Pour une agriculture de l’Amour
Le concept d'agriculture peut être envisagée techniquement. Depuis plusieurs siècles, des générations d'agronomes et de paysans – et plus récemment d’entrepreneurs – ont œuvré à l’amélioration des techniques agricoles.
L'agriculteur, comme l'agronome, a approfondi cette approche technicienne dans un effort louable et laborieux de nourrir l'humanité grandissante et de tenter d’accroître la rentabilité économique de son entreprise.
Les limites et les travers de cette approche sont souvent atteints. De nombreux indicateurs sont dans le rouge : érosion, pollution de l'air, de l'eau, des sols, biodiversité, déstockage de carbone, empoisonnement, endettement, viabilité économique, intervention massive de financements publics, et peut être plus grave, une profession qui n'encourage plus ses enfants à reprendre le métier est une profession potentiellement morte.
Non pas que la technique soit nécessairement mauvaise, mais plutôt qu'elle n'est pas suffisante pour générer des humains heureux de cultiver la terre et d'élever des animaux.
Le fruit de la terre et du travail des Hommes a trop souvent l'amertume du désespoir.
Cette agriculture est peut-être morte, cela n'empêche pas de nombreuses personnes de démarrer leur projet de vie, en agriculture et en quête de sens.
Si l'être humain est fait pour aimer, ses activités, fussent-elles agricoles, doivent aussi lui permettre de grandir en Amour.
Bien sur, l'amour de sa famille, de ses proches, de l'humanité entière trop souvent affamée.
Mais aujourd'hui, un fait nouveau tend à se généraliser : l'amour de la Terre.
Trop souvent, nous avions appris à lutter contre la terre, ne voyant et ne mesurant que les échecs, les ravageurs, les destructeurs, comme autant de plaies à soigner et d’ennemis à abattre.
En quelques décennies, le nombre de traitement a prodigieusement augmenté.
Curieusement, dans le même laps de temps, les ravageurs et maladies n'ont pas arrête de progresser, faisant même stagner la productivité des meilleurs agriculteurs.
Être constamment dans la lutte n'est pas très propice au développement d'une relation amoureuse.
Et certains se sont mis à aimer différemment :
Si je reprend mon parcours personnel, cela à commencé par de toutes petites choses : quelques coccinelles, quelques auxiliaires que j'ai acheté à grand frais. C'est techniquement irrationnel et pourtant beaucoup le font également.
Est venu ensuite la terre : les vers de terre d'abord, architectes bien visibles d'un sol vivant, et puis les bactéries, les champignons mycorhiziens : être invisibles et symbiotiques. Je me suis mis à les aimer, à les nourrir, à les choyer de délicates attentions.
Puis est apparu une plus grande diversité de culture : arriver à cultiver de nouvelles plantes dans les laps de temps où la terre était nue. Des cultures gratuites, juste pour nourrir le sol.
Ensuite j'ai laissé ces nouvelles plantes pousser avec mes propres cultures : des couverts végétaux, du pré-ensemencement. Les plantes sont des êtres sociaux, qui aiment vivre en communautés variées. Ce qui est bon pour mes amis et sûrement bon moi.
Ce fut la phase la plus difficile où tout semblait bloqué dans une nouvelle lutte. Mes plantes compagnes pouvait devenir de plus en plus envahissantes et certaines sauvageonnes semblaient réduire à néant mon amour.
Est venu alors cette étrange connaissance : les plantes indiquent une direction et remédient aux blocages. Et chez moi, elles ont appelé des arbres que j'ai commencé à planter autour de mes parcelles puis au milieu. Offrir des arbres à mes sols.
Ce fut le don le plus osé qui en quelques années à généré des sols profonds, fertiles, humifères.
A mes peurs du début, la terre a répondu par une étonnante générosité : de nouveaux fruits, du bois, une biodiversité telle que depuis je n'ai plus utilisé un seul insecticide.
Et chaque fois que l'ombre devenait trop dense je réalisais une taille en trois parts : un tiers pour nourir le sol, un tiers pour mes usages et un tiers pour l'arbre. Mes arbres sont devenus des trognes.
Ma terre fertile a commencé à devenir féconde : le fruit de la Terre et du travail des Hommes.
L'abondance de la production m'a fait réintroduire des animaux pour recycler au plus juste toute cette biomasse végétale. La plante appelle l'herbivore. C'est ainsi que je réponds aujourd'hui aux besoins de ma terre.
Animaux domestiques et aussi animaux sauvages : dans les haies, dans les marres, dans les fossés et les cours d'eau, dans les bosquets et jusque dans un vieil arbre qui marque une borne de ma terre. J'y est décelé une telle diversité ! Ce vieil arbre est la mémoire de mon domaine : il a passé les siècles, bravé des tempêtes, les canicules et les sécheresses. J'ai comme l'impression qu'il veille sur moi et sur les miens, qu'il nous protège.
J'ai appris à aimer ma terre : en en prenant soin, mais aussi en la suivant sur des voies que je n'aurai jamais imaginé seul.
Elle m'a appris que tout est lié, que tout est donné et que tout est fragile.
Je crois que je commence à trouver du sens dans Notre existence : La Vie est belle.
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