Poutine de A à Z (Путин от А до Я)
En 2016, je publiais un abécédaire intitulé Au rayon des disparus : Sarkozy de A à Z. Puis en 2020, un autre texte intitulé Actuellement en tête de gondole : Macron de A à Z. Eu égard à l’importance de son rôle dans la géopolitique planétaire, il m’a semblé utile de me livrer au même type d’exercice sur l’actuel président de la Fédération de Russie...
A) Amis : Ceux de Poutine se nomment Al Assad, Khameneï, Kim Jon Un, Maduro, tous des grands démocrates attachés aux droits des opposants et à la liberté des médias. Les supporteurs du fauteur de guerre russe devraient méditer ce proverbe : « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es » !
B) Biélorussie : Pays voisin de l’Ukraine et vassal de la Russie, il est dirigé par un président fantoche élu avec le soutien du suzerain à l’issue d’un scrutin massivement frauduleux.
C) Censure : Bien qu’elle n’existe pas en Russie si l’on en croit les autorités, Reporters sans Frontières classe le pays au 164e rang sur 180 en matière de liberté de la presse ! Et les médias ne sont pas les seuls concernés : nombre d’associations et l’industrie du cinéma en sont également victimes. Chiottes : Lieu d’aisance jusqu’où Poutine promettait d’aller « buter les Tchétchènes » lors du très sanglant conflit de 1999. Commission électorale centrale : Elle est chargée de valider les candidatures à l’élection présidentielle. Ses 15 membres sont nommés : pour un tiers par Poutine, pour un tiers par la Douma (chambre des députés), et pour un tiers par le Conseil de la Fédération (sénat), ces deux assemblées étant totalement inféodées au Kremlin. Crimée : Annexée par la Russie en 2014 au vrai motif qu’elle était peuplée de 86 % de russophones, ce coup de force n’en a pas moins été un acte illégal, commis en violation du droit international. Cybercriminalité : Pratiquée un peu partout sur la planète, elle est devenue l’une des armes de la Russie pour tenter de déstabiliser les pays occidentaux.
D) Datcha : Ce sont les Russes eux-mêmes qui, par dérision, nomment ainsi le modeste pied à terre de Poutine au bord de la mer Noire. Une « datcha » de 17 700 m², implantée sur un terrain de 7 000 ha. Pas mal pour un ancien employé du KGB sans fortune personnelle dont le salaire mensuel de président est d’environ 10 000 euros ! Donbass : Confrontée depuis 2014 à une guerre larvée entre le pouvoir de Kiev et les séparatistes russophones armés en sous-main par Moscou, cette région industrielle en déshérence a fourni à Poutine le prétexte pour lancer sa tentative d’invasion de l’Ukraine. Drogués : En l’occurrence, les Ukrainiens, si l’on en croit Poutine, lequel refuse de voir que les produits stupéfiants constituent un fléau majeur dans son propre pays où l’on compte des millions d’usagers et des dizaines de milliers de victimes chaque année. Une nouvelle illustration du proverbe « On voit la paille dans l’œil du voisin, mais pas la poutre dans le sien ! »
E) Eltsine : Aussi méprisant soit Poutine pour ceux qui l’ont précédé à la tête de la Fédération de Russie, c’est bel et bien à Eltsine, père de la Constitution de 1993, qu’il doit de disposer de la majorité des pouvoirs qui sont les siens.
F) Fédération : Celle de Russie compte 89 républiques et territoires dont 5 (en comptant la Crimée) illégalement annexés en Ukraine. Poutine a l’œil du faucon rivé sur quelques autres. Frontières : Concept à géométrie variable pour Poutine : celles de la Fédération de Russie ne peuvent être violées sous peine de riposte possiblement nucléaire ; celles des pays voisins peuvent en revanche être allègrement piétinées en violation du droit international par les Russes comme l’ont montré leurs actions en Géorgie (2008) et en Crimée (2014).
G) Gazprom : Ce géant de l’industrie gazière est également un outil stratégique majeur de la géopolitique russe. Gorbatchev : Cet ex-président russe a initié la Perestroïka, prélude à l’effondrement de l’URSS. Un évènement dont Poutine a dit qu’il avait été « la plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle ». Un avis que ne partagent évidemment pas les peuples des anciennes républiques soviétiques et des pays du Pacte de Varsovie qui ont pu s’émanciper de l’écrasante et étouffante tutelle russe.
H) Haine : Celle de Poutine envers les Occidentaux, et notamment l’Union Européenne et l’Otan, n’a pas de limites. Cela peut se comprendre : 3 anciennes républiques soviétiques et (hors RDA) 5 anciens pays du Pacte de Varsovie ont résolument tourné le dos à la Russie et adhéré à ces deux entités. Comble de l’horreur : pas moins de 5 autres pays aspirent à suivre le même chemin ! Hécatombe : Babourova, Beketov, Estermirova, Litvinenko, Maganov, Magnitski, Markelov, Navalny, Nemtsov, Politikovskaïa, Prigojine, Skripal, et sans doute pas mal d’autres personnalités moins en vue, tous sont morts prématurément depuis 2006 pour avoir voulu s’opposer à Poutine ou enquêter sur ses affaires ! Humiliation : Celle que vient de subir Poutine avec le dramatique attentat de Moscou. Plus un pouvoir est autoritaire, moins il doit être perméable aux attaques venues de l’extérieur. Comble de cette humiliation : les Américains avaient prévenu les Russes début mars de l’imminence d’un attentat islamiste majeur.
I) Instrumentalisation : Un exercice commun à la plupart des politiciens de la planète, mais que Poutine a porté à un très haut niveau. Nul doute à cet égard qu’il tentera une fois de plus d’imposer sa propre vérité sur l’odieux attentat terroriste commis le 22 mars près de Moscou par les djihadistes de Daesh. Irresponsable : C’était l’un des qualificatifs favoris des Occidentaux lorsqu’était évoqué, avant le 24 février 2022, la possibilité d’une invasion militaire de l’Ukraine par les troupes russes. Poutine est passé outre...
J) Jeux Olympiques : La Russie et la Biélorussie en seront privées pour cause d’invasion illégale d’un pays souverain. Des athlètes de ces deux nations pourront toutefois y participer sous bannière neutre s’ils n’ont pas ouvertement soutenu les crimes de Poutine et de ses généraux.
K) Kabaeva : Prénommée Alina, cette ancienne championne de gymnastique est très probablement la maîtresse de Poutine (de 27 ans son aîné). Membre du parti présidentiel, elle est également députée à la Douma et l’une des plus zélées porte-paroles de son amant. Kaliningrad : Anciennement Königsberg, cette exclave russe située entre la Pologne et la Lituanie, offre un débouché stratégique sur la mer Baltique. Chassés en 1945, les Allemands y ont été remplacés massivement par des Russes. Hors de question pour quiconque de toucher à ce territoire sous peine de voir Poutine ne plus se contenter de faire rouler ses pectoraux. KGB : Devenu le FSB, cet organisme de renseignement, aux méthodes opaques et aux liens douteux avec la mafia russe, est un héritage de l’époque stalinienne. Il a fourni de nombreux oligarques et dirigeants politiques, le plus connu étant Poutine. Kyrill : Comme Poutine, le « patriarche de toutes les Russies » est un ancien du KGB – le renseignement mène à tout –, et comme lui il aime les montres de luxe, à l’image de sa Rolex à 30 000 dollars. Pour Kyrill, l’émergence des armes nucléaires est une « volonté de Dieu ». Ainsi soit-il ! Koursk : Ce sous-marin lanceur de missiles a été partiellement détruit en août 2000 par 2 explosions survenues à bord dans la mer de Barents. Sur les 118 membres d’équipage, 23 ont survécu au drame initial, réfugiés dans un secteur étanche où ils ont attendu les secours. Hélas ! en vain, bien que le sous-marin ait été posé seulement par 100 m de fond. 24 heures après le drame, Poutine, élu 3 mois plus tôt et muet jusque-là, est apparu en bras de chemise dans sa maison de la mer Noire où il partageait un barbecue avec des amis. Les 23 survivants sont décédés, victime de l’incurie des autorités navales russes.
L) LGBT : Le ridicule ne tuant pas, le mouvement international a été ajouté sur la liste des organisations « terroristes ou extrémistes » par Poutine. Sans doute n’y a-t-il pas de lesbiennes, de gays, de bi et de trans dans la population russe. Et les activistes de Daesh sont sans nul doute des enfants de chœur comparés aux redoutables militants de la cause LGBT. Litvinenko : Pas de Novitchok pour éliminer ce dangereux opposant, issu comme Poutine du FSB, et donc parfaitement au courant des pratiques du pouvoir russe, mais du Polonium-210. C’est tout aussi efficace ! Loukachenko : Président de la Biélorussie, il a été réélu en 2020 avec un score de 80 % acquis dans un pays où, comme en Russie, tous les opposants ont été écartés du scrutin comme ils l’avaient été lors des législatives de 2019. Son maintien au pouvoir n’a été assuré qu’avec le soutien de Poutine. Sans surprise, les amis de Loukachenko au plan international sont les mêmes que ceux de son suzerain russe.
M) Medvedev : Supplétif de Poutine dont il était auparavant le Premier ministre, est resté durant 4 ans à la tête du pays quand la Constitution a interdit à Poutine d’être élu une 3e fois consécutive. Durant cet intérim, Medvedev a tenu avec beaucoup de zèle le rôle de marionnette. Mémorial International : Cette ONG dédiée aux recherches sur les répressions exercées durant l’époque soviétique, et notamment la terreur stalinienne, a été purement et simplement dissoute par Poutine en 2021. Moskva (Moscou) : Nom du navire-amiral russe coulé par les Ukrainiens en mer Noire le 14 avril 2022.
N) Navalny : Principal opposant de Poutine, il a été est arrêté dès son retour en Russie en janvier 2021. Condamné à de très lourdes peines d’emprisonnement sur la base d’accusations fallacieuses, il est décédé en février 2024 dans un centre pénitentiaire particulièrement dur où il était soumis quotidiennement à des tortures psychologiques. Néo-nazis : L’un des qualificatifs favoris de Poutine pour désigner les Ukrainiens. Ce qui ne manque pas de sel car c’est la Russie qui en compte le plus grand nombre sur la planète : plusieurs dizaines de milliers. Ces braves néo-nazis russes ayant, en 2022, mis un bémol à leurs obsessions suprémacistes raciales pour soutenir l’invasion de l’Ukraine et se mettre au service d’une idéologie nationaliste, Poutine se garde bien de cibler ses nouveaux alliés. Novitchok : L’un des poisons (un neurotoxique) préférés des services secrets russes pour éliminer les opposants ou les personnalités gênantes pour le pouvoir. Navalny y a survécu de justesse en 2020, contrairement à Skripal en 2018.
O) Ogives nucléaires : La Russie en possède près de 6000 dont elle menace régulièrement l’Occident chaque fois qu’un nouveau pas de soutien logistique à l’Ukraine est franchi. Faut-il craindre les griffes de l’ours ? Opération militaire spéciale : Euphémisme employé par Poutine pour désigner la guerre menée en Ukraine afin d’enfumer la population russe. Opposant : Statut qui vaut élimination physique, emprisonnement à vie ou, dans le meilleur des cas, exil forcé sous menace constance d’« accident ». Otan : Aux yeux de Poutine, un ramassis d’états voyous qui n’ont qu’un objectif : déstabiliser la Fédération de Russie. Mais pourquoi tant d’anciennes républiques soviétiques et pays membres du Pacte de Varsovie y ont-ils adhéré ?
P) Perestroïka (reconstruction) : Mise en œuvre par Gorbatchev, elle a permis aux Russes de découvrir la démocratie et le concept de Glasnost (transparence). Des valeurs que Poutine s’est chargé progressivement de saper au profit d’un système de plus en plus autoritaire qui élimine toute forme de contestation du pouvoir en place. Politkovskaïa : Journaliste d’opposition du média Novaïa Gazeta, elle a été assassinée par balles alors qu’elle se rendait sur le site de la prise d’otages de Beslan en 2006. En 2022, Novaïa Gazeta a été interdite de parution en Russie. Prigojine : Surnommé le « cuisinier de Poutine », l’homme était à la tête des mercenaires du groupe Wagner. Son projet de raid vers Moscou après la prise de contrôle de Rostov-sur-le-Don a signé son arrêt de mort : deux mois plus tard, l’avion qui le transportait en compagnie d’autres cadres de Wagner était détruit en vol. Officiellement un accident !
Q) Quatre-vingt-sept : Tel est le pourcentage de voix obtenu par Poutine lors du simulacre d’élection présidentielle qui l’a opposé à trois faire-valoir aussi insignifiants que complaisants à son égard. Kim Jong Un avait obtenu 99,91 % des voix : un petit-bras, ce Poutine !
R) Raffineries : De plus en plus ciblées en territoire russe par les drones ukrainiens, au grand dam de Poutine dont le pays aurait d’ores et déjà perdu 18 % de ses réserves en carburants. Rouge : Comme la place où est érigé le Kremlin, siège du pouvoir de la dictature russe. Couleur du sang des centaines de milliers de victimes – tant ukrainiennes que russes – d’une guerre d’autant plus criminelle qu’elle est illégitime et viole sans vergogne les traités internationaux.
S) Six : Telle est la longueur en mètres de la table à laquelle Macron a été reçu en tête-à-tête par Poutine au mois de février 2022 à Moscou, chacun à une extrémité de ce meuble orné de feuilles d’or, fabriqué en Italie pour un prix de 100 000 euros. Crainte du Covid ou volonté d’humiliation ?
T) Thuriféraire : Est-il possible de ne pas l’être dans l’entourage d’un Poutine qui ne supporte pas la moindre critique de sa gouvernance ? Tribunal pénal international : Poutine sera-t-il un jour traduit devant cette cour pour les crimes de guerre dont il porte l’écrasante responsabilité ? Mieux vaut ne pas miser un kopeck sur cette éventualité. Transnistrie : République autoproclamée, mais non reconnue au plan international, de l’est de la Moldavie. Majoritairement peuplée de russophones, elle est un coin engagé entre l’Ukraine et la Moldavie, et possiblement une carte dans le jeu de Poutine en vue de reconstituer l’empire russe. Tsar : Bien qu’il ne soit doté ni du sceptre ni de l’orbe, tel se rêve pourtant Poutine.
U) Ukraine : Pays dont Poutine ne supporte pas qu’il puisse être autre chose qu’une république vassale de la Russie. URSS : L’empire disparu que rêve de reconstruire Poutine, en commençant par l’Ukraine puis, en cas de passivité des Européens, en faisant main basse sur les pays baltes, la Moldavie et la Géorgie, déjà amputée en 2008 de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Nord. Quoi que... pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
V) Vodka : Elle aurait permis à Poutine de gagner beaucoup d’argent en sous-main grâce à la commercialisation de la Putinka, communément appelée « vodka du président ».
W) Wagner : Groupe paramilitaire, notamment chargé des basses œuvres de la géopolitique russe. Dirigé par Prigojine et le néo-nazi Outkine avant leur tentative de putsch et leur élimination en août 2023, il a été repris en main et sert désormais les intérêts du Kremlin au Sahel.
X) X (ex-Twitter) : Amusant et lucide, le message de félicitations envoyé sur ce réseau à Poutine pour sa réélection par le président du Conseil européen Charles Michel sitôt ouvert le scrutin en Russie.
Y) Yume : Avec ses congénères Buffy, Pacha et Verni, ce chien est l’un des animaux de compagnie auxquels Poutine est attaché. Cela démontre qu’il peut éprouver de l’empathie. Pour les bêtes, car massacrer des êtres humains (y compris des enfants, des femmes et des vieillards), le laisse de marbre.
Z) Z : Lettre de propagande pro-russe qui a progressivement été apposée sur tous les blindés et engins de transport de l’armée russe engagés en Ukraine. Zelensky : Président d’un état gouverné par des « drogués » et des « nazis », l’ex-fantaisiste devenu chef d’état est, du fait de sa pugnacité et de sa résilience, une douloureuse épine dans le pied d’un Poutine qui, sur la foi des services de renseignements russes, croyait pouvoir soumettre l’Ukraine en quelques jours. On n’est jamais si mal servi que par les siens !
Nul ne sait ce qu’il adviendra du très mégalomane et très paranoïaque dictateur président russe, pas plus que de son peuple, revenu des décennies en arrière sur le plan des droits et des libertés. Puisse la raison être une bonne conseillère, tant pour un Poutine obnubilé par la restauration de l’Empire, que pour les dirigeants, trop souvent provocateurs, de l’Otan !
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