Pourquoi Anglais et Américains ont décidé de vider l’Atlantique et d’en reverser le contenu... dans la Manche
Et si le hard Brexit auquel se préparent les Britanniques n'était que le reflet d'une recomposition mondiale née de la mondialisation et du déverrouillage de l'information induit par l'Internet ? La mondialisation, censée effacer les frontières nationales, pourrait bien en créer de nouvelles. Et les Anglais et les Américains sont bien à la manœuvre.
Paradoxe. La mondialisation, censée effacer les frontières nationales, pourrait bien en créer de nouvelles. Le phénomène est d'ailleurs en cours, à de nombreux niveaux. En dépit des efforts déployés par l'Union européenne, par les programmes Erasmus, par les multinationales elles-mêmes, en dépit de la promotion des langues étrangères d'une manière générale, c'est à une recomposition lingiuistique que l'on assiste aujourd'hui. Les frontières s'effacent à l'intérieur de blocs linguistiques.
L'Internet facilite en réalité les échanges entre bloggueurs et réseaux sociaux de même langue. Les programmes audiovisuels sont également le reflet de cette tendance. Pour exister, les artistes eux-mêmes l'ont fort bien compris et oeuvrent de plus en plus à l'international dans des pays de même langue. L'exemple peut sembler anecdotique, mais il est révélateur : l'essor des festivals du rire francophones (Marrakech, Montreux, Montréal...) illustre cette évolution vers une globalisation non plus internationale ou européenne mais vers une "globalisation francophone".
Comme si les langues demeuraient des barrières.
Comme si la facilité des échanges par le web supprimait les anciennes sans pour autant parvenir à aller au bout de sa logique.
Le brexit, aujourd'hui, témoigne d'une forme de repli des Anglais et des Américains sur le monde anglophone lui-même. Ce n'est d'ailleurs pas une coïncidence que Trump ait, sitôt élu, déclaré sa flamme (une fois n'est pas coutume, lui qui semble détester le monde entier) au peuple britannique. Pardon, anglais.
Nous assistons bel et bien à un éclatement du projet internationaliste européen et à une recomposition en ensembles linguistiques : les Anglais et les Américains ont décidé de vider l'Atlantique et d'en reverser le contenu... dans la Manche !
L'Atlantique devient le nouveau channel. La Manche, un nouvel océan...
Et les Francophones ?
En parallèle, les liens entre Québécois et Français n'ont cessé de se nouer, de se rapprocher. Les Québécois (et le Canada tout entier du reste) redoutent plus que jamais l'hégémonie de leur puissant voisin du sud. Le sens de l'accord commercial entre le Canada et l'UE (Ceta) va d'ailleurs lui aussi dans ce sens.
Les liens entre la France, la Belgique et la Suisse francophone sont également de plus en plus forts avec l'Afrique du nord, Maroc en tête. Le Maroc est en passe de devenir un pays francophone à part entière. Les échanges s'intensifient. des deux côtés de la Méditerranée occidentale. Et ce rapprochement peut s'avérer source de stabilisation pour tout le monde arabo-musulman. Il démontre qu'il n'y a pas (plus) d'incompatibilité insurmontable entre les peuples francophones des deux rives.
Cette tendance semble aujourd'hui extrêmement prégnante. Elle pose quelques questions quant aux menaces qui planent sur l'Union européenne notamment. La France ne doit pas suivre le chemin anglais et délaisser pour autant le reste de l'Europe. Ses liens avec l'Allemagne sont forts, vitaux, historiques, souvenons-nous de la Neustrie. Si les différences linguistiques demeurent difficiles à surmonter, la qualité des relations est à entretenir. L'Europe de Charlemagne doit elle aussi tracer sa voie et la France s'épanouir dans ce double espace : francophone (avec ses ramifications latines en Europe du sud) et européen continental. Ce double épanouissement est fondamental pour faire de ce pays un État moderne, à l'aise dans et hors de ses frontières.
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