Pourquoi faut-il intervenir en Irak ?
La question d’une intervention en Irak devient chaque jour plus urgente, il est clair que comme au Mali l’année précédente, les Djihadistes représentent une vraie menace pour les populations locales : non seulement les Yazidis et les chrétiens doivent fuir pour sauver leurs vies, mais il en va de même pour les Chiites et même la majorité des sunnites qui ne veulent pas vivre sous un joug de fer et obscurantiste.
Alors qu’en Syrie une intervention au côté des forces rebelles se ferait en « coopération » avec des forces proches de l’Etat Islamique et de son Calife auto-proclamé, il y a en Irak une quasi-unanimité pour lutter contre l’EI dont une partie des forces est constitué d’étrangers (comme au Mali).
Le nouveau premier ministre Al-Abadi qui succède à Al-Maliki semble plus prêt à des concessions aux sunnites et aux kurdes que son prédécesseur. Il a d’ailleurs été immédiatement adoubé par les frères ennemis, les Etats-Unis et l’Iran pour une fois d’accord devant l’urgence de la situation.
Il est donc temps de cesser les tergiversations habituelles. L’intervention américaine en Irak en 2003 a eu des effets catastrophiques qui mènent à l’explosion de ce pays (voir http://www.christophebugeau.fr). Si l’on veut éviter une nouvelle catastrophe pour les irakiens, une intervention humanitaire et l’accueil de quelques centaines de chrétiens sont insuffisants.
Ce dont les kurdes, qui font face au gros de l’offensive, ont besoin, c’est d’armes et d’un appui aérien. Pas besoin d’envoyer de troupes au sol, mais une aide militaire est indispensable.
Les Etats-Unis doivent bien sûr « assurer le service après-vente », mais cela n’exonère pas la France cette fois-ci de fournir des armes aux Kurdes (François Hollande fait donc le bon choix) et un appui aérien avec un escadron de chasseurs d’appui au sol (ces derniers pouvant passer par l’Egypte et la Jordanie pour éviter la Syrie).
Ce nouveau Califat s’il réussi à s’implanter est lourd de menaces : pour les populations locales d’abord qui connaitront un joug de fer, mais aussi pour la stabilité de la Région et en particulier la paix entre sunnites et Chiites. En dernier lieu, ne nous voilons pas la face, si nous n’intervenons pas par solidarité, faisons-le par intérêt : si les Djihadites prennent Erbil la Capitale Kurdes ou Bagdad, ils seront à même de s’emparer du pétrole irakien et de nous causer de vrais problèmes d’approvisionnement.
La situation au moyen-orient est à nouveau une poudrière qui ne demande qu’à exploser, à plus long terme un règlement multilatéral des conflits locaux associant les Etats-Unis, les pays européens, la Russie et la Chine est indispensable. Une solution acceptable par toutes les parties doit être trouvée entre israéliens et palestiniens, une vrai transition doit apparaître en Syrie et un apaisement des tensions doit se faire jour entre sunnites et chiites (notamment entre l’Arabie Saoudite et l’Iran). Sinon, c’est toute la région qui risque de basculer dans un conflit et un désordre de longue durée.
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