son hôte) ? Si quelqu’un a des références à ce sujet je suis preneur !
Bref, après cette petite digression, dire que le capitalisme est en soi une idéologie négative me paraît erroné et, pour le coup, idéologique. Il y a toujours eu des puissants et des faibles, des riches et des pauvres, chaque société humaine ayant son lot d’inégalités et d’injustices. Bien sûr, le corolaire de cette situation, c’est la lutte permanente des faibles pour grimper, s’enrichir, arriver au pouvoir, et les efforts des riches pour s’y maintenir, si nécessaire en empêchant les autres de monter (on a appelé ça la « lutte des classes » paraît-il...), toute l’organisation sociale consistant à encadrer et formaliser au maximum ces aspirations potentiellement destructrices pour stabiliser l’ensemble sans pour autant qu’il ne soit possible d’arrêter le mécanisme en une utopique « fin de l’histoire ». Dans ce panorama, le capitalisme ne me semble rien d’autre qu’un système original dans sa forme mais banal dans son objectif, consistant à apporter le maximum de bien-être consumériste à la masse sociale pour étouffer ses potentielles velléités révolutionnaires, si je puis dire. Et, dans ce panorama, l’anti-capitalisme (et son cortèges de « produits dérivés » : écologisme, lutte contre le réchauffement climatique, altemondialisme...) ne me semble rien d’autre qu’un projet original dans sa forme mais
banal dans son objectif, consistant à tout faire pour « casser » les riches et les puissants et prendre leur place.
Cordialement,