• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi les déficits extérieurs occidentaux sont nécessaires à (...)

Pourquoi les déficits extérieurs occidentaux sont nécessaires à l’équilibre économique mondial ? L’exemple de la zone euro

  1. Un point de situation économique sur l’Allemagne et la France

 Un point de situation a été fait sur la France et l’Allemagne par France 2, le 15 septembre 2012. La véhémence avec laquelle la chancelière allemande Angela merkel évoquait le budget allemand devant les députés suffit à lui-même de montrer le succès de l’économie allemande qui tranche complètement avec la plupart des économies de la zone euro. Y compris les grandes économies telles celle de l’Italie, de l’Espagne et de la France qui n’arrivent pas à suivre le rythme de l’économie allemande. Tous englués par les déficits publics, l’endettement et le chômage.

 Angela Merkel affirmait devant le parlement allemand que le déficit budgétaire en 2015 ne sera pas de 3%, mais 0 %, c’est-à-dire à l’équilibre. Malgré des pressions qui fusent un peu partout en Europe pour que l’Allemagne assouplisse sa discipline et donnerait un peu d’oxygène à la zone euro, la chancelière restait inflexible et pas le moindre écart à sa politique économique. « Elle a dit sa fierté d’avoir un budget à l’équilibre, de ne pas contracter de nouvelles dettes pour la première fois depuis quarante ans. C’est bien la rigueur budgétaire, c’est bien l’austérité qui porte enfin leurs fruits. « Vivre à crédit c’est fini. Et, en substance, c’est un devoir que nous avons envers les générations futures ». », a martelé Angela Merkel.

 «  Il ne faut pas mollir sur les réformes, il faut tenir nos promesses » dixit Angela Merkel. Ce message est révélateur de ce qu’elle a voulu transmettre à ses partenaires européens qui, sans citer la France, reste un « conseil très appuyé » à François Hollande.

 Le point de situation de la France fait ressortir que l’économie se dégrade. « La France ne tiendra pas ses engagements », dixit Michel Sapin. Loin de revenir aux 3%, le déficit budgétaire en fait dérape et augmente. A 4,2 % en 2013, il est passé à 4,4 % 2014, et prévu à 4,3 % 2015. Un nouveau délai de deux ans 2016, 2017 pour revenir sous la barre de 3 %. Donc deux ans de plus à ce qui était donné à la France par la Commission européenne, au printemps 2013, jusqu'en 2015, pour ramener son déficit sous les 3%.

 Alors que l’Allemagne, malgré un léger recul au deuxième trimestre 2014, enregistre toujours les plus hauts excédents de la zone euro et un taux de chômage le plus bas d’Europe. La France est confrontée aujourd’hui à une grave crise économique et politique. Un remaniement ministériel en moins de six mois. Le Premier ministre Manuel Valls qui a, pour la deuxième fois, obtenu la confiance des députés suite au limogeage des ministres opposés à sa politique économique, reste toujours confronté au dilemme des politiques d’austérité, qui enclenche une spirale austérité-hausse du chômage-déficits publics. Alors que l’opposition veut effectuer « 100 et 150 milliards de coupes budgétaires », le Premier ministre clame que son gouvernement n’a programmé que 50 milliards d’économies.

 Sans le vote de confiance, la dissolution de l’Assemblée nationale aurait été inéluctable. Et de nouvelles élections auraient certainement entraîné le retour de la droite au pouvoir. Conjugué à la très faible cote de confiance de François Hollande (13 %, du jamais vu dans l’histoire de France), et 30 % pour Manuel Valls (sondage réalisé par Ipsos), le président François Hollande risquait d’être acculé à la démission. Et même dans ce cas de figure, le retour de la droite au pouvoir n’aurait rien réglé aux problèmes économiques et financiers auxquels fait face la France. Pour la simple raison que la crise économique est en train de s’étendre progressivement à toute la zone euro.

 

  1. Et si les plans d’austérité ininterrompus depuis 2008, imposés par l’Allemagne et la Commission européenne, relèvent d’une « politique erronée » ? 

 Et si la France, en tant que deuxième moteur de la zone euro, alors que les troisième et quatrième puissances économiques, i.e. l’Italie et l’Espagne, sont déjà menacées par les politiques d’austérité, « disait non à la politique économique, financière et monétaire de l’Allemagne ». Une politique, basée sur le « tout exportation et un euro fort », n’est pas du tout adaptable à la plupart des pays de la zone euro. Ces pays, tels des malades, sont mis à la diète sans réelle sortie de crise. Cinq ans sont passés depuis la crise financière, et la situation n’a toujours pas évolué malgré les sacrifices douloureux opérés dans les économies de la zone euro. Même les pays du Nord, censé être plus résistants, ont été ébranlés par les politiques d’austérité. Il est évident que pareille alternative pour la France a très peu de chance de prévaloir. Cependant, combien même l’option n’est pas retenue, elle reste toujours posée sur la balance tant des voix en France appellent à changer de cap. Ce qui n’est pas du tout du goût de l’Allemagne qui s’en inquiète et explique les appels récurrents à l’austérité de la chancelière allemande.

 D’autre part, si, tout compte fait, cette politique d’austérité ininterrompue depuis 2008, imposée par l’Allemagne et la Commission européenne, est une « politique erronée », et que le déficit budgétaire ne devait pas être diminué par « un tout sur l’austérité », mais par une « politique mix », i.e. une réduction du déficit mais adaptée à une relance économique. Et comment réaliser cette politique contracyclique ? D’autant plus que l’économie mondiale se trouve dans la phase expansionniste du cycle. Or que font les pays européens ? Au lieu de doser les politiques budgétaires et monétaires pour relancer la zone euro (politique mix), ils opèrent comme s’ils sont dans une phase descendante avec hausse des taux d’intérêt, restriction de liquidités et monnaie unique forte. Ce qui n’est pas le cas dans cette phase montante du cycle qui a commencé depuis l’abaissement des taux d’intérêt mondiaux et la financiarisation de l’économie mondiale depuis l’hémorragie de pertes financières de la crise des «  subprimes ».

 Mais ce politique mix pour l’Allemagne est inconcevable. L’Allemagne qui enregistre des excédents financiers, à l’instar du Japon, de la Chine, des pays de l’ASEAN… et qui base sa politique économique « sur le tout exportation » diverge de la plupart des autres pays de la zone euro qui n’ont pas. D’abord par les « services et surtout par la taille des industries qui sont incomparables avec l’industrie allemande », et ce sont là des aspects essentiels dans le choix des politiques économiques à mener qui diffèrent entre l’Allemagne et la plupart des autres pays de la zone euro.

 

  1. Le « coup de pouce de la BCE » qui vient secourir la France et les autres pays de la zone euro

 Et pourtant, malgré ces divergences qui sont de taille, les pays européens optent pour « le tout austérité » dans l’espoir de revenir au déficit budgétaire maastrichtien (moins de 3 %). Qui n’est pas atteint alors que tous les pays de la zone euro continuent de s’enfoncer dans un marasme économique d’ampleur historique. Cependant une bouée de sauvetage est lancée par la Banque centrale européenne en septembre 2014. Dira-t-on, il était temps. Comme elle l’avait annoncé en juin, la Banque centrale a lancé une vague gigantesque de prêts aux banques de la zone euro. Avec ce programme, l’institution veut inciter les banques à augmenter leurs volumes de prêts aux entreprises afin de dynamiser une économie en berne de la zone euro. Plus les établissements financiers prêteront aux entreprises, plus ils pourront emprunter à la BCE lors de nouveaux TLTRO. C’est la première opération d’une série de huit autres TLTRO (Targeted long-term Refinancing Operations) qui suivront en mars 2015 et juin 2016, dans une limite de 600 milliards d’euros.

 Une deuxième opération similaire aura lieu le 11 décembre. Les TLTRO sont très bon marché, leur coût est à un plus bas historique, de 0,05 % à 0,015 %, selon le taux d’intérêt directeur en cours de la BCE.

  L’échéance de ce prêt est fixée à 2018. Les banques qui n’augmenteraient pas les prêts aux PME, selon les critères définis par la BCE, seront contraintes de rembourser les TLTRO en septembre 2016, soit deux ans plus tôt. Il n’est pas exclu que les banques utilisent ces liquidités pour acheter les obligations publiques plutôt que pour prêter aux PME.

 Ces TLTRO s’ajoutent aux autres mesures annoncées début septembre par la BCE, à savoir un programme d’achats de créances titrisées (ABS ou subprimes) et d’obligations sécurisées d’établissement financiers de la zone euro. Ensemble, ces différentes mesures devraient permettre d’augmenter son bilan de près de 1000 milliards d’euros.

 Cette hausse du bilan de la BCE vise, indirectement, à pousser la valeur de l’euro à la baisse, donc à limiter les pressions déflationnistes à l’œuvre de la zone euro. Ce qui dopera les exportations européennes. Précisément, ce programme géant de prêts aux banques va profiter en premier à la France, qui est le deuxième contributeur et garant de ces émissions monétaires de la Banque centrale européenne de la zone euro, après l’Allemagne.

 Mais comment comprendre ce coup de pouce financier qui vient secourir la zone euro, à l’instar des programmes passés, notamment le sauvetage des banques opéré par la BCE, lors de la crise financière de 2008, et les différents fonds crées dans le cadre du Fond européen de stabilité financière (FESF) et du Mécanisme européen de stabilité (MES) qui sont venus en aide aux pays qui ont vu leurs déficits budgétaire et la dette filer par la crise ? Vient-elle contrebalancer la « politique de tout austérité » imposée par l’Allemagne sur la zone euro ?

 

  1. Que représentent ces 1000 milliards d’euros dans le processus transactionnel au sein de la zone euro et du monde ?

  Les différents plans de sauvetage des banques et plans de relance ainsi que les fonds de rachat de la dette publique (FESF et MES) ont porté le bilan de la Banque centrale européenne à 3000 milliards d’euros. S’il y a eu remboursement entre 2013 et 2014 d’une partie des liquidités créées, et selon des données récentes, le bilan a diminué de 800 milliards d’euros, ce nouveau programme de 1000 milliards d’euros prévus va porter de nouveau le bilan de la BCE à 3200 milliards d’euros.

 Il est évident que les banques qui veulent emprunter doivent fournir des gages à leurs créanciers, sous forme d'actifs sécurisés, ce qui veut dire que ce programme ne va pas tellement se différencier des programmes précédents. Sur les actifs sécurisés éligibles figurent en bonne place les obligations souveraines (dettes publiques). Le bilan de la BCE sera forcément grossi de dettes souveraines. Mais, en rapport à ce qu’il rapporte, il faut dire même que cette hausse du bilan de la BCE est souhaitable.

 Pour comprendre, il faut se pencher sur la signification de ce programme de 1000 milliards d’euros à injecter dans les économies nationales de la zone euro. Ce n’est pas seulement les conséquences de ces injections monétaires qui, conjuguées à la politique restrictive annoncée par la Réserve fédérale américaine avant la mi-2015, vont se répercuter très fortement à la baisse de l’euro sur les marchés monétaires. Ce qui contredit la politique monétaire allemande qui recherche un « euro fort ». Mais force de dire que si l’Allemagne s’est rallié au consensus du comité des gouverneurs de la BCE pour injecter des liquidités, c’est qu’elle a aussi beaucoup à gagner.

 Une question cependant. Que représentent ces 1000 milliards d’euros dans le processus transactionnel au sein de la zone euro ? Et dans le monde, en particulier avec les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud ?

 Au sein de la zone euro, la BCE, en échangeant des liquidités contre des actifs éligibles tels des obligations souveraines, des créances sécurisées, etc., augmente forcément la masse de liquidités en circulation. L’octroi des crédits aux entreprises nationales participent à la croissance économique et, par conséquent, augmentent les prélèvements fiscaux ce qui participent aux réductions des déficits publics des États. De plus, à défaut de crédits suffisants pour les entreprises, les banques peuvent se tourner vers le financement public en échange de nouvelles obligations souveraines. D’autant plus que ces banques nationales se sont dessaisies d’une partie de leurs portefeuilles de titres publics au profit de la BCE comme gages de leurs emprunts.

 Aussi peut-on dire que ce nouveau programme de prêts va contribuer au redressement des économies de la zone euro. Sera-t-il suffisant ? Tout dépendra des montants injectés, de la hausse des taux d’intérêt et surtout du niveau du taux de change euro/dollar.

 Et cette augmentation de liquidités en euros, qui n’est autre qu’une monétisation des créances publiques et privées, va servir aussi comme moyens de règlements financiers des importations européennes. Ce qui signifie qu’une grande partie de ces liquidités sera transférée vers les pays du reste du monde. Les pays exportateurs de pétrole et de matières premières ainsi que les pays émergents vont, en exportant vers les pays de la zone euro, voir leurs réserves de changes augmenter. Ce qui leur donne un supplément de pouvoir d’achat, et, à leur tour, auront à importer des produits made zone euro nécessaires à leurs économies. Ainsi on constate que ce programme aura participé à l’enrichissement et à la création d’emplois à la fois pour la zone euro et les pays du reste du monde, via les importations-exportations dans un rapport réciproque et partagé de richesses à échanger. Et les liquidités injectées suffisantes auront précisément à accompagner la croissance économique mondiale.

 

  1. Les Banques centrales des États-Unis, de la zone euro, du Japon et de la Grande-Bretagne financent leurs économies et les économies du reste du monde

 Le surplus de création monétaire et la croissance économique qu’il implique pour l’ensemble des pays du monde ne nous fait pas oublier que sur les 193 pays que comptent les Nations-Unies, seuls la zone euro qui compte dix-huit pays, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Japon – la Suisse n’a qu’un rôle marginal sur le plan monétaire mondial – ont des monnaies internationales « seigneuriales » et sur lesquelles s’alignent les monnaies (convertibles ou non) des 171 pays du reste du monde. Tous ces pays ont leurs monnaies ancrées sur les quatre monnaies mondiales, à savoir le dollar, l’euro, la livre sterling et le yen. Et les monnaies des 171 pays que l’on avait qualifiées dans les articles précédents d’« images à valeur faciale » certes monétaires mais reste tributaire du panier de réserves de changes que détiennent leurs banques centrales. Ce qui signifie que les devises avec lesquelles ces pays  effectuent des transactions commerciales internationales ne constituent en fait que des interfaces dépendant du poids respectif de monnaies internationales qu’ils véhiculent sur leur valeur faciale, et qu’exprime d’ailleurs leur taux de change sur les marchés monétaires.

 Aussi peut-on dire que si la Fed des États-Unis, la BCE de la zone euro, la Banque du Japon et la Banque d’Angleterre créent les réserves de change du monde, et tous les pays du monde sont alignés à ces réserves de change, « ces Banques centrales constituent de fait les véritables émetteurs des contreparties pour les monnaies des 171 pays ». Même les stocks d’or dépendent des cours internationaux libellés en dollar. Donc conditionnent, par les réserves de change détenues, les taux de change sur les marchés monétaires. On comprend dès lors l’importance des liquidités injectées issues de la monétisation des déficits extérieurs de la zone euro, des États-Unis, du Japon et de la Grande-Bretagne. Ils servent à « financiariser les économies des pays du reste du monde », ce qui en clair signifie que les quatre grandes Banques centrales du monde financent leurs États mais aussi le reste du monde. 

 Ainsi se comprennent les crises asiatiques de 1997 lors duquel la Thaïlande, la Corée du Sud et d’autres pays d’Asie ont dû dévaluer drastiquement leurs monnaies nationales. L’Algérie a vu sa monnaie se déprécier durant les années 1980 par la baisse de ses réserves de changes, jusqu’à ce qu’elle procéda à la dévaluation de sa monnaie en 19994, sous l’égide du FMI.

 Toutes les crises argentines, russe, brésilienne… se sont inscrites dans un programme (FMI) de dévaluation massive pour dégonfler le volume de la masse monétaire créée sans rapport avec les réserves de change détenues (monnaies surévaluées). 

 

  1. Pourquoi les déficits extérieurs occidentaux sont nécessaires à l’équilibre économique mondial ?

 On comprend dès lors l’importance des injections monétaires de la zone euro qui néanmoins s’opèrent à un rythme bien plus faible que ce qu’apportent les États-Unis, la Grande-Bretagne et depuis deux ans le Japon, à l’économie mondiale. Et qui explique en grande partie le marasme économique dans la zone euro et dans les pays du reste du monde.

« Si le Banques centrales des États-Unis, de la zone euro, du Japon et de la Grande-Bretagne ne finançaient que leurs économies et n’enregistraient que des excédents commerciaux avec les pays du reste du monde ? Que se passerait-il pour le reste du monde ? » Leurs économies se seraient asphyxiées par manque de liquidités. Si les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud n’avaient pas un système monétaire organisé pour parer à ce manque de liquidités – et c’est le cas –, l’usage du troc étant très limité par manque d’un étalon monétaire de valeur d’échange, ils seraient réduits, malgré leurs richesses en pétrole, en matières premières, en biens manufacturés et services à faible coût de main-d’œuvre pour l’exportation, à « s’endetter auprès de l’Occident » pour se procurer des devises internationales si nécessaires à leurs économies. Non seulement cet endettement s’opèrerait aux conditions de l’Occident, mais la rareté de devises internationales entraînerait un appauvrissement extrême pour les pays du reste du monde.

 Et dans ce processus, si l’Occident aurait gagné parce qu’il est resté « accroché à ses excédents commerciaux », il n’en demeure pas moins que la crise qu’il a créée dans le reste du monde aura fini par le rattraper. Car « le problème n’est pas tant les gains excédentaires, c’est l’équilibre économique mondial qui est menacé », et cette menace va inéluctablement se répercuter sur la croissance économique mondiale. Le problème de l’Occident est qu’il aura annihilé la demande mondiale, qui forcément va se répercuter sur ses débouchés extérieurs. Une contraction de la demande mondiale aura un retentissement majeur sur l’économie occidentale en termes de destructions d’emplois, de diminution ou d’arrêt de la production, donc de fermeture d’usines, de réduction des déficits budgétaires entraînés à la hausse, etc., entraînant « régression et récession en Occident ».

 Ce processus a déjà existé par le passé. « La crise de 1929 en est un exemple-type de l’amenuisement de l’absorption mondiale. » A cette époque, le reste du monde était colonisé, alors que l’Occident qui prélevait des richesses des colonies sans monnaies d’échange a vu sa production atteindre des sommets. La crise de 1929 a été la réponse naturelle de ce déséquilibre mondial – la spéculation forcenée qui a joué entre 1928 et 1929 à Wall Street n’a cherché qu’à masquer ce qui était déjà en route en Occident.

 De même, dans les années 1980, les États-Unis, en fermant le « robinet monétaire » et « en augmentant le taux d’intérêt directeur à des sommets », ont crée un formidable endettement mondial qui s’est traduit par un endettement mondial entraînant l’éclatement du bloc Est et la fin des régimes dictatoriaux sud-américains. 

 Aujourd’hui encore, « ce même phénomène se reproduit en zone euro, pourtant des pays avancés ». L’Allemagne joue un peu « le rôle de l’Occident envers les pays de la zone euro que l’on peut assimiler aux pays du reste du monde ». En interdisant à la BCE d’injecter des liquidités en euros, et en maintenant, par voie de conséquence, un « euro fort », l’Allemagne maintient les pays de la zone euro dans la « sous-liquidité ». Ce qui s’est passé pour les pays du reste du monde dans les années 1980, et leur endettement qui a suivi .Et la seule solution qu’elle préconise est la « réduction des déficits publics », en d’autres termes, maintient les pays dans une infernale spirale « réduction des déficits public- austérité-appauvrissement  », et de nouveau « réduction des déficits… » sans sortie de crise.

 Alors que la hausse des déficits – qui ne se réduisent pas ou se réduisent à un coût inacceptable de pauvreté et de hausse du chômage – ne sont finalement qu’une réponse naturelle à la politique économique hasardeuse prônée par la Commission européenne et l’Allemagne.

 Ainsi se comprend l’importance de ce nouveau programme TLTRO et peu importe son appellation, LTRO ou TLTRO, l’essentiel est qu’il s’agit d’un programme d’injections de liquidités auquel aspirent tant les pays de la zone euro qui sont en situation de sous-liquidités. Et qui explique la pression déflationniste et les difficultés de remontée de la croissance économique dans la zone.

  Comment évoluera-t-il ce nouveau programme de TLTRO ? Sera-t-il approfondi ? Lui sera-il joint d’autres programmes LTRO (rachats d’actifs souverains par exemple) ? Dépassera-t-il l’inflexibilité allemande ? L’Allemagne y trouvera-t-elle certainement un intérêt dans ce nouvel assouplissement monétaire non conventionnel, au lieu de rester recroquevillé à une « orthodoxie budgétaire qui n’en est pas une ». L’orthodoxie budgétaire vise d’abord la croissance, et ce n’est qu’après qu’un retour de la croissance que la réduction budgétaire peut s’opérer.

 Et « qu’en sera de la nouvelle dette que la BCE s’est faite sur elle-même » en prenant en gage des titres sécurisés des banques nationales ? I.e. son augmentation de bilan. La Banque centrale l’effacera-t-elle ? Ou cherchera-t-elle à retirer les 1000 milliards d’euros de la circulation en zone monétaire à l’horizon 2016 et 2018 ? Ce qui créera d’autres conséquences à la zone euro. Surtout que l’économie mondiale dès 2015 sera plongée dans la phase restrictive du deuxième cycle économique mondial du XXIème siècle (voir articles précédents), avec la hausse des taux d’intérêt mondiaux. 

 

 

Medjdoub Hamed

Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,

Relations internationales et Prospective.

www.sens-du-monde. com


Moyenne des avis sur cet article :  4/5   (4 votes)




Réagissez à l'article

2 réactions à cet article    


  • larebil 22 septembre 2014 14:27

    Les quantitative easing et taux ultras bas ont pour but officiel de générer de la croissance, le seul effet quantifiable est de créer des bulles (qui vont finir par exploser), mais ce n’est pas grave, on continue (celui des USA s’arrête alors on en lance un en Europe). Les banques centrales n’ont jamais été capables de prévoir quoi que ce soit, mais ce n’est pas grave, on continue à leur donner un pouvoir incommensurable.

    A quand une vraie réforme monétaire, avec des monnaies libres (bitcoin) ou une monnaie mondiale évoluant suivant des règles saines (bancor) ?


    • BA 22 septembre 2014 22:58

      Partout dans le monde, les dettes publiques forment une gigantesque bulle de savon.

      QUAND cette gigantesque bulle de savon va-t-elle éclater ?

      Lundi 22 septembre 2014 :

      « Il y a beaucoup trop de liquidités, et trop d’endettement en Europe et dans le monde », a indiqué Wolfgang Schäuble, refusant toute croissance financée par la dette.

      http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/09/21/20002-20140921ARTFIG00037-le-g20-s-engage-a-doper-la-croissance-mondiale-de-2000-milliards-de-dollars.php

      En Europe :

      1- Médaille d’or : Grèce. Dette publique de 314,801 milliards d’euros, soit 174,1% du PIB.

      2- Médaille d’argent : Italie. Dette publique de 2120,143 milliards d’euros, soit 135,6 % du PIB.

      3- Médaille de bronze : Portugal. Dette publique de 220,696 milliards d’euros, soit 132,9 % du PIB.

      4- Irlande : dette publique de 202,920 milliards d’euros, soit 123,7 % du PIB.

      5- Chypre : dette publique de 18,206 milliards d’euros, soit 112,2 % du PIB.

      6- Belgique : dette publique de 404,248 milliards d’euros, soit 105,1 % du PIB.

      7- Espagne : dette publique de 989,925 milliards d’euros, soit 96,8 % du PIB.

      8- France : dette publique de 1985,918 milliards d’euros, soit 96,6 % du PIB.

      9- Royaume-Uni : dette publique de 1486,878 milliards de livres sterling, soit 91,1 % du PIB.

      Ailleurs qu’en Europe  :

      Etats-Unis  : dette publique de 17 751,224 milliards de dollars, soit 105,59 % du PIB.

      Japon  : dette publique d’environ 240 % du PIB.

      «  En 2014, compte tenu de la très forte dette publique du Japon, qui est d’environ 240 % du produit intérieur brut ... »

      http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20140903-japon-plus-jamais-shinzo-abe-veut-relance-croissance/

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Hamed


Voir ses articles






Les thématiques de l'article


Palmarès