Pourquoi a-t-on saboté l’enseignement secondaire ? De l’intérêt du collège unique...
Tout cela a commencé avec la réforme Haby il y a quelques décennies déjà... et s'est achevé avec le "nouveau collège" du ministre Bayrou dans les années 90. "On" a bâti un moule bien pratique pour le système comme je vais tenter de vous le démontrer (et que vous compléterez de vos commentaires).
Autrefois, après les lois Ferry sur l'obligation scolaire et jusqu'à la Vème république l'enseignement secondaire avait un double rôle : former des citoyens d'une part et de futurs travailleurs d'autre part. La sélection était omniprésente, de l'entrée en 6ème à la sortie du collège, non par sadisme mais pour permettre à chacun de s'orienter vers la voie qui lui convenait. Car l'espèce humaine est ainsi faite, les enfants dès la maternelle montrent leurs possibilités et leurs limites. Nous sommes concrets ou abstraits, en théorie... les "concrets" privilégient l'action et les activités manuelles, les "abstraits" la réflexion et les activités intellectuelles. Ceux (les meilleurs) qui synthétisent les deux tendances deviennent ingénieur, médecin ou architecte. L'école se doit de repérer tôt les capacités de ses têtes blondes... mais comme toujours les faux philanthropes cyniques sont passés par là pour remettre en cause la nature, mais comme nous allons le voir cela était calculé...
Pour simplifier si comme moi vous êtes nés au début des années 70 vous êtes entrés en 6ème puis avaient subi deux barrages sélectifs avant d'atteindre le lycée général (la fin de la classe de 5ème et celle de 3ème). Au lycée, rebelotte : orientation en fin de seconde puis direction le bacho... or tout a changé.
Depuis la réforme Bayrou le collège est vraiment "unique" : on en prend pour quatre ans ferme quand on y entre, pas d'orientation avant la 3ème... et tant pis si le gamin galère à l'école depuis la maternelle et souhaite au fond de lui-même aller voir autre chose... il doit malgré tout se faire formater (je ne choisis pas ce verbe par hasard). Les conséquences vous les connaissez tous : chahut, incivilités, profs malmenés etc. mais peut-on reprocher à un gosse de 15 ans en phobie scolaire de mettre le boxon quand on l'oblige à suivre des cours dont il n'a rien à faire ?
Et nous en arrivons au fond du problème, une question d'argent comme toujours. Orienter en fin de 5ème et payer une formation professionnelle au gamin en question cela coûte plus cher que deux ans supplémentaires au collège où il finira pré-délinquant. En lycée pro, avant Bayrou, il fallait financer le matériel et les machines des "4ème techno" destinés aux métiers manuels. Des tartuffes vous diront que ces filières étaient des fabriques à chômeurs... quels hypocrites ! Autour de nous tous les lauréats d'un CAP ou d'un BEP trouvaient du boulot sans problème... souvenez-vous de cet ex-pote de collège qui du haut de son CAP de chauffagiste vous narguait le vendredi soir quand vous étiez étudiant, lui avait de "l'oseille" pas vous ; il travaillait à 20 ans quand vous vous inquiètiez pour votre avenir à la fac. Les métiers manuels seraient en crise ? Fadaises, ce sont ceux qui manquent de main d'oeuvre. Après tout est une question de revalorisation de ces métiers et d'attractivité...
Mais revenons à la réforme Bayrou qui a achevé le collège de la république. Le mauvais esprit que je suis estime qu'elle fut bien cogitée. Economique : l'école garde les "mauvais élèves"le plus longtemps possible... et tant pis si autant de mômes finissent désocialisés à 17 ans, pensez-vous que cela chagrine les princes qui nous dominent du haut de leurs quartiers protégés de la petite délinquance ? D'ailleurs tous les Philippe Meyrieu et autres charlatans qui ont cautionné intellectuellement cette réforme ne résident pas dans les ZEP...
Et puis ami internaute il faut bien réalisé une chose : le collège où les caids font la loi devient une excellente école de futurs consommateurs bien cons : on respecte le voyou, on s'habille et on parle comme lui, on se pense plus et on se conformise... tout le contraire d'un univers de formation de citoyens libres. C'est que le système libéral n'aime pas les rebelles. Un rebelle réfléchit et se cultive au lieu de consommer, d'acheter des fringues moches et de manger de la matière fécale vendue dans les grandes surfaces, seuls magasins en actvités dans les cités HLM. Il faut bien quatre ans (merci M.Bayrou) pour formater un soumis au système qui apprendra à la boucler. Celui qui apprendra ses leçons, prendra la parole en classe, respectera ses profs sera puni par les caids qui le corrigeront pour son intelligence et son impertinence : seul un "bouffon" pourrait préferer Mozart au rappeur Booba...
J'extrapole ? Que quelqu'un nous explique en quoi le fait de fabriquer des voyous et des consommateurs bovins est "démocratique" (sauf si on considère que la démocratie est indissociable du capitalisme) ? Il n'y a jamais eu de sélection dans notre système scolaire, mais des orientations pour permettre à chacun de se trouver une voie et laisser les élèves "abstraits" décris plus haut progresser en paix. Un collège n'est ni une garderie ni un hôpital psychiatrique, encore moins une prison diurne... c'est un lieu de transmission de savoirs pour devenir libre dans sa tête. Cela tout le monde l'a oublié.
Pour conclure vous remarquerez que la réforme Bayrou est entrée en vigueur en même temps que le passage à l'euro et la suppression des frontières : vive le libéralisme ! Devenons compétitifs, consommons et respectons les caids des banques et de la finance : vos enfants auront quatre ans pour comprendre cela au collège...
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