• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi Anglais et Américains ont décidé de vider l’Atlantique et (...)

Pourquoi Anglais et Américains ont décidé de vider l’Atlantique et d’en reverser le contenu... dans la Manche

Et si le hard Brexit auquel se préparent les Britanniques n'était que le reflet d'une recomposition mondiale née de la mondialisation et du déverrouillage de l'information induit par l'Internet ? La mondialisation, censée effacer les frontières nationales, pourrait bien en créer de nouvelles. Et les Anglais et les Américains sont bien à la manœuvre.

Brexit / Trumpxit {JPEG}

Paradoxe. La mondialisation, censée effacer les frontières nationales, pourrait bien en créer de nouvelles. Le phénomène est d'ailleurs en cours, à de nombreux niveaux. En dépit des efforts déployés par l'Union européenne, par les programmes Erasmus, par les multinationales elles-mêmes, en dépit de la promotion des langues étrangères d'une manière générale, c'est à une recomposition lingiuistique que l'on assiste aujourd'hui. Les frontières s'effacent à l'intérieur de blocs linguistiques.

L'Internet facilite en réalité les échanges entre bloggueurs et réseaux sociaux de même langue. Les programmes audiovisuels sont également le reflet de cette tendance. Pour exister, les artistes eux-mêmes l'ont fort bien compris et oeuvrent de plus en plus à l'international dans des pays de même langue. L'exemple peut sembler anecdotique, mais il est révélateur : l'essor des festivals du rire francophones (Marrakech, Montreux, Montréal...) illustre cette évolution vers une globalisation non plus internationale ou européenne mais vers une "globalisation francophone".

Comme si les langues demeuraient des barrières.

Comme si la facilité des échanges par le web supprimait les anciennes sans pour autant parvenir à aller au bout de sa logique. 

Le brexit, aujourd'hui, témoigne d'une forme de repli des Anglais et des Américains sur le monde anglophone lui-même. Ce n'est d'ailleurs pas une coïncidence que Trump ait, sitôt élu, déclaré sa flamme (une fois n'est pas coutume, lui qui semble détester le monde entier) au peuple britannique. Pardon, anglais.

Nous assistons bel et bien à un éclatement du projet internationaliste européen et à une recomposition en ensembles linguistiques : les Anglais et les Américains ont décidé de vider l'Atlantique et d'en reverser le contenu... dans la Manche !

L'Atlantique devient le nouveau channel. La Manche, un nouvel océan...

Et les Francophones ?

En parallèle, les liens entre Québécois et Français n'ont cessé de se nouer, de se rapprocher. Les Québécois (et le Canada tout entier du reste) redoutent plus que jamais l'hégémonie de leur puissant voisin du sud. Le sens de l'accord commercial entre le Canada et l'UE (Ceta) va d'ailleurs lui aussi dans ce sens.

Les liens entre la France, la Belgique et la Suisse francophone sont également de plus en plus forts avec l'Afrique du nord, Maroc en tête. Le Maroc est en passe de devenir un pays francophone à part entière. Les échanges s'intensifient. des deux côtés de la Méditerranée occidentale. Et ce rapprochement peut s'avérer source de stabilisation pour tout le monde arabo-musulman. Il démontre qu'il n'y a pas (plus) d'incompatibilité insurmontable entre les peuples francophones des deux rives.

Cette tendance semble aujourd'hui extrêmement prégnante. Elle pose quelques questions quant aux menaces qui planent sur l'Union européenne notamment. La France ne doit pas suivre le chemin anglais et délaisser pour autant le reste de l'Europe. Ses liens avec l'Allemagne sont forts, vitaux, historiques, souvenons-nous de la Neustrie. Si les différences linguistiques demeurent difficiles à surmonter, la qualité des relations est à entretenir. L'Europe de Charlemagne doit elle aussi tracer sa voie et la France s'épanouir dans ce double espace : francophone (avec ses ramifications latines en Europe du sud) et européen continental. Ce double épanouissement est fondamental pour faire de ce pays un État moderne, à l'aise dans et hors de ses frontières.


Moyenne des avis sur cet article :  3.14/5   (7 votes)




Réagissez à l'article

12 réactions à cet article    


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 3 février 2017 18:23

    C’est que les communautés linguistiques ne sont pas nées par hasard !

    L’indépendance américaine n’a jamais coupé le cordon ombilical qui liait les WASP dominateurs à leur terre d’origine, la Grande-Bretagne qui est restée la référence culturelle et financière. Il suffit d’avoir fréquenté les universités anglaises et américaines pour savoir que l’« élite intellectuelle » des deux états constitue une communauté. Il suffit d’avoir fréquenté des rats de la finance pour savoir que Wall-Street et la City ont des relations utérines.
    Le Royaume-Uni ne s’est jamais assis sur la chaise de l’UE que d’une fesse, l’autre fesse étant à Washington, ce qui provoquait une certaine dilatation de sphincter douloureuse mais en voie de résorption.
    Les Britanniques avaient calculé qu’une adhésion partielle et conditionnelle à l’Union leur donnerait plus d’avantages que d’inconvénients. La désindustrialisation et la financiarisation de l’économie capitaliste les fait penser autrement.
    La « mondialisation » n’a été qu’une formule pour justifier les traités de libre-échange. Le repli qui est en train de s’opérer a pour origine la crainte de la montée en puissance de la Chine dans un marché totalement ouvert. Dans ce phénomène, internet n’est qu’un outils et non pas l’origine des mutations.

    • velosolex velosolex 4 février 2017 13:13

      @Jeussey de Sourcesûre
      Sauf que l’espagnol est de plus en plus parlé aux etats unis, et que l’irlande et l’ecosse ne sont pas trop chaudes pour suivre l’angleterre dans sa folie impériale Brixit, les Londoniens étant eux aussi très timorés. Résultat de la manœuvre, en Angleterre, les réactions xénophobes sont légions. Je n’ergoterai pas du mal que je pense de cette histoire qui a clivé le royaume uni, un autre naissant avec le reste du monde, ce gros con de Trump soufflant sur les braises ; on comprend pourquoi. GB et states partagent une angoisse commune, celle de voir leur influence continuer de diminuer. Un ralliement du à la peur, ce qui mène depuis la nuit des temps aux pires réactions. Voilà que Trump dérégule à fond la finance, pour tenter de réamorcer la grande prédation du pouvoir financier. Voilà qu’(il ferme la porte aux migrants, alors que son pays porte la responsabilité entière de la déstabilisation de l’orient depuis les deux guerres contre l’irak. Enfoncer un coin dans l’Europe en se servant de la bêtise et de l’impérialisme des anglais, un pays qui a perdu tout sens de sa place maintenant dans le monde, et qui court après son passé, est une manœuvre qui ne changera rien à la nature des choses. L’Angleterre fait bien parti de l’ensemble européen, et n’est plus à la tête de quoi que ce soit. Voilà longtemps que son drapeau ne plane plus sur les cinq continents.

      Brexit : « peur et dégoût » devant les incidents xénophobes depuis le ...

    • izarn izarn 4 février 2017 20:53

      @velosolex
      Rien à branler....
      L’espagnol attaque le british....
      Hahahahha !
      LaissonsTrump se débrouiller avec ça...
      j’ai écouté un truc qui disait : Bientot 90% des des francophones seront africains !
       smiley
      Ben tant mieux !
       smiley
      Comme quoi, il y a des langues qu ne meurent pas !


    • Alren Alren 3 février 2017 18:46

      Beaucoup de « petites langues », de patois, ont disparu dans le passé parce qu’elles n’apportaient plus rien à leurs locuteurs comparé à la langue dominante de remplacement mais représentait au contraire un handicap professionnel.

      Cela a été vrai en France pour le breton, le basque, l’occitan, l’alsacien. Leur maintien est aussi artificiel aujourd’hui que la survie d’espèces animales sauvages dans des zoos.

      Les langues qui sont certaines de se maintenir et même de prospérer sont parlées par au moins cent millions d’habitants et si possible sur plusieurs continents. Celles qui sont utilisées par moins de cent millions d’habitants s’appuient sur une puissante littérature et culture, comme l’italien qui est la fusion de plusieurs « dialetto » oubliés aujourd’hui.

      D’une façon générale les langues européennes ne sont pas menacées du fait du niveau général de culture des habitants.

      Il n’en va pas de même pour les langues africaines parlées par des ethnies souvent à cheval sur les frontières artificielles tracées par les colons. Ce n’est pas le cas en Asie. L’arabe est parlé par plus de cent millions de personnes et en Extrême-Orient, les frontières linguistiques recoupent les frontières nationales.


      • gaijin gaijin 4 février 2017 07:51

        @Alren
        " Beaucoup de « petites langues », de patois, ont disparu dans le passé parce qu’elles n’apportaient plus rien à leurs locuteurs comparé à la langue dominante de remplacement « 
        elles ont surtout disparues parce qu’on a interdit leur usage manu militari ......dans le cadre du grand mythe de l’uniformisation de l’humain.
        certains ont pu croire un temps que c’était un progrès et qu’il était plus simple de supprimer la notion » d’autre " que de faire l’effort de comprendre l’altérité et de s’en nourrir. aujourd’hui on commence a voir les effets pervers de cette absurdité et un retour se fait ......


      • aimable 4 février 2017 13:19

        @gaijin
        le Français est tellement riche que l’on faire une langue dans la langue et c’est ce que font les régions , un texte écrit en parfait Français sera incompréhensible pour ceux qui n’auront pas le code


      • buV buV 4 février 2017 22:16

        @aimable
        Je sais que cette idée de la diversité reflue à grands pas, ce n’est plus l’air du temps, mais cette crainte est irrationnelle, à mon sens. Il ne s’agit pas de remplacer mais de réhabiliter la diversité, contrairement à ce qui s’est passé dans l’autre sens. On ne s’est pas pris de précautions ni posé la question : les gens devaient perdre leur code, point. 


      • buV buV 3 février 2017 20:33

        Mais ne faut-il pas être justement dans le moule des dominants pour décréter ce qui est artificiel ? Mes amis bretonnants sont artificiels ? Plus que vous j’imagine ? Est-ce encore une question de hiérarchisation des valeurs ?


        • V_Parlier V_Parlier 4 février 2017 10:03

          "Elle pose quelques questions quant aux menaces qui planent sur l’Union européenne notamment. La France ne doit pas suivre le chemin anglais et délaisser pour autant le reste de l’Europe. Ses liens avec l’Allemagne sont forts, vitaux, historiques, souvenons-nous de la Neustrie. (...) L’Europe de Charlemagne doit elle aussi tracer sa voie"

          Ai-je bien compris ? Est-ce finalement un plaidayer en faveur de l’UE ?


          • buV buV 4 février 2017 10:36

            Plaidoyer pour la Francophonie mais aussi pour maintenir des relations privilégiées avec nos voisins continentaux. On ne peut raisonner sans eux. Mais plaidoyer en faveur de l’UE, non. Les Institutions européennes ont failli. Elles ont saboté et sali la grandeur du projet. C’est une union de compteurs de petits pois, une armée de lobbyistes. Comment peuvent-ils s’imaginer un instant être dépositaires des valeurs qui auraient dû présider à la construction européenne ? Bien sûr que non, ce n’est pas un plaidoyer pour l’UE. J’espère ne pas m’être mal fait comprendre.


            • velosolex velosolex 4 février 2017 13:22

              @buV
              Et bien moi je continue à croire en l’europe. Car tout simplement nous n’avons pas le choix. L’europe en tout cas, toute imparfaite qu’elle est, a encore assez de force avec sa monnaie pour que Trump songe à lui faire la peau, et redonner sa splendeur au dollar. Car les américains n’ont jamais historiquement supporté de voir une monaie internationale de substitution au dollar, et les échanges du monde en dollars ont notablement baissé depuis la création de l’euro. Voilà une des explication de la décadence des states, la perte d’influence relative de leur monnaie, et cela risque de s’accélérer avec le développement de la chine. Trump n’est qu’une illusion un vestige réactionnaire tentant de reprendre la donne par sa provocation, et en installant des clivages, la meilleure façon d’arriver à ses fins ; 

              Que voulez vous mes bons amis ?...Espérez que Poutine ou Trump, ou les deux associés ne soient pas trop méchants avec nous si nous leur baisons la main, ou que nous leur demandons grâce comme les bourgeois de calais, avec une corde ou cou ?

            • buV buV 4 février 2017 13:32

              Croire en l’Europe, oui. Mais pas celle-là. Il n’y a ni Europe sociale, ni Europe de la Défense, ni Europe ayant un poids sur la scène internationale, on a une Europe du dumping. Chacun se sert de l’Europe pour pousser les feux du dumping. A tel point que l’on se retrouve avec peut-être la seule monnaie du monde étant compensée... hors de sa zone par un pays tiers (le Royaume-Uni). Plus que tiers que jamais, comme ils nous viennent de bien nous le faire comprendre... 

              Lire ceci, publié sur le site de l’Agefi en 2015 (l’Agefi, on est pas sur du hautement alternatif pourtant...) :
              La Cour de justice de l’UE a annulé le texte qui préconisait la localisation en zone euro des chambres de compensation traitant en monnaie unique. Le Royaume-Uni vient de remporter une bataille judiciaire importante contre la Banque centrale européenne (BCE) sur la localisation des chambres de compensation. Dans un arrêt publié hier, la Cour de justice de l’union européenne (CJUE) a annulé le texte baptisé « cadre de surveillance » et publié par la BCE en 2011. Dans celui-ci, la BCE justifiait son souhait de voir les chambres de compensation traitant des montants importants de transactions en euros se situer dans la zone euro, au nom des potentiels risques systémiques de ces infrastructures de marchés. Cette règle n’a jamais été imposée en pratique.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité