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Pour une justice environnementale

Présentation commentée de l'article de la philosophe Catherine Larrère intitulé "La justice environnementale" 

Alors que les enjeux de la crise environnementale sont aujourd'hui l'objet d'une préoccupation éthique et politique qui excède très largement le cadre strictement national, que ce soit en termes de responsabilité morale, causale ou de mesures à mettre en œuvre pour l'enrayer, Catherine Larrère expose dans son article intitulé « La justice environnementale » les fondements philosophiques et éthiques qui devraient être ceux d'une telle justice à l'heure de la mondialisation. Si C. Larrère reconnaît que la question des conséquences sociales au niveau international de la crise environnementale appellent à une mise en dialogue de ces deux problématiques, et donc à la formulation de principes de justice prenant en compte ces deux dimensions, il faut néanmoins veiller pour la philosophe à ce que les questions de l'environnement lui-même et des relations particulières que les individus entretiennent avec lui ne soient pas, in fine, purement et simplement évacuées de la base informationnelle retenue pour l'élaboration de tels principes.

Ainsi, critiquant une dérive utilitariste du débat vers une conception purement gestionnaire d'une justice de l'environnement qui, ne prenant pas en compte la question de la valeur intrinsèque de la nature, ne prônerait au final qu'un égalitarisme inique au service d'un statut quo ne profitant que très peu aux pays du sud, Catherine Larrère propose avec cette contribution les conditions de possibilités d'une véritable politique écologique visant l'établissement d'une justice équitable de l’environnement reconnaissant la diversité culturelle des rapports à la nature.

La progression de l'argumentation se déroule en quatre étapes majeures. Dans un premier temps, C. Larrère pose le constat problématique général : la superposabilité des « cartes » des principales populations affectées par les crises environnementales et sociales -à savoir les plus démunis-, nécessitant une approche « sociale » de la question de l'environnement et donc la conception d'une justice lui étant spécifique. Dans un deuxième temps, la philosophe expose les principaux écueils de la formulation actuelle de la justice environnementale qui, de par un égalitarisme aussi insidieux qu'inique, évacuerait au profit des pays développés leur responsabilité historique quant à l'origine de cette crise. Dans un troisième temps, Catherine Larrère, faisant de la prise en compte de la valeur intrinsèque de la nature une condition d'éthicité de toute justice environnementale, pose comme nécessaire l'intégration d'un principe d'équité se substituant à celui de la simple égalité dans la distribution des compensations et des responsabilités attribuées à ces mêmes populations. Enfin, dans un quatrième et dernier moment, critiquant une approche de la nature volontairement trop abstraite car instrumentale, la philosophe propose les fondements qui devraient sous-tendre une justice environnementale ne faisant pas l'économie utilitariste d'une éthique environnementale non anthropocentriste, à savoir la nécessité de substituer à l'approche uniquement globale actuelle une approche plus locale reconnaissant la diversité et les particularismes des rapports des cultures à leur environnement respectif.

L'intérêt de cet article réside précisément dans la mobilisation et la réactualisation au service d'une justice environnementale des concepts et des débats contemporains majeurs de la philosophie éthique et politique, notamment des théories de la justice sociale formulées par John Rawls, Amartya Sen ou encore Axel Honneth. Aussi le véritable enjeu soulevé par cette contribution est celui de la nécessité d'une approche véritablement éthique -et par là véritablement politique- des problèmes sociaux et environnementaux, approche qui ne se résumerait pas à un procéduralisme anthropocentriste objectivant et donc utilitariste mais qui au contraire intégrerait très fortement la question des représentations subjectives particulières et reconnaîtrait les différents systèmes de valeurs qui en découle.

 

Étude de l'article

Problématique et enjeux

Catherine Larrère introduit son propos en exposant le constat problématique ayant fait émerger la nécessité de formuler les principes d'une justice environnementale : les populations les plus touchées par la crise environnementale sont également celles qui supportent le plus le poids des inégalités socio-économiques.

En effet, pour les deux phénomènes, ce sont toujours les plus démunis -les « dominés »- qui en subissent le plus directement les conséquences néfastes. C'est donc partant de ce constat, nous dit la philosophe, qu'un certain nombre de personnes aux États-Unis ont pris l'initiative de développer « un mouvement de Justice environnementale  » dans le but de faire valoir leurs droits civiques et de favoriser leur mobilité sociale, notamment quant à l'accès aux lieux où se prennent les décisions politiques, décisions dont ils étaient les premiers concernés en termes de conséquences sociales et environnementales.

Cependant, remarque C. Larrère, cette approche holiste de la crise environnementale est loin d'être la plus répandue. En effet, les questions environnementales sont majoritairement traitées à l'aune d'une conception de la protection de l'environnement restreinte à sa simple préservation de l'action humaine et de ses conséquences. En ne se focalisant que sur une nature à « préserver », ces approches ont fait l'économie de toute pensée des interactions entre l'environnement et les individus qui y vivent, notamment en termes de conséquences sanitaires, économiques et sociales sur les populations les plus défavorisés. C'est pourquoi, nous dit la philosophe, la formulation des principes d'une Justice environnementale visant précisément à lutter contre les effets des « inégalités écologique » exige dans un premier temps une redéfinition de la notion d'environnement qui prenne en compte ces interactions et leurs conséquences, autrement dit qui intègre fortement la question des « effets sociaux » de la crise environnementale. Cependant, avertit la philosophe, cette intégration risque de voir l'environnemental être progressivement évacué au profit des préoccupations purement sociales.

L'élaboration d'une justice environnementale pose donc pour Catherine Larrère un double enjeu. Elle requiert d'une part l'intégration des questions sociales dans l'approche de la crise écologique et d'autre part elle ne doit pas pour autant voir son objet premier -l'environnement ordonné à ces questions, voir au final totalement évacué des principes qui sous-tendent une telle justice.

 

Justice environnementale : l'approche égalitariste et la question de la responsabilité

Après avoir exposé les deux principaux enjeux que posent la formulation d'une justice environnementale, enjeux que l'on pourrait qualifier de « méta-éthiques », l'auteure expose et analyse la difficulté théorico-pratique majeure quant à l'application d'une telle justice. L’écueil est le suivant : en tant que théorie de la justice prenant en compte le fait social, une justice environnementale doit s'attacher à définir la juste répartition des « bénéfices et des coûts » sociaux induits par les interactions humains-environnement. Or, en privilégiant une approche « égalitariste » de ces questions, c'est la question de la responsabilité effective, c'est à dire historique, des principaux responsables de cette crise qui est évacuée, et avec elle la possibilité pour les pays émergents d'accepter leur responsabilité vis à vis des générations futures.

En effet, posant un principe de responsabilité « égalitariste » répondant à la logique du « pollueur-payeur » de manière indifférenciée, la justice environnementale devient l'instrument privilégié pour le maintien du statu quo, de la polarité Nord-Sud, et donc des inégalités environnementales et sociales. Le principe d'égalité n'est en effet pas ici synonyme de justice. De fait, si la responsabilité historique des pays du Nord est très largement établie et acceptée, comment qualifier de « juste » une répartition identique et indifférenciée de ses « coûts » entre les pays développés et les pays émergents ? Et comment une telle répartition ne susciterait-elle pas chez les populations les plus pauvres à qui on demande de supporter également le poids d'une « dette écologique » dont ils ne sont pas (encore) responsables un sentiment d'injustice ? Comment dès lors exiger de ces pays au nom d'une justice environnementale qui les accable un peu plus de s'engager sur la voie incertaine en termes d'accès rapide aux besoins premiers qu'est celle du développement écologiquement « responsable » ?

En définitive, nous dit Catherine Larrère, l'approche égalitariste de la justice environnementale n'a pour unique effet que la déresponsabilisation générale vis-à-vis des questions environnementales. Aussi cette approche conduit irrémédiablement à l’écueil principal que la philosophe pointait en première partie, à savoir celui de l'évacuation de la question de l'environnement au nom même d'une justice lui étant spécifiquement dédiée.

Si les conséquences sont d'ordre immédiatement pratique, l’enjeu n'en est pas moins éminemment philosophique. Pour C. Larrère, c'est l'application brute et aveugle des concepts et des théories de la philosophie politique moderne aux questions environnementales qui conduisent à la dérive évoquée précédemment. En effet, les doctrines libérales -constituant l'héritage majeur pour cette branche de la philosophie, à fortiori aux États-Unis-, prônant notamment l'égalité dans la liberté ainsi que les conceptions individualistes de la responsabilité et la redistribution des ressources qui en découlent, sont en totale opposition avec l'exigence d'une approche holistique, pour ne pas dire systémique, des questions environnementales. C'est donc bien pour la philosophe les concepts de philosophie politique d'égalité et responsabilité qu'il est nécessaire de reformuler pour prévenir l'évacuation de la question environnementale. Et, nous allons tenter de le montrer, c'est là que réside la force argumentative du propos de l'auteure.

 

Équité et valeur intrinsèque, les conditions de possibilité d'une justice de l'environnement.

Pour C. Larrère, seule la substitution du principe d'équité à celui de la stricte égalité serait en mesure de prévenir le risque de captation de l'environnemental par les préoccupations sociales. A ce niveau de l'argumentation, la philosophe mobilise les apports du philosophe John Rawls au débat contemporain portant sur la justice sociale. Le philosophe américain, dont la contribution majeure à ce débat fût la publication en 1971 de sa « Théorie de la justice », puis sa réactualisation en 2001 sous le titre « La justice comme équité », a en effet fait de ce thème le prisme par lequel il fallait repenser les principes de justice, notamment sociale, afin de répondre aux défis posé par un libéralisme utilitariste dont les inégalités qu'il générait ne pouvaient plus trouver de justifications pratiques, philosophiques et morales acceptables.

En introduisant la notion de « biens premiers », ou de « libertés premières » (qui constituent les biens matériels minimum pouvant garantir une juste égalité des chances entre les individus quant à la possibilité de mener une vie raisonnablement bonne), qu'il serait impératif de garantir équitablement à tous, et ce de manière inconditionnelle, John Rawls introduit dans les procédures de redistributions celle de « rareté relative » de ces mêmes biens. En effet, dans la mesure où la répartition de ces biens -pourtant relativement abondant quant à leur production globale- se fait de manière ostensiblement inéquitable, ces derniers acquièrent une certaine valeur qui précisément appel un mode de régulation spécifique -une forme d'interventionnisme politique dans les procédures de redistribution.

C'est précisément la valeur « intrinsèque » que confère la notion rawlsienne de « rareté » à l'environnement qui permet à C. Larrère de développer une critique de la dérive instrumentale de la justice environnementale actuelle. Rappelons que pour l'auteure le principal écueil auquel se heurte une telle justice reste l'évacuation de la question de l'environnement en lui-même. Or si le recours au principe rawlsien d'équité dans la formulation des principes d'une justice de l'environnement constitue pour C. Larrère la condition de possibilité d'une préservation de la thématique environnementale, c'est précisément car il confère cette indispensable valeur intrinsèque à la nature, prévenant ainsi toute dérive anthropocentriste dans l'élaboration des politiques devant la mettre en oeuvre.

Or, comme le souligne la philosophe, l'approche scientiste-positiviste actuelle de la nature s'oppose à une telle conception « métaphysique » de l'environnement. En effet, le paradigme scientiste, aujourd'hui très largement dominant, conduit inévitablement les scientifiques à « objectiver », et par là à appréhender au plus haut niveau d'abstraction et de globalité une nature perdant par là toute épaisseur ontologique. C'est pourquoi, en introduisant et en réactualisant le principe rawlsien d'équité au principe d'une justice environnementale, C. Larrère parvient à rendre cette consistance et ce statut moral à une nature qu'une approche strictement égalitariste et très largement orientée avait dénaturée.

 

Justice environnementale et reconnaissance de la diversité culturelle des rapports à la nature

Au terme de cet argumentaire, l'auteure nous propose les contours que devraient prendre une justice environnementale qui ne fasse pas l'économie de la question de la nature et de sa valeur. Si en effet c'est le principe d'équité qui doit légitimer et présider une véritable politique écologique, il faut en effet, radicalisant ce principe à la manière d'Amartya Sen, prendre en compte la question du rapport spécifique, particulier, qu'entretiennent les populations avec leur environnement respectif.

En effet, à la suite de Rawls, dont il critique notamment la théorie de la justice pour son excès de procéduralisme et d'abstraction, le prix Nobel d'économie indien Amartya Sen entreprend de poser les bases d'une justice fondée sur la reconnaissance des « capabilités » individuelles, c'est à dire des particularismes individuels non matériels et par là non quantifiables liés au milieu social, à l'environnement, au climat, etc. -jugés contingents par Rawls- et pouvant néanmoins très fortement influencer la perception subjectives des injustices. Avec la notion de capabilités, Sen introduit donc cette dimension non objectivable car subjective de « bien-être ».

Ici encore les principes d'une philosophie politique purement sociale sont réactualisés par C. Larrère au profit d'une justice environnementale. En effet, nous dit-elle, seule la reconnaissance de la diversité culturelle des rapports à la nature, autrement dit des particularismes subjectifs évoqués par Sen, peut prévenir l'évacuation de l'environnement dans l'élaboration d'une véritable politique écologique. Mobilisant la théorie du sublime kantienne, l'auteure met en exergue la dimension essentiellement subjective de l’expérience esthétique que peut faire un sujet -soumis à la radicale finitude- au sein de son environnement. Reconnaître ces particularismes et cette diversité dans les rapports culturels à la nature c'est reconnaître la valeur intrinsèque que chacun, dans son expérience la plus subjective, attribue à la nature qui l’entoure et avec laquelle il vit.

Conclusion

Ainsi, nous avons vu avec Catherine Larrère que l'élaboration d'une la justice environnementale qui ne conduise pas à une déresponsabilisation généralisée favorisant le maintien du statu quo et de la polarité dominants-dominés/nord-sud requiert la redéfinition du concept d'environnement à l'aune des interactions et des appréciations subjectives que les populations et les cultures entretiennent avec lui. Pour cela, l'auteure réactualise les concepts de la philosophie éthique et politique contemporaine de philosophes critiquant précisément les conceptions ultralibérales et exclusivement utilitaristes de la justice sociale. Cela lui permet en effet, à travers l'introduction des notions d'équité et de reconnaissance des particularismes culturels des rapports à l'environnement, de poser comme principe de justice la reconnaissance d'une valeur intrinsèque de ce dernier, celle-ci émanant précisément du rapport particulier entretenu par les populations avec la nature qui les entoure.

La justice environnementale prend donc avec C. Larrère la forme d'une justice de la reconnaissance, telle qu'Axel Honneth -reprenant les apports de Sen-, et après lui Nancy Fraser, l'ont développée pour les questions sociales. Elle appellerait donc une approche véritablement politique, la reconnaissance chez ces auteurs étant une radicalisation normative (chez Honneth) et transformatrice (chez Fraser) des travaux de Sen, et dans une moindre mesure de Rawls, quant à la reconnaissance des inégalités de bases tant matérielles (les biens premiers de Rawls) qu'immatérielles (les capabilités de Sen).

Aussi cette contribution invite-t-elle à une réactualisation de la philosophie politique qui prenne en compte les enjeux d'un environnement tirant sa valeur intrinsèque des rapports particuliers qu’entretiennent les individus avec lui.

 


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1 réactions à cet article    


  • bernard29 bernard29 12 juillet 2013 17:19

    Bonjour.

    Avec cette phrase vous faites le lien entre écologie et démocratie ;

    « seule la reconnaissance de la diversité culturelle des rapports à la nature, autrement dit des particularismes subjectifs évoqués par Sen, peut prévenir l’évacuation de l’environnement dans l’élaboration d’une véritable politique écologique »

    Puis avec celles-ci, entre écologie et territoire ;

    « c’est reconnaître la valeur intrinsèque que chacun, dans son expérience la plus subjective, attribue à la nature qui l’entoure et avec laquelle il vit. » et « poser comme principe de justice la reconnaissance d’une valeur intrinsèque de ce dernier, celle-ci émanant précisément du rapport particulier entretenu par les populations avec la nature qui les entoure »

    Alors je suis étonné de ne pas trouver le mot écosystème dans les deux articles, (j’ai lu aussi celui de Catherine Larrère). J’ai donc aussi vérifié (dans le cercle de mots) sur la couverture du livre que vous avez jointe à l’article ;« Equité et environnement ». Il n’y est pas non plus. 

    Pourtant c’est la présence ou non de cette notion qui, à mon avis, détermine si oui ou non, on a une politique écologique et non pas seulement une politique environnementale.

    Un exemple pour situer le problème ; Une politique environnementale peut très bien se satisfaire des limites administratives (Etat, Région, département commune), une vraie politique écologique n’en a que faire puisqu’elle s’intéresse aux écosystèmes . Ainsi les rivières et fleuves sont en général des limites traditionnelles des entités administratives, dans l’écologie, ces mêmes rivières et fleuves sont au cœur de l’écosystème de l’eau (ce sont les bassins versants.)

    ça peut changer beaucoup de choses, peut être, dans le cadre d’une justice environnementale. J’ai vu que le mari de Corinne Le Page vient de sortir un livre sur les procès qu’ils ont suivi ( AmocoCadiz etc..). Eh bien je ne sais s’ils en parlent, mais ce que l’on sait, c’est bien que le Maire de Ploudalmézeau a aussi utiliser les indemnités pour se bâtir un immense mairie en pierres de taille et je suppose que tous les maires du SIVOM, qui a gagné le procès, ont du profiter pour faire des aménagement sur leurs communes. De fait il y a maintenant un mitage du littoral avec bien sûr constructions de routes, et goudronnage des espaces côtiers. Bien sûr il y a surement eu des miettes pour des programmes d’écologie du littoral et de promotion touristique, mais il est clair que le goudron s’il n’est plus en mer, il est sur le littoral. je suis comme toujours excessif, mais il y a beaucoup de vrai. Il suffit de remarquer que tous les ans les maires des communes côtières ont au moins une réunion pour remettre en cause la loi littorale de 1986. ( il est loin l’époque du schéma d’aménagement du littoral breton (années 1980) avec comme orientation, la seule extension limitée des hameaux existants envisageable.) 

    A bientôt. (avez-vous vu mon article sur « une réponse à la crise de la représentativité » : http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/une-reponse-a-la-crise-de-la-138505 

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