Pourquoi priver les jeunes citoyens du droit de servir le pays ?
Les événements qui se sont produits, pendant plusieurs semaines, pendant l’automne 2005, au cours duquel plusieurs dizaines de centres scolaires, de boutiques et de vitrines ont été saccagées, et plusieurs dizaines de milliers de voitures automobiles incendiées, ont prouvé d’abondance que tout un pan de la jeunesse française part à la dérive et fait courir le risque au pays tout entier d’entrer dans une ère de violence et de destructions qui seront difficilement réprimées par les organismes de sécurité publique.
Les jeunes de 12 à 35 ans et plus ont été enfantés par les immigrants d’Afrique du Nord venus en France au début des années 1960 pour y trouver une nouvelle vie ou se mettre à l’abri des aléas des politiques nationales maghrébines. Plusieurs milliers d’entre eux, organisés en commandos - spontanés ou non, ont participé à ces débordements.
Ces événements devraient inciter nos grands diplômés nationaux de ce qu’on appelle les grandes écoles à établir d’urgence un bilan de la situation de la société française, et à proposer quelques solutions qui ne soient pas de caractère « cosmétique » ou « électoral » ou dictées par la formule du « laisser pourrir » bien connue des grands corps, au moment où l’avenir de la France pour la prochaine décennie va être décidé dans les urnes du suffrage universel.
Les feux de l’automne 2005 l’ont suffisamment montré par eux-mêmes : quinquennat qui s’achève aurait dû introduire un service civique généralisé mis au service de la nation. Les arguments qu’a fait valoir le gouvernement pour montrer que cette institution séculaire coûtait trop cher, que sa durée de douze mois ne pouvai permettre aucune intégration efficace des hommes dans leurs petites unités de combat ni de ces dernières dans les organigrammes régimentaires, n’étaient en fait qu’autant de prétextes électoralistes pour complaire au peuple et plus particulièrement à la bourgeoisie, petite et grande, à qui l’idée même de confier sa progéniture aux armées provoquait des éruptions d’eczéma sur le visage.
Cette décision a pourtant prouvé que ce n’était pas le principe d’un service national qui était en cause, mais la façon dont les hommes politiques, ainsi que les fonctionnaires civils et militaires, pourtant sortis d’études prestigieuses, l’avait fait dévier de son objectif en ne comprenant apparemment rien à la problématique démographique. Il faut aussi ajouter que le pouvoir exécutif n’est pas seul en cause pour tous ces députés, qui eux-mêmes ont pensé que cette abolition contribuerait à leur réélection.
Ils ont donc suivi leur président en adoptant l’initiative malheureuse de supprimer le service national qui faisait partie des traditions de ce pays depuis la bataille de Valmy. Mais qui s’en souvient ? Une telle décision risquait de vouer la France à devenir, sous la pression des immigrations, un pays anonyme composé de communautés disparates de moeurs, de pensées, de religions ou de mystiques sans racines alors qu’il aurait été possible de former une nation multiculturelle homogène et fière de l’être. Ce que m’avait dit un jeune immigrant Falasha en Israël : « Je suis noir, juif, et fier de l’être. »
Or, depuis 1996, l’opinion a changé d’orientation. Un sondage récent indique que 57% des Français sont aujourd’hui favorables à un service national réformé, comme Laurent Fabius, interviewé le 14 juillet par Jean-Pierre Elkabach sur Europe1.
Si ce service n’avait pas été aboli, on aurait compté en dix ans 2 500 000 jeunes garçons capables de jouer leur rôle de citoyen au pays, et le double si le principe en avait été admis pour les jeunes Françaises.
Il est surprenant que les prospecteurs chargés de penser la société du XXe siècle n’aient pas envisagé les méthodes nécessaires pour absorber, et fondre dans le sein de la nation, des hommes venus d’ailleurs avec leurs traditions, leurs cultes et leurs espoirs un peu fous comme bagages.
Les Etats-Unis ont répondu à ce défi par le libéralisme et la violence, par, en fait, la sélection naturelle.
Israël, bien avant sa création, avait conçu un plan d’intégration dans le cadre duquel on avait bien constaté que la judéité des émigrants de toutes natures et de nombreux pays différant selon leur culture historique, ils ne pourraient pas vivre ensemble si n’étaient pas établis entre eux des canaux élémentaires de communication. Et c’est très exactement ce qui fut fait en choisissant, très logiquement, l’hébreu restauré en langue moderne comme langue officielle, et en en rendant obligatoire l’étude pour tout nouvel immigrant.
Auparavant, les membres du brain-trust de l’Agence juive avaient poussé très loin des études socio-économiques permettant de définir avec certitude ce que seraient les ressources humaines et professionnelles indispensables pour créer de toutes pièces un Etat moderne, environné de pays qui, dès sa naissance, contesteraient son existence même et préconiseraient sa disparition. Les Israéliens ont atteint leur but, à l’exception de la paix qu’ils pensaient pouvoir imposer à leurs adversaires palestiniens...
Les quelque cinq millions d’immigrants débarqués en France ont appris le français, à la dure, dans le ruisseau. Mais ce n’était vraiment pas suffisant. Maintenant on sait bien qu’il est bien trop tard pour tout reprendre ex nihilo.
Pourtant, il est encore temps, pour les nouvelles et jeunes générations, d’aller à l’école primaire, même si elles doivent affronter les préjugés de leurs "compatriotes de souche" ou provoquer elles-mêmes des affrontements devenus quotidiens. Pour mettre fin à cette forme d’anarchie dans ces établissements, il sera nécessaire d’y affecter un personnel qui, en plus du CAPES, possédera la capacité d’imposer le respect à des jeunes privés des plus élémentaires principes d’éducation et de rétablir l’ordre dans les salles de classe. Mais pour cela, il faudra des enseignants aussi forts et motivés que le furent « les hussards noirs » de la République au XIXe siècle.
Croit-on vraiment que l’Education nationale, une fois réformée, serait capable à elle seule de faire de ses collèges et lycées « le creuset de la nation », alors que certains professeurs persistent à rechigner à être des éducateurs civiques et font appel à des services de sécurité pour maintenir l’ordre dans certains de leurs établissements, voués au désordre, faute d’avoir pu imposer à leurs élèves une discipline indispensable ?
Il serait grand temps de rétablir, à ce niveau, au nom de l’égalité républicaine, un contact, un dialogue entre tous les jeunes gens et le reste des citoyens. « Mais comment ? », demande-t-on avec inquiétude.
Ne faudrait-il pas créer dans ce cas un "organisme de formation d’instruction civique et d’initiation professionnelle", dans le cadre duquel les Français de 18 ans effectueraient, en un an, deux stages de "service civique obligatoire", au sein duquel les nouvelles générations, issues ou non de immigration, trouveraient le lieu idéal où ses membres seraient transformés en « citoyens et fiers de l’être » ? Sans entrer dans le détail de la structure et du fonctionnement de cet organisme, on pourrait en définir les grands objectifs de la façon suivante :
1 - Un endroit où, vivant ensemble pendant un an, les jeunes Français pourront fusionner et acquérir le sentiment d’appartenir au même pays, et non pas à diverses communautés disparates.
2 - Soumettre cette jeunesse à une disciple indispensable pour l’organisation d’une vie en commun, lui inculquer le sens commun du devoir et des obligations d’un être humain au sein de la nation. Lui restituer la fierté de soi - même détruite par les atteintes d’une société souvent xénophobe et raciste.
3 - Une initiation aux divers métiers de base que compte l’artisanat ou le secteur tertiaire.
4 - L’action de cet organisme - tout est permis en faisant du neuf - pourrait être scindée en deux étapes :
a) Six mois consacrés à l’éducation civique et à l’étude de la vie en société : points 1,3, 3)
b) Six mois ans durant lesquels - et au besoin , après sélection - ces jeunes Français pourraient être affectés à la Gendarmerie comme auxiliaires, chez les Pompiers, à la Protection des forêts contre le feu, aux aides humanitaires nationales ou internationales.
On peut se demander ce qu’il vaut mieux faire : continuer à « acheter » sa petite paix quotidienne en se fiant au farniente de certains responsables de la marche de l’Etat, en payant chaque mois des pensions, tels le RMI ou d’autres du même genre, alors que ces capitaux consacrés aux missions de l’Etat-providence pourraient financer, en partie, les activités annuelles de cet organisme. Comme le disent les spécialistes : « L’assurance n’est chère qu’avant l’accident. »
Mais l’encadrement de cette entreprise ? Où le trouver ? : dans l’enseignement public , parmi tous les officiers et sous-officiers ( cf. Le rôle social de l’armée, par H. Lyautey) surnuméraires ou dégagés des armées lors de la « professionnalisation » , les membres ou employés des organismes animés par des éducateurs de toutes catégories. Ou tous autres diplômés à la recherche d’une mission à remplir.
Ainsi, peut-être, parviendra-t-on à mettre un terme au mal-être de tout un pan de la population française auquel serait rendue du même coup la dignité.
Tôt ou tard, il faudra bien y venir, pour ne pas risquer d’assister à une explosion de colère d’une partie de la population qui, faute de liens avec tout le reste du pays, risque de devenir définitivement exclue de la citoyenneté.
Dans un de ses nombreux discours, Mme Ségolène Royal a évoqué la possibilité pour la France d’instituer un système éducatif et social qui permettrait, comme celui auquel j’ai fait allusion, de combler le fossé séparant les citoyens des différentes ethnies qui composent désormais la jeunesse française.
Un ancien ministre de l’économie et des finances, M. Dominique Strauss-Kahn, a exprimé la même idée dans trois propositions qu’il a faites le 6 novembre 2005, dans le but d’assainir la situation qu’avaient créée les émeutes de l’automne.
Selon un rapport soumis en avril 1996 à un institut spécialisé, par l’auteur de cet essai, et communiqué à la fin de 2005 au ministre de la défense, tous les membres de la classe d’âge, sans exception, i.e. y compris les fils de notables, seraient soumis à cette formation, dont le but serait de mettre "tout le monde dans le même moule de la République".
Une seule institution est parvenue - à sa manière - à réaliser cette osmose entre 140 nationalités différentes : c’est la Légion étrangère, en l’absence du service national. Mais évidemment, on n’en demande pas tant à l’ensemble des citoyens !
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